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Maisons ou Hôpitaux de l'Ordre de Malte
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Département du Finistère

Feuillee (La)   (29)

Domus Hospitalis La Feuillée
Département: Finistère, Arrondissement: Châteaulin, Canton: Huelgoat — 29


Domus Hospitalis La Feuillée
Domus Hospitalis La Feuillée


Il est toujours aussi difficile de faire la part exacte des deux Ordres dans cette commanderie de La Feuillée, j'ai tout de même fait quelques marques « rouge », là où cela était possible dans les biens des Hospitaliers pour en faire ressortir les biens des Templiers.

Sur l'une des crêtes des montagnes d'Arrez, à 280 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans une contrée sauvage, couverte de landes, dépourvue d'arbres, peu habitée et ne possédant guère de terres labourables, s'élevait au moyen-Aga la commanderie de la Feuillée.

C'était une fondation des ducs de Bretagne qui possédaient non loin de là le château du Huelgoat, entouré d'une vaste forêt dont il reste encore de magnifiques débris.

Chartes de Conan IV duc de Bretagne — Hospitaliers
« La commanderie de la Feuillée, dit un aveu de 1731, est (une fondation des anciens ducs de Bretagne, lesquels conservèrent sous leur protection immédiate les fiefs et les biens en dépendant, afin qu'ils ne pussent être usurpés en l'absence des commandeurs. »
An Folled: « La Feuillée, canton de Huelgoat, arrondissement de Châteaulin (Finistère). »

La Feuillée fondée, probablement dans la première moitié du XIIe siècle, en faveur des Chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dut être à l'origine un hospice construit au bord de l'ancienne voie gallo-romaine de Carhaix à Plouguerneau et destiné à secourir les voyageurs pauvres franchissant l'aride passage des monts d'Arrez. La charte de Conan, duc de Bretagne, datée de 1160, mentionne cet établissement, sous le non un peu défiguré de « An Folled », parmi les possessions déjà nombreuses que l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem tenait en Bretagne de la charitable munificence de nos princes.

Cet hospice de la Feuillée dont les commencements furent sans doute très humbles, était destiné à devenir dans le cours des temps le chef-lieu d'une importante commanderie s'étendant dans une foule de paroisses situées en six diocèses.

A la fin du XVIe siècle huit commanderies, à l'origine indépendantes les unes des autres, étaient groupées en une seul commanderie portant le nom de la Feuillée, et cet état de choses persista jusqu'à la Révolution française. Ces huit commanderies étaient:
La Feuillée.

QuimperDomus Hospitalis de QuimperDomus Hospitalis de Quimper (Quimper 29)
Le CroistyDomus Hospitalis de CroistyDomus Hospitalis de Croisty (Croisty 56).
Le LochDomus Hospitalis le LochDomus Hospitalis le Loch (Commune: Guidel).
PlouaretDomus Hospitalis de PlouaretDomus Hospitalis de Plouaret (Plouaret 22).
PléloDomus Hospitalis de PléloDomus Hospitalis de Plélo (Plélo 22).
Le PalacretDomus Hospitalis le PalacretDomus Hospitalis le Palacret (Commune Saint-Laurent, 22).
Pont-MelvezDomus Hospitalis de Pont-MelvezDomus Hospitalis de Pont-Melvez (Pont-Melvez 22).


Mais il ne, faut pas attacher trop d'importance à cette subdivision de la commanderie de la Feuillée; on la trouve ailleurs divisée en cinq membres, parfois même en dix membres. La constitution des commanderies variait parfois, suivant l'union que faisaient les Chevaliers Hospitaliers de tel membre à tel autre d'après les circonstances.

De ces membres Quimper et Pontmélvez ne furent unies à la Feuillée que durant le XVIe siècle, tandis que les autres commanderies perdirent plus tôt leur autonomie.

Pour nous rendre compte de ce qu'était devenue; à la suite de ces annexions, la commanderie de la Feuillée, il nous. faut étudier successivement chacun de ses membres en commençant par le chef-lieu de l'établissement.

La paroisse entière de la Feuillée, sise en l'évêché de Cornouaille, relevait du commandeur qui portait son nom;

« ledit commandeur s'y trouvant seul seigneur spirituel et temporel, avec juridiction haute, moyenne et basse, exercée sur tous les habitants audit bourg de la Feuillée par sénéchal, bailli, lieutenant, procureur et greffier et avec justice patibulaire à quatre piliers élevés proche ledit bourg. »

Le commandeur jouissait du droit d'avoir au même bourg de la Feuillée un marché tous les mardis et deux foires par an aux fêtes de l'Invention et de l'Exaltation de la Sainte-Croix, aux mois de mai et septembre: « Le marché fut supprimé à la suite des guerres du XVIe siècle qui ruinèrent le pays. Néanmoins Ogée nous dit que de son temps (vers 1775) il se tenait à là Feuillée le premier mardi de chaque mois une foire considérable de bestiaux; il ajoute que deux autres foires, fixées alors au 24 août et le 17 novembre, y duraient six jours chacune. »

Ces foires semblent prouver la présence à Feuillée de reliques de la Vraie Croix offertes à l'adoration des fidèles; celles-ci avaient sans doute été apportées de Terre-Sainte par les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem à leur retour des croisades.

L'église paroissiale de la Feuillée, reconstruite de nos jours, était alors un édifice remontant en partie, au XIIIe siècle. Le Commandeur en était le seigneur supérieur, fondateur et prééminencier: aussi y avait-il « son enfeu, ses banc et escabeaux, et ses escussons, et luy seul (était) en possession d'y avoir les prières nominales. »
On voyait, en effet, à la Feuillée « à costé du banc du commandeur, un grand tombeau, enlevé de trois pieds hors de terre, pour leur sépulture; et sur lequel (étaient) des armes inconnues. »

Au commencement de notre siècle apparaissaient encore dans les vieilles verrières peintes de l'église de la Feuillée plusieurs écussons présentant les armoiries des commandeurs.

Cette église était dédiée à saint Jean-Baptiste, patron de l'Ordre des Chevaliers Hospitaliers; en 1617 on y voyait: « à costé du grant autel un tabernacle où reposé la Saint-Sacrement et, dans des capses de bois formant, les statues de Notre Dame et de Monsieur saint Jean. »
Près de la grande porte d'entrée se trouvait: « une chambre avec porte en bois et porte en fer où (étaient) les vases sacrés, ornements et reliques. »

Seigneur patron de la Feuillée le commandeur présentait à l'évêque de Cornouaille, pour desservir la paroisse, un prêtre qui ne prenait que le titre de vicaire, lui-même commandeur étant considéré comme curé primitif. Des offrandes apportées à l'église, un tiers appartenait au commandeur, un autre tiers au vicaire et le reste à la fabrique pour l'entretien de l'édifice. Le vicaire recueillait, en outre, une dîme de grains.

Dans ce même bourg de la Feuillée s'élevait un autre édifice religieux plus ancien que l'église Saint-Jean construite par les Chevaliers Hospitaliers. C'était l'église ou chapelle de Saint-Houardon « qui anciennement souloit estre l'église parrochiale de la Feuillée, ayant un cimetière autour et deus autels à l'intérieur (procès verbal de la visite prieurale de 1617 et 1720). »

De ces autels le principal était orné des statues de la sainte Vierge et de saint Houardon et le second était consacré à saint Maudet et surmonté de son effigie. En 1617 on faisait encore l'office paroissial à toutes les fêtes de Notre-Dame en cet antique sanctuaire dédié aux saints du pays breton. Mais la cloche en avait été enlevée par les gens de guerre à la fin du XVIe siècle et n'était pas encore remplacée. Naturellement le commandeur de la Feuillée jouissait de tous les droits honorifiques en l'église Saint-Houardon dont les vitraux contenaient les armoiries de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (même visite prieurale).

Enfin ce modeste bourg de la Feuillée renfermait encore une troisième petite chapelle dédiée à sainte Catherine, elle faisait partie du manoir de la commanderie appelé « logis de l'Hôpital. » C'était l'oratoire privé des commandeurs; aussi n'avait elle qu'un autel et qu'une cloche en 1617 (même visite prieurale).

Quant à ce manoir de l'Hôpital il se trouvait « proche l'église de la Feuillée » et ne consistait plus au XVIIe siècle qu'en une maison habitée par un fermier et composée de « salles, cuisine et chambres haultes, avec caves et celliers et une écurie pour quatre ou cinq chevaulx. »
Autour s'étendaient un jardin, quelques pièces de terre et un bois de décoration contenant 80 cordes. C'était en ce manoir que le commandeur faisait débiter le vin en détail; les jours de foires et marchés, étant personnellement exempt de tous devoirs d'impôts et billots (visite prieurale de 1617).

Depuis un certain temps, en effet, les commandeurs de la Feuillée avaient cessé d'habiter la maison de l'Hôpital; ils lui préférèrent d'abord le manoir de Kerberon, puis celui du Palacret et enfin la commanderie de Pontmelvez.

Dés 1426 on lit dans les cahiers de la Réformation de la noblesse ce qui suit: « Jean Le Fer, metaier, demeure en la ville de Kerberon qui est le lieu principal et manoir du commandeur de la Feuillée seigneur de la paroisse, et y souloient demeurer les prestres chapelains. »

La maison noble de Kerberon, sise en la paroisse de la Feuillée, était un vrai manoir avec cour close de murailles, portail et jardins, étang et bois futaie; la retenue comprenait vingt-quatre pièces de terre, un bois taillis contenant cent journaux et deus moulins appelés Kerberon et Kerelcan (visite prieurale de 1617); c'était une assez jolie terre assise dans une fraîche vallée et une résidence bien plus agréable que le bourg de la Feuillée.

Cette paroisse de la Feuillée se, composait de quatorze villages, compris le bourg, et tout son territoire était divisé en quatre-vingt-quatorze convenants tenus en quevaise du commandeur. Sur chaque convenant étaient dus « un quartier d'avoine grosse faisant deux boisseaux mesure de Morlaix, une poule et trois corvées »; de plus, les tenanciers étaient obligés à laisser au commandeur « la dixme à la sixiesme et septiesme gerbe de tous leurs bleds et grains » et devaient « porter les bleds provenant desdites dixmes et autres redevances aux marchés et ports de mer prochains de la Feuillée, comme Morlaix, Landerneau et autres lieus circonvoisins (visite prieurale de 1617).

Nous venons de nommer la quevàise; c'était « l'usement universel tant dans la dite paroisse de la Feuillée qu'ès autres paroisses et membres de ladite commanderie, aussi bien dans les diocèses de Vannes, Tréguier, Saint-Brieuc et Dol qu'en celui de Quimper. » Aussi le commandeur de Beaulieu de Bel-thomas, rendant aveu au roi pour sa commanderie de la Feuillée en 1697, croit-il devoir expliquer tout au long en quoi consiste la quevaise, « quel usement est tel qui s'ensuit: « En quevaise l'homme quovaisier ne peut tenir plus d'un convenant sous mesme seigneur sans le consentement exprès du seigneur; au deffault duquel consentement l'acceptation de la seconde tenue fait tomber la première en commise au profit du seigneur qui en peut disposer à sa volonté. »

« Le détenteur est tenu d'occuper actuellement et en personne la tenue en quevaise et la mettre en estat, tant à l'égard des terres que des édifices, et si par en et jour il la laisse et cesse d'y demeurer il en demeure privé et peut le seigneur en disposer. »

« La tenue de quevaise ne se peut partager, vendre ni diminuer, eschanger ni hypothéquer par le quevaisier sans l'exprès consentement du seigneur, à peine de privation et commise au profit du seigneur. »

« Au seigneur consentant à la vente est dû le quart denier du prix par recognoissance. »

« Le tenancier est obligé d'ensemencer et labourer chacune année le tiers des terres chaudes de sa tenue, afin que le seigneur ne demeure pas privé de ses droits de dixme et de champart, avant la perception desquels faite par le seigneur Ie quevaisier ne peut rien transporter ni enlever. »

« L'homme laissant plusieurs enfants légitimes, le dernier des masles succède seul au tout de la tenue, à l'exclusion des autres et au défaut de masle la dernière des filles, sans que les autres puissent prétendre aucune récompense. »

« Le décès arrivé du détenteur sans hoirs de corps, la tenue retourne en entier au seigneur, à l'exclusion de tous les collatéraux soit paternels, soit maternels. »

« En quevaise il n'y a ni douaire ni retrait lignager. »

« Le tenancier jouit des émondes des arbres qui sont sur les fossés de sa tenue, mais lie peut couper bois par pied à peine d'amende, dommage et intérêts, oultre la valeur du bois coupé. »

« Tous quevaisiers sont tenus suivre la cour et le moulin et bailler aveu:
1 — Sont tenus aux corvées pour faire charroyer et loger les foins, plus aux fanages, aux voitures de sel et aux charroys de vins, bleds et bois pour la provision de la commanderie.
2 — Semblablement aux charroys des matériaux nécessaires pour la réédification des églises, chapelles, maisons, moulins et chaussées de la dite seigneurie. »

Cet usement de quevaise subsista jusqu'à l'approche de la Révolution dans tonte la commanderie de la Feuillue et ses annexes. Mais en février 1789, le dernier commandeur, Alexandre de Freslon, fut autorisé pat le roi à convertir en cens le droit de quevaise dans sa commanderie de la Feuillée.

Voici les noms des quatorze villages de la Feuillée en 1697 et le nombre des tenues qu'avait chacun d'eux:
Le bourg de la Feuillée (16 tenues);
Kermabilou (5 tenues);
Penanroz (1 tenue);
La Villeblanche (4 tenues);
Kerelcan (13 tenues);
Ruguellou (13 tenues);
Trédudon (6 tenues);
Kerangueroff (6 tenues);
Keruran (5 tenues);
Kerbargain (5 tenues);
Kerberon (3 tenues);
Le Lettier (9 tenues);
Kerbruc (4 tenues);
et Botbihan (4 tenues) (déclaration de 1697).

Mais la commanderie primitive de la Feuillée, ou, comme on disait plus tard, le membre de la Feuillée, ne comprenait pas seulement la paroisse de ce nom; elle s'étendait encore en dix autres paroisses, savoir: Scrigniac, Plounevez-du-Faou, Lopérec et Hanvec (du diocèse de Cornouaille);
Commana, Plounéour-Menez, Plouguin, Plouénan et Taulé (du diocèse de Léon);
Plouigneau et Lannéaou (du diocèse de Tréguier);
En Scrigniac (commune du canton de Huelgoat), le commandeur de la Feuillée possédait le membre de Lannouédic, composé des trois villages de: Lannouédic, Kertanguy et Quilliou, d'une douzaine de tenues et du moulin à eau de Lannéoudic, sur un ruisseau coulant aux pieds des monts d'Arrez, moulin affermé 200 livres en 1897 (déclaration de 1697).

En Plounéour-Menez, Plouénan, Taulé, Plounevez-du-Faou et Lopérec, les commandeurs avaient un certain nombre de villages et de tenues; aussi la charte de 1160 mentionne-t-elle l'aumônerie de Plounevez-du-Faou sous la nom de « Eleemosina de Fou. »

En Hanvec, les tenues et villages étaient plus nombreux, et les Chevaliers de Malte avaient un étang et un moulin. On croit, qu'ils possédèrent même à l'origine l'Hôpital Camfrout, aujourd'hui paroisse « distraite » d'Hanvec, mais les aveux de la Feuillée n'en parlent pas.

Enfin, en Plouguin (commune du canton de Ploudalmézeau) était le membre de Saint-Jean de Banalan, dont le nom « Bannazlanc » figure dans la charte de 1160. Aussi les commandeurs de la Feuillée déclarent-ils que les église et bourg de Saint-Jean Banalan appartiennent en entier à l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, excepté une chapelle faisant la my-croix de ladite église du costé de l'évangile, laquelle a été jadis donnée par les commandeurs au baron de Penmarc'h, en recognoissance de quoy ledit baron est tenu poyer 20 sols de rente aux-dits commandeurs. En laquelle église ledit Ordre a ses escussons, banc, escabeaux et accoudoirs, présente le chapelain et prend les offrandes (déclaration de 1697).

Cette église de Banalan renfermait six autels, dont le principal « en pierre et fort long » était surmonté de la statue de la Sainte Vierge, entre celles de saint Jean-Baptiste et de saint Jean l'Evangéliste; les jours de fête, on y plaçait un « devant d'autel en cuivre doré », et on y exposait une relique de saint Jean renfermée dans un bras d'argent. Enfin, au-dessus de la grande porte de l'édifice apparaissait un groupe de pierre représentant saint Jean baptisant Notre-Seigneur, et accompagné des écussons de l'Ordre de Malte (visite de 1720).

L'Hôpital de Banalan conserva longtemps, semble-t-il, son indépendance: en 1443, la chevalier de Rhodes Perrot du Dresnay prenait encore le titre de « gouverneur de Saint-Jehan de Balaznant » (Potier de Courcy, On disait indifféremment Banalan.ou Balanan).

A côté de l'église se trouvait, en effet, « le manoir de Saint-Jean de Banalan, consistant en maisons, cour close de murs » avec deux jardins, une retenue de 8 pièces de terre, un étang et un moulin. On appelait vulgairement ce manoir la Commanderie, et non loin étaient deux autres maisons appartenant également au commandeur mais dont jouissait le chapelain de Banalan, en 1617, dom Charles Le Paige (déclaration de 1697).

Charte de Conan IV duc de Bretagne — Templiers
cum suis rebus, Caerguen: « Caerguen, est un de ces nombreux hameaux du nom de Kerguen ou Ville-Blanche, très communs en Bretagne: il y avait une Villeblanche en La Feuillée (Finistère), une autre en Penhars (Finistère). »

San Kaan, Punmaelvas: « Ponlmelvez (Côtes-d'Armor). Cette commanderie devint assez importante, puis fut réunie à la Feuillée. »
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902


Quimper   (29)

Commanderie de Quimper
Département: Finistère, Arrondissement et Cantons: Quimper - 29


Commanderie de Quimper
Commanderie de Quimper


La charte donnée en 1160 en faveur des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem mentionne un établissement qu'elle appelle Hospitalis inter duas Kemper. On n'est pas d'accord sur l'interprétation à donner à ce texte : cet hôpital semble à quelques-uns devoir être le Palacret, situé entre Quimperven et Quimper-Guézennec, ou le Moustoir en Kernevel, sis entre Quimper et Quimperlé. M. de Blois regardait ce texte comme s'appliquant mieux à Saint-Jean de Quimper, bâti à l'origine entre la vieille cité Civitas Aquilonia (aujourd'hui Locmaria) et la ville actuelle de Quimper (Ogée, op. cit., V° Quimper). Malheureusement, toutes ces hypothèses tombent devant le procès-verbal de la visite de la commanderie de Quimper en 1617 ; on y lit, en effet, que la maison de cette commanderie portait le nom de Temple de Saint-Jean ; ce n'était donc pas primitivement un hôpital de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, mais un établissement de Templiers auquel ne peut se rapporter le texte de la charte donnée par Conan en faveur des chevaliers hospitaliers.

Quoiqu'il en soit, la commanderie de Quimper remontait certainement à une haute antiquité. Au XVIème siècle, elle se trouvait en mêmes mains que la commanderie de Pont-Melvez, sans être cependant, semble-t-il, unie à ce bénéfice, car les commandeurs possédant Quimper et Pont-Melvez rendaient séparément aveu au roi pour chacune de ces commanderies.

Le commandeur Jean de la Barre fit ainsi en 1540 (Archives de la Loire-Inférieure, B, 187) ; sa déclaration va nous faire connaître l'étendue de la commanderie de Quimper au XVIème siècle. Comme toutefois cette déclaration est très brève, nous chercherons ailleurs quelques éclaircissements et quelques détails que nous ajouterons au texte de l'aveu.

La commanderie comprend tout d'abord « le membre de Quimper-Corentin, consistant en juridiction haulte, moyenne et basse, laquelle s'exerce près la chapelle Saint-Jean sur le quai de la ville de Quimper, capitale de l'évesché de Cornouaille ».

Cette chapelle, dédiée à saint Jean-Baptiste, se trouvait à l'angle du quai et de la rue Vis, et s'ouvrait sur cette rue (vis-à-Vis de la cale actuelle de Saint-Jean) ; ses dimensions étaient d'environ 20 mètres de long sur 8 mètres de large. Tombée en ruine pendant les guerres de la Ligue, elle avait quelques portions appartenant au XIIIème siècle, mais elle fut presque totalement reconstruite au commencement du XVIIème par le commandeur René de Saint-Offange. En 1617, Saint-Jean de Quimper était desservie par un chapelain nommé dom Primel Le Levier, et l'on y honorait un reliquaire « en forme de teste d'homme en bois doré, renfermant des reliques du précieux corps de saint Jean-Baptiste ». (Visite de 1617).

Derrière cette chapelle s'élevait « une maison ruisnée (en 1617), située sur le quay en la Terre-au-Duc » avec un jardin. C'est cette maison, demeure primitive des commandeurs, qu'on appelait « le Temple de Saint-Jean » (Visite de 1617).

Dans la cour de ce vieux logis se trouvait l'auditoire ; la haute justice de la commanderie s'y exerça tous les jeudis jusqu'en 1621. A cette époque, elle se trouva quelque temps dépourvue d'officiers, et le présidial de Quimper en profita avec empressement pour la déclarer supprimée. Ce ne fut qu'un siècle plus tard, en 1727, que le commandeur de la Feuillée demanda et obtint sans peine du Parlement de Bretagne un arrêt rétablissant la juridiction de Saint-Jean de Quimper (Trévédy, Promenade dans Quimper).

Le fief de la commanderie à Quimper même était d'ailleurs peu considérable ; il n'avait ni justice patibulaire, ni poteau à carcan, et ne comprenait dans les siècles derniers que la chapelle et l'ancien manoir avec son auditoire.

En dehors de Quimper, le commandeur avait des tenues et levait des dîmes dans les paroisses de Penhars, Ploneiz, Ergué (nota : en Ergué-Gabéric se trouvait jadis la chapelle Sainte-Anne-du-Guélen, attribuée aux Templiers), Beuzec-Cap-Sizun et Plougastel. De ces paroisses, les quatre premières ont leurs noms inscrits dans la charte de 1160 : Eleemosine de Pennhart et de Ploeneth et de Arke et de Bodoc-Kapsithun.

Le manoir de Lestivien en Plouhinec relevait aussi de la commanderie, ainsi que le château et la seigneurie du Mur en Saint-Evarzec. Aussi le nom de cette dernière paroisse figure-t-il parmi ceux des possessions de l'Ordre du Temple en 1182.

Le commandeur de Quimper jouissait également du membre de Penmarc'h (Finistère) et avait en cette paroisse la chapelle Saint-Jean de Kérity ; cet édifice, aujourd'hui ruiné, présente encore sa tour massive accolée d'une tourelle. On y voyait jadis un précieux retable en albâtre sculpté et doré, et une statue de saint Jean aussi en albâtre ; ces oeuvres d'art, heureusement conservées, ont été transférées de nos jours en des églises voisines. Le commandeur levait toujours quelques oblations à Kérity en 1697, mais à cette époque, la plupart des rentes dues à Penmarc'h étaient perdues (Déclaration de 1697).

Le membre de Châteaulin (Finistère) devait être très ancien, puisque en 1217, le duc Pierre Mauclerc fit restituer aux chevaliers du Temple les Hospites in Castro Lini qu'on leur avait enlevés (Dom Morice, op. cit., I, 836). Mais au XVIIème siècle, il ne rapportait plus au commandeur de Quimper « ny rentes, ny chefrentes », sauf deux saumons prisés 15 livres en 1697, et qui lui étaient dûs en la pêcherie de Châteaulin. Dans cette ville lui appartenaient aussi quelques tenues et la chapelle Saint-Jean dont il cueillait les offrandes, étant obligé de l'entretenir. Par tolérance du commandeur, le seigneur de Kergoët du Guilly avait un banc dans ce sanctuaire (Déclaration de 1697).

Le membre d'Audierne (Finistère) consistait en une chapelle bâtie sur le port de cette petite ville, mais en la paroisse de Plouhinec. En 1720, cette chapelle, dédiée à saint Jean, renfermait un jubé et dans son trésor « le chef de Saint-Jean et aussi le chef de Saint-Tugdual dans une boette d'argent à l'antique et des reliques de ces deux saints » (Visite de 1720).

Au bas du cimetière de Saint-Jean d'Audierne s'élevait un second petit sanctuaire en l'honneur de saint Tugdual. Non loin se dressait « une belle croix de pierre de taille avec crucifix » qu'accompagnaient deux fontaines monumentales. Enfin à trente pas de là, on retrouvait « les vieilles mazières de l'Hospital Saint-Jean d'Audierne » (Visite de 1720). Preuve de l'importance relative qu'avait eue à l'origine cet établissement des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

La chapelle Saint-Jean de Botlan, dit Ogée (Ogée, op. cit., V° Edern), est sur le sommet d'une des Montagnes Noires qui forme un très beau point de vue. Elle se trouve dans la paroisse d'Edern (Finistère) et dépendait de toute antiquité de la commanderie de Quimper ; aussi y voyait-on en 1720 les armoiries de l'Ordre de Malte, trois autels et les statues de saint Jean et de saint Edern, ce dernier monté sur son cerf traditionnel. Il s'y trouvait aussi une chaire à prêcher « parce qu'en Caresme on y presche la Passion qui attire une grande foule de peuple ». Ce sermon solennel devait avoir pour origine l'adoration d'une Vraie-Croix déposée en ce sanctuaire par les chevaliers. Enfin un beau calvaire de granit « avec crucifix et figures de plusieurs saints » s'élevait devant la chapelle. Toutefois le chapelain de Saint-Jean de Botlan n'était tenu à y faire l'office divin qu'aux fêtes des pardons (Visites de 1617 et 1720).

Plusieurs villages de la paroisse d'Edern dépendaient avec leurs tenues du commandeur de Quimper qui possédait aussi le moulin de Saint-Jean d'Edern au village de Guilliau (Déclaration de 1697).

Dans les paroisses de Cuzon, Briec, Saint-Thois, Plozevet et Tourc'h, le même commandeur avait sous sa juridiction plusieurs villages et jouissait de plusieurs tenues. Les noms des deux premières de ces paroisses figurent dans la charte de 1160 Eleemosine de Cothon et de Brithiac ; la dernière sous la dénomination de Tourc se retrouve dans la charte de 1182. Les deux Ordres de Saint-Jean de Jérusalem et du Temple avaient donc concouru à la formation de ce membre.

La paroisse de Scaër (Finistère) dépendait aussi en partie de la commanderie de Quimper ; son nom « Scahart », paraît également dans l'énumération des biens de l'Ordre du Temple en 1182. Le commandeur avait à Scaër un bon nombre de tenues, une dîme et une rente sur le manoir de Trévalot ; à l'origine cette maison noble avait même appartenu aux Templiers qui la firent figurer parmi leurs possessions en 1182.

De plus, deux chapelles appartenaient en Scaër au commandeur de Quimper. C'était d'abord la curieuse chapelle du Christ ou de Saint-Sauveur au village de Coatdry. C'est aux environs qu'on trouve les petites pierres portant chacune sur sa face une croix semblable à celle qui formait le blason des chevaliers hospitaliers. Ce sanctuaire renfermait en 1720 cinq autels et un jubé surmonté d'un Christ et des statues de Notre-Dame et de saint Jean ; « sur ses murailles (étaient) plusieurs peintures de fleurs et de figures représentant la passion de Notre-Seigneur et plusieurs autres histoires sacrées » : le retable du maître-autel était « doré en sculpture et le Saint Sauveur au milieu, aussi doré ainsi que les images de la Vierge et de saint Jean » ; enfin on voyait « à l'aile gauche le sépulchre de Notre Seigneur dans une voulte et au dessus de ladite voulte les images peintes de Notre-Dame et de saint Jean ; on dit qu'il y a grand concours de dévotion toute l'année en cette chapelle » (Visite de 1720). A la fin du XIXème siècle encore les pèlerinages sont fréquents à Coatdry et les pardons du lieu sont renommés. L'autre chapelle de Scaër dépendant de l'Ordre de Malte était celle de Saint-Jean d'Ividy au village de ce nom. Le recteur de Scaër recevait les oblations de ces deux sanctuaires et les entretenait, mais comme celles de Coatdry étaient importantes, il versait chaque année au commandeur une somme d'argent (25 livres en 1720).

La chapelle de Saint-Jean de Locjean en la paroisse de Kernevel (Finistère) appartenait aussi au commandeur de Quimper qui en recueillait les offrandes et entretenait l'édifice. En 1617 il s'y trouvait trois autels et dans la verrière, par permission de l'Ordre de Malte, les armoiries du sire de Kergorlay (Visite de 1617). C'est en Kernevel que se trouve le village du Moustoir qu'on regarde comme une ancienne propriété des chevaliers hospitaliers.

Dans la paroisse de Gourin (Morbihan) était ce qu'on nommait le membre de Roudouallec, en 1160, Eleemosina an Rodoued Gallec. Cet antique établissement de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem comprenait le bourg et l'église de Roudouallec — qui était alors une trêve de Gourin — et une douzaine de villages avec d'assez nombreuses tenues et une dîme de grains ; le manoir de Penguily devait lui-même une petite rente au commandeur. L'église de Roudouallec — devenue paroissiale de nos jours — était en 1617 dédiée à saint Jean, et l'ensemble des biens des chevaliers en ce lieu portait le nom de « Temple de Roudouallec » (Visite de 1617).

Non loin de Gourin le village de Besmays en la paroisse de Leuhan (Finistère) dépendait également de la commanderie de Quimper. Il s'y élevait une chapelle, qui subsiste encore, construite en l'honneur de saint Jean ; au commandeur appartenaient les oblations et quelques tenues voisine.

Dans la paroisse de Langonnet (Morbihan) se trouvait le membre du Croisty qu'il ne faut pas confondre avec la commanderie du même nom dont nous parlerons plus loin. Il consistait en plusieurs villages et tenues tant en Langonnet qu'en Le Faouët, Querrien, Plévin, Guiscriff et Moëlan, paroisses voisines de Langonnet. La dernière de ces paroisses figure sous le nom de Eleemosina de Moëlan non seulement en la charte de 1160 mais encore en celle de 1182, parce que les deux Ordres des Hospitaliers et des Templiers y avaient reçu des biens.

En Guiscriff le manoir de Kervelaouen et le village de Saint-Maudez relevaient du commandeur de Quimper qui possédait aussi à l'origine en cette paroisse le moulin de Languedorec.

En Plévin la chapelle Saint-Jean du Poullandu et en Le Faouët (Morbihan) celle de Saint-Jean appartenaient au même commandeur. Cette dernière, bâtie au village de Saint-Guénan, présentait en 1617 dans ses verrières les armes de l'Ordre de Malte conjointement à celles des ducs de Bretagne et des sires de Goulaine, barons du Faouët.

M. Rosenzweig a écrit que la jolie chapelle Saint-Fiacre du Faouët - justement célèbre par son merveilleux jubé - était « la chapelle principale de la commanderie de Saint-Jean du Faouët » (Rosenzweig, Répertoire archéologique du Morbihan, 83). Malheureusement, nous n'avons trouvé aucune mention de Saint-Fiacre du Faouët faite dans les archives de la Feuillée ; aussi croyons-nous que Saint-Jean était l'unique sanctuaire possédé par l'Ordre de Malte dans la paroisse du Faouët.

Aux environs de Quimperlé (Finistère) deux chapelles dépendaient de la commanderie de Quimper en 1574 : l'une située en l'évêché de Cornouaille et dans la paroisse de Riec, subsiste encore ; elle s'appelle Saint-Jean de Pontmen, et l'on croit qu'elle est désignée dans la charte de 1160 sous le nom de Hospitalis super Beloen. Ses vitraux contenaient en 1617 les blasons des ducs de Bretagne et de plusieurs gentilshommes des environs. L'autre, bâtie l'extrémité d'un faubourg de Quimperlé, se trouvait en l'évêché de Vannes, et on la nommait Saint-Jean de Cramou (Archives de la Loire-Inférieure, B 187).

Près d'Hennebont s'étendait le membre du Temple de Beauvoir, uni en 1574 à la commanderie de Quimper ; son chef-lieu se trouvait en la paroisse d'Inzinzac (Morbihan) et non pas en celle de Priziac, comme quelques-uns l'ont cru. Il consistait en un manoir tombé en ruines avant 1697, mais dont le nom est demeuré aux deux villages du Temple et du Bas-Temple ; à côté se trouvait un moulin usurpé à la même époque et non loin se dressait la chapelle Saint-Jean du Temple avec ses trois autels ; ce sanctuaire menaçant ruine fut interdit en 1718 (Déclaration de 1697 et visite de 1720).

Du Temple de Beauvoir relevaient quelques villages, et le commandeur avait quelques tenues dans les paroisses d'Inzinzac, Caudan, Cléguer et Quinstinic-Blavet ; ces deux dernières ont leurs noms inscrits dans la charte de 1160 Eleemosine de Cleker et de Kinstinic-Blagueth. En Quinstinic-Blavet se trouvait une autre chapelle de Saint-Jean du Temple. En 1720 elle était ornée d'un vaste retable accompagnant le maître-autel « il comprend — dit le procès-verbal de visite — toute la face du pignon et on y voit au milieu Notre-Seigneur en croix, et peints des cieux côtés plusieurs figures de saints comme saint Joachim, sainte Anne, la sainte Vierge, saint Joseph, etc. ». Dans une niche apparaissait en place d'honneur la statue de saint Jean.
Sources: Guillotin de Corson, Amédée. Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] - Bnf
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne. Nantes 1902


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