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Maisons ou Hôpitaux de l'Ordre de Malte
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Département de la Haute-Garonne

Aignes et Cintegabelle   (31)

Hôpital d'Aignes, Cintegabelle
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Cintegabelle — 31


Hôpital d'Aignes, Cintegabelle
Hôpital d'Aignes


Au mois d'août 1230, Raymond de Baulan et dame Sausse, sa femme, donnaient à Bernard Amiel, précepteur de Saint-Jean del Thor, leurs droits sur le dîmaire et le territoire de Saint-Beauzille d'Aignes (de Anhias), situés entre les ruisseaux de Panarac et de Redelhe, et le fleuve de l'Ers, sur le Villar, sur les dimaires de Saint-Jean de Canet et de Sainte-Marie de Tramesaygues (de inter ambas aquas). Les donateurs recevaient 70 sols tols, et se réservaient en outre une rente annuelle d'une douzaine de fromages, payables entre la fête de Saint-Pierre-aux-Liens et la Toussaint. L'année suivante, Sicard de Noville et dame Titburge, sa femme, cédèrent leurs droits sur la précédente donation. Les précepteurs du Thor, pour tirer partie de ce nouveau territoire, y construisirent un établissement et y plantèrent des vignes, en y installant un garde pour leurs récoltes, avec l'autorisation des consuls de Cintegabelle, qui avaient la juridiction sur le territoire d'Aignes. Telle fut l'origine de cette ville dont les Hospitaliers entreprirent la fondation en 1242; telle est, du moins, la date de la charte de privilèges qu'octroya à cette occasion le Prieur de Toulouse, Guillaume de Barèges, avec le concours du précepteur de Boulbonne. Il y promettait à tout homme qui viendrait fixer sa résidence dans la ville d'Aignes, un emplacement pour sa maison, un jardin, une aire et une cétérée de terre pour vigne, le tout sous la redevance de 12 deniers par an; il assurait aussi à toute femme la maison et le jardin pour lesquelles elle devra payer 6 derniers; les terres défrichées par les habitants leur appartiendront, moyennant l'agrier, les dîmes et les prémices. Cette charte fut promulguée au mois de mai de l'année 1242, en présence de Sicard de Miramont, de Bernard Jourdain, chevalier, de Bernard de Marencs, etc.

Mais, comme on peut le voir, ce n'était pas une charte de communes que venait d'octroyer le Prieur de l'Hôpital. Les habitants attirés dans la ville d'Aignes adressèrent en 1276 à Guillaume de Villaret une requête à l'effet d'en obtenir une constitution communale. Leurs voeux furent exaucés. Malheureusement, les archives ne nous ont pas conservé ce document; mais la charte de la commune de Fonsorbes, qui fut calquée sur le modèle de celle d'Aignes, nous permet de combler cette lacune. La prospérité de la nouvelle ville excita la jalousie et réveilla les prétentions des consuls de Cintegabelle (31). Ils cherchèrent à prouver que la juridiction d'Aignes leur appartenait en entier, que le précepteur Bernard de Miramont en avait extorqué la concession « à l'amitié que professait pour lui le sénéchal Eustache de Beaumarchais. » Après un long procès, il fut reconnu que la basse justice de cette ville appartenait au roi et qu'elle devait être exercée par indivis en son nom par les consuls de Cintegabelle et ceux d'Aignes. Ceux-ci protestèrent contre cette sentence et les deux parties résolurent de remettre l'affaire à l'arbitrage du sénéchal de Toulouse. Cet officier « siégeant dans la salle basse du Palais neuf de Toulouse, » rendit sa sentence, qui supprimait en fait l'existence de la commune d'Aignes, tout en conservant ses privilèges. Ainsi il décida que sur les huit consuls de Cintegabelle, Aignes en fournirait un et quatre conseillers; deux gardes résideraient dans cette ville; les habitants devaient adresser leurs plaintes au lieutenant du bailli ou au notaire du tribunal, et soumettre tous leurs procès au jugement des consuls de Cintegabelle; participant aux dépenses d'intérêt commun, ils étaient déchargés de celles qui regardaient seulement Cintegabelle, comme les réparations de son église ou la construction d'un pont sur l'Ariège; douze d'entre eux étaient appelés à la répartition des tailles et des impôts. Le sénéchal leur reconnaît enfin la faculté de ne pas aller s'approvisionner au marché de Cintegabelle, les droits de four, de forges, et, en un mot, toutes les libertés dont jouissaient les habitants de cette dernière ville, « réservant toutefois l'honneur du roi et de son sénéchal. » Les consuls des deux villes s'engageaient à tenir ce traité « sous l'obligation des biens de leurs communautés respectives. » (Le lundi après la fête de saint Barnabe, 1314) »

Les archives ne nous mentionnent plus après cela qu'un procès intenté par les habitants d'Aignes contre le commandeur Gérard de Massas, qui fut condamné par le Parlement de Toulouse à leur reconstruire une église de 17 cannes de long, sur 5 de large et 5 de haut, à 4 travées, et terminée par un choeur à 6 retombées d'arc (1523).

Hôpital de Cintegabelle


Hôpital de Cintegabelle
Hôpital de Cintegabelle


Si les Hospitaliers n'avaient pas de résidence seigneuriale dans la ville du Thor, ils possédaient un véritable château féodal, dans l'enceinte de Cintegabelle, et c'est là sans doute que les commandeurs séjournaient quand les guerres contre les infidèles ne les retenaient pas au-delà des mers. Nous en trouvons la description dans le procès-verbal d'une des dernières visites de la Commanderie de Caignac: « Cintegabelle: Tient et possède le commandeur de Caignac au lieu de Cintegabelle, un chasteau basty de bonnes et épaisses murailles de briques, à 5 estages, avec un puits au milieu de la basse cour. Au 2e estage est une grande sale avec deux chambres de plein pied et au bout d'ycelles une antichambre avec l'entrée de basse-fosse pour y enfermer les criminels... »

Le procès-verbal mentionne aussi le modeste armement du château, « l'archebuse et les six vieux mousquets, » que la rouille dévorait tout à son aise, pendant que le temps faisait tomber les tours et les murailles désormais désertes et abandonnées.
Sources: A. Du Bourg, Histoire du Grand Prieuré de Toulouse — Toulouse — 1883.


Avignonet-Lauragais   (31)

Commanderie d'Avignonet-Lauragais
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Villefranche-de-Lauragais — 31


Commanderie d'Avignonet-Lauragais
Commanderie d'Avignonet-Lauragais


Le 6 septembre de l'année 1177, Sicard de Laurac, Titburge, sa femme, et leurs enfants, Sicard, Guillaume, Pierre et Guilabert, ainsi que Hugues de Montferrand, donnèrent à Alfarit, Commandeur de Puysuiran, le dîmaire de Gaulegrand, situé près d'Avignonet « à condition pour le commandeur d'entretenir à perpétuité dans la maison de Puysuiran, un prêtre qui dira tous les jours la messe pour la rédemption des péchés des donateurs. »

Bien que figurant dans cette charte, Sicard, Guillaume et Pierre de Laurac ne respectèrent pas la donation paternelle et s'emparèrent de Gaulegrand par la violence. C'est ce que nous apprend la restitution qu'ils en firent, en 1191, à Guillaume de Montégut, Commandeur de Puysuiran. Nous ne trouvons à noter dans la suite des archives de ce membre que la transaction conclue entre le chevalier Aymeric de Thurey et les consuls Avignonet, au sujet de la dîme du pastel; « pour chaque ceterée, mesure de Toulouse, il était dû au commandeur 2 sols toisas. » (1316).
Sources: A. Du Bourg, Histoire du Grand Prieuré de Toulouse — Toulouse — 1883.

Commanderie d'Avignonet
Siège d'une commanderie des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem — dite de Puysubran — le terroir de l'actuel Pexiora fut exploité au XIIe siècle par une paysannerie largement soumise au servage, au cours du XIIIe siècle cette condition servile disparut peu à peu. Dès le début du XIVe siècle se marque une diversification des cultures accompagnée d'un phénomène de parcellisation. L'habitat groupé demeurant prépondérant à toutes les époques.
Sources: Les hommes et la terre dans une commanderie du Lauragais: Puysubran (Pexiora) du XII au début du XVI siècle in Paysages, habitat et vie rurale dans le Languedoc médiéval. Privat, Toulouse, France (1889) Inst-Cnrs


Belleserre   (31)

Hôpital de Belleserre
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Grenade, Commune: Le Burgaud — 31


Hôpital de Belleserre
Hôpital de Belleserre


Biens de l'Hôpital à Aussiac, Belleserre
Les archives nous apprenent, sans nous donner les chartes de donations, que dès le XIIe siècle les commandeurs du Burgaud possédaient certains fiefs dans ces deux territoires, qu'ils étaient seigneurs spirituels de ces paroisses.
Ces possessions, ils furent obligés de les défendre maintes fois contre les prétentions des abbés de Grand-Selve.
Les archives nous ont conservé les sentences qui furent rendues en faveur des Hospitaliers en 1265, 1281 et 1481.
Les membres de la commanderie de Burgaud étaient: Aussiac, Belleserre, Drudas, Pelleporc, Puységur, Fajolles, Saint-André d'Esquérens.


Membres de la commanderie de Burgaud
Membres de la commanderie de Burgaud


Sources: A. Du Bourg, Histoire du Grand Prieuré de Toulouse — Toulouse — 1883.

Commanderie Le Burgaud
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Grenade, Commune: Le Burgaud — 31


commanderie Le Burgaud
Commanderie Le Burgaud


Je vois dans l'ouvrage de M, Pierre Vidal, que la commanderie Le Burgaud était près du village de Bellesserre, c'est donc bien sur ce territoire que les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem avaient des fiefs. Pour ce qui est du lieu Aussiac, je n'ai rien trouvé, c'est peut-être une erreur dans l'orthographe du nom.
Sources: Pierre Vidal — Hospitaliers et Templiers en France Méridionale — Le Grand Prieuré de Toulouse de l'Ordre de Malte — Association: Les Amis des Archives de la Haute-Garonne — Editions CNRS.


Boudrac   (31)

Commanderie de Boudrac Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Saint-Gaudens, Canton: Montréjeau — 31


Commanderie de Boudrac
Commanderie de Boudrac


Boudrac sous les Templiers
Non loin de Montsaunès, à la partie occidentale du comté de Comminges, les Templiers possédaient un autre établissement dont les dépendances s'étendaient dans les environs, dans le comté d'Astarac, et au sud, dans les vallées voisines des Pyrénées. C'était le temple de Boudrac. Malheureusement nous sommes obligés de nous contenter presque de signaler son existence. Car, des quelques débris de ses anciennes archives qui sont parvenus jusqu'à nous, nous ne pouvons extraire que les noms de quelques-uns des chevaliers qui administrèrent cette commanderie. Au moment de la suppression de l'Ordre du Temple, nous voyons que de la maison de Boudrac, dépendaient la seigneurie de la ville d'Arné dans le Nebousan, achetée au prix de 500 sols morlas de noble Hugue de Bocajère en 1260 les dîmes des paroisses de Bieussos et de Cizos, que le commandeur partageait avec l'archidiacre de Magnoac et l'archevêque d'Auch, la ville et le territoire de Lalane-Arqué, que les Templiers possédaient en paréage avec les comtes d'Astarac, ainsi que plusieurs autres membres de peu d'importance situés dans le sud de la Gascogne.

Nous n'avons pas besoin de poursuivre bien loin l'histoire de cette commanderie pour trouver l'explication de sa pauvreté extrême en fait de vieux documents. Le XIVe siècle fut en particulier une époque de désolation pour nos provinces dont le sol était constamment sillonné par les troupes anglaises et plus tard par ces terribles bandes de routiers et d'espagnols, dont le passage était généralement marqué par une longue traînée de sang et de ruines. Ces derniers ne durent sans doute pas épargner Boudrac, qui se trouvait sur leur passage et sans moyens suffisants de résistance. Après l'ordonnance de 1362 qui prescrivait une nouvelle répartition des feux dans la province du Languedoc, nous trouvons en effet les réclamations des pauvres habitants qui avaient échappé à la destruction de cette malheureuse place ils montrent la solitude et la désolation régnant dans cette petite ville, qui dans des temps plus prospères n'avait pas compté moins de dix-huit feux. Leurs plaintes furent favorablement écoutées: des lettres royaux déclarèrent en 1375 que Boudrac, à cause des malheurs de la guerre, ne serait plus grevé que pour un seul feu. Il est probable que les anciennes archives de Boudrac durent périr dans cette période calamiteuse à partir de cette époque, si les documents renfermés dans les cartons de cette commanderie sont encore peu nombreux, ils nous fournissent néanmoins des indications plus précises et plus suivies sur son histoire.

Boudrac sous les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem

Poucharramet



Domus Hospitalis Poucharramet
Domus Hospitalis Poucharramet


Vers le milieu du XVe siècle, Poucharramet et ses dépendances furent réunis à la commanderie de Boudrac. Depuis ce moment comme il arrivait toujours, quand les chevaliers cessaient de résider dans une ville, l'intérêt que nous fournissent les archives diminue sensiblement. Nous noterons pourtant une transaction conclue le 27 février 1497 entre Roger de Polastron, Commandeur de Boudrac et les consuls de Poucharramet, au sujet des droits de dîmes et deprémisses. Il fut convenu que le premier aurait droit à 2 gerbes de blé sur 17, mais que de son côté il serait tenu de donner, annuellement, le jour du jeudi saint, à chaque paroissien, homme, femme, ou petit enfant, un pain de la valeur de 2 deniers tournois.
En 1748, Poucharramet fut détaché, ainsi que Boudrac, de l'apanage des Grands-Prieurs pour former deux commanderies distinctes.
Vers le commencement du XVIe siècle, Frontes et ses dépendances furent réunis à la commanderie de Boudrac, et firent peu après partie de cette chambre prieurale.

Frontes



Domaine de l'Hôpital de Frontes
Domus Hospitalis Frontes


Lors du démembrement de la chambre prieurale de Boudrac en 1748, la circonscription de Frontes.

Juzet



Domus Hospitalis Juzet
Domus Hospitalis Juzet


Et Juzet (Juzet-de-Luchon), fut déclarée adjointe à la commanderie de Poucharramet, comme elle l'avait déjà été au XIIIe siècle.

Signalons une discussion survenue à la fin du XIVe siècle, entre le précepteur Guillaume de Batier, et l'économe du chapitre de Comminges; ce dernier prétendait avoir droit à une certaine portion des dîmes de Boudrac. Ce procès fut terminé par le nouveau précepteur, Bertrand Chaustra, qui, d'après les avis du Grand-Prieur Jean de Lantar, abandonna les moyens judiciaires pour ceux de conciliation et remit l'affaire à la décision de Pons d'Adhémar, chanoine et précenteur de l'église de Comminges. D'après la sentence de ce dernier, le chapitre dût renoncer à ses prétentions, moyennant une rente de 6 setiers de grains, moitié seigle et moitié millet, que le précepteur s'engageait à fournir annuellement à la cathédrale de Saint-Bertrand.

Dans la première moitié du XVIe siècle, cette commanderie fut déclarée chambre prieurale. A partir de cette époque son importance allait toujours en s'accroissant: c'était à chaque instant quelque nouvelle commanderie des environs dont les Grands-Prieurs de Toulouse obtenaient l'adjonction à leur apanage personnel. Nous lisons dans le dénombrement présenté en 1664 par le Grand-Prieur, messire Pierre de Beaulac-Tresbons, par devant le cardinal d'Armagnac, commissaire royal, que de la commanderie de Boudrac dépendaient déjà Arné, Montléon, Serjac, Podapé, Montcassin, Biezos, Gavarni, Araignovet (aux Monts Pyrénées, près du port de Vénasque) Agos, Frontes (dans la vallée de Luchon) Sabaillan, Castelnau-de-Picampeau, Saint-Marcel, Saint-Clar, Campbernard, Poucharramets.

Toutefois la puissance des Grands-Prieurs ne put mettre Boudrac à l'abri des désastres des guerres religieuses, contre lesquels semblait devoir le garantir sa position reculée au fond d'un pays presque inaccessible. Les protestants s'emparèrent de cette ville, la dévastèrent, et démolirent, avant leur départ, la grande tour carrée, que les Templiers avaient placée comme une formidable sentinelle auprès de l'église de Boudrac.

Ce n'était pas pour les seigneurs chose facile, que de faire respecter leur autorité dans ces régions presque sauvages et alors, complètement dénuées de moyens de communication. Aussi, arrivait-il de temps à autre que les Grands-Prieurs voyaient leurs ordonnances bravées et se trouvaient contraints de recourir à des interventions étrangères pour mettre un terme aux désordres qui se produisaient. Nous citerons, comme preuve, un procès qui fut porté devant le Parlement durant le XVIIe siècle et dont les archives nous ont conservé les nombreuses pièces.

En l'année 1660, un aventurier, Gaspard Dispan du Plan, était établi dans les environs de Boudrac. De son château, converti en véritable repaire de brigands, il répandait dans toute la contrée la terreur et la désolation. Maintes fois, on l'avait vu à la tète de sa bande venir piller les récoltes et les habitations; les femmes n'osaient plus sortir par crainte de ses violences. Il s'opposait par les armes à la levée des revenus des Hospitaliers et avait même envahi la demeure du fermier du Grand-Prieur, qui avait été heureux de se sauver à travers champs avec sa famille loin des atteintes de son implacable persécuteur. Ce dernier, à défaut d'autres victimes, avait immolé à sa rage tous les bœufs contenus dans l'étable. Le Grand-Prieur, Denys de Polastron, n'ayant pas sur les lieux de forces suffisantes pour réprimer ces désordres, avait invoqué le secours de l'autorité royale; mais celle-ci n'avait pas été plus respectée. C'était pourtant sous le règne de Louis XIV, alors que la puissance royale semblait le plus solidement établie. Confiant dans la position presque inaccessible où était assis son castel, le révolté recevait avec arrogance les officiers de justice qui venaient lui apporter les sommations du Parlement et les renvoyait ignominieusement après les avoir accablés de mauvais traitements. Enfin, le neveu du Grand-Prieur, messire Bernard de Polastron de la Hillière, seigneur de la Martinière, « mareschal de batailles ez armées de sa majesté, » se chargea de rétablir l'ordre et se mit à la tête d'une troupe d'expédition, qui parvint à se saisir du coupable et à le livrer au Parlement. Le procès ne fut pas long et Dispan fut condamné « à servir de force le roy sur ses galères pendant l'espace de 6 années, et à payer 500 livres d'amende au Grand-Prieur; les girouettes et les tours de sa maison dévoient estre abattues jusqu'à fleur de toit. »

Comme nous l'avons déjà vu ailleurs, la chambre prieurale de Boudrac, fut supprimée en 1748 et forma désormais deux commanderies distinctes, celle de Poucharramet dont nous avons vu la composition au chapitre précédent et celle de Boudrac, dont les membres étaient: Saint-Clar, Campbernard, Lalane-Arqué, Cabas, Castelnau-de-Magnoac, Serjac, Montcassin, Montléon, Lourde, Luz, Gèdre, Gavarni, et dont le revenu net était en 1759 de 6650 francs or.
Commandeurs de Boudrac
1323-1332. André de Nogaret.
------1330. Guilaume de Ratier.
1390-1303. Bartrand Claustra.
1442-1401. Jean de Lavedan.
------1459. Pierre du Mazel.
1474-1477. Jean d'Arlande, bailli de Manosque.
1479-1492. Oddet de las Graulas.
1500-1505. Roger de Palastron.
------1517. Gabriel de Pomeyrols.
------1537. Géraud de Massas.
(Vers 1540 Boudrac chambre prieurale.)
(En 1748 Boudrac redevient simple Commanderie.)
1748-1759. Charles de Crucy-Marcilhac.
1764-1765. Gaspard de Raymond d'Eaulx.
1783-1789. Le bailli de Blacas.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Burgaud   (31)

Commanderie du Burgaud
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Grenade, Commune: Le Burgaud — 31


commanderie Le Burgaud
commanderie Le Burgaud


Dans la région ondulée s'étendant entre la Save et la Garonne et qui forme comme une ceinture aux vastes plaines du Comté de Toulouse du côté de la Gascogne, l'abbaye d'Aniane, antique et célèbre monastère du diocèse de Maguelonne, possédait jadis deux églises, « Sainte-Marie de Maurent » et « Sainte-Marie de Folcarde », dont les dîmaires se confondaient presque et devaient former dans la suite le territoire de Burgaud.

Les moines, cédant à l'enthousiasme général pour la croisade, firent don, dans la première partie du XIIe siècle, à l'Ordre de Saint-Jean de cette possession lointaine, que son éloignement devait rendre du reste assez peu productive pour eux. Le quatrième jour des nones de juin 1123, Ermengaud, par la grâce de Dieu, abbé d'Aniane, et Raymond Aldebert, prieur de ce couvent, firent cette donation « au seigneur Guirald (Gérard), prieur de l'Hôpital « de Jérusalem à Toulouse, à ses successeurs et aux baillis que la prudence priorale pourra établir dans ces lieux à l'avenir. »
L'abbé mit pour condition à sa libéralité, que toutes les fois que ces baillis (précepteurs) reviendront du chapitre que les Hospitaliers tiennent chaque année aux environs de la Pentecôte, ils s'arrêteront à son couvent, pour lui payer une redevance de vingt sols « en bons deniers molgoriens; » si le paiement n'était pas fait trente jours après la fin du chapitre, les moines auraient le droit de faire saisir ces territoires pour recouvrer ce qui leur serait dû.

Par eux-mêmes, ces nouveaux domaines de l'Ordre de Saint-Jean n'avaient pas une importance suffisante pour pouvoir être érigés dans le principe en Commanderie, et les dîmaires des deux églises du Burgaud continuèrent à être administrés directement par le Prieur de Toulouse, en attendant que de nouveaux accroissements de territoire permissent de prendre un parti à cet égard.

C'est ce qui arriva dans les premières années du siècle suivant. Le Burgaud, place fortifiée, assez importante, appartenait à une famille féodale, dont le donjon patrimonial s'élevait à quelque distance de là, dans le voisinage de l'abbaye de Grandselve, celle des seigneurs de Cobirac. Son chef, Bertrand, se rendit dans l'église de l'Hôpital Saint-Remy de Toulouse, le 14 septembre 1214, pour y recevoir l'humble habit de l'Ordre des mains du Prieur, Bernard de Capoulège, et faire cession en même temps de tout ce qu'il possédait au Burgaud, terres, vassaux, oblies, ainsi que de sa portion de suzeraineté sur la ville et le château. Cette augmentation si considérable des domaines de l'Hôpital de ce côté eut pour conséquence immédiate la création de la Commanderie du Burgaud, dont le premier précepteur fut ce même chevalier, Bertrand de Cobirac, déjà élevé à la dignité de Prieur de Toulouse.

Ce fut lui qui, en 1244, régla avec les autres membres de sa famille, Sanche, Gérald, Armand de Cobirac et Bernard de Saint-Lauffary, le partage de leurs droits avec ceux de l'hôpital sur la place et le territoire du Burgaud.
D'après ce traité, les habitants devront aux seigneurs « une demi-quarte d'avoine, 4 poules, une fougasse « suffisante pour le repas de 2 chevaliers et un quarteron « de leur meilleur vin, » redevances dont le tiers appartenait à l'hôpital ; ils devront de plus « prêter assistance aux seigneurs dans les guerres que ceux-ci pourraient entreprendre dans le Gimoès, à moins que ce ne fût contre le comte ou l'évêque de Toulouse, le seigneur Bernard Jourdain de l'Isle, ses frères ou Odon de Terride. »

Les seigneurs de Gobirac devront protéger les vassaux de l'hôpital qui seront tenus de leur côté « à leur vendre le pain, le vin, la viande et l'avoine pour l'alimentation de la garnison, s'ils en avaient besoin. »
Ce pacte solennellement juré par les parties fut conclu le 12 février 1224 (1225), en présence de Gaillard de Quaterpech, de Fourtanier de Sabolène et de Martin de Posquière.

Les fondateurs de la ville du Burgaud avaient dû se dessaisir dès le principe en faveur des habitants d'une partie des droits seigneuriaux. Car nous voyons les consuls de cette ville céder au même commandeur, Bertrand de Cobirac, le droit de banalité du four; les Hospitaliers se chargeant de faire cuire le pain des habitants, qui s'engagèrent à leur donner, pour le fournage, la seizième partie de la pâte ou 2 deniers par setier à leur choix. Ces derniers qui croyaient sans doute faire par là un acte de générosité envers l'Ordre lui imposèrent en définitive un marché très onéreux, car les 2 deniers qu'ils payaient toujours de préférence devinrent, à cause de la dépréciation monétaire, une rétribution tellement illusoire que les Commandeurs renoncèrent d'eux mêmes, dans le XVIIIe siècle, au droit de banalité du four.

Après la mort de Bertrand de Cobirac, ses parents disputèrent à son successeur la juridiction du Burgaud. Les arbitres nommés pour rétablir la paix décidèrent que le Commandeur aurait la haute justice et que ses compétiteurs ne pourraient exercer la basse justice que concurremment avec lui. Cette sentence reconnût de plus au Commandeur la possession « de l'emplacement situé près de la barbacane de la ville, ainsi que de la métairie construite du côté du cimetière des lépreux. » (2e jour des calendes de décembre 1252)

Les deux derniers représentants de la famille de Cobirac résolurent de se défaire des possessions et des droits qu'ils avaient encore au Burgaud; le seigneur Izarn-Jourdain de l'Isle se rendit dans cette ville pour en devenir l'acquéreur. A cette nouvelle, grand émoi parmi les Hospitaliers, qui prévoyaient dans le partage de l'autorité avec un aussi puissant voisin de graves difficultés pour l'avenir. Le Commandeur, Bernard de Roux, se rend dans la salle où les seigneurs sont en train de conclure le marché, et proteste contre cette vente; c'est au nom de Dieu, du Pape, du roi de France, de Messeigneurs « les pauvres de l'Hôpital, » que le chevalier de Saint-Jean défend au seigneur Jourdain de poursuivre son entreprise, en le menaçant, s'il y persiste, de s'y opposer même par la force (1274). Les menaces du précepteur produirent-elles leur effet ?
Il est permis d'en douter; car nous retrouvons quelque temps après le seigneur Izarn partageant la juridiction du Burgaud avec le Commandeur Gérard de Colomb, sans que la suite semble justifier les craintes des Hospitaliers à cet endroit.

Le Grand-Prieur de Saint-Gilles, Guillaume de Villaret, accorda en 1296, aux habitants du Burgaud, une charte de privilèges qui commence par cette observation remarquable: « Plus la ville augmentera par suite des libertés accordées aux habitants, plus la maison de Saint-Jean prospérera aussi », observation qui résume la politique des seigneurs féodaux à cette époque. Cette charte leur concédait les droits d'usage et de dépaissance dans les bois étendus que l'Hôpital possédait à Montez, dans la juridiction de la ville.

Quelques années plus tard, la paix n'existait déjà plus entre les Commandeurs et les consuls. Quelques points non résolus dans la charte de commune, concédée lors de la fondation de la ville et que les Hospitaliers, qui y furent étrangers, ne nous ont pas conservée, furent l'objet de ces discussions. Les magistrats municipaux du Burgaud signalèrent avec une indépendance digne de remarque, les abus introduits par le précepteur Eléazar de Rozan ou ses prédécesseurs, et protestèrent vivement contre les infractions tentées contre leurs libertés ou les usages généralement admis alors; ils se plaignaient, entre autres choses, des sommes que tout condamné était obligé de fournir tant pour son emprisonnement que pour les écritures du greffier; ils réclamaient encore contre les droits de fournage exigé par les Hospitaliers pour le gâteau, désigné, sous le nom de pain de Noël ou de l'Epiphanie.
Le chevalier Pierre de Florence, précepteur de Toulouse et lieutenant du Grand-Prieur de Saint-Gilles, évoqua les deux parties à son arbitrage et rétablit les choses dans leur état normal (13 juin 1306).

Les archives du Burgaud nous relatent un épisode assez intéressant qui nous permet de jeter un coup d'oeil sur les moyens employés par la politique royale à l'égard des provinces du Midi. Nous avons vu dans bien des endroits, nos rois élever des villes sur leurs domaines directs et entrer ailleurs, aussi souvent que possible, en paréage pour l'érection des bastides avec les seigneurs qui leur achetaient leur concours par la cession d'une partie de leur juridiction. C'est ce moyen qu'employèrent avec tant de bonheur les officiers du comte Alphonse et plus tard du roi Philippe III. Par cette politique sage et habile, l'autorité royale se substituait, pour ainsi dire, à celle des seigneurs féodaux et gagnait tous les jours du terrain, sans effrayer personne et sans soulever de protestations. Les heureux résultats de cette attitude nous sont encore démontrés par les échecs que subirent les officiers royaux, toutes les fois qu'impatients d'arriver à leurs fins ils voulurent remplacer la modération par la violence, ce qui amenait d'ordinaire un désaveu par l'autorité supérieure. La juridiction du Burgaud, appartenait, comme nous l'avons vu, au commandeur de l'hôpital et aux seigneurs de l'Isle.

Or cette ville était située dans le voisinage immédiat de Verdun, résidence du principal représentant de l'autorité royale dans le pays, le châtelain que nous trouvons désigné dans certains actes sous le nom de super-bailli pour le roi dans toute la châtellenie. Ce dernier ne pouvait voir sans dépit le Burgaud, seul dans tout le pays environnant, soumis aune autre autorité que la sienne; les fourches patibulaires des chevaliers de Saint-Jean, qui se dressaient à sa vue sur une éminence voisine, lui semblaient un défi permanent pour son pouvoir. D'un autre côté, les droits des seigneurs du Burgaud étaient incontestables; les actes authentiques et la longue possession rendaient impossible toute enquête à ce sujet et enlevaient au châtelain tout espoir de triompher par des voies judiciaires et même de chicaner ses voisins sur la validité de leurs pouvoirs. Il céda enfin à la tentation de recourir aux moyens violents, espérant peut-être entraîner par là ses adversaires à une lutte imprudente, dont l'issue eût bien pu leur être fatale. Une troupe de ses gens alla par ses ordres renverser les fourches dont la vue l'offusquait. A cette première tentative, les Hospitaliers ne répondirent qu'en les faisant immédiatement relever. Dans une seconde expédition commandée par le lieutenant du châtelain et le bailli de Verdun, les soldats du roi renversèrent de nouveau les fourches, les rompirent et les brûlèrent sur place, pénétrèrent ensuite dans la ville de Burgaud, forcèrent les prisons et enlevèrent un criminel pour le livrer à la justice de la cour de Verdun. Cette fois, les deux seigneurs de Burgaud, le précepteur Guillaume de Rotbald et noble Bertrand Jourdain de l'Isle, sans répondre à cet appel aux armes, allèrent porter leur plainte au sénéchal de Toulouse. Le juge de Verdun, délégué par ce dernier, fut obligé de leur donner raison. Dans la sentence rendue le 17e jour des Calendes de janvier (1314), il ordonna aux officiers royaux de faire relever les fourches patibulaires du Burgaud, et de réintégrer dans les prisons du commandeur le détenu qu'ils en avaient indûment enlevé. Pour se mettre désormais à l'abri de semblables tentatives, le commandeur Arnaud de Jor obtint du Roi des lettres de sauvegarde pour le Burgaud et ses dépendances (10 mai 1329).
A peu de temps de là, nous trouvons les Hospitaliers possédant en seuls la seigneurie du Burgaud; les descendants de Bernard Jourdain ayant sans doute consenti à leur vendre leur part de juridiction sur ce territoire.

Ce qui abonde surtout dans les nombreux cartons qui renferment les archives de la commanderie, ce sont les traces des luttes continuelles des consuls de cette ville contre les Hospitaliers. Tantôt c'était pour défendre leurs coutumes et leurs libertés qu'ils prétendaient menacés par les commandeurs et qu'ils obligeaient ces derniers à confirmer de nouveau (1311, 1320, 1321); tantôt c'était pour le paiement de quelques dîmes qu'ils refusaient et dont un arbitrage ou une sentence du Parlement venaient invariablement les condamner à s'acquitter (1355, 1360, 1607, 1654).

De toutes ces liasses nous nous bornerons à extraire l'autorisation accordée en 1494 parle chevalier Oddet des Ganges, en sa qualité de patron spirituel de la paroisse du Burgaud, de bénir une chapelle, qu'un vicaire perpétuel venait de faire construire en l'honneur de la Sainte-Trinité et de la Sainte Vierge, dans le cimetière situé hors des murs et « où il avait fait placer une grande image vulgairement dite de Pitié. »

Un inventaire fait par les délégués du Grand-Prieur, des meubles trouvés dans le château du Burgaud, à la mort de ce même commandeur en 1504, nous fait pénétrer dans l'intérieur de ces vieilles demeures féodales, dont la simplicité peut surprendre notre luxe moderne; nous entrons d'abord dans la grande salle, dont l'ameublement consiste en une table, un banc et des escabeaux ; puis nous passons dans la chambre d'apparat, « où est mort le dit seigneur, » garnie d'un lit, d'une table, de trois escabeaux et d'une chaise; dans un coffre sont déposés les bijoux du défunt, une boîte renfermant un « Agnus-Dei », une petite croix d'argent, 6 pierres précieuses et une chaîne en or: son vestiaire se composait « de 2 robes, l'une de brunette avec des fourrures blanches, l'autre de camelot avec des fourrures noires, d'un justaucorps de damas fourré de martres, d'un second de drap gris de Rouen fourré de blanquet. »
Les écuries contenaient le cheval bai de Monseigneur, que Dieu absolve ! Et son courtaud gris avec tous leurs harnachements. »
Les membres de la commanderie du Burgaud étaient les suivants: Aussiac, Belleserre, Drudas, Pelleporc, Puységur, Fajolles, Saint-André d'Esquérens.
Sa valeur quitte de charges était évaluée à la fin du XVIIe siècle à 4,400 livres.

Liste des Commandeurs de Burgaud
1220-1248. Bertrand de Cobirac.
1252-1253. Armand de Boutenac.
1256-1959. Bernard de Saint-Cire.
1261-1262. Azémar de Miramont.
1262-1265. Pierre Boyer.
1268-1271. Bernard Le Roux.
--------1273. Aldebert.
--------1281. Plerre Miguel.
--------1293. Gérard de Colomb.
1295-1599. Dalmace de Corneillan.
--------1306. Eléazar de Rozans.
1311-1316. Guillaume de Rotbald.
1320-1324. Raymond de Jor.
1351-1360. Arnaud de Jor.
--------1371. Jourdain de Lomagne.
--------1393. Bertrand des Roches (de Saxis).
1432-1435. Sanche de Lichardes.
--------1459. Pierre Ferrand.
1461-1468. Jacques de Brion.
1479-1480. Antoine de Murat.
1480-1481. Guy de Montarnal.
1481-1504. Oddet des Ganges.
1505-1516. Raymond de Balaguier.
1581-1521. Gabriel de Murat de Pomeyrols.
1522-1541. Honoré de Grâce.
1517-1560. François de Tannes Saigues.
1562-1577. François de Moreton Chabrilland.
1594-1607. Raymond de Gozon Mélac
1607-1616. Georges de Castellane d'Alluys.
--------1684. Jean de Bernuy gouverneur de la Cavalerie Maltaise, maistre d'hostel de son haltesse.
--------1635. Jean de Lansègue.
1648-1673. Henri de Guast.
1679-1688. François de Flotte.
1688-1706. Louis de Forbin d'Oppède
1707-1715. Elzéar de Sabran des comtes de Forcalquier.
1716-1718. Lazare de Rabasse-Vergons.
1725-1728. Jean-Baptiste de Vintimille des comtes de Marseille.
1733-1734. Henri de Thimbrun-Valence.
1734-1735, Charles de Roquefort Marquein.
--------1737. Jean de Glandevès-Canet
--------1751. N. de Rilhaumette.
1757-1765. Charles-Félix de Galéan Gadagne.
1782-1783. Le bailli de Ligondès.
1784-1785. Le chevalier de Parades.
1785-1789. Le bailli de Pennes.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Caignac   (31)

Commanderie de Caignac
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Nailloux — 31


Commanderie de Caignac
Commanderie de Caignac


Membres:

Pompertuzat


Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Montgiscard — 31


Domus Hospitalis Pompertuzat
Domus Hospitalis Pompertuzat


Aignes


Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Cintegabelle — 31


Domus Hospitalis Aignes
Domus Hospitalis Aignes


Rival


Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Revel, Commune: Avignonet-Lauragais - 31


Domus Hospitalis Rival
Domus Hospitalis Rival


Saint-Michel-de-Lanès


Département: Aude, Arrondissement: Carcassonne, Canton: Salles-sur-l'Hers — 11


Saint-Michel-de-Lanès
Domus Hospitalis Saint-Michel-de-Lanès


Le Vivier


Département: Pyrénées-Orientales, Arrondissement: Prades, Canton: Sournia - 66


Domus Hospitalis Le Vivier
Domus Hospitalis Le Vivier


Saint-Quirc


Département: Ariège, Arrondissement: Pamiers, Canton: Saverdun — 09


Domus Hospitalis Saint-Quirc
Domus Hospitalis Saint-Quirc


Canens


Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Montesquieu-Volvestre — 31


Domus Hospitalis Canens
Domus Hospitalis Canens


Cavalerie-de-Pamiers


Département: Ariège, Arrondissement et Canton: Pamiers — 09


Domus Hospitalis Cavalerie-de-Pamiers
Domus Hospitalis Cavalerie-de-Pamiers


Lagarde (31)


Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Villefranche-de-Lauragais — 31


Hôpital de Lagarde
Domus Hospitalis Lagarde


Lagarde (09)


Département: Ariège, Arrondissement: Pamiers, Canton: Mirepoix — 09


Domus Hospitalis Lagarde
Domus Hospitalis Lagarde


Lagarde (65)


Département: Hautes-Pyrénées, Arrondissement: Tarbes, Canton: Bordères-sur-l'Echez — 65


Domus Hospitalis Lagarde
Domus Hospitalis Lagarde


Gardouch


Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Villefranche-de-Lauragais — 31


Domus Hospitalis Gardouch
Domus Hospitalis Gardouch


Salles-sur-Garonne


Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Rieux-Volvestre — 31


Domus Hospitalis Salles-sur-Garonne
Domus Hospitalis Salles-sur-Garonne


Saverdun


Département: Ariège, Arrondissement: Pamiers, Canton: Saverdun — 09


Domus Hospitalis Saverdun
Domus Hospitalis Saverdun


Audinac


Département: Ariège, Arrondissement: Pamiers, Canton: Saint-Lizier, Commune: Montjoie-en-Couserans — 09


Domus Hospitalis Audinac
Domus Hospitalis Audinac


Saint-Girons


Département: Ariège, Arrondissement et Canton: Saint-Girons — 09


Domus Hospitalis Saint-Girons
Domus Hospitalis Saint-Girons


Salau


Département: Ariège, Arrondissement et Canton: Saint-Girons, Commune: Couflens — 09


Domus Hospitalis Salau
Domus Hospitalis Salau


Copadel, dépendance du Temple de Toulouse, située dans le territoire de Saint-Félix-de-Valflour (?)
Ciuraguel : (?)

Sur les hauts plateaux du Lauragais, à peu de distance de la commanderie de Renneville (31), se trouve le petit village de Caignac (31), dont aujourd'hui l'humble aspect dénué de tout caractère, ne répond guère à l'importance que lui attribuent ses anciennes et intéressantes archives.

Au commencement du XIIe siècle, dans le territoire appelé Caniag, s'élevait une église dont le dîmaire appartenait aux seigneurs de Laurac, sans doute ses fondateurs; tout autour de ce sanctuaire, le territoire avait été érigé en « Salvetat », c'est-à-dire en lieu de franchise.

Vers 1136, Guillebert de Laurac, sa femme dame Nave et leurs fils, Guillebert, Sicart, Gausbert et Hugues, donnèrent à l'Hôpital, représenté par Raymond de la Bruguière et Izarn de Puysuiran, leurs droits sur cet honneur, en réservant pour les habitants leurs privilèges, qui consistaient « à ne rien payer à leurs seigneurs pour leur avoine, leur paille, leurs oeufs, leurs fromages, leurs légumes, leurs boeufs, en un mot pour tout ce qui servait à leur subsistance, et à ne leur faire ni corvée, ni charroi; les Hospitaliers s'engageaient de plus à être les défenseurs de cette ville.

En même temps, Pierre de Goireville et sa famille cédaient à l'hôpital leur portion de droits « sur cette église, ses dîmes, son cimetière, les offrandes qui y étaient faites, toute la partie inculte et déserte du territoire, une redevance de 4 deniers toisas, d'un setier d'avoine et d'un repas pour deux chevaliers et deux clercs sur chaque casal, les droits de justice, de forge et de four de la ville, les eaux, les herbes et les bois de Caniag. »

Exemple que s'empressèrent de suivre les autres seigneurs de cette localité, Bernard Mir de Laurac, Wilhelm-Pons de la Tour, Bernard de Belpech, Bernard de Gibel.

Les archives mentionnent ensuite une assez longue série de donations, parmi lesquelles nous nous contenterons de citer celle que leg de Calmont et Matfred, mirent entre les mains de Bernard d'Azillan, seigneur de la maison de Caignac, le premier, « en échange d'un cheval sellé et harnaché, du prix de dix sols toisas; » le second, « pour réparer les torts qu'il avait fait éprouver à Bernard de Puysuiran, Prieur de l'hôpital en lui enlevant 60 sols melgoriens (1147), et celle que fit en 1166 le chevalier Arnaud Guillaume, de tous les vassaux qu'il possédait à Caignac, en présence de Domn. Dominique, abbé de Boulbonne et de ses frères Guillaume et Augier de Calmont.

Grâce à ces nombreuses libéralités, les Hospitaliers se trouvaient ainsi avoir l'entière possession de la ville et du territoire de Caignac. Mais, malgré la donation si complète qui leur avait été faite par Guillebert de Laurac, ils se trouvaient encore sous la suzeraineté de cette famille puissante qui était à la tête de tout le pays. C'est ce que nous apprend une charte concédée par Sicard de Laurac fils du précédent et par ses propres enfants Sicard, Guillaume-Pierre, Guillabert et Hugues Bonafoz. Ils confirment la donation de 1136 et octroient au Prieur Gérald de Saint-André, l'autorisation de fortifier la ville qu'ils avaient construite, d'élever pour lui dans une partie quelconque de son alleu, une place forte complètement libre de leur juridiction et de recevoir dans leurs murs, « autant qu'ils pourront en contenir, des villains, « des marchands et des clercs. » Les Hospitaliers ne doivent pas « donner asile à des pillards, voleurs ou soudards « (guerratores); » ils doivent au contraire, appeler les habitants à l'aide pour les expulser immédiatement de la ville « soit de jour, soit de nuit, » s'ils étaient parvenus à s'y introduire. Sicard de Laurac, promet aux chevaliers de Saint-Jean de les secourir de toute sa puissance, toutes les fois qu'il en sera besoin; il leur donne de plus la juridiction sur tous les autres seigneurs habitant sur ce territoire; car c'est au Prieur de Toulouse ou, à son défaut, au ministre de l'hôpital de Caignac que doivent s'adresser ces derniers pour contraindre leurs vassaux à leur payer leurs redevances. Si les seigneurs de Laurac sont à l'avenir en guerre avec quelqu'un, ils prennent l'engagement de ne pas livrer bataille sur ce territoire, et même de ne pas le faire traverser par leurs troupes. Ils jurent enfin solennellement sur les saints évangiles d'observer pour toujours les promesses qu'ils viennent de faire et de ne jamais enfreindre les privilèges concédés. Cette charte octroyée au mois de septembre 1171, se termine par cette formule caractéristique: « Ludovico regnante apud Francos, » qui vient nous dire que l'unité française, cette grande oeuvre de notre monarchie était une notion complètement inconnue à cette époque, du moins dans nos pays.
D'autres donations vinrent ajouter à la commanderie de Caignac des domaines, des seigneuries et des redevances dans les territoires voisins, Marquain, Lagarde, Gardouch, etc.

Il est probable que les chevaliers de l'hôpital, ne tardèrent pas à profiter des privilèges concédés par la charte de 1171 et qu'ils se mirent bientôt à l'oeuvre, pour achever de construire et de fortifier leur ville de Caignac. Quoiqu'il n'en soit pas fait mention dans les archives, il est permis de supposer que l'octroi d'une charte de franchises et de commune accompagna l'érection de la place, comme c'était l'usage général en pareil cas; d'autant plus que nous trouvons Caignac pourvu de son consulat dès les premières années du XIIIe siècle. Un document qui n'est pas daté, mais que son écriture doit faire attribuer à cette époque, nous transporte sur la place publique de Caignac, qui, paraît-il, avait eu ses orages intestins, sa guerre civile, tout comme une grande cité. En présence de toute la population, les trois consuls jurent sur les saints Evangiles, au nom de leurs concitoyens, qu'ils vivront désormais en paix entre eux; « Si quelqu'un contrevient à cette promesse et prend les armes, tous doivent se lever contre lui: » serment que tout le peuple répète après ses magistrats. Ce n'était pas seulement entre les citoyens d'une même ville, mais entre ceux de villes voisines que ce moyen de pacification, fondé sur le respect de la foi jurée, était mis en pratique. Les archives nous ont conservés un acte du même genre, conclus entre les habitants de Caignac et ceux de Lagarde. Les consuls des deux villes renoncent pour eux et leurs communautés à leurs luttes et jurent de vivre désormais dans la paix et l'union (1239).

Nous trouvons dans une reconnaissance faite en 1262, par un habitant du hameau de « Arzelers » au précepteur, Fr. Azemar de Miramont, des détails singuliers sur la manière dont était prélevé le droit « d'albergue » dans cette localité. Le précepteur partait de Caignac un jour à son choix, entre la Noël et le dimanche de la septuagésime, emmenant à sa suite « les frères, les soeurs, les donats, les employés, les clients et les chiens de l'hôpital, » pour se rendre à Arzelers; il pouvait même inviter sur la route, les personnes, qu'il voudrait, à se joindre à lui. Les vassaux devaient fournir à manger et à boire au chevalier et à toute sa suite et lui payer le soir après le souper, et avant qu'il se levât de table, huit sols toisas; après quoi le précepteur devait partir incontinent avec tous ses gens, à moins qu'il ne reçût de ses vassaux l'autorisation de prolonger son séjour (15 janvier 1262).

Dans un autre hameau le droit « d'albergue », se réduisait à fournir un repas une fois par an à quatre chevaliers ou à quatre frères (Reconnaissance de 1279).
Nous voyons par là que, dans ces contrées, le droit « d'albergue » s'exerçait alors sous sa forme primitive et n'avait pas encore été transformé en simple redevance pécuniaire. Si les commandeurs de Caignac percevaient ce droit de leurs vassaux, ils le devaient à leur tour au Roi. Mais comme ce dernier ne pouvait eu usé que très rarement dans beaucoup de localités pour lui, ses officiers, ou ses troupes et que la perception en aurait été forcément très irrégulière, les « albergues » dues au Roi avaient été transformées depuis longtemps en un impôt annuel, usage que les seigneurs ne tardèrent pas à introduire chez eux. C'est ainsi qu'en 1293, le roi Philippe IV, accorda à la requête du Précepteur de Caignac, frère Ermengaud des Aiguilliers, une réduction temporaire de la rente de 32 setiers d'avoine et de 15 sols toisas qui lui étaient dû pour l'albergue. En 1415 Guillaume de Calmont précepteur et les consuls de Caignac, reconnaissent qu'ils doivent au roi pour l'albergue 16 setiers d'avoine et 15 sols toisas, tout en maintenant leur droit d'être hébergés par le bailli royal d'Avignonet (31), quand ils viennent lui apporter cette redevance.

Les archives nous apprennent que, durant la seconde moitié du XIIIe siècle, des réparations ou plutôt des augmentations furent faites à l'enceinte fortifiée de la ville de Caignac. Nous trouvons en effet un accord qui fut conclu à ce sujet entre le commandeur et les consuls: Le premier cède aux seconds, moyennant 15 francs d'or, pour la réparation qu'ils se proposaient de faire « la motte qui touche au fort de la ville » et l'emplacement de certains greniers qu'ils devaient démolir à leurs frais: il leur fournira de plus tout le bois qui leur sera nécessaire pour cette entreprise et s'engage à donner asile dans son fort, pendant tout le temps qu'elle durera, à tous les habitants et à leurs mobiliers. A ces conditions, les consuls s'engagent à faire construire, dans l'espace d'un an, les nouvelles murailles, « qui doivent avoir vingt palmes de haut; » ils n'y feront pratiquer qu'une seule porte, qui aura deux clefs, une pour eux et l'autre pour le commandeur. La barrière, construite entre le fort du commandeur et celui des consuls, aura deux portes dont on ne se servira qu'en temps de nécessité, pour faire passer le guet. La garde des murailles se fera par les soins des deux parties; les consuls y placeront des sentinelles, dont le nombre sera déterminé par le commandeur et ce dernier sera obligé de pourvoir à la sûreté de son château et de son fort, pour la garde duquel les consuls lui fourniront un homme à chaque guet de nuit. Notons enfin une disposition assez remarquable par laquelle le commandeur était tenu de faire « son tour de guet, comme un simple habitant ou de se faire remplacer. » Ce projet de l'accord, qui devait être traduit dans la suite par quelque notaire des environs dans son latin barbare et prétentieux, est écrit en langue vulgaire et n'est pas daté. La forme de ses lettres semble le faire remonter à la deuxième partie du XIIIe siècle, ce qui est confirmé par ce fait que le commandeur traite, dans cet acte, au nom du Prieur de Saint-Gilles, ou de son lieutenant à Toulouse; or, nous avons vu ailleurs que le Prieuré de Toulouse fut supprimé de 1250 à 1315. C'est donc dans cet intervalle que l'on doit placer la construction des dernières fortifications de Caignac.

Ce fut sans doute à l'occasion de l'agrandissement de la ville qu'en 1299, Guillaume de Villaret, Prieur de Saint-Gilles octroya aux habitants de Caignac une charte de coutumes. Malheureusement une grande partie de ce document ayant été déchiré et le reste étant devenu presque complètement illisible, nous nous voyons forcés de nous contenter de cette simple indication de son existence. Nous trouvons, peu de temps après, d'autres accords faits entre les commandeurs et les consuls de Caignac: en 1316, ces derniers promettent, au nom des habitants, de porter leur blé à moudre au moulin que le commandeur venait de faire construire; en 1350, le chevalier Guichard de l'Ongle autorise ses vassaux de Caignac à bâtir des fours particuliers dans leurs maisons, à la condition qu'ils ne s'en serviront que pour leur usage personnel.
Dans cette période la commanderie de Caignac avait reçu, lors de l'organisation du Prieuré de Toulouse, une partie des dépouilles de l'ordre du Temple dans la contrée : Copadel, dépendance du Temple de Toulouse, située dans le territoire de Saint-Félix de Valflour ; et la ville, ainsi que le château de Canens, membre important de l'ancienne commanderie de Montsaunès.
Dépendance des Templiers, puis de la commanderie d'hospitaliers de Caignac. Château d'origine templière orné des insignes de l'ordre de Malte.

Comme nous avons pu le voir par tout ce qui précède, la juridiction de Caignac, appartenait toute entière aux commandeurs; les actes de donation l'établissaient formellement et jamais une protestation ne s'était élevée contre cet état de choses. Les droits du Roi à Caignac se bornaient à cette albergue, dont nous avons eu l'occasion de parler tout à l'heure et que le commandeur et les consuls venaient payer régulièrement tous les ans au bailli royal d'Avignonet. Mais vers le XVe siècle, profitant de la négligence des Hospitaliers, et peut être aussi du désir des populations de se soustraire à l'influence directe de leurs seigneurs, les officiers royaux tentèrent d'usurper la juridiction de Caignac et réussirent même à faire ratifier leurs prétentions par leurs adversaires. Car nous voyons le précepteur, G. de Calmont, reconnaître en 1415 au roi, cette juridiction, qui serait exercée en son nom par les consuls d'Avignonet. Il ne s'éleva pas pendant bien longtemps de protestation à cet égard. Mais dans le XVIe siècle un commandeur, plus vigilant ou plus puissant que ses prédécesseurs, réclama énergiquement le rétablissement de ses droits. Il obtint gain de cause; la juridiction entière de Caignac lui fut reconnue, malgré les protestations du Procureur du Roi, et des consuls d'Avignonet, par jugement de MM. les Trésoriers de France (1532), et, l'année suivante, le Parlement de Toulouse ordonnait la main levée de cette juridiction qui fut ne plus disputée désormais aux Hospitaliers.

Pendant ce temps, la commanderie de Caignac avait acquis une plus grande importance, par l'adjonction successive de plusieurs établissements considérables que l'ordre Saint-Jean possédait dans les environs, comme le Rival, Siuraguel et surtout Saint-Jean de Thor. Elle fut arrentée en 1580, au prix de 1,000 livres tournois: certains extraits de cet acte nous paraissent dignes d'être cités ici, à cause des détails qu'ils nous donnent sur la force et la paie d'une garnison de château féodal à cette époque:
« Ils (les rentiers) s'engagent à tenir le chasteau et mayson de Caignac, soubs l'obéissance de Dieu et du Roy en tout temps de pays et de guerre; et pour ce faire, ledict sieur commandeur sera tenu leur allouer sur leur arrentement, en temps de pays pour la solde de ung soldat, qui gardera la porte, affin que le chasteau ne soyt surprins, dix livres pour chascun moys, et en temps de guerre, ce que Dieu ne veilhe, ledict commandeur allouera ausdits rentiers quatre soldats de surplus, à mesme solde de 10 livres pour moys durant ledict temps de guerre, qui seront en tout cinq soldats; et, si lesdicts rentiers seroyent si fort pressés par les ennemys, venant assailhir la mayson, que lesdicts cinq soldats ne porroient soufflr, sera loysible ausdicts rentiers y mectre davantage, en cas de nécessité et à une extrémité, à mesme solde... Et pour les gaiges de la centinelle qui se tient le jour à la tour de la Viz, pour descouvrir, ledict sieur commandeur sera tenu payer la moytié et les habitans l'autre moytié. » (8 juin 1580).

Pendant les guerres de religion, la force de ses murailles put mettre Caignac à l'abri d'un coup de main des Huguenots, qui étaient maîtres de tout le pays avoisinant et qui dévastèrent la plus grande partie de ses dépendances, ainsi que nous l'avons déjà vu et que nous allons le constater dans l'étude des membres de la Commanderie. Dans le dénombrement de ses possessions, fait en 1657, par le commandeur Louis de Tersac Montberaut, il est question « du chasteau de Caignac, grand et spatieux, bien basty, partie de pierres de taille, partie de tuylles, revêtu de quatre belles tours carrées et un doujon attaché à celle qui tient le degré do la mayson... »
Liste des Commandeurs de Caignac.
-------1136. Raymond de la Bruguière.
1140-1152. Bernard d'Azillan.
-------1153. Raymond de Boville.
-------1166. Raymond Petit.
-------1171. Géraud de Saint-André.
-------1172. Bernard de Gavaldan.
-------1173. Hugues de Sordhia.
1175-1176. Gausfred.
1178-1182. Raymond Matfred.
-------1192. Pierre Soubiran.
-------1201. Boson.
1202-1204. Raymond de Rieux.
-------1205. Guillaume Raymond.
1209-1213. Pons.
1213-1214. Guillaume de Lordat.
1215-1223. Pons (2ºfois).
1223-1224. Athon de Vacquiers.
1224-1225. Guillaume de Boyer.
1225-1226. Géraud de Miramont.
1228-1230. Amicl de Pailhès.
1231-1232. Roger de Saint-Mézard.
1235-1236. Pierre d'Arren.
-------1237. Sanche de l'Epée.
-------1238. Guillaume de Saint-Romain.
-------1239. Pierre de Cayrane.
1252-1255. Sicart de Miramont.
1256-1258. Bertrand de Fau.
1258-1262. Sicard de Miramont (2e fois).
1262-1263. Azemar de Miramont.
-------1264. Guillaume de Las Tours.
-------1266. Guillaume de Saint Jean.
-------1267. Fabre de Virac.
1269-1272. Albert de Rosset.
1274-1276. Guillaume du Puy.
1277-1278. Galhartde Caritat.
1278-1279. Géraud de Colomb.
1280-1284. Bernard de Savignae.
-------1285. Arnaud de La Mastra.
1286-1288. Raymond de Saint-Just.
1291-1295. Ermengaud des Aguilhiers.
-------1299. Arnaud de Montlaur.
1301-1305. Bernard de Villars.
0007-1308. Blie de Montdragon.
1309-1310. Raymond de Valmale.
1311-1312. Bertrand de Jocon.
1313-1314. Pierre de Caylus.
1314-1315. Pons de Castelnau.
1315-1316. Guillaume de Chavadon.
1316-1317. Raymond de Cariuscio.
1317-1318. Raymond des Alpes de Alpibus.
-------1332. Reginald de Mirepoix.
1323-1330. Guillaume de Relhane.
1331-1339. Stulte de Ruthène.
1345-1358. Guichard de l'Ongle.
1359-1361. Pons de Rafaud.
-------1370. Guibert de Buzens.
1380-1391. Bernard de Belpoch.
1393-1396. Bertrand Claustra. Receveur du Grand-Prieuré.
1397-1398. Ayméric de Montlaur.
1399-1400. ëlzias de Rossac.
-------1437. Pierre de Raffin.
1457-1475. Guillaume de Calmont.
1489-1494. Jean de Roquelaure Saint-Aubin.
1494-1495. Bernard de Montlezun.
1497-1508. Gaston de Verdusan.
1513-1534. Géraud de Massas, Receveur du Grand-Prieuré.
1541-1545. Philippe du Broc.
1560-1561. Balthazar de Coulans.
-------1570. Philippe de Vir-Toulanès.
-------1580. François de Moreton-Chabrillant.
1599-1607. Arthur de Glandevez Pépin.
1611-1617. Jean de Rodulphe Beauvoir, Receveur du Grand-Prieuré.
1618-1628. Georges de Castellane d'Alluys.
1629-1634. Jacques de Chasteauneuf-Montléger.
1635-1657. Louis de Tersac-Montberaut.
1669-1670. Gabriel de Grilhet-Cazillac.
1695-1696. Gaspard de Blacas Carros.
-------1726. Joseph de Forbin d'Oppède.
1736-1743. Jean-Antoined'Hautpoul.
1753-1765. Joseph-Gabriel de Thomas de Gignac.
1783-1789. N. d'Eaulx.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Campbernard   (31)

Hôpital de Cambernard
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Saint-Lys — 31


Hôpital de Cambernard
Hôpital de Cambernard


Le territoire de Cambernard, dépendait de la commanderie de Poucharramet, était situé dans la juridiction de Sainte-Foy-de-Peyrolières, ce qui occasionna plus d'une fois des débats entre les commandeurs et les consuls de cette ville. Ainsi ces derniers voulurent forcer les vassaux de l'Hôpital, bordeliers de Cambernard, à contribuer aux tailles imposées aux habitants de Sainte-Foy ; d'où, protestations des Hospitaliers et enfin transaction par laquelle le territoire de Cambernard était divisé en deux parties ; les habitants de la première, située du côté de Sainte-Foy devant participer aux tailles, tandis que les autres en seraient exempts (1326).
Poucharramet


Hôpital de Poucharramet
Domus Hospitalis Poucharramet


Elle était certes loin d'être sûre et tranquille à cette époque l'existence de ces malheureux paysans isolés dans les fermes de la campagne, de ces bordeliers, comme les appelle le document précédent. Toute précaire que fut la défense que procuraient leurs murailles aux habitants des petites villes, ils avaient plus de chances d'échapper aux ravages que la guerre occasionnait si souvent autour d'eux. Aussi les habitants des champs jetaient-ils des regards d'envie sur ceux de la petite ville dont-ils voyaient les murailles s'élever au bout de leur horizon ; ils se considéraient comme formant dans la nation une classe inférieure soumise à des dangers incessants et à des ruines périodiques ; leur ambition constante était d'imiter leur exemple, quand ils seraient parvenus à former dans les environs un groupe assez considérable pour créer a leur tour une ville. Il nous a été bien souvent donné dans le cours des XIIe et XIIIe siècles d'assister à cet intéressant spectacle. Mais il devient assez rare dans les siècles postérieurs.

Voici pour-tant un fait de ce genre qui date du commencement du XIVe siècle. Un jour les manants et habitants de Cambernard vinrent trouver le Commandeur de Boudrac, Roger de Polastron, pour lui exposer qu'ils avaient l'intention de construire un « lieu fermé, afin d'y abriter leurs personnes et leurs mobiliers, et obvier ainsi aux dommages que leur causent les incursions des gens d'armes » ils demandèrent au chevalier de leur concéder un emplacement pour cela, moyennant une censé suffisante et une redevance annuelle pour chaque maison bâtie dans l'intérieur ; ils représentèrent de plus « qu'ils n'avaient pas de coutumes écrites comme les habitants de Boudrac et ceux de Saint-Clar, » et supplièrent le Commandeur de leur octroyer une charte qu'ils choisiront d'un commun « accord. »

Ces demandes, transmises par le Commandeur, trouvèrent un favorable accueil auprès du Grand-Prieur, Jean de Ranguis ; avec l'avis du chapitre provincial, il chargea le chevalier de Polastron d'accorder à ses vassaux de Cambernard les faveurs sollicitées, « s'en référant à sa conscience pour sauvegarder les intérêts de l'Ordre » (19 juin 1500).
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Castelnau-d'Estretefonds   (31)

Domus Hospitalis Castelnau-d'Estretefonds
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Fronton — 31


Domus Hospitalis de Saint-Pierre du Bousquet
Domus Hospitalis de Saint-Pierre du Bousquet


Au mois de novembre 1170, Robert abbé de Saint-Michel de Gaillac (Tarn), au nom du chapitre de ses religieux, donna à l'hôpital de Jérusalem, à Eschafred, précepteur de Fronton, l'église de Saint-Pierre du Bousquet avec tous ses droits et toutes ses dépendances. Il se réserva une redevance annuelle d'une livre d'encens qui serait apportée à l'abbaye, « le messager devant y trouver son dîner comme un des moines; » par contre Eschafred s'engageait à donner l'hospitalité à l'abbé et à ses successeurs s'ils passaient jamais par Fronton ou le Bousquet.

Vers le milieu du siècle suivant, l'abbé de Saint-Sernin vint disputer au commandeur de Fronton la possession des dîmes de Saint-Pierre et, prétendant que cette paroisse n'était qu'une annexe de celle de Saint-Georges qui lui appartenait, fit enlever violemment en 1253, les récoltes des Hospitaliers. L'affaire remise à l'arbitrage de Pierre du Port, précepteur de Serres, de B. de Prinhac, hôtelier du chapitre Saint-Sernin et d'Arnaud d'Escalquens, se termina à l'avantage de l'ordre de Saint-Jean. (Juin 1257).

Commencé par un achat de terres que fit le Prieur de Toulouse en 1183, l'établissement des Hospitaliers à Castelnau s'accrut par plusieurs donations qui lui furent faites dans le courant du XIIIe siècle.

Liste des Commandeurs du membre de Castelnau-d'Estretefonds.
1252. Joan Anglais.
1460. Bertrand de Pozols, prêtre.
Sources: Du Bourg, Antoine. Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883

Concerne les Templiers
Quelques possessions données à l'Ordre du Temple par Béguine, fille de Béguin de Castelnau en 1245, vinrent dans la suite augmenter les possessions de l'hôpital dans cette petite ville.

Il ne faut pas confondre Castelnau « Castelnau-Rivière-Basse », Hautes-Pyrénées (65), possession de l'Ordre du Temple et Castelnau-d'Estretefonds (31) possession de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean.


Castelnau-Picampeau   (31)

Seigneurie de Castelnau-Picampeau
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Le Fousseret, commune: Castelnau-Picampeau — 31


Seigneurie de Castelnau-Picampeau
Seigneurie de Castelnau-Picampeau


Les commandeurs de Poucharramet n'avaient que la seigneurie spirituelle de la paroisse de Castelnau de Picampeau. Nous ne trouvons à noter dans les archives de cette ville qu'un procès soutenu par ses habitants contre leur précepteur, à l'occasion de certains droits qui leur avaient été réclamés, et que confirma Hoirie de Langlade, bailli en Gascogne pour le roi de France (1299) et le traité que le Grand-Prieur conclut en 1567 avec ses vassaux de Castelnau pour la reconstruction de leur église.

Liste des Commandeurs du Membre de Castelnau.
1533-1561. Monet de Guiramand.
Sources: Du Bourg, Antoine. Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883


Cornebarrieu   (31)

Commanderie de Cornebarrieu
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Blagnac — 31


Commanderie de Cornebarrieu
Commanderie de Cornebarrieu


Dans la partie nord du territoire de Pibrac s'étendait l'alleu de Cornebarrieu (allodium de Cornebarrillio), au centre duquel s'élevait une église et un village que les anciens actes nous désignent sous le nom de Saint-Clément de Cassarac et qui prirent dans la suite la dénomination du fief où ils se trouvaient situés.

Saint-Clément



Eglise Saint-Clément
Eglise Saint-Clément


Au mois de décembre de l'année 1128, Pierre de Pibrac donna à l'hôpital, à frère Raymond de Laignac, hospitalier, sa portion du dîmaire de l'église de Cassarac, en s'en réservant la seigneurie; ceci se passait en présence d'Hugues de Pomarède, d'Esquat d'Iscio et de ses fils Raymond et Roger.
Un des descendants de ce même seigneur, Pierre Raymond de Pibrac, compléta cette donation par la cession des droits qu'il possédait sur ce territoire (1180).

Par suite, les Hospitaliers furent seigneurs spirituels du village de Cornebarrieu, dont ils partageaient les dîmes avec le chapitre de Saint-Etienne et le Prieur des Bénédictins de la Daurade. Malgré le peu d'importance de ce qu'ils y possédaient, Cornebarrieu fut érigé par eux en commanderie.
Dans la première moitié du XVe siècle, cette commanderie cessa d'exister et fut réunie à celle de Garidech.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883


Deveze (la)   (31)

Domus Hospitalis La Deveze
Département: Haute-Garonne, Arrondissement et Canton: Toulouse, Quartier: Montaudran — 31


Domus Hospitalis La Deveze
Domus Hospitalis La Deveze


Non loin de Toulouse, dans la baronnie de Balma, Wilhelm Petit donna en 1172 à l'hôpital de Saint-Remy le territoire de « la Devèze » situé dans « l'Albarède Episcopale. »

Peu de temps après, Bernard Manadier, ce bourgeois de Toulouse, qui signala sa bienfaisance par la fondation de l'hôpital appelé de « la Mainadière », donna à Pierre d'Alsen Prieur de l'hôpital de Toulouse, tous les droits sur les dimes de Ramerville, paroisse voisine de la Devèze 1176.

Cette donation fut suivie d'un accord conclu entre Bertrand abbé de Moyssac et Raymond Garsia Prieur de l'hôpital de Toulouse; au mois de juin de l'année 1185, en présence de Guillaume abbé de Lézat, du Prieur de la Daurade, de celui de Saint-Pierre des Cuisines; le Bénédictin céda au chevalier de l'hôpital, tous les droits qu'il avait sur les fiefs donnés en 1176 par Manadier et en reçut en échange les droits que la maison de Saint-Remy avait sur l'hôpital construit près de la porte Lascrozes et donné à l'église de la Daurade. Mais, si ce traité affranchissait les Hospitaliers de la juridiction des Bénédictins sur leurs fiefs de la Devèze et de Ramerville, ils relevaient toujours de la seigneurie des Evêques de Toulouse, barons de Balma depuis la croisade des Albigeois. Ce qui amena plus d'une fois dans la suite des discussions entre les deux autorités, tantôt pour les redevances à payer, tantôt pour un hommage féodal en retard.

Rangueil


Domus Hospitalis La Deveze
Domus Hospitalis Rangueil


D'après la carte de Cassini, ce territoire était situé à gauche du quartier de Montaudran et près du quartier de Rangueil. A cette époque, les lieux étaient des paroisses, de nos jours, ce sont des quartiers de la banlieue de Toulouse.
Sources: A. Du Bourg, Histoire du Grand Prieuré de Toulouse — Toulouse — 1883.


Drudas et Puysegur   (31)

Domus Hospitalis Drudas
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Cadours — 31


Domus Hospitalis Drudas
Domus Hospitalis Drudas


Le plus ancien acte que nous aient conservé les archives de Drudas est un acte de 1293, par lequel Bertrand Jourdain chevalier du Roi et seigneur de Launac et Armand d'Esparviers partagèrent les fiefs qu'ils possédaient par indivis dans ce territoire.

Pelleport



Domus Hospitalis Pelleport
Domus Hospitalis Pelleport


Il est probable que le second, déjà bienfaiteur de l'Ordre, se dessaisit bientôt après de sa portion du territoire de Drudas en faveur de l'hôpital de Pelleport.
En effet, quelques années plus tard nous trouvons le précepteur de cette maison possédant Drudas en paréage avec les seigneurs de l'Isle.
La seigneurie spirituelle de cette paroisse et la perception de ses dîmes étaient partagées entre les Hospitaliers et les chanoines de Saint-Etienne de Toulouse. Aussi, quand il fut nécessaire de pourvoir à la reconstruction de cette église, le syndic du chapitre et le commandeur donnèrent ce travail à l'entreprise au prix de 1,600 livres, les habitants se chargeant des charrois et des manoeuvres (1524).

Burgaud



Domus Hospitalis Burgaud
Domus Hospitalis Burgaud


Le commandeur du Burgaud, était aussi seigneur spirituel de la paroisse voisine de Puységur, qui ne fut pendant longtemps qu'une annexe de celle de Drudas.
Liste des Commandeurs du membre de Drudas
1532-1533. Guillaume de Grons.
1533-1534. Guillaume de la Roque.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Estaquebiou ou L'Union   (31)

Domus Hospitalis Saint-Jean d'Estaquebiou
Département: Haute-Garonne, Arrondissement et Canton: Toulouse, Commune: L'Union — 31


Domaines Saint-Jean d'Estaquebiou
Domus Hospitalis Saint-Jean d'Estaquebiou


Les Hospitaliers possédaient aux environs de Toulouse un assez important territoire appelé Estaquebiou et situé dans la paroisse de « Saint-Jean de Kyrie Eleison Lacournaudric », aujourd'hui de « l'Union. » Au mois de juillet de l'année 1138, Arnald Adalbert fit donation à l'Hôpital, à Arnaud de Gardouch, à Raymond Humbert et aux autres frères de Saint-Jean, de son fief d'Estaquebiou.
Quelques années plus tard, Etienne Caraborde et son fils Oalric ajoutaient à ce premier fief celui de « Bolenes », situé au-delà de l'Ers (jour des Kalendes de juillet 1141).

Ces différentes donations furent complétées par la cession que firent de leurs droits sur ces deux fiefs, leurs seigneurs Arnaud et Bernard de las Tours (1236).

Dépendant de la commanderie de Toulouse, Estaquebiou (Lascabanel) Saint-Jean (Estaquebiou, Les Cabanes)
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883


Figarol   (31)

Commanderie de Figarol
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Saint-Gaudens, Canton: Salies-du-Salat, Commune: Montespan — 31


Commanderie de Figarol
Commanderie de Figarol


Vers le milieu du XIIIe siècle. Les Templiers de Montsaunès avaient reçu de Bernard de Tanchoède la donation d'une partie du territoire de Figarol. Les seigneurs de cette localité, Arnaud de Villeneuve et dame Condor sa femme, se dessaisirent en faveur du commandeur Bertrand de Mancioux de leurs droits sur ce territoire (décembre 1251).

Immédiatement après avoir pris possession des dépouilles des Templiers, les chevaliers de Saint-Jean s'efforcèrent de gagner l'affection de leurs vassaux de Figarol par l'octroi de privilèges.

Le 20 octobre de l'année 1337, le précepteur de Montsaunès, Guillaume de la Tour, réunissait autour de lui les six consuls de Figarol, Guillaume de Saint-Julien, damoiseau, Rernard d'Albat, légiste, G. Vital, G. de Mayniès, A. Malet et B. de Bays, pour leur donner connaissance des privilèges qu'en vertu d'une délégation du Grand-Prieur de Toulouse, il concédait à ses vassaux; c'étaient des droits d'usage très étendus sur ses bois du Vernet, où il ne se réservait que la juridiction et ne faisait d'autre prohibition que celle de la chasse: quatre gardes devaient s'opposer aux dégâts et veiller à ce que les habitants n'y chassassent qu'avec l'arc ou l'arbalète et jamais les oiseaux de proie, les sangliers, les chevreuils, les cerfs et autres gros animaux. La charte contient ensuite la défense expresse aux habitants de Figarol de placer ce bois sous la sauvegarde du roi et d'y élever ses panonceaux, moyen usité pour se soustraire à la juridiction seigneuriale et contre lequel la féodalité prenait partout, mais souvent inutilement, ses précautions.

Pendant la seconde moitié du XVe siècle, les Hospitaliers eurent à soutenir des luttes assez vives au sujet de leurs possessions de Figarol. Les habitants de Manoa (Mane), petite localité voisine, prétendaient avoir le droit de dépaissance dans le territoire soumis à la juridiction du commandeur. Un frère servant, nommé Dominique, envoyé sur les lieux, pour le leur défendre au nom de Pierre de Campagne, précepteur de Montsaunès, s'était vu assailli par les femmes de Mane qui l'accablèrent de mauvais traitements. Les habitants effrayés de leur audace et des conséquences qu'elle pourrait entraîner sur eux appelèrent à leur secours un puissant seigneur du voisinage, noble Félix-Bernard de Saint-Pastou, qui disputait de son côté la juridiction de Figarol aux Hospitaliers. Celui-ci vit dans les ouvertures que lui firent les habitants de Mane un moyen précieux de nuire à ses adversaires; aussi y répondit-il avec empressement et soutint-il énergiquement, même par les armes, la prétention de ses turbulents voisins. Pour mettre fin à une querelle qui pouvait prendre des proportions inquiétantes, le commandeur entra en pourparlers avec son rival et le détermina à remettre l'affaire au jugement de Monseigneur Artigue de Mauléon, abbé de Bonnefond, et de Monseigneur Heymerie de Comminges, chevalier, seigneur de Péguilhan. Apres avoir pris connaissance des actes, sur lesquels les deux parties fondaient leurs prétentions, les nobles juges rendirent leur sentence qui fut toute entière en faveur du commandeur. Félix-Bernard de Saint-Pastou se vit condamner à une amende de 30 francs, et les habitants de Mane à une rente annuelle de 2 florins d'or (chaque florin valant 2 gros et 6 ardits); pour réparer l'insulte faite par elles à l'Ordre de Saint-Jean, les femmes de Mane durent se rendre processionnellement, tenant chacune une torche allumée à la main, à la ville de Salies, où elles firent amende honorable au frère Dominique, après quoi, elles allèrent déposer leurs torches devant l'autel de Sainte-Marie de Montsaunès, à qui elles furent offertes. Le jugement fut prononcé au monastère de Bonnefont, le 10e jour d'octobre de l'année 1473 en présence de plusieurs grands seigneurs de la contrée, Jean de Mauléon, seigneur de Beaupuy, W. de Mauléon, seigneur de Casteras, Artigue de Castelbajac, seigneur de Molas, Bernard de Comminges, bâtard de Comminges-Péguilhan, Gaucerand de Mauléon.

Vers la fin du XVIe siècle, nous trouvons les habitants de Figarol en révolte contre leurs seigneurs. Ces derniers voulaient exiger que leurs vassaux fournissent des sentinelles et des guetteurs pour leurs remparts de Montsaunès; cette prétention, les consuls de Figarol la repoussèrent avec énergie et portèrent leurs plaintes à ce sujet au Parlement de Toulouse, qui dut leur donner raison; car il n'est plus fait mention dans la suite de cette exigence des commandeurs de Montsaunès.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883


Fonsorbes   (31)

Commanderie de Fonsorbes
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Saint-Lys — 31


Commanderie de Fonsorbes
Commanderie de Fonsorbes


La commanderie de Fonsorbes est l'un des plus anciens établissements de l'ordre de Saint-Jean, dans nos contrées. C'est aux temps de la première croisade qu'il nous faut remonter pour étudier sa fondation. La charte de donation, dont nous n'avons qu'une copie faite dans le courant du XIIe siècle, nous transporte tout d'abord au milieu d'une lande inculte, dans un château situé à l'embranchement des deux routes de Toulouse à Bonrepos et à la Salvetat de Sainte-Foy ; nous y voyons le Comte Sanche Ier d'Astarac et son fils Bernard, donner à Dieu, au Saint-Sépulcre et à l'hôpital de Jérusalem, représenté par Forton de Hautefage, « leur portion de l'honneur, appelé Fonsorbes, la dîme, les prémisses, en un mot tout ce qui leur appartenait dans l'église et dans la ville du lieu. »

Mais une difficulté se présentait tout d'abord pour les nouveaux possesseurs ; l'exploitation de cette vaste étendue de terrain inculte et couvert de bois exigeait, sur les lieux mêmes, la création d'une résidence où ils pussent s'établir pour la diriger. Or, avant la première croisade, les ressources de l'hôpital de Jérusalem devaient être bien peu considérables et absorbées entièrement par les oeuvres charitables qui s'y pratiquaient. Aussi, quand Forton vint à Jérusalem rendre compte à Gérard, prieur de l'hôpital, de cette donation et prendre ses ordres à ce sujet, celui-ci le renvoya à Durand, son lieutenant à Saint-Gilles, qui lui répondit que l'hôpital ne pouvait rien dépenser pour l'exploitation d'un domaine aussi vaste, mais qu'il le confierait volontiers à quiconque voudrait, pour le service de Dieu, y créer un établissement. Forton de Hautefage proposa de se charger de cette entreprise, en s'engageant à payer à l'hôpital « une rente annuelle proportionnée aux revenus que Dieu lui accorderait. »
Ainsi investi des pleins pouvoirs de ses supérieurs, l'Hospitalier revint dans le Toulousain, où le comte d'Astarac le mit en possession du fief de Fonsorbes, par un second acte passé à Simorre (32), en présence de Raymond, archevêque d'Auch (32). Après quoi, la charte nous le montre, se rendant de nouveau à Jérusalem, où il renouvela ses engagements au prieur Gérard, et où il fit écrire ce document, qui se termine par des anathèmes solennels contre ceux qui contreviendraient aux conditions énoncées.

Suivant l'usage, trop général à cette époque, la charte qui nous occupe n'est pas datée; cherchons si nous ne pouvons suppléer au moins en partie à cette lacune. Dom Brugelle, dans sa « chronique d'Auch », nous apprend qu'on ne trouve plus de traces de Sanche Ier d'Astarac à partir de 1085; mais je crois que, malgré l'opinion de ce savant historien, le fait dont il s'agit et par suite, la mort de Sanche, ne doivent pas être antérieurs aux dernières années du XIe siècle. Nous voyons figurer, en effet, aux côtés du noble comte, Raymond, archevêque d'Auch. Or, dans le courant du XIe siècle, le siège archiépiscopal d'Auch ne fut occupé que par deux prélats de ce nom: le premier qui mourut en 1052, et le second qui gouverna le diocèse depuis 1096 jusqu'en 1118. C'est évidemment de ce dernier qu'il est question ici ; car pendant l'épiscopat de Raymond Ier, Gérard n'était pas encore prieur de l'hôpital de Jérusalem, qu'il devait diriger jusqu'en 1118, et Bernard d'Astarac n'eut sans doute pas figuré dans la donation si elle eût été antérieure à l'année 1066, époque où son père l'associa à son autorité. D'un autre côté, le grand âge de Sanche Ier ne permet pas de supposer qu'il ait pu vivre au delà de l'année 1100. Il est donc à croire que ne pouvant pas prendre part à la croisade, il fit cette donation pour compenser sa non participation à la sainte expédition.
La fréquence des voyages de Forton de Hautefage à Jérusalem semblerait nous indiquer que les faits en question ont dû se passer pendant le cours de la première croisade, alors que la Méditerranée était sillonnée de vaisseaux chrétiens et que les moyens de transports vers la Terre-Sainte étaient singulièrement facilités, c'est-à-dire vers les quatre dernières années du XIe siècle.

La même charte contient plusieurs autres donations faites en même temps à l'Hôpital: ainsi un autre membre de la famille comtale, Arnaud d'Astarac, donne en franc-alleu la Salvetat de Sainte-Foy et, se repentant bientôt de cet excès de générosité, revient sur cette donation pour se réserver les droits d'accapte et d'agrier de ce territoire.
D'autres seigneurs des environs, entraînés par l'exemple de leurs suzerains, Raymond de Pibrac, Ither de Mazerolles, Wilhelm de Marca, Peleguy d'Argumbal, et Calvet de Saysses font cession à l'Hôpital de tous les droits qu'ils avaient sur les fiefs en question.

Quelques années plus tard, deux donations importantes vinrent accroître le domaine des Hospitaliers à Fonsorbes. Folpier de Fajard et sa famille donnèrent à l'Hôpital de Jérusalem, à frère Gérard, hospitalier, le fief de « Diosovol », portion du territoire de Fonsorbes, ainsi que toutes ses dépendances.
Cette donation fut faite entre les mains d'Amélius, évêque de Toulouse, qui permit aux Hospitaliers de faire élever une église dans leur nouvelle possession; autorisation dont ils ne durent pas profiter, car on ne retrouve pas de traces d'églises dans les environs immédiats de Fonsorbes. Ce nom poétique, imposé peut-être par le donateur en souvenir de la croisade et du cri de guerre des chevaliers gascons dans leurs expéditions d'outre-mer, disparût même complètement et se perdit dans l'appellation générale de la commanderie de Fonsorbes.
Au mois d'octobre de l'année 1135, l'un des seigneurs qui partageaient jadis avec les comtes d'Astarac la juridiction de Fonsorbes, Bertrand de Roquefort se dessaisit de ses droits sur cette ville en faveur de l'Hôpital, moyennant une redevance annuelle de deux sols morlans.

La maison de Saint-Jean de Toulouse ayant été fondée dans cet intervalle, la commanderie de Fonsorbes lui fut réunie et n'eût à enregistrer dans la première période de son existence que des donations successives qui rendirent en peu de temps les Hospitaliers les plus puissants seigneurs de la contrée. Ils ne partagèrent bientôt plus leur autorité sur ce territoire qu'avec Bernard d'Orbessan ; c'est ce même seigneur que les historiens nous montrent soutenant avec ses seules forces une lutte acharnée contre les milices communales de Toulouse et signant, le 15 avril 1204, avec les Capitouls, un traité de paix dans lequel il promettait de ne plus faire de rapines, comme par le passé, sur leur territoire, et de servir désormais dans leur armée avec 4 chevaliers. Il était seigneur haut justicier de la ville de Fonsorbes, et il est probable que la prise et la destruction de cette dernière furent un des épisodes de la guerre dont nous venons de parler. Toujours est-il qu'aussitôt après la conclusion de la paix, Bernard d'Orbessan se mit en devoir d'édifier sur le même emplacement une nouvelle ville.

Les archives de la commanderie nous ont conservé la charte que ce seigneur octroya aux futurs habitants le 12 avril 1205. Il commence par énumérer les censés légères auxquelles seront tenus ses vassaux de Fonsorbes; il leur concède à chacun, moyennant une faible redevance, la possession de toutes les terres qu'ils défricheront. Il s'engage ensuite à faire entourer au plutôt la nouvelle ville d'un mur d'enceinte avec son chemin de ronde et ses fossés; les frères de l'Hôpital et les autres chevaliers de Fonsorbes devant se charger de faire élever les fortifications sur leurs portions de terrain, les habitants devront pourvoir dans la suite à l'entretien et aux réparations des murailles et des fossés. Le fondateur promet de ne pas s'opposer au départ de ceux qui, ayant établi leur résidence dans la nouvelle ville voudraient s'en retirer plus tard et même de les faire transporter, eux et leur mobilier « jusqu'à Toulouse ou ailleurs, à une distance de 3 lieues de Fonsorbes. »
Après avoir promulgué son code de justice civile et criminelle, le seigneur Bernard déclare que les simples amendes seront recueillies par 4 probes hommes de la localité, qui dépenseront ces sommes au commun profit des habitants.

La ville construite, il ne pouvait manquer de s'élever bientôt des compétitions d'autorité entre son fondateur et ses puissants voisins, les chevaliers de Saint-Jean.
Nous trouvons, en effet, en l'année 1208, des discussions engagées entre Bernard d'Orbessan et Pierre Baravi, Prieur de Toulouse, au sujet de la juridiction de Fonsorbes, se terminer par une composition à l'amiable. Après avoir examiné les titres des deux parties, les arbitres décidèrent que les Hospitaliers posséderaient en toute propriété les emplacements qu'ils occupaient à Fonsorbes (propersam et locares), l'église, les dîmes, les prémisses dans le fort et dans la ville et devaient partager avec leur compétiteur les droits de leude, de boucherie, de garde des portes et de justice, excepté pour le cas d'homicide où tout revenait au seigneur d'Orbessan.

Grâce à cette sentence, la bonne harmonie ne tarda pas à se rétablir entre les deux rivaux et nous voyons en 1229 Pierre d'Orbessan, fils de Bernard, sur le point de partir pour Rome donner, dans le cas où il viendrait à mourir en voyage, « à Dieu, à la Vierge Marie, à frère Sanche de l'Epée, Prieur de Toulouse, et à frère Guillaume de Barège, précepteur de Fonsorbes, » tous les droits qu'il avait encore sur cette ville ou son territoire.

Gavarni



Domus Hospitalis Gavarni
Domus Hospitalis Gavarni


Ces disputes terminées, l'Hôpital eut à en soutenir encore de très vives avec une autre famille puissante des environs. Raymond de Villemur et ses frères Arnaud-Raymond et Raymond de Rabastens voulaient enlever à frère Guillaume de Serre, précepteur de Fonsorbes et de Gavarni (commune de Gavarnie-Gèdre 65), par des moyens souvent peu pacifiques, une portion du territoire de la commanderie sur laquelle ils prétendaient avoir des droits. Pour obtenir la paix, le Précepteur, qui n'avait pas alors des ressources suffisantes pour continuer la lutte, se résigna à transiger avec ses redoutables adversaires, qui renoncèrent à leurs prétentions moyennant 800 sols toisas (juin 1255).

Après avoir assuré par ces accords et divers achats leur autorité contre toute compétition, les chevaliers de Saint-Jean en usèrent, peu de temps après, pour le bien de leurs vassaux. La charte de privilèges, octroyée par Bernard d'Orbessan en 1205, assurait plutôt le bien-être matériel des habitants de Fonsorbes que leurs franchises municipales. Aussi n'est-il pas étonnant qu'au bout d'un demi-siècle ces derniers aient senti le besoin d'obtenir des modifications dans le régime sous lequel ils vivaient et aient voulu profiter de la facilité avec laquelle les seigneurs, tant laïques qu'ecclésiastiques, et en particulier les chevaliers du Temple et de Saint-Jean accédaient, durant la seconde moitié du XIIIe siècle, aux aspirations de leurs vassaux vers les libertés communales.

Fronton



Domus Hospitalis Fronton
Domus Hospitalis Fronton


Le troisième jour des calendes de juin (29 mai) de l'année 1279, le Grand-Prieur de Saint-Gilles, Guillaume de Villaret, avait réuni, au château de Fronton, son chapitre provincial, lorsque, devant l'assemblée des chevaliers de l'Hôpital, se présenta une députation des habitants de Fonsorbes qui, « fléchissant les genoux et joignant les mains », supplient le Grand-Prieur de leur octroyer « une charte de commune, sous laquelle ils puissent vivre tranquilles et apprendre ce qu'il leur faut faire. » Guillaume de Villaret prenant en considération leur requête, demande aux députés s'ils veulent s'en rapporter à lui pour le choix de la constitution qui va leur être octroyée.

Aignes



Domus Hospitalis Aignes
Domus Hospitalis Aignes


Le Tor



Domus Hospitalis Tor
Domus Hospitalis Tor


Boulbonne



Domus Hospitalis Boulbonne
Domus Hospitalis Boulbonne


Sur leur réponse affirmative, il leur concède des coutumes analogues à celles qu'il veint d'octroyer à la petite ville d'Aignes membre dépendant de les commanderies Le Tor (commune Mazères 09) de Boulbonne (commune Cintegabelle 31) et promet de leur en faire délivrer au plus tôt une charte authentique revêtue de son sceau.

En effet, quelques jours après, le 17e jour des calendes de juillet (14 juin) de cette même année, dans la maison de l'hôpital Saint-Jean de Toulouse, le Grand-Prieur de Villaret, entouré de son chapitre provincial, promulguait la charte de commune, octroyée aux habitants de Fonsorbes. Après avoir aboli les droits d'albergue, de taille, de queste et d'emprunt forcé, le Grand-Prieur énumère les libertés qu'il leur accorde et parmi lesquelles je signalerai les suivantes:
Ils pourront marier librement leurs filles partout où ils voudront et n'auront pas d'empêchements pour faire entrer leurs fils dans la cléricature.
La prison préventive est abolie, sauf les cas de meurtres, de blessures mortelles, etc.
Les testaments faits en présence de témoins dignes de foi, par devant l'assemblée des consuls ou, à leur défaut, un frère de l'hôpital, seront valables, « quand même ils ne seraient pas fait suivant la solennité des lois, » et les actes passés par le notaire-greffier de la ville auront la même valeur que des actes publics.
Un accusé ne sera pas tenu de prouver son innocence au moyen du duel judiciaire et son refus de se battre ne prouvera pas sa culpabilité.
Après quoi, le Prieur règle l'administration de la ville: Tous les ans, le Précepteur, assisté de quelques probes hommes de Fonsorbes, choisira quatre consuls catholiques, qui après avoir juré de gouverner la ville avec fidélité et de n'accepter ni présents ni services à cause de leur charge, recevront le serment d'obéissance et d'assistance de leurs administrés; ils auront à veiller à l'entretien des voies publiques, des fontaines et des ponts, et, avec l'aide et le contrôle de quatre personnes élues directement par le peuple, à répartir entre les habitants les dépenses nécessaires à cet effet.
La charte contient ensuite le code de justice, la composition du tribunal, où figurent, sous la présidence du Précepteur ou de son juge, les quatre consuls de Fonsorbes.
Ne dédaignant pas d'entrer dans tous les détails elle fixe les prix que le chapelain pourra réclamer pour les mariages et les enterrements.
Le Prieur termine en confirmant aux habitants la donation faite jadis par Bernard d'Orbessam, de toutes les terres qu'ils défricheront, sous la redevance de la dîme, des prémisses et de l'agrier, et en concédant à la ville quatre nouveaux arpents de terre, pour servir de pâturage communal.

La reconnaissance des habitants de Fonsorbes pour leurs seigneurs fut de courte durée, et cette modeste institution communale se vit, peu de temps après sa fondation, troublée par des orages qui faillirent en compromettre l'existence. Une plainte, portée par les Hospitaliers au tribunal du juge de Rivière, nous apprend que le dimanche avant la fête de l'Annonciation, en l'année 1308, les consuls de Fonsorbes, après avoir organisé une troupe armée sur la place publique, s'étaient rués à l'assaut de la maison Saint-Jean, qu'ils envahirent aux cris de: « A feu ! A feu ! Meurent les meurtriers ! » Ils s'emparèrent de la personne du précepteur, frère Bernard de Saint-Amans; après l'avoir accablé d'injures et de mauvais traitements, avoir mis en pièces son manteau d'Hospitalier ils le traînèrent ignominieusement enchaîné à travers les rues et les places de Fonsorbes et l'enfermèrent dans la maison d'un des consuls, où il resta prisonnier pendant deux jours. La répression de cette émeute ne se fit pas attendre; les consuls eurent beau en appeler d'une juridiction à une autre, la ville de Fonsorbes fut condamnée à payer 1,400 livres tournois d'amende au trésor royal, et 50 livres de dommages au précepteur de Saint-Amans, et fut privée à perpétuité de son consulat et de ses privilèges. Cette sentence fut prononcée dans la ville de Sainte-Foy, le 5 janvier 1311.

Au bout d'un laps de temps plus ou moins long, les habitants de Fonsorbes, ayant sans doute prouvé leur repentir et donné des gages de leur ferme propos de se conduire moins insurrectionnellement à l'avenir, durent obtenir la rémission d'une partie de la peine prononcée contre eux et le rétablissement de leurs coutumes.
Nous retrouvons, en effet, vers la fin du XVe siècle, cette ville administrée par ses quatre consuls, et c'est encore par leurs discussions avec les commandeurs que nous pouvons constater le rétablissement de la magistrature municipale; mais, instruits par l'expérience du passé, ils n'employèrent plus que des moyens légaux et pacifiques.
Le 22 septembre 1483, dans l'église paroissiale de Fonsorbes, le bailli, les consuls et les prud'hommes de la localité se présentaient devant le commandeur Bernard de Montlezun, et lui exposaient que le four banal ne pouvait leur servir à cause de la distance où il se trouvait de la ville; « prenant en considération le bien-être de ses vassaux, » le chevalier leur accorda l'autorisation de construire des fours particuliers, chacun dans sa maison, à la condition de payer annuellement pour chaque feu (pro quolibet lari sive foco) 3 pugnerées de blé passé à deux cribles.
Cette concession n'empêcha pas le même commandeur d'avoir à transiger de nouveau, quelques années plus tard, avec les prétentions sans cesse renaissantes de ses vassaux de Fonsorbes, sur les droits de dîmes et de fournage (1506).

Veut-on savoir comment se faisait la police d'une petite ville au moyen-âge ?
Ecoutons les cries et ordonnances du seigneur de Fonsorbes, prononcés le 16e jour du moys de novembre de l'an 1545 à la place publique de Fonsorbes, par Dominique Saubaterre, lieutenant du juge de Saint-Clar: « Par mandement du seigneur du présent lieu de Fonsorbes et en suyvant les ordonnances du Roy Saint-Loys et arrestz de la court souveraine du Parlement de Thoulouse, est faicte inhibition et deffence à toutz les habitans du dict lieu, de quelque estat ou condition qu'ilz soyent, maistres ou serviteurs, demeurant au dict lieu, mariez ou non mariez, de ne aller aux tabernes ou cabarets pour manger ou boyre, et aux taberniers ou cabaretiers de ne iceulx recepvoir en leurs maysons et tabernes, sur peine ausdicts taberniers ou cabaretiers de 6 livres pour chascune fois ausdicts habitans de 2 livres. Et ce pour esviter plusieurs escandales et inconveniens à la république, blasphèmes contre l'honneur de Dieu, la Vierge Marie, saincts et sainctes du Paradis, malladies pour rayson de gormandise et de desbauchements provenant d'icelle, qui est cause que plusieurs prodigues, jureurs, blasphémateurs deviennent pouvres et indigens; que les deniers qui follement sont despendus ausdictes tabernes soyent pour la deppense de leurs maysons, pour la nourriture et entretainement d'eulx et de leurs familles. »

Si la lecture de ces naïves ordonnances peut exciter quelques sourires, en présence du nombre effrayant qu'ont atteint de nos jours ces établissements que le chevalier du XVIe siècle proscrivait si rigoureusement de la ville de Fonsorbes, et de la contagion des maladies morales qui en sont la conséquence, on est bien forcé d'avouer que ces mesures, que les taverniers avaient peut-être le droit de trouver oppressives, étaient, en définitive, une sauvegarde pour le bonheur et la prospérité des habitants.

Pendant toute cette période, la commanderie de Fonsorbes avait subi plusieurs modifications successives. Dans les premières années du XIIIe siècle, elle fut distraite de la maison de Toulouse pour être réunie à celle de Gavarni. Mais en 1257, le Précepteur de Toulouse la réclama de nouveau devant le chapitre provincial. Une enquête fut ordonnée; les délégués Guillaume L'Ecrivain, précepteur de Montpellier, et Pierre de Villeneuve, vice-prieur de Toulouse, se transportèrent à Fonsorbes, où ils furent assaillis par les plaintes de tous les frères de la maison, contre le commandeur de Gavarni: les étables étaient vides, ainsi que le garde manger, le mobilier avait disparu, « et tous les frères, sauf le chapelain et le portier, étaient nus et mal vêtus, à ce point que le signe de la croix apparaissait à peine sur leurs vêtements, ce qui était à grand déshonnenr pour l'Ordre. »

Aussi, malgré les réclamations du précepteur de Gavarni, le chapitre provincial adjugea-t-il Fonsorbes à son compétiteur.
Lors de la création du Grand-Prieuré de Toulouse et du remaniement des circonscriptions administratives de l'Ordre qui en fut la suite, Fonsorbes fut érigé en commanderie séparée.
Vers 1520 il fut réuni au domaine direct des Grands-Prieurs de Toulouse; état qu'il ne conserva pas longtemps, car nous avons déjà vu comment en 1539, le Grand-Prieur Pierre de Grasse céda à Philippe du Broc, commandeur de Renneville, Fonsorbes, et en reçut en échange Léguevin.
Liste des Commandeurs de Fonsorbes
--------1096. Forton de Hautefage.
--------1135. Bernard de Puysuiran.
--------1157. Arnaud de Puysuiran.
--------1169. Esehafred.
--------1205. Pons le Chapelain.
1229-1233. Guillaume de Barege.
Vers cette époque réunion, de Fonsorbes à Gavarus puis à Toulouse, de 1257 jusqu'en 1330.
1260-1267. Dominique de Caniac.
--------1274. Raymond du Bourg.
--------1275. Bernard de Roux.
--------1279. Raymond du Faur.
1308-1312. Bernard de Saint Amans.
--------1316. Bernard de Gironde.
1331-1338. Arnaud de Serre.
1388-1390. Bertrand Claustra: Receveur du Grand-Prieuré.
1474-1519. Bernard de Montlezun.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883


Fronton   (31)

Commanderie de Fronton
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Fronton — 31


Commanderie de Fronton
Commanderie de Fronton


En l'année 1119, le pape Calixte II, avant d'aller prendre à Rome possession du trône pontifical, avait convoqué à Toulouse un concile où figuraient un grand nombre de cardinaux et d'autres prélats. Après avoir présidé les sessions de l'auguste assemblé, le Pontife se dirigea vers l'abbaye de Saint-Théodard. Chemin faisant, il s'arrêta dans la petite ville de Fronton et signala son passage en consacrant lui même l'église qui venait d'y être construite (18 juillet 1119).

Trois ans après, Pons-Bernard de Lapencha, Payen du Pré et leurs familles donnaient à l'hôpital de Jérusalem les droits qu'ils avaient sur cette église, fondée sans doute par eux, sur « les oblations, le cimetière, les dîmes et les prémisses; ils ajoutaient à cette donation celle de 300 emplacements, de 4 sétérées chacun, situés en avant de la porte de Rajols, afin que les hommes des Hospitaliers y fassent une ville, » probablement un faubourg de Fronton qui existait déjà à cette époque, comme nous venons de le constater.

Pons-Bernard et Payen concédaient en outre aux autres habitants de cette Salvetat les droits d'usage et de dépaissance « dans les bois qu'ils possédaient hors des croix de limites, » et se reconnaissaient justiciables des chevaliers de Saint-Jean, si ces derniers ou les habitants de Fronton avaient à se plaindre d'eux.
Cet acte, rédigé en 1122, fut signé par Gérard, Prieur de Toulouse, Bernard de Gaujag, le premier précepteur de Fronton, et quelques seigneurs du voisinage, Arnaud Pons, Hugues de Malag, Bernard de Vacquiers, Grimaud de Salviag.

La vue de ces coteaux ondulés avec leurs riches moissons, leurs nombreux cours d'eau, leurs vastes forêts, où ils pourraient plus tard trouver la dépaissance pour leurs troupeaux et se livrer eux-mêmes aux nobles déduits de la chasse, séduisit tout d'abord les chevaliers de Saint-Jean. Aussi s'empressèrent-ils d'ériger Fronton en chef-lieu de commanderie, en lui adjoignant les seigneuries que l'Ordre possédait déjà dans le voisinage.
Peu de temps après, se dressait auprès des remparts de la ville un magnifique château-fort qui fut depuis lors le séjour préféré des grands dignitaires de l'Ordre dans le midi de la France.

Les ressources ne firent pas du reste défaut aux Hospitaliers pour les frais de leur établissement à Fronton; car nulle part ailleurs ils ne se virent entourés de plus nombreuses marques de sympathie. C'est en premier lieu, Athon de Gajac qui cède au commandeur Eschafred ses fiefs d'Artongs et de Gajèncs, vaste territoire limité par ceux de Nohic, des Termes, de Magnanac, de Sairac et de Villaudric; cession approuvée par les suzerains, Bernard Wilhelm et Jourdain de Villemur (1167).

Voici ensuite deux nobles dames, Martine de Beisceires et sa cousine, Bermonde de Villemur, qui se rendent un vendredi du mois de février de l'année 1180 (1181), dans le cloître de l'hôpital de Fronton, où elles font rédiger par le lévite Pégin un acte, par lequel elles donnent à cet établissement leurs droits sur le marché de la ville.

Les archives nous montrent ensuite le chevalier Arnaud de Montaigut donnant aux Hospitaliers les droits d'albergue et de « captein (On appelait ainsi une redevance par laquelle les habitants d'une ville achetaient la protection de quelque seigneur du voisinage) » qu'il réclamait au nom de son père, Arnaud de Verdun, sur la ville de Fronton et recevant pour cette libéralité des mains du précepteur Aymeric 50 sols melgoriens, en présence de Raymond de Plahello, viguier de Montauban (1189).

Vacquiers



Domus Hospitalis de Vacquiers
Domus Hospitalis Vacquiers


Mais, parmi toutes les familles puissantes des environs, celle de Villemur se distingua surtout par ses donations multipliées. Après avoir enrichi la commanderie par la cession de ses droits sur plusieurs de ses dépendances, comme nous le verrons dans la suite, cette famille donna à l'Ordre un de ses membres Jourdain de Villemur, qui apporta avec sa personne « toute la terre, les droits, les hommes et les femmes qu'il tenait de sa mère, dame Saure, à Vacquiers, à Fronton et dans tout le pays compris entre le Girou et le Tarn » (novembre 1215).

Villemur-sur-Tarn



Domus Hospitalis Villemur-sur-Tarn
Domus Hospitalis Villemur-sur-Tarn


Mentionnons enfin la donation que fit en 1216 Hoalrig de Corbarieu de tout ce qu'il possédait à Villemur-sur-Tarn dans la place et au dehors.

Au milieu de toute la sympathie qui entourait ainsi ses débuts, l'hôpital ne se vit troublé dans sa prospérité que par le seigneur Pilfort de Rabastens, et encore cette lutte dût se borner à quelques discussions passagères, dont nous ne connaissons l'existence que par l'accord qui vint y mettre un terme.
Le quatrième jour du mois de juillet 1230, le cloître de Fronton réunissait une noble et imposante assemblée; on y voyait le seigneur Narbs (Albert), abbé de Saint-Théodard de Montauban, Daydé, archidiacre d'Albi, Raymond Escrivan, celui-là même qui, quelques années plus tard, allait verser son sang pour la foi dans les salles du château d'Avignonet, les principaux barons du pays, Izarn de Tauriag, Izarn de Villemur, et au milieu d'eux, le noble Pilfort de Rabastens qui, accompagné de ses deux fils, venait faire sa paix avec Pierre de Gorbarieu, commandeur de Fronton: « ni eux, ni leurs gens ne feront désormais aucun dommage à l'hôpital de Fronton ou à ses habitants, qu'ils jurent de défendre tous les jours de leur vie contre quiconque viendrait les attaquer: » ces serments, les seigneurs de Rabastens les firent sur leurs corps et les saints Evangiles.
Le même jour ils remettaient au commandeur leur ville de Mézens en nantissement d'une somme d'argent, qu'ils lui devaient et qui avait peut-être occasionné les discussions passées.

Les Hospitaliers, devenus par suite de toutes ces donations seigneurs temporels de la ville de Fronton, avaient dû la doter d'une charte communale. Nous constatons en effet, l'existence de sa magistrature municipale, lorsqu'en 1248 Jourdain de Saint-André, Prieur de Toulouse, octroya à ses vassaux de Fronton de nouvelles coutumes qui furent acceptées par les trois consuls et les trois conseillers de cette ville. Ce document ne nous présentant d'autres caractères particuliers à signaler, que quelques dispositions relatives à la chasse du sanglier, du cerf ou du chevreuil, nous ne ferons que mentionner son existence.

Guillaume de Villaret, Grand-Prieur de Saint-Gilles et plus tard Grand maître de l'Ordre, affectionnait d'une manière toute spéciale la résidence de Fronton. C'est là qu'il convoquait les chevaliers de la contrée, pour s'informer de l'état de leurs commanderies; qu'il recevait les plaintes ou les requêtes de ses vassaux et qu'il tenait ses chapitres provinciaux; c'est de là que sont datés la plupart des actes si nombreux de son administration dans le Toulousain. Pendant l'un des séjours qu'il fit dans ce château, le Précepteur de Fronton lui exposa que ses vassaux refusaient de lui payer leurs redevances; le Grand-Prieur, « préférant la miséricorde à la rigueur, » publia une charte, dans laquelle il leur accordait la possession des terres défrichées par eux, à la condition de payer à l'hôpital un denier toisa pour chaque sétérée (1281).
Mais la lutte ne fut suspendue que pour quelques années, et, immédiatement après son élection à la grande maîtrise, Guillaume de Villaret eût à intervenir entre le chevalier Marquis d'Escorneboeuf, commandeur de Fronton et les consuls de la ville, qui étaient dans un état d'insurrection déclarée contre leur seigneur. Sa sentence régla les droits de dépaissance dans les bois de la commanderie, confirma les privilèges de la commune, décida que la haute justice appartenait aux Hospitaliers et enfin condamna la communauté de Fronton à payer à l'hôpital, « en réparation des agressions graves et énormes, » qu'elle avait dirigées contre lui, une amende de 1,000 livres tournois (1300).

A peu près vers la même époque, les habitants de Bouloc, petite ville du voisinage, vinrent se plaindre au juge de Ville-longue, de ce que les gens et les vassaux de l'hôpital de Fronton avaient pris les armes contre eux et les avaient attaqués au mépris de tout droit. Le juge avait puni les chevaliers de Saint-Jean, en plaçant les sergents du roi avec leurs hommes en garnison dans la citadelle de Fronton. Ces derniers avaient traité la place en pays conquis et l'avaient livrée au pillage. Ce fut au tour du commandeur de demander justice au même tribunal, qui, après avoir reçu les aveux des sergents, les condamna à réparer les dommages causés à l'hôpital (1308).

Les séjours fréquents des grands dignitaires de l'Ordre dans le château de Fronton, les privilèges qu'ils avaient concédés aux habitants et en particulier l'exemption du paiement d'une partie des dîmes accordées vers cette époque par le Grand-Maître, Foulques de Villaret, n'avaient pas peu contribué à l'agrandissement de la ville. Mais, malgré tout ce que les Hospitaliers avaient pu faire en faveur de leurs vassaux de Fronton, l'entente était loin d'exister entre eux. Il semble que plus grande était la somme des libertés concédées aux habitants, plus s'accroissaient leurs prétentions. Nous les voyons porter sans cesse leurs plaintes, tantôt devant le tribunal des commissaires délégués par le roi pour la réformation du pays de Languedoc, tantôt devant le sénéchal, tantôt même devant le Souverain-Pontife.
Effrayés des dépenses que leur occasionnaient ces interminables procès, le commandeur Guillaume de Chavanon et les consuls prirent le sage parti de recourir aux moyens de conciliation, et conclurent un accord pour régler tous les points en litige; nous y remarquons, comme dans la charte de 1248, des règlements minutieux sur la chasse: si un habitant prend un lièvre dans un territoire réservé, il pourra le garder librement, tandis que, si c'est un lapin, il devra l'apporter à l'hôpital pour le laisser au Précepteur, ou le faire manger séance tenante « par ses chiens, de manière à ne pas en profiter. » Cet accord, conclu le 26 juin 1328, fut approuvé le lendemain par Aycard de Miramont, lieutenant du Grand-Prieur et par le chapitre provincial qu'il présidait dans ce moment à Fronton.

Par suite de l'accroissement considérable de sa population, les murs de la ville de Fronton étaient devenus trop étroits. Les habitants de ses faubourgs regardaient avec envie ceux qui, plus favorisés qu'eux, possédaient dans l'intérieur de l'enceinte un abri, dont les dangers, qui les menaçaient sans cesse, leur faisaient apprécier tous les avantages. De concert avec les chevaliers de Saint-Jean, ils adressèrent une requête au Sénéchal de Toulouse, afin d'obtenir de lui l'autorisation de remédier à cet état de choses. Ce dernier chargea Jourdain de Lomagne, commandeur du Burgaud (31), de faire une enquête à ce sujet, et, d'après l'avis favorable de ce dernier, autorisa l'entreprise. Aussitôt après, nous voyons le Grand-Prieur Gaucher de la Bastide Rolland, conclure dans ce but un accord avec les consuls de Fronton: ces derniers se chargent de faire entourer dans l'espace de deux années, de bonnes murailles, de fossés et de barrières, le terrain, jugé nécessaire pour l'agrandissement de la ville, et qui mesurait 56 brassées d'un côté, 52 d'un autre sur 19 de large. Le Prieur leur donnera le sol à raison de trois « pietes d'oblies » pour chaque emplacement d'une brassée de large sur 5 de long, ainsi que le bois nécessaire à ces constructions, et pourvoira de plus à la nourriture du maître chargé de l'entreprise. Les consuls fourniront en outre aux chevaliers, en temps de guerre, 7 hommes pour la garde de son château et un ou deux guetteurs. Ce traité, juré par les deux parties de la manière accoutumée, c'est-à-dire par le Grand-Prieur « sur la croix de son manteau, comme un prélat, » et par les consuls sur le livre des Evangiles, fut conclu le 18 septembre 1371.
Deux ans après, à la fin des premiers travaux, dans un traité supplémentaire, les consuls s'engagèrent à séparer l'ancienne ville de son agrandissement par un fossé et une muraille de 2 brassées de haut, hors oeuvre, sur 4 pans de large, tandis que le Grand-Prieur consentait à recevoir les bestiaux des habitants derrière les palissades de son château.

Vers le commencement du XVe siècle, la commanderie de Fronton fut érigée en chambre Prieurale et les Grands-Prieurs de Toulouse administrèrent directement cette importante circonscription de l'Ordre.

Si l'histoire ne nous dit rien du sort de la place de Fronton pendant les guerres contre les Anglais, en revanche son nom revient souvent dans les annales des luttes religieuses du XVIe siècle; le rôle de ces murailles, à l'érection desquelles nous venons d'assister, devient alors très actif. Placé entre Toulouse, qui était le quartier général des troupes catholiques et Montauban, le plus formidable rempart du protestantisme dans le midi, Fronton était une position importante, destinée forcément à servir de théâtre à de nombreuses luttes. Le fier donjon des Hospitaliers était comme le poste avancé de l'armée catholique et gênait singulièrement les incursions que les Huguenots tentaient souvent dans la plaine fertile qui s'étendait à ses pieds. Aussi cette place était-elle occupée par une forte garnison, autant pour la défendre que pour réprimer l'audace des bandes montalbanaises, à qui elle infligea plus d'une sanglante leçon, lorsqu'elles avaient l'imprudence de passer trop près de ces redoutables remparts. Les protestants ne tardèrent pas à former le projet de réunir des forces considérables pour enlever cette position importante.
En 1567, quand le prince de Condé eut de nouveau appelé ses coreligionnaires aux armes, ses lieutenants le comte de Bruniquel, les vicomtes de Paulin, de Montclar et de Caumont, joignirent leurs forces qui se montaient à plus de 7,000 hommes pour venir à bout de cette entreprise. Le dimanche, 18 octobre, ils se présentaient avec leur armée devant les remparts de Fronton. Comme la place paraissait résolue à une défense énergique, malgré la supériorité des assaillants et que ceux-ci n'avaient pas d'artillerie, ils envoyèrent requérir les paysans des environs, qu'ils employèrent à saper les murailles; la brèche ayant été pratiquée de la sorte, les colonnes protestantes s'emparèrent de la place, firent main basse sur toute la garnison, détruisirent les murailles de la ville et du château qu'ils ne comptaient pas pouvoir conserver dans l'avenir et en abandonnèrent les ruines.

Malgré le désastre qu'il venait de subir et la perte de ses revenus dans la plus grande partie des seigneuries qu'il possédait, le Grand-Prieur, Pierre de Beaulac Tresbons, se mit à l'oeuvre avec dévouement et fit relever généreusement à ses frais les fortifications de Fronton. Cette entreprise eût été terminée promptement, si le Grand-Prieur eut trouvé quelque concours de la part de ses vassaux. Mais, malgré un arrêt du juge de Fronton, du 31 janvier 1568, qui condamnait les habitants « à réparer les murailles et (apparouts) dans l'espace de six semaines, sous peine de 500 livres tournois d'amende, » ces derniers, non contents de ne pas contribuer aux frais considérables de cette réparation, se refusèrent même à creuser plus profondément les fossés, ce qui avait été reconnu indispensable par le capitaine de Fronton. Poussé à bout par ce mauvais vouloir, qui pouvait compromettre le sort de la ville Pierre de Beaulac demanda, « l'aide de Monseigneur le marcschal de Dampville, lieutenant et gouverneur pour le roy ez provinces et pays de Languedoc, Guyenne, Provence et Daulphinée. » Ce dernier écrivit au bas de la requête, l'ordre au capitaine Beubes de contraindre, au nom du Roi, les habitants de Fronton et des villes voisines à exécuter les réparations des murailles et le creusement des fossés (15 novembre 1569).

Un second document nous montre l'huissier allant sommer les consuls de Pompignan, Castelnau-d'Estretefonds, Siurac, Saint-Rustice, Villaudric, Bouloc, Canals, Villeneuve, Vacquiès et Magnanac de fournir pour cet objet leurs contingents de travailleurs, « à peine d'estre dictz et déclarez rebelles au roy. »

L'urgence de ces réparations ne tarda pas à être justifiée par les événements. Quatre ans plus tard, les protestants s'étaient emparés de Fignan, d'où ils répandaient leurs ravages dans toute la contrée. La Villedieu-du-Temple avait été prise, la tour d'Orgueil venait de tomber en leur pouvoir; la place de Fronton se trouvait menacée d'un nouveau désastre que le baron de Fourquevaux, commandant des forces catholiques, prévint en y jetant une forte garnison sous les ordres du capitaine de Clairac (1573).

Dans la seconde période des guerres religieuses qui ensanglantèrent le pays pendant la première partie du XVIIe siècle, si la ville de Fronton ne fut pas prise, ses dépendances eurent à subir plusieurs désastres, comme nous le verrons dans la suite, et la campagne voisine fut tellement ravagée que le Grand-Prieur se vit forcé de réduire les redevances dues par ses vassaux.
La paix définitive, signée en 1628, vint terminer l'histoire militaire de Fronton et de ses dépendances et la série tristement longue des malheurs que ces villes eurent à souffrir.

En poursuivant l'étude de ces sièges et de ces luttes extérieures, nous avons laissé de côté l'histoire des dissensions intestines entre les chevaliers de Saint-Jean et leurs vassaux de Fronton, dissensions que cette période si agitée ne put même suspendre. Depuis l'érection de Fronton en Chambre Prieurale, les consuls de cette ville avaient profité de ce qu'ils n'étaient pas surveillés d'aussi près que par le passé, pour accroître insensiblement leurs prérogatives et usurper sur l'autorité de leurs seigneurs. C'est ainsi que les chevaliers leur ayant abandonné dans le principe la réglementation de la justice et la connaissance des causes judiciaires de peu d'importance, les magistrats municipaux s'étaient emparé petit à petit de l'exercice de la haute justice. Les Grands-Prieurs ne songèrent à réclamer contre cet empiétement que lorsqu'ils y furent forcés par les conséquences abusives de cette usurpation. Pour rétablir les droits, il fallut que le Grand-Prieur, Didier de Saint-Jal, adressât au sénéchal une requête où il lui exposait « que dans la baronnie de Fronton les Prieurs de Toulouse possèdent un château-fort, qui leur sert de résidence et qui est le chef-lieu de la baronnie et des villes qui en dépendent, que le droit de justice y a appartenu de tout temps aux Hospitaliers; puisque ce sont eux qui paient tous les exécuteurs, bourreaux et leurs aides. » Il fait voir qu'à Fronton, comme dans tous les lieux où ils sont chargés de la justice, les consuls sont impuissants à réprimer les crimes, « pactisant quelquefois avec les malfaiteurs et procédant presque toujours par commères ou compères. » Il cite à l'appui de son opinion plusieurs faits récents, entre autres l'évasion d'un détrousseur de grands chemins, grâce à la complicité des habitants et des consuls, qui, pour protéger sa fuite, se mirent à sonner la cloche d'alarme, « appelée le Tocasaint ou l'Ordre » (1523).
Si nous ne connaissons pas la sentence du sénéchal sur cette question, celle que le Parlement rendit en 1536 donna complètement gain de cause au Grand-Prieur.

Un autre arrêt rendu quelques années plus tard nous montre à quel point était arrivé l'esprit d'hostilité des habitants de Fronton contre les chevaliers. Ceux-ci, comme seigneurs de la ville, avaient droit d'y instituer les notaires. Dans les procès incessants que les habitants soutenaient contre les Grands-Prieurs, soit qu'ils voulussent faire acte d'indépendance, soit qu'ils se défiassent de l'impartialité des tabellions, nommés par leurs adversaires, ils sortaient de la juridiction pour faire rédiger leurs actes à l'extérieur; les chevaliers obtinrent du Grand-Conseil un arrêt par lequel il était fait inhibition aux habitants de Fronton de passer leurs contrats devant d'autres notaires que ceux de la ville (1556).

Quelques années après la paix de 1628, nous voyons Monseigneur de Monchal, archevêque de Toulouse, s'entremettre entre les Grands-Prieurs et les habitants de Fronton, qui continuaient leur lutte plusieurs fois séculaire au sujet des coutumes de la ville et négocier entre les deux parties une transaction qui reconnut la haute justice au Grand-Prieur et la police aux consuls, et accorda aux habitants la liberté de bâtir des moulins à vent, et des pigeonniers, excepté devant les fenêtres du château, d'avoir des viviers et des garennes (1644).
Cette transaction est la dernière que nous fournissent les archives et termina cette longue lutte qui datait presque de l'origine de la commanderie.

Les luttes terribles, dont nous avons esquissé tout à l'heure le rapide tableau, ne laissèrent autour de ces villes que de tristes débris de leurs anciennes fortifications. La majestueuse citadelle de Fronton n'était elle-même à la fin des guerres religieuses qu'une ruine presque inhabitable. D'ailleurs la féodalité avait fini son temps; les châteaux-forts, demeures presque exclusives de la noblesse pendant le moyen-âge, avaient perdu leurs attraits pour leurs possesseurs; ils abandonnaient avec empressement, pour aller chercher dans les villes les douceurs de la civilisation et les charmes de la société, leurs vieilles tourelles, dernier vestige d'une puissance à jamais détruite.
Aussi les Grands-Prieurs ne songèrent-ils pas à relever de ses ruines le vieux manoir, résidence affectionnée par leurs prédécesseurs ; ils se mirent à restaurer à cette époque, comme nous l'avons vu ailleurs, leur hôtel Saint-Jean de Toulouse, presque complètement abandonné depuis tant de siècles.
A Fronton, le temps acheva promptement l'oeuvre dévastatrice des hommes et de ces fortifications il ne reste aujourd'hui qu'un vague souvenir.

Liste des Commandeurs de Fronton
1122. Bernard de Gaujag.
1151-1171. Eschafred.
1178-1185. Pierre de Saint-André.
1186-1189. Aymeric.
--------1197. Arnaud de Franc.
1200-1230. Pierre de Corbarrieu.
1230-1231. Arnaud de Boziac.
1233-1235. Bernard.
1243-1244. Sanche de l'Epée.
1248-1250. Bernard de Muret.
1251-1252, Bertrand d'Aure.
1254-1265. Pierre du Port.
1266-1268. Pierre de Cayrane.
1269-1270. Raymond Prévost.
1272-1285. Bertrand Vérag.
1295-1302. Marquis d'Escorneboeuf.
1303-1304. Raymond de Saint-Martin.
1307-1310. Pierre de Cabessiâ.
1311-1324. Guillaume de Rotbald.
1328-1332. Guillaume de Chavanon.
1332-1333. Pierre Sauratde Mirepoix
1333-1334. Arnrud de Jor.
--------1368. Guiraud Salamon.
1399-1400. Armand de Radulphe.
(En 1400, érection de Fronton en chambre prieurale.)
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Garidech   (31)

Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Montastruc-la-Conseillère — 31


Commanderie de Garidech
Commanderie de Garidech


Située sur la route de Toulouse à Albi, cette ancienne commanderie de l'Ordre de Saint-Jean ne peut présenter comme vestige de son passé, que son église à l'aspect original et sévère dont la façade imposante arrête forcément, malgré l'absence complète d'ornementation, l'attention du voyageur, et ses vieilles archives qui viennent nous raconter ce qu'elle fut jadis.

En interrogeant ces dernières, nous n'avons pu découvrir la date de la donation de Garidech à l'Ordre de l'Hôpital. Mais dans les liasses des chartes se rapportant à la maison de Toulouse, nous avons trouvé un vieux parchemin, dans lequel il est dit: que le douzième jour des calendes d'octobre (20 septembre) de l'année 1134, Pierre Aguassa et Raymond son frère donnèrent à l'Hôpital Saint-Jean de Toulouse, au Prieur Bernard Hugo, leur portion du dîmaire de l'église de « Saint-Pierre-de-Salinières », bâtie dans le pays toulousain (in pago tolosano), sur les bords du Girou. Or, cette église, disparue depuis longtemps, a laissé son nom a une partie du territoire de Garidech, où elle se trouvait située.
Cette possession isolée constitua une dépendance de la maison de Toulouse, jusqu'à ce que, s'étant successivement augmentée des dîmaires des églises de Garidech et de Saint-Bibian, situées dans le voisinage, elle eût acquis une importance assez considérable, pour pouvoir être érigée en commanderie séparée; ce qui eut lieu vers le milieu du XIIIe siècle.

Cette nouvelle situation eut pour résultat immédiat d'accroître rapidement la prospérité de l'Hôpital de Garidech, et, à partir de ce moment, les archives contiennent un nombre considérable de donations plus ou moins importantes faites par les fidèles do la contrée.
Mais cette prospérité même suscita à l'établissement des chevaliers les difficultés qui en étaient les conséquences habituelles. Chez plusieurs, la jalousie ne tarda guère à succéder à la sympathie primitive envers cette maison, dont l'accroissement commençait à leur inspirer de l'ombrage.
A la tête des adversaires déclarés des Hospitaliers, se trouvaient Bon Mancip de Maurand et Bertrand son fils, dont les vastes fiefs confinaient aux terres de l'Hôpital.

Vers l'année 1260, la guerre était ouvertement déclarée entre les deux partis et les épées même étaient tirées des fourreaux. Ecoutons les récits que font successivement les deux rivaux au frère Raymond d'Aure, précepteur de « Raineville » et Vice-Prieur du Toulousain, choisi par eux comme arbitre de leur querelle. Chaque combattant vient vanter sa modération, énumérer avec complaisance les blessures reçues, les insultes et les menaces prodiguées par le parti opposé.
Laissons d'abord parler le précepteur, frère Bernard de Caminières. Il venait, dit-il, de faire porter dans la cour de l'Hôpital les gerbes de la moisson, lorsque Bertrand de Maurand y fit irruption, à la tête de ses complices: Terrasson, Bérenger Raymond, damoiseau, Pierre de Grazac, Armand de Valségur, Raymond Vitalis et une foule d'autres, armés jusqu'aux dents. Les envahisseurs enlèvent les gerbes et s'éloignent en insultant et menaçant le commandeur et les Hospitaliers. Ceux-ci s'arment à la hâte et se mettent à la poursuite des ravisseurs. Le combat s'engage: Bertrand de Maurand se jette sur le commandeur, le menaçant de sa lance et brise le frein de son palefroi. Le chapelain Raymond, que son caractère sacré n'a pas retenu loin de la mêlée, est frappé d'un coup d'arbalète et renversé sans connaissance; il reçoit plusieurs coups de massue, pendant que Bertrand de Maurand ne cesse de crier: Qu'il meure ! Qu'il meure ! Le précepteur continue en faisant voir tous les siens sortants du champ de bataille plus ou moins éclopés et réclame pour chacun d'eux des satisfactions pécuniaires.

D'après Bertrand de Maurand au contraire, le commandeur est venu assaillir ses gens à la tête d'une troupe, armée de lances, d'arbalètes, de bâtons, de poignards et d'épées; à plusieurs reprises, il les aurait dispersés et maltraités de mille manières; dans cette seconde narration, nous voyons le chapelain Raymond précipitant ses ennemis dans le Girou et le précepteur se jetant sur Bon Mancip de Maurand et le désarçonnant.

La sentence arbitrale fut rendue le 14 août 1265, par Pierre du Port précepteur de Saint-Sulpice, qui avait remplacé Raymond d'Aure dans la charge de vice-prieur du Toulousain. Il ordonna que les Hospitaliers continueraient à posséder les terres, objet de la discussion et qu'ils paieraient 460 sols toisas de compensation à leurs adversaires; quant aux injures et aux voies de fait, trouvant sans doute que les torts étaient partagés des deux côtés, l'arbitre décida qu'elles seraient oubliées et remises de part et d'autre et qu'elles ne se renouvelleraient plus. Cette sentence rétablit la paix entre les deux rivaux, qui vécurent dans la suite en bonne intelligence; nous en trouverons la preuve dans certaines cessions de terre faites par ce même Bon Mancip de Maurand au précepteur B. de Camimières (1275).

Lors de l'enquête ordonnée par le roi de France, pour le rétablissement des droits de la couronne dans ses nouvelles provinces du Midi, son procureur Gille Caumel ou Camelin) contesta au frère Raymond d'Aure, précepteur de Garidech, le droit d'exercer dans cette ville et son territoire, la haute et moyenne justice; ce droit, il le revendiquait pour l'autorité royale, prétendant que Garidech, ayant dépendu de tout temps du baillage et de la châtellenie de Buzet, la haute seigneurie en appartenait aux comtes de Toulouse et devait par suite revenir aux rois de France.
Le chevalier de Saint-Jean affirmait, au contraire, que ce droit avait été exercé de temps immémorial par son ordre, qu'il existait encore à Garidech la hache et les chaînes pour l'exercice de la haute justice et que de plus ses prédécesseurs et lui avaient toujours institué les consuls de cette ville; il appuyait son dire par le relevé des causes qui avaient été portées depuis un certain nombre d'années devant le tribunal des Hospitaliers et des condamnations prononcées contre les coupables, et exécutées par les officiers du commandeur dans le fort même de Garidech.
La fin du parchemin ayant été enlevée nous ne connaissons pas la sentence rendue par les commissaires. Il est toutefois probable que ceux-ci se rendirent aux raisons présentées par le procureur du roi, car les documents postérieurs nous montrent les commandeurs de Garidech jouissant simplement de la seigneurie spirituelle et foncière de cette ville et de ses dépendances.

Les premières années du XVe siècle virent la commanderie de Garidech accroître singulièrement son importance. Comme nous le verrons plus loin, à la demande du Grand-Prieur de Toulouse, Raymond de Lescure, le Grand-Maître, Philibert de Naillac, autorisa, par une bulle du 24 novembre 1408, la transformation de l'ancienne maison du Temple de Toulouse en un hôpital destiné aux pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pour subvenir aux frais de cet établissement le Grand-Maître lui affecta les revenus de Garidech et en déclara le précepteur, Hospitalier du Temple; l'élection de ce dernier appartenait, d'après cette même bulle, aux Grands-Prieurs de Toulouse assistés de leur Chapitre Provincial.
Outre les frais d'entretien de l'hôpital, le commandeur de Garidech était obligé de payer annuellement ses responsions au trésor de l'Ordre, d'assez fortes charges particulières à sa circonscription, plus 25 quartons de froment fournis à la Chambre Prieurale de Toulouse.
Aussi, pour le mettre en état de faire face à toutes ces dépenses, adjoignit-on à cette commanderie celle de Cornebarrieu et dans la suite quelques petits domaines de l'Ordre dans les environs de Montauban.


Saint-Jean-Baptiste de Garidech
Saint-Jean-Baptiste de Garidech — Sources: Médiathèque de l'architecture et du patrimoine


Dans le courant du XVIe siècle, nous assistons à la construction de l'église de Garidech.
Ce fut en 1522 que le commandeur Melchior d'Aspremont conclut, à cet effet, un traité avec Louis Privat, « maître-maçon juré de la ville de Toulouse », qui se chargea de construire ce bâtiment dans le délai de trente-cinq ans; le chevalier s'engagea à y consacrer le tiers de la dîme.
Au mois de janvier 1534, l'édifice était assez avancé pour pouvoir être consacré; il le fut par « Révérendissime George de Selve », évêque de Lavaur, remplaçant pour la circonstance le cardinal Odon de Chastillon, archevêque nommé au siège de Toulouse. Mais à partir de cette époque, le zèle se ralentit; le commandeur ne paya plus sa part des frais qu'avec répugnance; il fallut même, pour la vaincre, l'intervention du sénéchal de Toulouse, réclamée par les consuls et le syndic de la communauté de Garidech.
Par suite de ces difficultés, l'église ne fut entièrement terminée qu'en l'année 1557.

Bientôt après cette époque, la petite ville de Garidech eut à subir sa part de désastres et de dévastations pendant la cruelle période des guerres religieuses; dans cet épisode militaire, faillit périr l'église nouvellement construite.
Voici en effet ce que nous lisons dans le procès-verbal d'une visite pastorale faite le 26 septembre 1596, par maître Chabannc archiprêtre de Montastruc, délégué du cardinal de Joyeuse.
« Le Sainct-Sacrement y soloit estre réservé au milieu du grant autel dans un petit tabernacle, qui fut rompeu et destruit parles Réistres... Le baptistère est sans couvert, sans pavillon et ce qui est bien pis, sans couverture de toit, de sorte qu'il y pleust en dedans. »

Dom Vaissette nous apprend en effet que, dans la période précédente, la contrée avait été dévastée par les protestants.
Nous lisons dans son histoire que les princes de Navarre et de Condé partirent de Montauban, à la tête des Reîtres, s'avancèrent vers la Garonne, campèrent le 22 septembre 1570 à la Bastide-Saint-Sernin, et s'étendirent ensuite dans les environs de cette localité, portant partout le fer et le feu. Or, Garidech n'étant éloigné de la Bastide-Saint-Sernin que de quelques kilomètres, on est autorisé à conclure que ce fut alors qu'eût lieu la dévastation, dont on constatait encore les traces, vingt ans plus tard; les malheurs de la guerre n'avaient pas encore permis de la réparer. Ce long abandon est d'autant plus explicable que les environs furent, dans cet intervalle, le théâtre de luttes sanglantes; car en 1590, nous voyons dans le voisinage de Garidech la place de Montastruc, successivement prise et perdue par les troupes catholiques commandées par Scipion de Joyeuse. Du reste les murailles de la ville, fort peu considérables par elles-mêmes, ne durent pas présenter de bien sérieux obstacles aux envahisseurs. Ces derniers furent pourtant obligés d'employer l'artillerie, pour en venir à bout. Du passage dévastateur des Reîtres, il ne reste plus aujourd'hui de vestiges, sauf quelques traces de projectiles sur de vieilles murailles et dans la sacristie de l'Eglise, un boulet lancé jadis par une couleuvrine des Huguenots et transformé depuis en un pacifique pilon pour écraser l'encens.

Nous n'avons plus à mentionner, avant de finir, que la transaction conclue entre le commandeur, Joachim de Montaigut Fromigières, et les consuls de Garidech, pour régler l'exercice des droits de l'un et des prérogatives des autres. Non contents de cette précaution et se défiant de son effet pour la suite, les magistrats municipaux obtinrent du roi Louis XIII, un édit en date du mois d'avril 1639, qui les confirma dans leurs privilèges et leur reconnut le droit de juger par prévention les matières criminelles avec un assesseur et, en seuls, les affaires de simple police et les petites causes jusqu'à cent sols, ensemble les gages des valets; édit qui fut confirmé par Louis XIV, en 1688.

Dans les procès-verbaux de visite, nous trouvons que les commandeurs possédaient, outre la seigneurie foncière et spirituelle de Garidech et de son annexe Saint-Bibian divers fiefs à Gémil, Montastruc, Monpitol, etc., la collation de la chapellenie du Temple de Toulouse, ainsi que la jouissance des bâtiments qui en dépendaient, la seigneurie spirituelle et les dîmes de Cornebarrieu, qu'ils partageaient avec le Prieur de la Daurade et le chapitre de Saint-Etienne; enfin les tènements de Labarthe, de Flamarens et d'Albefeuille situés près de Montauban.
Les revenus de cette commanderie s'élevaient, en 1750, à 6,480 livres et ses charges, à 712.

Ces mêmes documents nous donnent la description du château des chevaliers à Garidech. Malgré son titre, cette vaste bâtisse, construite en briques ou même en torchis dans certaines de ses parties, n'avait plus dans les derniers temps, aucun des caractères d'une demeure féodale. Les années, qui l'avaient transformée, depuis que les Hospitaliers avaient cessé d'y résider, en simple bâtiment d'exploitation, n'avaient laissé subsister qu'une tour qui put la distinguer encore des maisons voisines. Aujourd'hui ses derniers vestiges ont disparu en même temps que les ruines du fort construit par les habitants dans son voisinage, à une portée de mousquet de l'église, disent les anciens actes. Il n'en reste plus que les fossés, convertis dans ces derniers temps en abreuvoir et une modeste masure, portant encore le nom de Fort, mais qui n'a de commun avec lui que son emplacement et peut-être les matériaux dont on s'est servi pour la construire.

Liste des Commandeurs de Garidech


xxxx-1260. Raymond de Pailhès.
1264-1275. Bernard de Caminières.
1275-1276. Raymond d'Aure.
xxxx-1294. Pierre de Falmète.
xxxx-1320. Fortanier de Gordon.
xxxx-1324. Arnaud de Jori.
1347-1367. Raymond de Saint-Just.
1374-1398. Pierre de Salinier, receveur du Grand-Prieuré.
xxxx-1432. Jean de Margatte.
xxxx-1434. Pierre de Pagèze.
1446-1469. Jean du Puy.
xxxx-1475. Etienne Labola.
1475-1491. Pons de Raffin.
1495-1497. Guillaume Seytre chevalier.
1515-1536. Marquiot ou Melchior d'Aspremont.
1536-1554. André de Guiramand.
1554-1560. Antoine de Thésan Vénasque.
xxxx-1622. Jules de Montmorency.
xxxx-1630. Joachim de Montaigut Fromigières.
1648-1650. Antoine de Blacas-Vérignon.
1660-1665. Thomas de Villages.
1680-1685. Charles de Martin-Puylobrier.
1685-1687. Paul-Antoine de Quiqueran Beaujeu.
1689-1694. François de Bausset.
xxxx-1712. Antoine de Puget Clapier.
xxxx-1721. Joseph de Castellane Mazaugues.
xxxx-1730. Claude de Simiane.
xxxx-1740. Joseph-Balthazar de Gras-Presville.
xxxx-1751. Alphonse de Pontlevès Maubourguet.
1785-1789. N. de Lafare.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883

Commanderie de Garidech


Adossée à une colline molassique sur la rive droite du Girou, la commune de Garidech se situe à 17 kilomètres de Toulouse, entre Launagais et Frontonnais. Si des traces d'occupation gallo-romaine sont relevées sur les bords de la rivière, le nom de Garidech n'apparaît pour la première fois dans l'Histoire que le 20 septembre 1134.

On peut supposer que notre village serait resté anonyme si, ce Jour-la, Pierre et Raymond Aguassa n'avaient cédé une partie de leur droit de dîme de Saint Pierre de Salinières (aujourd'hui Prexempeyre) à l'Hôpital de Jérusalem. Garidech entrait simultanément dans l'Histoire et dans une organisation complexe: l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem puis, après 1530, Ordre de Malte.

Les possessions hospitalières grossirent rapidement par donations successives si bien que, dès le milieu du XIIIe siècle, Garidech fut élevée au rang de « préceptorie ». Les biens de l'Ordre du Temple confisqués: ils furent confiés aux Hospitaliers qui les administrèrent. Garidech reçut un immeuble de rapport à Toulouse (la Maison du Temple), les terroirs de Labarthe, Flamarens et Albefeuille (aujourd'hui commune d'Albefeuille-Lagarde en Tarn-et-Garonne) et une part des dimes de la paroisse de Cornebarrieu. Ainsi dotée, la préceptorie de Garidech fut élevée au rang de « Commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem » et une partie de ses revenus fut affectée à l'entretien de l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques à Toulouse.

Les revenus du Commandeur étaient tirés de l'exploitation agricole (il possédait en propre deux grandes fermes qui étaient travaillées en métayage) et de l'exercice de ses droits seigneuriaux.


Maitéries de la commanderie de Garidech
Plan des Maitéries de la commanderie — Sources: Mairie de Garidech


La Commanderie était dotée d'un four banal où chaque habitant devait cuire son pain, d'une forge banale où chaque tenancier devait faire fabriquer et aiguiser ses outils et d'un moulin non-banal sur le Girou. Outre la seigneurie banale, le Commandeur disposait de la seigneurie ecclésiastique et, à ce titre, il prélevait la dîme de 10 % sur les cultures spéculatives blé, avoine, foins, vendanges et pastel), de 1/12 (8,3 %) sur les cultures ordinaires (pois, fèves, maïs, légumes et chanvre).

Il exerçait aussi la seigneurie foncière: les terres qu'il avait reçues en échange de protection étaient rendues, sous le régime de « l'emphytéose perpétuelle », à leurs anciens propriétaires, à charge pour eux de payer le « cens récognitif de seigneurie ». Si les prélèvements étaient nombreux, ils étaient toutefois modiques: la totalité des taxes perçues par le Commandeur atteignait une proportion de 15 % de tous les revenus en échange de structures et de services comme le four, le moulin ou la forge, investissements qu'aucun paysan garidéchois n'aurait pu assumer seul.

La Révolution de 1789, avec l'abolition des privilèges et la nationalisation de biens du clergé, mit fin à la Commanderie de Garidech. La commune, nouvellement formée (1791) s'assoupit doucement à l'écart du vacarme de la révolution industrielle. Il fallut attendre le début des années 1980 et la métropolisation de Toulouse pour que Garidech tirât profit de la proximité toulousaine et reprît vie.

Notre commune, dont la population a longtemps stagné aux alentours de quatre cents habitants, dépasse le millier à l'aube du troisième millénaire et grossit toujours... Elle tire bénéfice de l'autoroute A 68 et de son échangeur: il achemine les habitants vers les emplois toulousains et il valorise un pôle d'activités tertiaires et un bassin d'emploi local.
Sources: Historique de la commanderie de Garidech, Mairie de Garidech


Juzet-de-Luchon   (31)

Hôpital de Juzet, Hôpital de Frontes
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Saint-Gaudens, Canton: Bagnères-de-Luchon, commune: Juzet-de-Luchon — 31


Hôpital de Juzet, Hôpital de Frontes
Hôpital de Juzet, Hôpital de Frontes


Dans cette vallée pittoresque, où notre siècle a réussi à entourer la station thermale de Bagnères-de-Luchon des produits de la civilisation, encadrés par les magnifiques horreurs des cimes Pyrénéennes et leurs majestueux glaciers, mais qui durant le moyen-âge n'était traversée que par les hardis bergers conduisant leurs troupeaux sur les hauteurs ou les ramenant dans la plaine, l'Ordre de Saint-Jean avait deux établissements voisins dont l'origine nous est inconnue.

L'hôpital de Juzet existait avant la fin du XIIe siècle, puisque en l'année 1200, Sanche Garsie d'Aure lui donna une rente de dix sols toisas qu'il avait sur la ville de « Pabao » (Pobeau) dans la vallée de Larboust.

Frontes


Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Saint-Gaudens, Canton: Bagnères-de-Luchon, commune: Cazarilh-Laspènes - 31


Domus Hospitalis Frontes
Domus Hospitalis Frontes


A une très petite distance, en remontant la vallée, on trouvait l'hôpital de Frontes, datant à peu près de la même époque. Ces deux établissements, à cause de leur proximité, ne formaient qu'une seule commanderie qui portait indistinctement les noms de Frontes, de Juzet ou d'Aure.

Ce fut sous cette dernière dénomination qu'elle fut réunie à la maison de Poucharramet. Mais son éloignement de cette dernière localité, la difficulté des communications considérables partout à cette époque, mais dégénérant presqu'en impossibilité pour ces contrées montagneuses, devaient en rendre la surveillance peu suivie et par suite la perception des rentes et des dîmes peu régulière. Ces inconvénients ne tardèrent pas à engager le Grand-Prieur de Saint-Gilles à détacher de nouveau les deux hôpitaux pyrénéens pour en reformer l'ancienne commanderie de Frontes.
A l'occasion de cette mesure, le chevalier Sanche d'Aure, qui venait d'être pourvu de cette commanderie, s'occupa tout d'abord de rectifier les limites de sa circonscription, qui avaient dû avoir été entamées en plus d'un endroit pendant la période précédente et de faire constater les droits et les privilèges qui lui appartenaient.
A cet effet, une brillante assemblée se tint le 2 novembre (in festo animarum) de l'année 1266, dans la ville de Bagnères-de-Luchon. Elle était présidée par Monseigneur Bernard, comte de Comminges, entouré « de nobles et puissants hommes, Sanche Garsice d'Aure, seigneur de Larboust, Pelegry de Montauban, seigneur de Montauban, et Aymard de Bosost, seigneur de Bosost. »
Le noble comte avait convoqué à ses assises les consuls et conseillers de ses villes de Bagnères, de Montauban et d'Artigues pour venir déposer dans l'enquête qui allait s'ouvrir. D'après leurs témoignages fut dressée la charte qui nous donne les limites officielles de la Commanderie de Frontes à cette époque et les privilèges qui lui avaient été octroyés.
Nous y voyons qu'elle comprenait, outre les territoires de Frontes et de Saint-Jean de Lorras, dont les Hospitaliers avaient l'entière seigneurie, les domaines spirituels de Juzet et d'Artigues, les dîmes des grains dans toute la vallée de Ludion, au-dessus de la porte de « Castelvielh », celle des fromages fabriqués sur les montagnes voisines et enfin le droit de dépaissance pour leurs troupeaux dans d'immenses étendues; les Hospitaliers avaient de plus droit à la moitié de toute bête féroce abattue sur les terres de la Commanderie.

Outre les territoires mentionnés dans la charte précédente, l'hôpital possédait encore des censés dans une foule de villages, disséminés dans les vallées du voisinage.
En voici la liste telle qu'elle nous est fournie par un livre de recettes du commencement du XIVe siècle:
« Montauban, Sodat, Goaux, Salas, Gurann, Maylin, Benque-Dejus, Cazarilh, Artigues;
Dans la vallée de Larboust, Portet, Pobeau;
Dans la vallée d'Ouelle, Mayregue, Lores (près de Saint-Bertrand) Gaut;
Dans la vallée d'Aran, Torambi, Gassagan, Baussen, Castillon, Bilac, Aros, Saviran, Antignac, Laron, Arambielh, Bagnères-de-Luchon;
Dans la vallée d'Oudat, Toran;
Dans la Barousse, Sorrère, Simonet. »

Vers le commencement du XVIe siècle, Frontes et ses dépendances furent réunis à la commanderie de Boudrac, et tirent peu après partie de cette chambre prieurale. Mais l'inconvénient qui s'était déjà produit lors de la réunion de cette maison à celle de Poucharramet, ne tarda pas à se représenter. Le délégué du Grand-Prieur à Frontes, dont les actes n'avaient de valeur qu'après avoir été approuvés par son supérieur, ne pouvait parvenir à persuader les montagnards des environs de venir y établir leurs demeures qu'ils pouvaient être forcés d'abandonner quelque temps après; et de jour en jour, le pays devenait plus désert et plus stérile. C'est pour remédier à ce fâcheux état de choses que le Grand-Prieur, Pierre de Grasse, délégua toute son autorité sur cette dépendance de la chambre prieurale Boudrac au chevalier, Pierre de Soubiran, dans l'espoir de remettre cette ancienne commanderie sur un pied plus florissant (1539).

Lors du démembrement de la chambre prieurale de Boudrac en 1748, la circonscription de Frontes et Juzet, fut déclarée adjointe à la commanderie de Poucharramet, comme elle l'avait déjà été au XIIIe siècle.

Liste des Commandeurs de Frontes et Juzet ou d'Aure


1232. Palet.
1266-1294. Sauche d'Aure.
1309. Bertrand d'Orsans.
1497. Raymond de Sasse.
(Vers 1500 Réunion a Boudrac.)
1539. Pierre de Soubiran Arifat.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Larmont   (31)

Commanderie de Larmont
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Cadours, commune: Le Castéra — 31


Commanderie de Larmont
Localisation: Commanderie de Larmont


L'inventaire du mobilier de la maison de Larmont en 1313, lorsqu'elle fut remise en la possession des chevaliers de Saint-Jean, est excessivement modeste et nous prouve que, si jamais cet établissement avait été florissant, il avait perdu sa splendeur pendant la période troublée qu'il avait eu à traverser. Réuni avec ses dépendances à la chambre prieurale de Toulouse, Larmont en fut détaché vers le milieu du XIVe siècle pour former une commanderie séparée jusqu'en 1550, époque, où il rentra de nouveau dans l'apanage des Grands-Prieurs. Dans cette période nous n'avons à noter que l'autorisation accordée en 1544, par le cardinal Odon de Chastillon, archevêque de Toulouse, à Claude du Gruel, Commandeur de Larmont, de démolir l'ancienne église pour en reconstruire une nouvelle.

Vers la fin du XVIIIe siècle, Larmont fut détaché de nouveau de la Chambre prieurale et définitivement reconstitué en une commanderie, dont l'existence devait être bien éphémère; ses membres étaient Marestaing, l'Isle-en-Jourdain et quelques fiefs environnants.

Chapelle Saint Jean-Baptiste de Larmont (est rattachée à la paroisse du Castéra)


Saint Jean-Baptiste de Larmont
Localisation: Saint Jean-Baptiste de Larmont


Milieu du XVIe siècle — Reconstruite à partir de 1544, cette petite église adopte des solutions architecturales empruntées à l'époque gothique.


Saint Jean-Baptiste de Larmont
Localisation: Saint Jean-Baptiste de Larmont


Placée sous le vocable de saint Jean-Baptiste, elle est, jusqu'en 1788, l'église d'une importante commanderie d'hospitaliers rattachée au grand prieuré de Toulouse. Son clocher octogonal est surmonté d'une grande flèche et comporte une balustrade ajourée.

Liste des commandeurs Hospitaliers de Lormont
1374-1389. Vido des Moulins.
1449-1486. Pierre du Puy.
1486-1502. Jean d'Arpagon.
1528-1531. Didier de Tholon-Saint-Jal, Grand-Prieur de Toulouse.
1531-1447. Claude de Gruel de Labourel.
(En 1550, réunion au Grand-Prieuré. En 1782, érection de la deuxième Commanderie).
1782-1788. René de Léaumont.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Lautignac et Saint-Romain   (31)

Hôpital de Saint-Romain, de Lautignac
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Rieumes — 31


Hôpital de Lautignac
Hôpital de Lautignac


Les archives nous apprennent que dans le courant du XIIIe siècle, l'hôpital de Poucharramet possédait quelques fiefs à Lautignac.
En 1255, dame Gaudie, veuve de Dodon du Falgar, chevalier, les accrut par une importante donation.

Poucharramet



Domus Hospitalis Poucharrame
Domus Hospitalis Poucharrame


En 1274, Arnaud de Montgaillard, damoiseau, donna à Loup de Foix, précepteur d'Aure et de Poucharramet, tout ce qu'il possédait à Lautignac.

Les chevaliers de Saint-Jean avaient élevé sur leur territoire de Lautigna une grande tour qui leur servait à défendre le pays et à protéger leurs vassaux en cas de guerre. Il n'en est fait mention dans les archives qu'en 1559, alors que son état de délabrement et d'abandon l'ayant rendu tout à fait inutile ; le Grand-Prieur traita avec un entrepreneur pour sa démolition, afin d'employer ses matériaux à la construction d'une prosaïque métairie.

Saint-Romain



Hôpital de Saint-Romain
Hôpital de Saint-Romain


L'absence de documents nous force à nous contenter de signaler l'existence de l'hôpital de Saint-Romain, dépendance de celui de Poucharramet, érigée même pendant un certain temps en commanderie séparée.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Leguevin   (31)

Domus Hospitalis Leguevin
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Léguevin — 31


Domus Hospitalis Leguevin
Domus Hospitalis Leguevin


En l'année 1108, Amélius évêque de Toulouse, accompagné d'Arnaud Raymond, Prévôt de son chapitre, du chevalier Bernard de Marestang et de plusieurs autres personnages marquants, assistait à une donation importante faite à l'Ordre de Saint-Jean. Baron de Quaterpech et ses soeurs donnaient en franc alleu, à l'hôpital de Jérusalem et au prieur Gérard, le fief qu'ils possédaient dans le territoire de Léguevin, entre les deux ruisseaux (le Courbet et son affluent de Brax) ; en même temps d'autres seigneurs du voisinage W. de S., Fort « Anerii », son frère, Hugues de la Forge, ajoutaient à cette donation celle de 50 perches de terre qu'ils avaient des deux côtés de la route vers Toulouse au-delà du ruisseau.

Un peu plus tard, différents privilèges, concessions de droits, de justice, de seigneurie et d'usages, furent octroyés à la maison de Léguevin, par ce même Baron de Quaterpech et par Bernard-Jourdain de l'Isle (1140).
Nous n'avons que la mention de cette libéralité dans la confirmation qu'en fit un siècle plus tard, un des descendants du dernier donateur, noble Jourdain de l'Isle (1240). Ici ne se termine pas du reste la liste des marques de faveur, accordées aux Hospitaliers par l'illustre famille de l'Isle. Jourdain V, leur concéda en 1299, la faculté de couper dans sa forêt de Bouconne les bois nécessaires à leurs constructions, et chargea son bailli de Mondonville de l'exécution de sa volonté à cet égard. Nous avons vu dans l'étude sur la maison Saint-Jean de Toulouse, qu'en 1261 elle avait reçu du seigneur Guy de las Tours d'importantes donations, parmi lesquelles figurait une portion du territoire de Saint-Etienne située entre Lèguevin et Pibrac (31).

Au commencement du siècle suivant, nous trouvons les Hospitaliers occupés à partager ce territoire, avec les filles de Jourdain de l'Isle et de dame Vacquière de Monteil-Adhémar, dame Jehane femme du noble Amalric par la grâce de Dieu, vicomte de Narbonne, dame Gausserande femme de noble Etienne Colonna et dame Titburge femme de noble Gauthier du Fossat seigneur de Barousse « Leur frère Bertrand de l'Isle étant mort à cette époque, elles étaient les seules héritières de cette partie des domaines paternels. » (1306).

Quoique nous ne puissions préciser l'époque de sa fondation, la commanderie de Léguevin était fort ancienne et remontait, tout au moins, au commencement du XIIIe siècle. Grâce à toutes les libéralités que nous avons mentionnées plus haut, l'hôpital de Léguevin prenait de jour en jour une plus grande importance. Ce qui fit naturellement germer dans l'esprit de ses précepteurs le projet d'en profiter pour remplacer leur ancienne ville peu habitée, et sans doute dépourvue de fortifications, pour une belle bastide entourée de solides murailles. Ils entrèrent en arrangement à ce sujet avec Jourdain de l'Isle et, après la mort de ce dernier, avec son fils Bernard Jourdain. Celui-ci consentit à se charger de la construction de la ville projetée, dont il devait avoir la haute juridiction. Mais au moment de se mettre à l'oeuvre, pour remplir ses engagements, le seigneur Jourdain se dit qu'une bastide dont il aurait, à lui seul, l'entière possession, lui serait bien plus avantageuse, et il résolut de prendre les moyens pour n'avoir pas à partager dans la suite son autorité avec les chevaliers de Saint-Jean. Dans ce but, il alla planter son pal et jeter les fondements de la future ville à Saint-Martin, au-delà du ruisseau qui servait de limite au dîmaire de Saint-Jean de Léguevin et par suite, aux possessions de l'hôpital.

A la vue du danger qui les menaçait, les Hospitaliers firent appel à la bonne foi du comte, en lui montrant l'engagement qu'il avait pris vis-à-vis d'eux. Mais celui-ci paraissait inébranlable dans ses desseins, lorsque des amis communs parvinrent à lui persuader d'en suspendre pendant quelque temps l'exécution. Instruit de ce qui se passait, Aymeric de Thurey, précepteur de Puysiuran et lieutenant de Draconet de Montdragon, Grand-Prieur de Saint-Gilles, chargea frère Bernard de Gironde, précepteur de Léguevin, de s'opposer à tout prix à la construction de la bastide de Saint-Martin, qui, non seulement ne leur rapporterait pas les avantages qu'ils s'en étaient promis, mais leur enlèverait infailliblement une notable partie de leurs propres vassaux. Muni de ses pleins pouvoirs, après bien des pourparlers, le frère de Gironde signa une transaction avec Bernard de Goffas, damoiseau, sénéchal et procureur de Bernard-Jourdain, transaction dans laquelle les Hospitaliers furent obligés de faire d'énormes sacrifices à la partie adverse. Le sénéchal de l'Isle s'engagea à faire transporter le pal de son maître et construire la ville dans le dîmaire de Saint-Jean, du côté du château de Léguevin ; les Hospitaliers devaient fournir l'emplacement, ils cédaient toutes les oblies qu'ils retiraient des habitants de tout leur territoire, le four, la forge de la « messeguerie (Droit de garde des moissons et amendes qui en étaient le produit) » ils se contentaient de se réserver quelques privilèges: ainsi il leur était permis de faire aiguiser gratuitement leurs instruments aratoires à la forge de la future ville ; et de faire construire un four chez eux à l'usage de leur maison et de tous leurs gens ; leurs animaux étaient exempts de tout droit de garde etc. (28 novembre 1309).
Ils comptaient, avec juste raison, être dédommagés plus tard de tous leurs sacrifices par l'augmentation du nombre des habitants de Léguevin, dont ils avaient toujours la seigneurie spirituelle, et par l'accroissement des dîmes qu'ils retireraient, du pays mieux cultivé.

Le Seigneur Jourdain ne mit-il pas beaucoup d'empressement dans l'exécution de la promesse donnée en son nom par son lieutenant, ou bien le besoin d'agrandir les murailles de la bastide se fit-il bientôt sentir, soit à cause d'un accroissement inespéré de population, soit à cause de la terreur inspirée par les invasions anglaises; toujours est-il qu'au milieu du XIVe siècle, on travaillait encore aux fortifications de la ville. Nous voyons en effet noble « Pierre de Gajac, viguier et châtelain du château de l'Isle, procureur du magnifique et puissant Jourdain, par la grâce de Dieu, comte de l'Isle, en vertu de la commission à lui donnée par illustres et puissants Arnaud, par la grâce de Dieu, vicomte de Caraman et Jourdain de l'Isle seigneur de Clermont, gouverneurs généraux de la terre du seigneur comte », se transporter à Léguevin, pour inféoder aux habitants certains terrains vacants dans l'intérieur de la nouvelle enceinte du fort (30 octobre 1363).

Au commencement du XVe siècle, Léguevin cessa de former une commanderie séparée et fut réunie à celle de Renneville (31), dont elle constitua un des membres les plus importants jusque vers le milieu du siècle suivant. Un des commandeurs de Renneville, Philippe du Broc, eut à soutenir à Léguevin des luttes assez vives pour le maintien des privilèges de son Ordre.

Le roi François Ier avait convoqué le ban et l'arrière ban de la noblesse du royaume pour le servir dans sa guerre contre Charles-Quint et avait ordonné de saisir les biens de ceux qui seraient « défaillants aux monstres »: Le commandeur, se fiant aux exemptions accordées aux chevaliers de Saint-Jean et à sa qualité de membre du clergé, ne s'était pas rendu à l'appel du sénéchal d'Armagnac, qui, d'après les ordres reçus, fit saisir les biens nobles de la maison de Léguevin. Le commandeur de Renneville envoya le 7 décembre 1588, au château de l'Isle en Lomagne, son procureur frère George de Manas, recteur de Montréal et de Gimbrède, qui remit au sénéchal une requête du chevalier contre cette violation des immunités de l'Ordre et une protestation contre la façon brutale et irrégulière dont la saisie avait été opérée par le lieutenant, « Maistre Guy de Nogueyrollcs, qui ayant conceu grosse hayne et malice contre ledist suppliant et taschant luy nuire et donner fascherie par moyens exquis et réprouvés, a faist saisir toutes les pièces nobles appartenant à la juridiction de Léguevin, sans avoir appelé le procureur du Roy ny le représentant du commandeur. »
Le sénéchal, se fondant sur les instructions du roi qui n'admettaient d'exception pour personne, refusa d'entendre la requête et d'ordonner la mainlevée des biens de Léguevin, que le commandeur dut obtenir dans la suite en adressant ses réclamations au Roi lui-même, protecteur zélé de l'ordre de l'Hôpital.

L'année suivante, des difficultés étant survenues au sujet des limites du territoire de Léguevin et de celui de Pibrac (31) qui dépendait de la maison de Toulouse, le Grand-Prieur, Pierre de Grasse, et le commandeur, Philippe du Broc, conclurent un arrangement par lequel le premier cédait au second Fonsorbes, en échange de Léguevin qui devint ainsi membre de la Chambre Prieurale de Toulouse (1539). Cette mutation fut confirmée par une bulle du Grand-Maître, Jean de Homedès (11 septembre 1540).
Sources: A. Du Bourg, Histoire du Grand Prieuré de Toulouse — Toulouse — 1883.


Marquein   (31)

Domus Hospitalis Caignac, Marquein et Copadels
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Nailloux — 31


Domus Hospitalis Caignac
Domus Hospitalis Caignac


L'hôpital de Caignac avait de nombreuses dépendances dans les environs, parmi lesquelles nous citerons Marquein, où le seigneur Pons de Marquein lui avait donné une certaine quantité d'oblies en 1205.

Marquein


Département: Aude, Arrondissement: Carcassonne, Canton: Bram - 11


Domus Hospitalis Marquein
Domus Hospitalis Marquein


La Garde, dont la seigneurie lui provenait de la libéralité de Guillelme, femme de B. Fabre (à peu près à la même époque), et le fief de la Loubère, près Gardouch, donné par Raymond-Roger de Bota, en 1209.

Mentionnons en outre la condamine de la Salle qui appartenait à l'hôpital dès l'année 1177.

Fief de Copadel


Le fief de Copadel situé sur l'Hers, dans le dîmaire de Saint-Félix, de Valflour, avait été donné au Temple de Toulouse par Roger de Saint-Amadour, en 1259.
Jean Chrestiani de Milhars y avait ajouté, en 1283, ses droits sur le dîmaire de Saiat-Félix.
Comme nous l'avons dit, lorsque l'Ordre de Saint-Jean eût pris possession des dépouilles des Templiers, le fief de Copadel et ses dépendances furent réunis à la commanderie de Caignac.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883

Domus Hospitalis Fief de Copadel
Département: Aude, Arrondissement: Carcassonne, Canton: Salles-sur-l'Hers, Commune: Salles-sur-l'Hers — 11


Domus Hospitalis Fief de Copadel
Domus Hospitalis Fief de Copadel


Domum in illo loco habuerunt Templarii ab anno saltem 1227 (non ab anno 1259, sicut dicit A. du Bourg).
Praeceptoribus Tolosae semper subfuit, qui directe eam a medio XIIIe saeculo gubernasse videntur; a. 1244 praeceptor Tolosanus Johannes de Rupeforti « commendator de Copadels » dicitur; antea Petrus quidam Martaud « custos et commendator domus de Copadels » fuerat. A. 1251 Poncius Christiani « tenens locum de Copadels » nomiuatur.
Sources: E.-G. Léonard. — Introduction au Cartulaire manuscrit du Temple (1150-1317), constitué par le marquis d'Albon et conservé à la Bibliothèque nationale, suivie d'un Tableau des maisons françaises du Temple et de leurs précepteurs. — Paris, E. Champion, 1930. ln-8º, xv-259 pages.


Montsaunès   (31)

Commanderie de Montsaunès
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Saint-Gaudens, Canton: Salies-du-Salat — 31


Domus Hospitalis Montsaunès
Domus Hospitalis Montsaunès


A peine en possession de leur riche héritage, les Hospitaliers tâchèrent de marcher sur les traces de leurs devanciers et de se concilier l'affection de leurs vassaux, par l'octroi de privilèges dont nous aurons l'occasion de parler tout à l'heure et en complétant les défenses de la ville de Montsaunès.

Vers la fin du XIVe siècle, la commanderie était gouvernée par Raymond de Lescure, Grand-Prieur de Toulouse dont nous avons eu l'occasion de parler déjà.


Eglise de Montsaunès
Eglise de Montsaunès Sources: Sociétés savantes de Toulouse


A Montsaunès, comme dans beaucoup d'autres villes soumises à son autorité, l'attention de ce chevalier se porta sur les fortifications qu'il jugeait insuffisantes et il travailla beaucoup à les rendre plus redoutables. « Entre le palais des chevaliers, la tour dite du Commandeur, l'église et l'enceinte des murailles, » s'étendait une plateforme inoccupée, c'est là, qu'il résolut de faire élever un fort pour compléter les moyens de défense et aussi pour recueillir la population en cas de danger. Dans ce but, il réunit les consuls et les conseillers de Montsaunès et leur donna cette plate-forme en bail emphytéotique, les autorisant à y faire bâtir autant de maisons qu'ils le voudraient, à la charge d'élever tout autour un mur de défense « qui eût 5 brassées de haut et dont la partie supérieure fut garnie de mâchicoulis. » Le chevalier s'engageait à fournir une partie du bois et des matériaux nécessaires, tandis que les consuls se chargeaient de faire garder cette portion des remparts par un nombre de sentinelles déterminé par le commandeur; les travaux devaient être exécutés dans l'espace d'une année. Les deux parties jurèrent ces conditions, le Prieur « en posant sa main droite sur sa poitrine, suivant la coutume de son Ordre et les consuls, en étendant les leurs sur le livre des quatre Evangiles. » Cet acte, passé dans la sainte maison » de Montsaunès, le 11 février 1397, fut confirmé l'année suivante par le chapitre provincial du Grand-Prieuré de Toulouse.

A peu près à cette époque, ce même Raymond de Lescure, fut obligé d'intervenir dans les affaires de la Commanderie pour une question assez particulière. En 1397, le bailli de la comtesse de Comminges à Saint-Martory avait fait enlever, pour lui donner la sépulture, le cadavre d'une femme trouvée morte dans une île de la Garonne, appartenant aux Hospitaliers. Cet acte si simple en apparence, suffit pour allumer la discorde et éveiller les susceptibilités des chevaliers dont les droits de justice et de propriété venaient d'être lésés. Profitant de la haute considération dont il jouissait, Raymond de Lescure s'adressa à Charles VI, en se réclamant de la sauvegarde royale accordée par Philippe V à tous les biens de l'Ordre. Le roi prit en main la cause des Hospitaliers « contre sa chère cousine la comtesse de Comminges » et écrivit au sénéchal de Toulouse pour lui enjoindre de faire rendre au commandeur la justice qui lui était due: le bailli de Saint-Martory fut par suite obligé d'exhumer le cadavre, objet du litige et de le faire rapporter dans l'île de Brayde, pour reconnaître, les droits de l'Ordre de Saint-Jean sur ce territoire.

Les archives capitulaires de Saint-Bertrand de Comminges du commencement du XVIe siècle, nous rapportent un fait étrange, qui nous montre la nature souvent peu amicale, et en tous cas fort indépendante, des rapports qui existaient entre les commandeurs de l'Ordre de Saint-Jean et l'autorité ecclésiastique. Pour je ne sais quel motif, le commandeur de Montsaunès avait fait arrêter au milieu de son église le recteur de la paroisse, qui, faisant partie de l'Ordre, était naturellement son subordonné. Grand scandale dans le pays et profonde indignation parmi les ecclésiastiques des environs qui crurent voir leurs immunités gravement compromises par cette exécution contre un d'entre eux. Pour les revendiquer, ils prennent les armes avec un entrain tout-à-fait laïque et vont essayer d'arracher de force leur confrère à ses chaînes. Mais les gardes du château de Montsaunès n'ont pas de peine à repousser cette agression et les assaillants sont obligés de se retirer, après avoir eu quelques-uns des leurs blessés dans la lutte. Les armes matérielles ne lui ayant pas réussi, le clergé les abandonna pour les armes spirituelles; l'évêque de Comminges fulmina son excommunication contre le téméraire commandeur et mit la paroisse de Montsaunès en interdit. Mais, en s'avançant ainsi, il ne songeait pas aux privilèges sans nombre accordés à l'Ordre de Saint-Jean, soit par les papes, soit même par les évêques et qui en faisaient une puissance à peu près indépendante de l'autorité diocésaine. Ces privilèges, le chevalier Jean de Cabanes, n'eût garde de les négliger;
« Je ne suis en aucune façon, dit-il fièrement, sujet de Monseigneur de Comminges, ni moi, ni mes serviteurs, ni le recteur, car l'église est à moi et Monseigneur de Comminges n'a rien à y voir. Il ne peut ni l'interdire, ni excommunier, car j'ai au nombre de mes privilèges, celui de pouvoir lever moi-même tout interdit et de pouvoir faire chanter la messe dans toutes les églises, quand même elles seraient interdites ou profanées. »

Dans d'autres circonstances, l'autorité du commandeur éprouvait bien des difficultés pour s'imposer aux populations dont l'esprit indiscipliné se manifestait à cette époque d'une manière excessivement violente. En 1546, un nommé Auriol du lieu du Plant, ville du diocèse de Rieux dépendant de la commanderie, s'étant rendu coupable de « certains meurtres, ravissements, blasphèmes et autres crimes énormes, » avait été condamné par le juge et la cour de Montsaunès « à estre deslivré ez mains de l'exécuteur de la haulte justice, pour luy faire faire le cours par les carrefours dudict lieu de Plant, et admené à la place et pillori dudict lieu, où auroit parcée la langue avec un fer chault et, ce fait, tranchée la teste et mis à quatre quartiers, lesquels seront départis en potences, aux lieux et coings commodes dudict lieu et la teste mise au plus hault du pillori. »

Mais les chevaliers n'osaient faire exécuter la sentence, vu le grand nombre de complices du criminel. Aussi obtinrent-ils que l'arrêt de la cour de Montsaunès, confirmé par le parlement, serait exécuté à Toulouse. Un procès-verbal dressé par ordre de « messire Jehan de Villeneuve, conseiller du roy, Viguier de Toulouse et garde du scel maige », nous apprend que le coupable fut exécuté sur la place Saint-Georges et que ses membres, furent expédiés aux lieux témoins de ces crimes, pour y servir d'avertissement à ses complices (11 février 1546).

Aussi, en présence du peu de puissance dont pouvaient à cette époque disposer les seigneurs pour faire respecter leur autorité, ne sommes nous pas surpris de lire, dans le dénombrement que fit, en 1564, le commandeur de Montsaunès devant les délégués de l'assemblée du clergé de France, ses doléances sur ce que l'exercice du droit de haute justice « lui coûtait plus qu'il ne lui rapportait. »

Quelque temps après, l'animosité contre l'autorité des commandeurs se traduisit à Montsaunès sous une forme violente. On était alors dans la période des guerres religieuses, dont, selon toute apparence, le fait que nous allons rapporter, dût être un épisode. Dans le courant de l'année 1560, une bande de malfaiteurs, ayant à leur tête Jean de Cabanes, dit « la Lacque », était venue attaquer dans son château de Montsaunès, le commandeur messire Joseph de la Panisse Montfaucon, et assaillir la troupe de ses serviteurs à coups d'arbalètes; un de ces derniers, Isnard d'Astongs, seigneur de Lamotte, avait trouvé la mort dans cette lutte. Repoussés dans cette attaque, les conjurés résolurent de poursuivre leur dessein homicide par la ruse; ils pratiquèrent à cette fin, des meurtrières dans les maisons qu'ils possédaient auprès du château, pour tirer sur le commandeur ou les siens, s'ils osaient en sortir. Le chevalier réussit néanmoins à faire connaître au dehors la triste situation où il se trouvait réduit. Saisie de sa plainte, la cour du Parlement de Toulouse, somma les conjurés de comparaître à sa barre et les condamna les uns à la peine de mort et les autres au bannissement; leurs maisons devaient être rasées, leurs biens confisqués, sans compter les amendes qu'ils étaient obligés de payer et dont une partie était destinée à fonder un obit et, à faire prier Dieu pour l'âme de la victime. La dame « de Tajan, dame de Saint-Martory », était de plus citée pour répondre à l'accusation de complicité avec les criminels auteurs de cette tentative. Deux mois après, la sentence était proclamée sur la place de Montsaunès, par Gille Geouffre, huissier de Toulouse, qui fit procéder séance tenante à la démolition de la maison de Jehan de Cabanes le chef de l'entreprise, malgré les protestations de sa femme, « demoiselle Jehanne de Lordat. »

Les coupables, ou du moins une partie d'entre eux, durent réussir à se soustraire à la sentence qui les frappait; car nous voyons Bernard de Cabanes, qui avait figuré dans la précédente expédition, diriger une nouvelle tentative contre messire de Presles, Commandeur de Montsaunès, qui, moins heureux que son prédécesseur, fut surpris et massacré avec plusieurs de ses serviteurs en 1581. Ce fait se trouve relaté sans détail dans un ancien inventaire des actes de la Commanderie.

Ce ne furent pas les seuls désastres causés à la commanderie de Montsaunès, par les guerres religieuses. Le maréchal de Mattignon, vint séjourner dans le pays avec son armée en 1597 et la présence des hommes d'arme se fit cruellement sentir au milieu de ces populations. Nous voyons, en effet que le commandeur Pierre de Montauban, fut obligé de réduire les rentes qu'il percevait dans cette contrée, à cause des pertes qu'elle avait éprouvées à cette occasion et « aussy pour la gresle générale qui emporta tout. »

A partir de cette époque la paix ne paraît pas avoir été troublée entre les commandeurs et leurs vassaux et nous ne trouvons dans la dernière partie des archives que les reconnaissances féodales consenties par les consuls de ces diverses localités à leurs seigneurs.

Pour donner une idée de l'étendue des possessions de la commanderie, nous allons transcrire ici quelques extraits du dénombrement fait, le 19 avril 1688 par le chevalier Nicolas de Varadier de Saint-Andéol aux commissaires députés par le roi pour la confection du papier terrier.

« 1º Montsaunès posession templière. Le commandeur y est haut justicier. Il y possède noblement un chasteau joignant l'esglise, une maison dans le village appelée la Rectorerié. Un jardin devant le chasteau. Les habitants sont tenus de faire le guet et monter la garde au chasteau de Montsaunès en temps de guerre. »

Mazères-sur-Salat



Domus Hospitalis Mazères-sur-Salat
Domus Hospitalis Mazères-sur-Salat


« 2º Il est seigneur haut justicier de Mazères-sur-Salat. Il y possède noblement une grande tour servant de Chasteau. »
« 3º Il possède quelques fiefs au lieu de Cassaignes. »

Aussein



Domus Hospitalis Aussein
Domus Hospitalis Aussein


« 4º Il est seigneur haut justicier du lieu d'Aussein posession templière, en Comminges, sénéchaussée de Pamiers, anciennement sénéchaussée de Toulouse. Il y possède noblement une grande tour servant de chasteau. »

Plagne



Domus Hospitalis Plagne
Domus Hospitalis Plagne


« 5º Il est seigneur haut justicier moyen et bas du lieu de Plagne posession templière. Tous les habitants et bientenants du dict lieu sont exempts de tailles et possèdent leurs biens noblement.
« 6º Il a droit dans le lieu de Palaminy à certaines redevances se montant à 4 gros d'or, de la valeur de 6º sols tolsas. »

Figarol



Domus Hospitalis Figarol
Domus Hospitalis Figarol


« 7º Il est seigneur haut moyen et bas du lieu de Figarol posession templière. »

Soueich



Domus Hospitalis Soueich
Domus Hospitalis Soueich


« 8º Il a un quart de la haute juridiction du lieu de Soueich, les trois autres quarts sont au seigneur d'Encausse. »
« 9º Il est seigneur haut, moyen et bas du lieu à Arbou. »
« 10º Il a quelques fiefs dans la ville de Valentine. »
« 11º Il possède des redevances aux lieux de: Saint-Gaudens, Saint-Martory, Salies, Montesquieu-Volvestre, Roquefort, Le Fourc, Cazères, Touilles, Montgaillard, Martres, Boussens, Saint-Quentin, Garravet, Leymont, Montpezat, Savignac-du-Roy, Montégut et Samatan. »
« 12º Il a quelques fiefs dans la chastellerie de Castillon. »

Saint-Sirac



Domus Hospitalis Saint-Sirac
Domus Hospitalis Saint-Sirac


« 13º Il a quelques fiefs dans le lieu de Saint-Sirac posession templière. » (Commune: Saint-Elix-le-Château)

Salles



Domus Hospitalis Salles
Domus Hospitalis Salles


« 14º Il est seigneur haut justicier, moyen et bas du lieu de Salles posession templière, Il y possède noblement une maison appelée la commanderie et une autre appelée la tour des Templiers. »
« 15º Il est seigneur haut justicier, moyen et bas du lieu de Plant en partage avec le Roy. »
« 16º Il est seigneur haut justicier des lieux de Cadeillan, Bieusas et La Fitte posession templière. »
« 17º Le commandeur et ses officiers sont exempts de tout droit de péage et de pontonnage dans toute l'étendue du comté de Comminges. »
Les procès-verbaux des visites de la commanderie de Montsaunès à la fin du XVIIIe siècle nous apprennent quelle était affermée au prix de 19,800 livres; revenus qui étaient réduits à 14.768 L. 7 s. 8 d. par suite des diverses charges qui lui incombaient.

Liste des commandeurs Hospitaliers de Montsaunès
xxxx-1313. Jan de Laffas.
xxxx-1314. Benoit de Caussade (de Calciala).
1323-1325. Huchet de Rygher.
1325-1330. Guichard de l'Ongle.
1330-1331. Isnard de Saint-Martin.
1336 1343. Guillaume de la Tour.
1366-1373. Aldebert de Gozon.
1397-1408. Raymond de Lescure Grand-Prieur de Toulouse.
xxxx-1437. Bertrand d'Arpajon Grand-Prieur de Toulouse.
xxxx-1455. Dominique de Bordes.
1472-1483. Pierre de Campagne.
1484-1485. Oddet de las Graulas, Receveur du Grand-Prieuré.
1492-1508. Jean de Cabanes.
1511-1513. Gaston de Verduzan.
1513 1527. Jean Salomon.
xxxx-1532. Gabriel de Sézon.
1536-1542. Louis de Sabron.
1543-1544. Pierre de Beaulac-Tresbons.
1544-1547. Severin de Pagèze d'Azas.
1547-1557. Louis de Caritat.
1558-1559. Pierre de Gozon-Mélac.
1559-1560. François de la Panisse Montfaucon.
1559-1565. Severin de Pagèze d'Azas, (2e fois).
1567-1580. Jean de Maignant-Montagut.
1580-1581. N. de Perles.
1583-1597. Pierre de Montauban-Vignedemor, Grand Prieur de Toulouse.
1604-1611. Jean des comtes de Vintimille.
1613-1633. Joachim de Montaigut-Fromigières.
1633-1640. Pierre d'Arnabe d'Hornollac.
1658-1670. Charles de Pechpeyron-Comminges-Guitard.
1677 1693. Nicolas de Varadier de Saint-Andéol
1695-1701. Jean de Nobles-Desplatz-Saint-Amadour.
xxxx-1722. Henri de Pontevès-Bargeme.
1727-1759. Joseph-Scipion de Raymond d'Eaulx.
1759-1764. Agricole Dominique de Baroncelly-Javon.
1766-1774. Paul-Antoine de Viguier.
1774-1783. Henri de la Barthe.
1784-1789. Le bailli de la Brillame.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Pelleport   (31)

Commanderie de Pelleport
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Cadours — 31


Commanderie de Pelleport
Commanderie de Pelleport


Pelleporc nom donné par A. Du Bourg dans ses textes.

Dans le voisinage immédiat du BurgaudCommanderie de BurgaudCommanderie de Burgaud, les Hospitaliers possédaient depuis le milieu du XIIe siècle un établissement et un domaine. Inférieur en étendue à cette commanderie, il ne laissait pas que d'avoir une certaine importance.

Au mois de février de l'année 1148, Guillaume-Raymond et ses frères inféodaient aux chevaliers de Saint-Jean la dime de l'église Saint-Pierre de « Nerpech » sous la redevance annuelle de 6 sols morlans. Ces derniers s'établirent aussitôt dans leur nouveau domaine, et, grâce à de nouvelles donations, leur fief de Nerpech ne tarda pas à être transformé en la commanderie de Pelleport, qui du reste a laissé bien peu de traces dans les archives.

Nous n'y trouvons que l'acte par lequel le chevalier Arnaud d'Esparviers, donna à Pierre Miquel, Précepteur de Pelleport, son fief de « Castelfornils » et le dîmaire de « l'Eglise brûlée (ecclesioearsoe) », ainsi que leur juridiction haute, moyenne et basse (1281). »
A part cet acte, il n'existe pas dans les archives de traces de cette commanderie ; elle ne subsista guère au-delà du XIVe siècle que par le nom de quelques-uns des religieux qui la dirigèrent.

Il nous faut arriver dans la seconde partie du XVIe siècle, à la période des guerres religieuses pour trouver quelques faits à extraire des archives de cette localité.
Au milieu de la désolation de cette période, les habitants de Pelleport, se voyaient avec terreur à la merci du premier coup de main tenté contre eux ; car leurs demeures n'étaient protégées ni par des murailles, ni même par un château où ils eussent pu se réfugier en cas de besoin. Dans l'impossibilité où ils se trouvaient d'élever des fortifications, les habitants allèrent prier le commandeur du Burgaud de faire mettre en état de défense l'église de Pelleport pour qu'ils pussent au besoin y mettre à l'abri leurs personnes et leurs mobiliers. Sur le refus de leur seigneur spirituel, ils s'adressèrent au Parlement de Toulouse, qui les renvoya « vers le sieur Cornusson, sénéchal de Thoulouze, commandeur pour le faict des armes en la ville et seneschaussée de Thoulouze. » La cour ordonna de plus que, si le sénéchal ordonnait la fortification et la garde de cette église, tous les bientenants de Pelleport seraient tenus d'y contribuer, « quelles que pussent être leur condition et qualité » (26 février 1577).

Les archives s'arrêtent là ne nous disant, ni la décision du sénéchal, ni le destin de Pelleport dans cette douloureuse période des guerres religieuses qui fut si funeste à tant de villes de la contrée.

Liste des Commandeurs de Pelleport.
--------1148. Garsiàs.
--------1257. Pierre de Biscons.
1259-1251. Guillaume de Montsoron.
--------1281. Pierre Miquel.
--------1310. Pierre de Florence.
--------1311. Martial du Mont.
1323-1324. Arnaud de Serres.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Pibrac   (31)

Commanderie de Pibrac
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Léguevin — 31


Commanderie de Pibrac
Commanderie de Pibrac


Parmi les possessions de l'Ordre de Saint-Jean dans les environs de Toulouse, nous trouvons une partie du territoire de Pibrac, village jadis à peu près inconnu et illustré aujourd'hui par le tombeau d'une humble bergère que l'église a naguère placée sur ses autels. Le 9 janvier de l'année 1216, le seigneur Arnaud Raymond, léguait par son testament à l'Ordre de l'Hôpital toutes ses possessions situées à Pibrac et dans les contrées voisines.

Cette donation de Pibrac fut même assez considérable pour obliger les Hospitaliers à créer dans Pibrac un établissement destiné à la surveillance et à l'exploitation de leurs nouveaux domaines. Nous voyons en effet Raymond de Pibrac et dame Vierne, sa soeur, inféoder, en 1241, à Guillaume de Barèges prieur de Saint-Jean de Toulouse, un emplacement dans l'intérieur de la ville pour y construire une maison.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883

Commanderie de Pibrac
8 Janvier 1261: donation par Gui de las Tours, chevalier, et dame Mabriane, sa femme, fille de Guillaume Gameville, « de leurs corps, de leurs âmes », de tous les biens qu'ils possèdent dans la ville ou les environs, à Cugnaux, à Léguevin, à Pibrac, de leur forteresse de Gameville, de leur fief de Saint-Etienne de Verfeil, avec leurs hommes, leurs femmes et tous les droits qui y étaient attachés.

9 Janvier de l'année 1216, le seigneur Arnaud Raymond, léguait par son testament à l'Odre de l'Hôpital toutes ses possessions situées à Pibrac et dans les contrées voisines, Cette donation fut même assez considérable pour obliger les Hospitaliers à créer dans Pibrac un établissement destiné à la surveillance et à l'exploitation de leurs nouveaux domaines. Nous voyons en effet Raymond de Pibrac et dame Vierne, sa soeur, inféoder, en 1241, à Guillaume de Barèges prieur de Saint-Jean de Toulouse, un emplacement dans l'intérieur de la ville pour y construire une maison.

En 1539, des difficultés étant survenues au sujet des limites du territoire de Léguevin et de celui de Pibrac qui dépendait de la maison de Toulouse, le Grand Prieur, Pierre de Grasse, et le commandeur, Philippe du Broc, conclurent un arrangement par lequel le premier cédait au second FonsorbesDomus Hospitalis FonsorbesDomus Hospitalis Fonsorbes, en échange de LéguevinDomus Hospitalis LéguevinDomus Hospitalis Léguevin qui devint ainsi membre de la Chambre Prieurale de Toulouse. Cette mutation fut confirmée par une bulle du Grand-Maître, Jean de Homedè (11 Septembre 1540).

La commanderie de Léguevin était fort ancienne et remontait,tout au moins au commencement du XIIIºsiècle. L'hôpital de Léguevin prenait de jour en jour une plus grande importance,ce qui fit naturellement germer dans l'esprit de ses précepteurs le projet d'en profiter pour remplacer leur ancienne ville peu habitée, et sans doute dépourvue de fortifications, pour une belle bastide entourée de solides murailles....

1128: Dans la partie nord du territoire de Pibrac s'étendait l'alleu de CornebarrieuDomus Hospitalis CornebarrieuDomus Hospitalis Cornebarrieu (« allodium de Cornebarrillio »), au centre duquel s'élevait une église et un village que les anciens actes désignent sous le nom de « Saint-Clément de Cassarac » et qui prirent ensuite dans la dénomination du fief où ils se trouvaient situés. Au mois de décembre de l'année 1128, Pierre de Pibrac donna à l'hôpital, à frère Raymond de Laignac, hospitalier, sa portion du dîmaire de l'église de Saint Clément de Cassarac, en se réservant la seigneurie; ceci se passait en présence d'Hugues de Pomarède, d'Esquat d'Iscio, et de ses fils Raymond et Roger. Un des descendants de ce même seigneur, Pierre Raymond de Pibrac, compléta cette donation par la cession des droits qu'il possédait sur ce territoire (1180).

A côté des motifs de piété et de dévouement, nous découvrons chez le chevalier du XVIIºsiècle un sentiment plus humain, que nous ne rencontrons pas dans les donations primitives ; c'est la préoccupation de l'avenir de sa race ; c'est le désir de travailler à sa prospérité, Citons un extrait de la chartre de la commanderie de Plagnes: « Le 18 Septembre 1685, dans l'hôtel Prieural de Toulouse, messire François-Paul de Béon de Masses-Cazeaux, Commandeur de la Capelle-Livron, du Temple de Bordeaux et Grand-Prieur de Toulouse, en reconnaissance de la grâce que Dieu lui a faicte de se trouver un des plus anciens religieux de son ordre dans toute la chrétienté et d'être parvenu pour le jourd'huy à la 74º année de sa réception dans cette saincte et sacrée religion militante, où il a rendu ses services tant en mer que en terre avec le plus grand zèle qu'il lui a été possible dans tous les emplois dont il a été honoré et désirant que ceux de sa maison ayant l'honneur de se perpétuer dans ledit ordre, tandis qu'il y en aura de sa race qui en seront dignes et capables et qu'ils puissent plus commodément s'attacher à y continuer le même service au temps à venir, fonde la commanderie Jus patronat de Plagnes tant pour lui que pour tous ceux qui sont à présent reçus et qui pourront l'être à l'advenir, descendant noblement et légitimement de nom, armes et extraction de la maison de Béon... »

La commanderie ainsi formée se composait:
1. de la terre et seigneurie de Plagnes, achetées par le Grand-Prieur à dame Anne de Plagnes, veuve de Guy Dufaur, comte de Pibrac et à Michel de Pibrac son fils.
2. de la métairie du Capitaine acquise de François de Saint-Jean, baron de Fussac-Massaguel.
3. d'une terre achetée à Louise de Nobles veuve Pierre d'Auberjon, seigneur de Chevalinière.
4. de la rente d'un capital de 1800 livres placé sur la communauté de la ville d'Arles.
5. d'une maison que le grand-Prieur possédait dans la Cité-Valette à Malte.
Sources: Histoire illustrée de Pibrac, site personnel de Stéphane BONNEEL


Pompertuzat   (31)

Domus Hospitalis Pompertuzat
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Montgiscard — 31


Domus Hospitalis Pompertuzat
Domus Hospitalis Pompertuzat


L'établissement des Hospitaliers à Pompertuzat remonte à la fin du XIIe siècle, tandis que celui dès Templiers à Pechabou ne date que du milieu du XIIIe siècle. Après la suppression de l'Ordre du Temple ces deux domaines réunis composèrent une dépendance assez importante de la maison de Toulouse.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Poucharramet   (31)

Commanderie de Poucharramet
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Rieumes — 31


Commanderie de Poucharramet
Commanderie de Poucharramet


Tout-à-fait dans les premières années du XIIe siècle, Aymeric de Muret avait cédé aux Hospitaliers la portion occidentale du territoire qui formait sa seigneurie.
Le sixième jour des calendes de mai (25 avril) 1112, il donnait au Saint-Sépulcre, à l'hôpital de Jérusalem et au seigneur « Gérard, hospitalier », l'église de « Fustalane » avec ses dépendances et la faculté de construire sur le territoire de Poucharramet, situé tout auprès et érigé en Salvetat, « autant de maisons qu'ils voudraient. »
Celui qui ne respectera pas dans l'avenir les privilèges de cette Salvetat, et tentera de revenir sur cette donation, la charte le déclare « excommunié, maudit et anathème, comme le traître Judas qui livra Dieu pour trente pièces d'argent. »
« La copie de cette charte, dont les archives ne possèdent plus l'original, porte 1102; mais il y a évidemment erreur, car l'épiscopat d'Amélius qui y figure ne commença qu'en 1106. Comme la donation est faite au Prieur Gérard qui mourut en 1118, nous croyons pouvoir donner 1112, comme la date véritable de la fondation de l'hôpital de Poucharramet. »

A cette donation, dont l'acte est signé par Amélius, évêque de Toulouse, et par Guillaume de Muret, archidiacre, se joignirent celles par lesquelles plusieurs membres de la famille du seigneur Aymeric se dessaisirent en faveur de l'hôpital des droits qu'ils avaient, soit sur l'église, soit sur le territoire de Poucharramet.

Aymeric de Muret, fils du précédent, ajouta à la donation paternelle le labour de 4 paires de boeufs aux alentours de Poucharramet. Plus tard ses sentiments de bienveillance pour l'hôpital firent place à de l'irritation et à des réclamations sur la validité des donations faites par son père et par lui-même. Mais ces dissentiments furent de courte durée. Le remords de ses dernières entreprises amena bientôt le seigneur Aymeric à résipiscence. Nous le voyons en effet, au mois de novembre de l'année 1183, accompagné du chevalier Amiel Bernard du Falgar, se présenter dans la cour du cloître de l'hôpital à Toulouse, où il vient s'humilier devant le Prieur Foulques de Nissa et les frères Hospitaliers; il confesse « qu'il a mal et injustement agi envers l'hôpital, se reconnaît coupable devant Dieu et donne à l'Ordre de Saint-Jean, en réparation du mal qu'il a causé, sa personne et tous ses vassaux de la ville de Poucharramet, » il se démet en faveur des Hospitaliers de toute espèce de suzeraineté sur ce territoire et promet, « sur sa foi et sur les saints Evangiles que, loin de les inquiéter à l'avenir, il les défendra, eux et leurs biens, contre tous leurs ennemis. »

Commanderie Saint-Clar de Rivière


Commanderie de Saint-Clar
Commanderie Saint-Clar de Rivière


Dans la première partie du XIIIe siècle, la commanderie de Poucharramet s'était accrue des dépendances d'un établissement voisin de l'Ordre de Saint-Jean, l'hôpital de Saint-Clar, dont la fondation, comme nous le verrons dans la suite, remontait également aux premières années du XIIe siècle: cette réunion, qui s'était opérée naturellement, à cause du voisinage des deux maisons, ne fut consacrée qu'un peu plus tard: une bulle de Pierre de Villemur, Vice-Prieur de Toulouse, prononça en 1258, la réunion officielle de la Salvetat de Saint-Clar, à l'hôpital de Poucharramet, sous la responsion de 15 sols tols.
Dans cet intervalle, de nouvelles largesses avaient considérablement augmenté l'importance delà commanderie: à des donations de fiefs et de seigneuries, étaient venus s'ajouter de nombreux privilèges et surtout des droits de dépaissance, accordées à l'hôpital sur leurs domaines par Bernard d'Aspet en 1259, Orset de Bergonhas et Bernard, comte de Comminges en 1262.

Malgré cette prospérité toujours croissante, une ombre assombrissait l'horizon des précepteurs de Poucharramet. Possédant plusieurs villes du voisinage, dont ils avaient entière juridiction, dans le chef-lieu de leur commanderie, ils se voyaient obligés de partager leur autorité avec d'autres seigneurs, que la suite des temps ne pouvait manquer de transformer en rivaux et même en ennemis. Ce territoire était partagé en deux portions: la première, désignée sous le nom de « Saint-Jean » ne relevait que des Hospitaliers, tandis qu'à Poucharramet et dans ses dépendances immédiates, si les précepteurs jouissaient de la seigneurie spirituelle et de plusieurs autres droits, la seigneurie temporelle appartenait au commencement du XIIIe siècle à Bernard Baron, chevalier de Rieumes; pendant de longues années, les Hospitaliers allaient avoir à lutter contre ce seigneur et ses descendants.
En 1215. Bernard Baron conçut le dessein de créer une bastide sur son territoire; mais les chevaliers de l'hôpital réclamèrent la protection du sénéchal, en lui exposant « que ce seigneur n'avait pas le droit d'élever des fortifications et une bastide sans leur concours sur une terre, dont ils avaient la seigneurie spirituelle et où ils possédaient une grande église avec trois autels, » et arrêtèrent par ce moyen l'entreprise de Bernard Baron.

Un peu plus tard, la lutte sourde avait dégénéré en une guerre ouverte; nous trouvons en effet, en 1260, un conseil arbitral composé de frère Pierre du Port, précepteur de Saint-Sulpice, et d'Arnaud de Marencs, sous la présidence de Bernard, comte de Comminges, appelé à rétablir la paix que le seigneur Baron avait troublée en tentant d'enlever aux Hospitaliers la possession d'un moulin et en les empêchant par la violence de mener paître leurs troupeaux sur les terres de la commanderie.
Quelques années plus tard, le Sénéchal de Toulouse voyait se présenter devant son tribunal Bernard Baron, damoiseau, qui venait accuser le précepteur, frère Pierre de Macrières, de s'être rendu coupable envers lui d'une agression à main armée. « Il était, dit-il, à se promener pacifiquement, accompagné de ses serviteurs, dans les rues de la ville, lorsqu'il se vit subitement assailli par Pierre de Macrières, qui, à la tête de ses gens armés de lances, de flèches et d'épieux, frappa et maltraita indignement le plaignant et sa troupe, les poursuivit aux cris de: A mort les sicaires ! Jusque dans sa demeure, dont il tenta même de s'emparer au mépris de la paix publique et des statuts du pays. » (1293).

Ce procès, dont nous ne connaissons pas l'issue est le dernier acte, dont les archives nous aient conservé le souvenir, de cette longue et ardente lutte. Malgré sa durée et sa violence, elle n'est pas la seule que nous ayons à enregistrer pendant cette période. Nous trouvons aussi les Hospitaliers luttant contre le Prieur de Muret avec une ardeur belliqueuse, qui semble leur être inspirée par les sites sauvages et les forêts au milieu desquels ils vivent.
L'église de Muret et l'hôpital possédaient par indivis un territoire situé entre la ville de Poucharramet et le Touch, grave et perpétuel sujet de discordes. Aussi, vers l'an 1270, voyons-nous le Prieur Hugolenc Arnaud, exposer aux arbitres choisis par les deux parties, que, tandis qu'il était occupé à faire recueillir sa moisson par ses serviteurs, les Hospitaliers avaient fondu sur eux pour leur enlever les gerbes, les avaient maltraités de mille manières, et sans respect pour son caractère sacré, l'avaient blessé grièvement, ainsi que plusieurs autres prêtres qui se trouvaient avec lui. « Ces blessures, il n'aurait certainement pas voulu les recevoir au prix de cent marcs d'argent; » c'est aussi la somme qu'il réclame du précepteur, R. Tolzan, en réparation de l'attaque dirigée contre lui.

Pendant la période que nous venons de parcourir, il est probable que les Hospitaliers avaient doté leurs vassaux de Poucharramet d'une charte de commune. Nous ne possédons pas ce document, mais cette petite ville avait son consulat au commencement du XIVe siècle; il signale, à cette époque son existence par une lutte contre les deux seigneurs, le précepteur et noble Raymond Athon, au sujet de leurs droits. Ces derniers, pour couper court à toutes discussions, octroyèrent une nouvelle charte de franchises municipales à la ville de Poucharramet; il y est concédé aux habitants le privilège d'élire deux consuls qui exerceront, au nom des seigneurs, la justice civile et criminelle et connaîtront même des causes des seigneurs, la dépaissance pour leurs troupeaux dans les portions incultes du territoire, le libre usage des eaux, des herbes et des glands et enfin la faculté de couper tous les arbres qui leur seront nécessaires, dans les bois de cette seigneurie (3 janvier 1328).

Les Hospitaliers, que nous venons de voir tout à l'heure si intraitables envers leurs rivaux, ne l'étaient pas moins envers leurs supérieurs ecclésiastiques, quand il s'agissait de maintenir contre eux les privilèges de l'Ordre. L'évêque de Comminges avait voulu dans une de ses tournées épiscopales, visiter la grange de « Lascomber », dépendance de la commanderie de Poucharramet, située dans son diocèse. Mais les Hospitaliers, jaloux de leurs immunités envers l'autorité diocésaine, refusèrent l'entrée de leur établissement à l'évêque qui fulmina contre eux l'excommunication. Sans se laisser intimider, ils citèrent ce dernier devant l'official de Toulouse qui leur donna raison et condamna le prélat aux dépens (1334).


Eglise fortifiée de Poucharramet
Eglise fortifiée de Poucharramet


Nous avons eu déjà l'occasion de signaler la fiévreuse ardeur, avec laquelle toutes les petites villes de nos contrées se mirent vers le milieu du XIVe siècle à construire ou à réparer leurs fortifications et à profiter de la cruelle leçon que venait de leur infliger la terrible invasion anglaise de 1355. Poucharramet, point assez important par sa position, était absolument sans défense et n'avait pas même un château-fort pour le protéger. Aussi était-il à la merci, non seulement des armées ennemies, mais même des bandes de routiers et de malfaiteurs, qui désolaient alors le midi.
Pour remédier à cet inconvénient « et éviter le dommage irréparable et le déshonneur qui résulterait pour la patrie tout entière de l'occupation de cette place pour les ennemis et les brigands, » le duc d'Anjou, lieutenant général du Languedoc expédia de Nîmes, le 30 mai 1367, l'ordre à J. de Saint-Saturnin, juge de Rivières, de faire fortifier l'église de Poucharramet, de la faire entourer de fossés et de murailles et garnir de tours de guet, en réquisitionnant pour ce travail tous les habitants de la localité et du voisinage, et enfin de prendre des dispositions pour qu'elle fut gardée avec le plus grand soin, de jour et de nuit; si le précepteur n'obéit pas avec empressement, aux ordres qui lui seront transmis à ce sujet, le juge doit faire mettre ses possessions sous le séquestre.

Vers le milieu du XVe siècle, Poucharramet et ses dépendances furent réunis à la commanderie de Boudrac. Depuis ce moment comme il arrivait toujours, quand les chevaliers cessaient de résider dans une ville, l'intérêt que nous fournissent les archives diminue sensiblement. Nous noterons pourtant une transaction conclue le 27 février 1497 entre Roger de Polastron, Commandeur de Boudrac et les consuls de Poucharramet, au sujet des droits de dîmes et de prémisses. Il fut convenu que le premier aurait droit à 2 gerbes de blé sur 17, mais que de son côté il serait tenu de donner, annuellement, le jour du jeudi saint, à chaque paroissien, homme, femme, ou petit enfant, un pain de la valeur de 2 deniers tournois.

En 1748, Poucharramet fut détaché, ainsi que Boudrac, de l'apanage des Grands-Prieurs pour former deux commanderies distinctes.
Les membres qui composèrent la nouvelle commanderie furent: Saint-Romain, Lautignac, Castelnau de Picampeau, Saint-Marcel, Frontes et Juzet et dans la vallée d'Aure, Guchen, Gadiac, Agos, Vielle, Tramesaygues, Lussan, Aulon, Aragnovet.
Sa valeur était évaluée en 1754 à 7825 livres.

Liste des Commandeurs de Poucharramet.
-------1127. Arnaud de Puyauiran.
-------1198. Guillaume Raymond.
-------1214. Forton de Sclassa.
1229-1230. Raymond.
-------1222. Pierre du Port.
-------1238. Guillaume de Barège.
1242-1253. Dominique de Caniac.
1254-1255. Pierre de Biacons.
1257-1268. Raymond Tolzan.
1269-1271. Guillaume du Puy.
1274-1280. Loup de Foix.
-------1283. Gausfred.
-------1293. Pierre de Macrières.
-------1295. Guillaume de Gaffiet.
1299-1301. Raymond de Mayrencs.
1307-1314. Guillaume Chaste.
1316-1317. Pierre de Clermont, Socius du Grand-Maître.
1317-1370. Jean de Laffas (1).
-------1398. Arnaud Corbet.
-------1421. Jean de Verdusan.
1459-1467. Pons de Maleville.
(Vers 1470, réunion à Boudrac.)
(En 1748 érection de la deuxième Commanderie de Poucharramet.)
1748-1764. Jaan Sébastien de Varague Belesta Gardouch.
1780-1784. N. de Franc Montgey.
1785-1789. N. de Carros.
1. Nommé par le Grand-Prieur P. de l'Ongle en récompense d'éminents services rendus dans le commandement des armées.
Sources: A. Du Bourg, Histoire du Grand Prieuré de Toulouse — Toulouse — 1883.

Plus informations sur l'église de Poucharramet


Renneville   (31)

Commanderie de Renneville
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Villefranche-de-Lauragais — 31


Commanderie de Renneville
Commanderie de Renneville


Pour étudier l'origine de la commanderie de Renneville, il suffît de nous reporter aux premières années du XIIIe siècle, pendant cette terrible guerre des Albigeois, qui ensanglanta si longtemps une grande partie du Midi et en particulier le pays s'étendant à l'Est de Toulouse et désigné sous le nom de Lauragais.

Cette contrée s'offrait tout d'abord aux coups des Croisés et, plus qu'aucune autre, était infestée par l'hérésie, qui avait trouvé parmi ses seigneurs de chauds adhérents et de zélés protecteurs. Les ministres albigeois ne prenaient plus même la précaution d'y prêcher leurs doctrines clandestinement, comme ils le faisaient ailleurs; c'était en plein jour, sur les places des villages ou dans les salles voûtées des châteaux, qu'ils tenaient leurs assemblées, sûrs qu'ils étaient de trouver dans tous les environs une hospitalité bienveillante et, au besoin, un refuge contre les poursuites des inquisiteurs. L'enthousiasme qu'ils étaient parvenus à exciter dans ces contrées était même si grand que, lorsque les seigneurs de Lauragais témoignaient ainsi ouvertement leurs sympathies aux « faidits », il n'était pas rare de voir leurs femmes abandonner leurs châteaux pour se faire recevoir dans la hiérarchie des « revêtues » (prêtresses des Albigeois) et se condamner à la vie errante et misérable des apôtres de l'hérésie. Aussi, quand après la prise de Béziers suivie de celle de Carcassonne, le comte Simon de Montfort eut soumis à son autorité la plus grande partie du Lauragais, il y trouva matière à de nombreuses confiscations, comme on peut s'en convaincre en parcourant les quelques registres de l'Inquisition, qui sont parvenus jusqu'à nous. A la place des anciens possesseurs des villes et du sol, on voit surgir à cette époque une nouvelle noblesse. C'étaient les guerriers du Nord, qui avaient reçu leurs parts de la conquête et le prix des prouesses qu'ils avaient accomplies.

Renneville appartenait, au commencement de la guerre, à Aymeric de Castelnau, dit l'ancien, qui, poursuivi, ainsi que sa femme, pour le crime d'hérésie, fut dépouillé de tous ses domaines. Ce seigneur est sans doute le même personnage que cet Aymeric, seigneur de Montréal et de Laurac, qui, après avoir vu ses biens confisqués, s'était jeté dans la place de Lavaur, dont dame Guiraude sa soeur était châtelaine et où il devait périr misérablement avec elle sous les coups des Croisés.
Simon de Montfort se hâta de disposer de ces riches fiefs pour récompenser les services de ses compagnons d'armes et Renneville fut dévolue par lui à Hugues de « Lasces ou de Lates », qu'il créa seigneur de Lauragais. La première campagne terminée par la bataille de Muret, ce dernier se hâta de témoigner sa gratitude au ciel pour la protection qu'il lui avait accordée; dans ce but il se présenta dans la maison de l'hôpital de Toulouse, où il demanda d'être reçu comme « donat » pendant sa vie et à être enseveli après sa mort, accompagnant la donation de sa personne de celle de sa place de Renneville, de ses habitants, et de toutes ses dépendances. Le prieur Bernard de Capoulège, lui accordant ses demandes, le rendit « participant de toutes les bonnes oeuvres qui s'étaient faites ou se feraient dans l'Ordre depuis son origine jusqu'à la fin du monde. » Ceci se passait vers l'an 1213. Il donne avec la ville de Renneville l'église Saint Sernin de Renneville.

Peu de temps après, Simon de Montfort ratifiait l'acte de piété de son vassal et consacrait la fondation du nouvel établissement des Hospitaliers. Ceux-ci ne tardèrent pas à accroître leur domaine en se faisant céder soit par donation, soit par achat, une partie des terres confisquées sur les hérétiques du voisinage. La possession d'un des principaux fiefs acquis de la sorte, celui dont avait été dépouillée dame Titburge, veuve de Sicard de Noville, fut disputée à l'hôpital par Alphonse de Poitiers. Nous avons déjà vu comment il se désista de toutes ses prétentions à ce sujet par la charte de privilèges octroyée en 1270. Ce fut vers cette époque que la maison de Renneville qui avait formé dans le principe une dépendance de celle de Toulouse fut érigée en commanderie séparée.

Après la réunion de la province à la couronne, la haute juridiction du lieu de Renneville passa des comtes de Toulouse au roi de France: le précepteur n'y exerçait que la basse justice. Ce dernier droit lui fut même disputé par Réginald de Dunhes, procureur du Roi, au nom de ce dernier. Le procès intenté à ce sujet par devant le juge de Lauragais, se termina en 1282, par une composition à l'amiable dans laquelle le Grand-Prieur de Saint-Gilles, G. de Villaret, consentit à acheter au Roi, le droit contesté au prix de 1000 livres tournois.

Les Hospitaliers profitèrent bientôt après du repos qu'ils venaient de se procurer de la sorte pour octroyer des libertés communales à leurs vassaux de Renneville. Cette charte n'offrant aucun caractère bien saillant, nous nous contenterons d'y noter la défense faite aux habitants d'exporter de Renneville pour les marchés voisins « leurs poules, oies, oeufs, fromages, agneaux et autres denrées comestibles avant de les avoir présentées au précepteur, afin que, si l'entretien de la maison l'exigeait, il put les acheter au prix qu'ils en auraient trouvé à l'extérieur, » la prohibition de la pêche depuis le pont de l'Hers jusqu'au moulin de l'hôpital, le partage entre les Hospitaliers et les Fabriciens (operarii) de l'église des droits perçus sur les ventes. L'acte de ces coutumes fut dressé le 5e jour du mois de mai de l'année 1291.
En étudiant ce document et en le comparant à ceux du même genre, qui se trouvent dans les archives d'un grand nombre d'autres maisons de l'Ordre, on peut remarquer que les libertés qui y sont concédées sont relativement peu étendues; ce qui s'explique aisément par ce fait que, la haute juridiction de Renneville appartenant au roi, l'autorité du précepteur y était alors fort limité, ainsi que les privilèges qu'il pouvait concéder à ses vassaux.

A peine créée par la charte précédente, la magistrature municipale de Renneville signale tout d'abord son existence par ses luttes contre les Hospitaliers. On voit les consuls tantôt refuser de payer les messiers, ou gardes des moissons, tantôt protester contre les criées, ou ordonnances de police que le précepteur avait fait publier dans les rues et les places publiques de leur ville, sans les avoir consultés et y avoir fait figurer leurs noms à la suite du sien.
En 1319, nous les voyons traduits par le commandeur, Olivier de Penne, devant maître Raymond Johanis, juge du tribunal de Saint-Jean de Jérusalem dans toute la sénéchaussée de Toulouse, pour les obliger à subvenir, avec l'argent de la communauté, à l'entretien d'un enfant de 4 mois, qui avait été trouvé devant la porte de l'église.

Pendant la seconde moitié du XIVe siècle, le Lauragais eut à subir plus d'une fois les désolations de l'invasion étrangère. A plusieurs reprises, les Anglais le traversèrent, répandant partout la désolation et la terreur.

En 1355, le Prince de Galles, débarqué à Bordeaux, se précipita, à la tête de son armée, sur le Toulousain, franchit la Garonne à Portet et s'avança jusqu'à Narbonne, laissant derrière lui, comme marques sinistres de son passage, les ruines fumantes de Carbonne, Miramont, Montgiscard, Baziège, Villefranche, Mas-Saintes-Puelles, etc.

Quoique Renneville ne figure pas dans cette triste nomenclature, elle n'en partagea pas moins, selon toute probabilité, le sort de ces villes; car elle se trouvait sur le passage de ce torrent dévastateur, qui ne put être arrêté que par les citadelles formidables de Carcassonne et de Narbonne. Peu d'années après, en effet, le précepteur et les habitants songeaient à relever de ses ruines la partie de l'enceinte qui avait le plus souffert et qui portait le nom caractéristique de mur de la bataille. Il fallait se hâter, tous sentaient l'impérieuse nécessité de mettre promptement leurs personnes et leurs biens à l'abri, non de l'invasion d'une armée tout entière, mais au moins des entreprises de ces innombrables bandes de partisans, qui profitaient du désordre général pour achever la dévastation du pays. Mais ici se présentait une difficulté: du précepteur ou des consuls, qui allait être obligé de subvenir aux frais de cette entreprise à laquelle chacun était également intéressé ?

D'après la coutume généralement admise dans nos contrées et énoncée dans la plupart des chartes de fondations de villes, le seigneur était tenu de faire entourer dès le principe sa bastide de murailles et de veiller en tous temps à sa défense de concert avec les habitants; ceux-ci se chargeaient par contre de faire exécuter à leurs dépens toutes les réparations que la suite des temps pourrait nécessiter dans ces fortifications. Or, dans le cas présent, aucune des parties ne voulant céder, un arbitrage devint nécessaire. Le précepteur Bérenger de Gozon et les consuls de Renneville convinrent de remettre leurs discussions au jugement de Bernard André, bourgeois de Villefranche et châtelain pour le roi delà ville de Montréal. Ce dernier, après une enquête minutieuse faite sur les lieux mêmes, décida que les consuls auraient à faire construire avec les deniers de la communauté, les fortifications dans la portion de l'enceinte désignée et qu'ils devraient y faire faire des gardes de jour et de nuit « dans les temps de nécessité, sous peine de leurs corps »; le précepteur se chargea de la défense du château et de la partie avoisinante de l'enceinte, ainsi que de la garde d'une des barrières des lices (clôturae); « En cas de guerre les habitants pourront se servir du « patus » « ou place située entre l'église et le château et appartenant au commandeur, pour y mettre en sûreté leur bétail et leur mobilier, sans avoir néanmoins l'autorisation d'y rien « construire » (1366).

Malgré cette convention, les ressources faisant sans doute défaut aux habitants pour cette construction que Bérenger de Gozon les sommait inutilement d'exécuter, le même arbitre fut encore appelé deux ans plus tard, à intervenir dans cette affaire. Sa sentence, rendue le 28 avril 1368, donne des détails assez intéressants sur les enceintes fortifiées des petites villes de nos contrées à cette époque et à leur mode de construction. « Le commandeur, sera tenu de faire élever à ses frais, par des maîtres habiles en des sortes d'oeuvres (per magistros in talibus expertos), la paroi qui doit avoir 10 pans de large et 30 de haut à partir du sol et en avant un mur de briques avec des créneaux... Au-dessus de la porte qui doit également être refaite à neuf, il doit également faire élever une tour de guet bien haute, suffisante et couverte d'une toiture en charpente et en tuiles. » Dans cette tour, les consuls devront entretenir deux hommes de garde en temps de guerre seulement; ils devront en outre payer 40 deniers d'or au franc versés directement aux maîtres et aux ouvriers, moyennant quoi ils seront quittes de tous autres frais.

De ces fortifications qu'il eut été intéressant d'étudier sur place, il ne reste plus de traces que dans les archives; peut-être de nouveaux assauts livrés à ses murs pendant les guerres religieuses vinrent-ils en hâter la destruction. Ces guerres incessantes, la famine et la peste qui en étaient alors les tristes et presque inévitables corollaires, avaient désolé le pays; sa richesse avait disparu pour longtemps et sa population avait sensiblement diminuée.
Nous en trouvons la preuve dans une bulle que Pierre de Montlezun, Grand-Prieur de Toulouse, adressa le 4 juin 1453, à Bérenger de Castelpers commandeur de Renneville, et dans laquelle il déclarait que « accédant aux voeux des consuls de cette localité, et prenant en considération sa misère et sa dépopulation » il abaissait à 5 livres tournois le droit d'albergue dû par les habitants aux Hospitaliers; le Grand-Prieur se réservait de rétablir I'albergue entière de 10 livres, dans le cas ou des temps plus propices reviendraient pour le pays, et que le nombre des feux de Renneville atteindrait le chiffre de 60. A cette bulle est attaché le sceau en plomb du Prieur avec son blason entouré de la légende, S PETRI DE MONLAZVN

Par une bulle du 28 août 1523, le grand-maître Philippe de Villiers de l'Isle Adam, donna la commanderie de Renneville au chevalier Philippe Giraud du Broc, déjà précepteur d'Homps (11), en récompense de la part glorieuse qu'il avait prise à la défense de Rhodes. Ce commandeur traita quelques années plus tard avec la couronne au sujet du droit de haute justice de Renneville, pour mettre un terme à ce partage d'autorité, qui amenait bien souvent des conflits entre les officiers royaux et les chevaliers de Saint-Jean. Par un acte daté du 13 mars 1534, François Ier lui cédait ce droit et en recevait en échange les censives, rentes et oblies que l'hôpital de Renneville possédait au Mas-Saintes-Puelles.

Dès lors, Renneville appartint en entier aux commandeurs qui, malgré cela, furent troublés plus d'une fois dans l'exercice de leur autorité.
J'en citerai comme preuve l'épisode assez singulier, qui se trouve mentionné dans un procès intenté par devant le Parlement par le commandeur François de Panisse Montfaucon contre les consuls. Il s'agissait d'une des prérogatives attribuées aux commandeurs de Renneville, et dont ceux-ci avaient joui depuis lors sans interruption ni conteste: je veux parler du choix des 4 consuls sur une liste de 8 candidats, présentée par ceux qui sortaient de charge. Vers le milieu du XVIe siècle, les habitants voulurent profiter du désordre des guerres civiles pour se délivrer par la violence de cette immixtion de leurs seigneurs dans leurs affaires municipales. Profitant de l'absence du chevalier de Montfaucon, le 13 janvier 1568, ils réussirent à tromper la vigilance des gardiens du château, s'y introduisirent par surprise et, après l'avoir livré au pillage, ils se retirèrent emmenant prisonnier le frère « Grimoard de Marmara », procureur du commandeur et quatre de ses soldats; les mutins poussèrent même l'audace jusqu'à les conduire enchaînés dans les prisons de Toulouse et à les poursuivre devant le Parlement sous l'inculpation d'avoir voulu les opprimer et porter atteinte par la violence à leurs franchises municipales. A la nouvelle de ces méfaits, François de Panisse demanda justice au Roi qui ordonna de le remettre en possession de ses droits et de poursuivre les coupables auteurs de la rébellion

La paix étant rétablie, les habitants ne renouvelèrent plus leurs tentatives pour enlever au commandeur le droit de choisir leurs consuls. Ayant renoncé à l'espoir d'en venir à leurs fins, ils se contentèrent de veiller avec sollicitude au maintien de leurs privilèges. C'est ainsi, qu'en 1645, ils assignèrent devant le sénéchal du Lauraguais le commandeur Jacques de Lancëgue, pour le forcer « à donner, suivant la coutume, à chaque habitant, grand ou petit, le jour de Noël, le repas (defructus) consistant en un pain, un morceau de fromage et du vin, et à offrir, le même jour, à souper aux consuls sortant de charge et à leurs successeurs. »

Les dernières liasses de documents ne contiennent plus que les procès-verbaux des visites de la commanderie, faites pendant les XVIIe et XVIIIe siècles. Nous pouvons y lire la description de la belle et grande église de Renneville, avec la chapelle du commandeur, due aux libéralités du chevalier Philippe du Broc; ils nous montrent « tout à costé de l'esglise, le chasteau du commandeur tout basty en pierres de taille et de forme carrée. » Sa grosse tour carrée fort antienne, haulte, n'ayant an dedans aulcun logement. » Ils nous promènent enfin à travers les membres de la commanderie, Fonsorbes (31), Saint-Sulpice-de-Lézat (de nos jours Saint-Sulpice-de-Lèze 31), Arfonds (81), Puylaurens (81), Marquefave (31), Avignonet (Avignonet-de-Laugarais 11), Soucale (31), etc.
En 1723 les revenus du commandeur étaient de 9927 livres et ses charges de 2615.

Liste des Commandeurs de Renneville.
--------1236. Raymond Aicart.
--------1240. Dominique de Caniac.
--------1253. Raymond Tolsan.
--------1254. Pierre de Cayrane.
--------1258. Pierre de Montbrun.
1265-1270. Bernard d'Aure.
--------1273. Pierre de Tournel.
--------1279. Bernard de Miramont.
--------1282. Pons de Corneillan.
--------1286. Raymond Prévost.
1295-1298. Bertrand de Jucone.
--------1300. Jacques Cigot.
--------1308. Guillaume Sarrade.
1309-1314. Bernard de Villar.
1319-1328. Olivier de Penne.
1335-1398. Bérenger de Gozon.
--------1402. Pierre Bollé.
1406-1410. Bernard d'Arpajon.
1411-1419. Antoine de Montardy.
--------1421. Guillaume de Prunet.
1423-1424. Jean de Laurac.
1437-1473. Bérenger de Castelpers.
1473-1477. Pierre de Garrigues.
1480-1502. Jean de Rolhac, lieutenant du Grand-Prieur.
1507-1512. Jean Salomon.
--------1516. Robert de Pagèze d'Asas.
--------1520. Pierre de Foncelles.
1520-1523. François de Glaudevès.
1523-1545. Philippe du Broc, Receveur du Grand-Prieuré.
1547-1557. Jean de la Vallette Cornusson élu grand-maître en 1557.
1557-1566. François de Doulcet Massaguet, Receveur du Grand-Prieuré.
156S-1570. François de la Panisse Montfaucon.
1576-1593. Pierre de Roquelaure Saint Aubin.
1604-1608. Jean des Comtes de Vintimille.
--------1617. Marianne de Trexemanes Chastuel.
1635-1565. Jacques de Lancègue, prêtre de l'Ordre
1670-1673. Louis d'Estuard de Besaure.
--------1679. George de Castillon Saint Victor.
1689-1694. Philippe d'Alamadd de Chasteauneuf.
1695-1704. François-Louis de Bourbon d'Oraison.
1704-1709. Jacques de George de Taranne.
--------1713. N. de Fontanille.
1714-1726. Joseph de Rolland Réauville.
--------1737. Vincent Sauveur de Collongue Foresta, Grand-Prieur de Saint-Gilles
1742-1745. Jean Jacques R. B. de Roux-Gausbert.
1753-1767. Antoine d'Albertas Saint Mayme. Grand-Commandeur, Grand-Prieur de Toulouse.
1783-1789. N. de Gallean.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse) 1883


Saint-Clar-de-Rivière   (31)

Commanderie de Saint-Clar-de-Rivière
Département: Haute-Garonne, Arrondissement et Canton: Muret — 31


Commanderie de Saint-Clar-de-Rivière
Commanderie de Saint-Clar-de-Rivière


Non loin de Poucharramet, sur la rive gauche du Touch, s'élève la petite ville de Saint-Clar, où les Hospitaliers possédaient, depuis les premières années du XIIe siècle, un établissement qui, peu florissant à son origine, prit dans la suite un considérable développement. Un vieux cartulaire de l'Ordre nous rapporte, en effet, la donation que firent à Gérard et à tous ses confrères de l'Hôpital, Raymond Dox, son frère Bernard, et Adhémar de Garimont « de leur honneur de Saint-Clar limité par des croix, pour en faire une salvetat, des bois, des eaux, des moulins, etc. »

Mais c'est presque la seule trace que nous trouvions de cette Commanderie primitive de Saint-Clar, dont nous constatons cependant l'existence dans les actes des Hospitaliers qui la dirigèrent pendant cette période. Cette Commanderie fut supprimée dans le courant du XIIe siècle et réunie à celle de Poucharramet. Dans la première moitié du siècle suivant, plusieurs donations vinrent accroître considérablement l'importance de l'Hôpital de Saint-Clar. Citons la charte où Urset de Bégonhas et dame Géralde de Saysse, sa femme, cèdent au précepteur Guillaume de Barège, les herbes, les eaux et les bois qu'ils possédaient à Saint-Clar, et surtout celle qui nous montre dame Sarrazine, veuve d'Isnard de Pointis, entrant comme soeur dans l'Ordre de Saint-Jean et donnant à frère Dominique, précepteur de Poucharramet, « le château de Saint-Clar et toutes ses dépendances, hommes, femmes, terres, vignes, bois, maisons, bâtiments, fours, moulins, questes, albergues, dîmes, fontaines, alleux, successions, censés, usages, oblies, droits sur les brebis et sur les fromages, en un mot, toute seigneurie sur le territoire compris entre le Touch, la Sauldrune, Campbernard, Sainte-Foy et Poucharramet (17 février 1242).

De concert avec la généreuse bienfaitrice de sa maison, le précepteur de PoucharrametCommanderie de PoucharrametCommanderie de Poucharramet voulut user des ressources considérables dont il pouvait disposer, pour construire à Saint-Clar, non pas une bastide fortifiée, entreprise très coûteuse, mais une simple ville, protégée contre les ennemis du dehors par sa qualité de lieu d'asile, ou plus sûrement encore par sa position au bord de la rivière et par la force du château qui venait d'être donné à l'Hôpital. C'est dans ce but que le neuvième jour de janvier 1253 fut promulguée une charte de privilèges et de coutumes octroyée par le Commandeur, frère Dominique, et dame Sarrazine, à ceux qui viendraient habiter leur ville de Saint-Clar. La complète similitude, non pas seulement du fond, mais de la forme et même des mots, nous montre que ce document fut calqué presque entièrement sur la charte concédée, en 1152, par Raymond IV aux habitants de Toulouse, et citée dans l'Histoire de Catel. En voici les principales dispositions: Les fondateurs exemptent tous leurs vassaux des droits de queste et d'albergue, interdisent l'entrée de la ville à tout meurtrier, s'engagent à faire transporter pendant l'espace d'une journée de marche les habitants qui voudraient aller s'établir ailleurs, ainsi que tous leurs bagages. Ils fixent ensuite avec beaucoup de soin les tarifs et les règlements du marché de Saint-Clar. Notons-y certaines dispositions préventives contre les désastres de la famine, fléau si fréquent et si redoutable à cette époque; défense à l'agriculteur de vendre tout son blé avant la Toussaint; au revendeur, d'avoir dans sa boutique plus de quatre quartons d'huile ou de noix. Les ordonnances sur la pêche ou la vente des poissons, principale industrie des habitants de Saint-Clar, jouent un grand rôle dans ces coutumes; les pêcheurs devront apporter et exposer leurs poissons sur la place jusqu'à la troisième heure du jour, et, à partir de ce moment, ils pourront le vendre à qui ils voudront; les revendeurs ne devront garder pour leur propre consommation que des saumons et des lamproies, ce qui indique à cette époque une grande quantité de ces espèces dans nos rivières, d'où elles ont presque complètement disparu de nos jours. Le droit d'asile que l'Eglise avait établi sur une si vaste échelle dans la première partie du moyen-âge, et qui avait rendu de si incontestables services à la société, alors que la violence aurait régné en souveraine sans le frein salutaire de la religion, avait donné plus tard naissance à bien des abus. Grâce à l'impunité que les criminels étaient sûrs de se procurer dans l'intérieur de tant d'églises ou de monastères, leur nombre ne pouvait pas manquer de s'accroître d'une façon inquiétante. Dans plusieurs endroits, on avait restreint ce droit d'asile, ou on l'avait réglementé de manière à en diminuer les inconvénients. A Saint-Clar, les fondateurs le suppriment entièrement: « ni l'église, ni le cloître, ni la salvetat ne protègeront plus les assassins ou les voleurs. » Le nombre des malfaiteurs qui infestaient le pays est encore prouvé par la disposition qui assure impunité et même protection à quiconque courra sus « à ces mauvaises gens, appelés couteliers, « qui, armés de poignards, envahissent les maisons pour les dévaliser. »

Le Code de justice criminelle ne nous offre pas de différences sensibles avec ceux que nous trouvons ailleurs; mentionnons seulement l'article par lequel le séducteur d'une jeune fille doit l'épouser ou lui procurer un mari de même rang que lui, s'il est plus noble qu'elle, tandis que, dans le cas contraire, il doit lui fournir une union proportionnée ou, s'il ne le peut, être soumis à un châtiment corporel.
La charte, dans une seconde partie, énumère la portion de terrain donnée par les fondateurs à chacun des habitants de la nouvelle ville et les redevances qu'ils réclamaient d'eux. Elle se termine enfin par la concession des portions incultes ou boisées du territoire à ceux qui les auront défrichées, moyennant les dîmes, les prémisses et l'agrier.

D'après les statuts de l'Ordre, tout ce qu'un précepteur faisait dans ce temps-là n'avait de valeur qu'après avoir été approuvé par le Grand-Prieur de Saint-Gilles. Aussi les habitants de la nouvelle ville de Saint-Clar ne cessaient-ils pas leurs instances auprès de ce dernier pour qu'il assurât par sa confirmation la perpétuité des privilèges concédés. Exauçant leurs désirs et voulant, dit-il, récompenser leur dévouement constant à l'Ordre, Guillaume de Villaret, après avoir soigneusement examiné la charte en question, déclare qu'il y a trouvé un certain nombre d'articles peu conformes à la sagesse et à l'équité et qu'il va les remplacer par d'autres plus profitables soit à l'Hôpital, soit à la ville elle-même. Après quelques modifications, ayant pour but d'assurer la juridiction suprême des Grands-Prieurs, Guillaume de Villaret comble une lacune importante dans les établissements de 1253; c'est la constitution communale de Saint-Clar, qui avait été laissée de côté par ses fondateurs; les habitants éliront directement leurs consuls et leurs conseillers, que le précepteur n'aura qu'à confirmer et dont il recevra le serment d'usage. Cette nouvelle charte fut promulguée dans le chapitre provincial tenu à Toulouse, le dix-huitième jour des kalendes de février 1273 (14 janvier 1274).

Quelques mois après la fondation de la ville, le 29 août 1254, Bernard, « par la grâce de Dieu, comte de Comminges, » se dessaisissait en faveur de l'Hôpital de Poucharramet de tous les droits qu'il avait sur elle; il y mettait pour condition « que les Hospitaliers y entretiendraient à perpétuité un prêtre pour y appliquer ses messes, ses heures canoniques et ses autres prières au repos de l'âme du seigneur comte et des membres de sa famille. »
Saint-Clar fut réuni en même temps que Poucharramet à la commanderie de Boudrac et lui resta adjoint jusqu'à la fin.

Liste des Commandeurs du membre de Saint-Clar.
--------1208. Pierre de Bosvas.
1252-1253. Soeur Sarrasine de Pointis.
--------1306. Raymond Fabre.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Saint-Gaudens   (31)

Domus Hospitalis Saint-Gaudens
Département: Haute-Garonne, Arrondissement et Canton: Saint-Gaudens — 31


Domus Hospitalis Saint-Gaudens
Domus Hospitalis Saint-Gaudens


L'hôpital de Saint-Jean existait à Saint-Gaudens dès l'année 1168; nous voyons, en effet, à cette époque, Yzarn de Saint-Gaudens faire donation à son commandeur, frère Athon des Olmes, de tous ses moulins à vent.
Quelques temps après, les chevaliers de Saint-Jean acquéraient de R. A. de Montpézat, d'Azemar et de ses fils, un emplacement que ces derniers possédaient entre l'Hôpital et les murs de la ville ; Sanche Garsie d'Aure, Prieur de Toulouse, frère Pierre de Solier, Commandeur de Saint-Gaudens et Juliane, humble soeur, s'engagèrent à payer pour cela 80 sols tolsas, plus un cheval estimé 300 sols ; cette vente faite entre les mains de B. de Gabre, viguier de Saint-Gaudens, est datée du mois de décembre de l'année 1190.
Dans le courant du siècle suivant, Roger d'Izarn, bailli ou sénéchal de Saint-Gaudens pour le Comte (de Foix), donna à l'hôpital la faculté de bâtir un moulin sur la Garonne. (Ides de mai 1233).

Possessions Templières de Saint-Gaudens
Au commencement du XIVe siècle, augmenté des biens que les Templiers possédaient dans cette ville ou ses, environs, cet établissement fut réuni à la commanderie de Gavarni, mais vers 1500 cette dernière ayant été fondue dans celle de Boudrac, le membre de Saint-Gaudens fut définitivement réuni à Montsaunès.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse: 1883


Saint-Jean de Toulouse   (31)

Commanderie de Saint-Jean de Toulouse
Département: Haute-Garonne, Arrondissement et Cantons: Toulouse — 31


Commanderie de Saint-Jean de Toulouse
Commanderie de Saint-Jean de Toulouse


Chambre Prieurale: Nous nous conformerons dans cette étude a la disposition des différentes commanderies telle qu'elle existait en 1790.

A côté de l'église de Notre-Dame de la Dalbade s'élevait, dans les premières années du XIIe siècle, un hôpital. C'est là que nous trouvons établi tout d'abord un lieutenant du Prieur de Saint-Jean de Jérusalem, le lévite Gérard, qui, avec quelques autres religieux, prodiguait des soins aux pauvres malades et plus spécialement aux pèlerins. Depuis quand cette fondation existait-elle ?
C'est ce que nous ne pouvons préciser. Est-ce au comte Bertrand, est-ce à Amélius, évêque de Toulouse, que les Hospitaliers durent leur premier établissement dans notre ville ?
Aucun document ne vient éclaircir cette question. Grâce à la faveur dont ils jouissaient auprès de l'autorité épiscopale, ils s'étaient même emparés de l'église de la Dalbade, qui dépendait du prieuré de la Daurade. Les auteurs du « Gallia Christiana » nous introduisent en 1110 dans le cloître de Saint-Sernin, où était réuni le Concile de Toulouse, et où, en présence des nombreux prélats et abbés qui le composaient, Gérard, serviteur et ministre de l'hôpital Saint-Jean de Toulouse, restitue, d'après les conseils de l'évêque Amélius, l'église de Sainte-Marie de la Dalbade à Radulphe, prieur de la Daurade, assisté de Pons, abbé de Cluny, et d'Asquillin, abbé de Moissac.

Bientôt après, de nouvelles donations vinrent compenser pour l'hôpital Saint-Jean la perte que cette restitution leur avait fait éprouver. Plusieurs seigneurs du pays, Toset de Toulouse, dame Guilia, sa mère, dame Poncia, sa femme, Athon d'Adhémar, Pierre Garcin d'Auterive, se réunirent pour donner l'église de Saint-Remy, voisine de la Dalbade, et le dîmaire, qui en dépendait, à l'hôpital de Jérusalem, au lévite Gérard, qui en était le Prieur, et aux autres frères de l'Ordre. Cet acte n'est pas daté, comme il arrive trop souvent à cette époque; mais il contient certaines indications qui vont nous permettre de suppléer à cette omission. Voici, en effet, la traduction de la fin de cette charte: « ... Ces choses furent données devant Amélius, évêque de Toulouse, Arnaud Baymundi, prévôt, Aycard, archidiacre, Arnaud Raymond de Bédous... Donation faite du temps de Louis, roi des Français, de Guillaume de Poitiers, comte de Toulouse, de la comtesse Filippia, sa femme. Charte écrite la quatrième férié du mois de mai par Vitalis »

Or, nous savons que Guillaume IX d'Aquitaine, comte de Poitiers, se fondant sur les prétendus droits que sa femme tenait de son père Guillaume IV, ancien comte de Toulouse, sur des états que ce dernier avait vendu à son frère Raymond, de Saint-Gilles en dépouilla le jeune Alphonse Jourdain, qui se retira en Provence en 1114 ; et qu'il resta paisible possesseur de son usurpation jusqu'en 1119, époque à laquelle les Toulousains se soulevèrent et rappelèrent le jeune comte. La date de l'acte que nous étudions se trouve donc comprise entre les années 1114 et 1119. Deux circonstances du reste nous permettent de la renfermer entre des limites moins éloignées. Nous voyons, en effet, en premier lieu, que parmi les témoins de cette donation figure le prévôt Arnaud Raymundi. Or, le nécrologe de Saint-Etienne nous apprend que ce dernier décéda le 12e jour des kalendes de mai (12 avril 1118). La donation, ayant eu lieu dans le courant du mois de mai, n'a pu donc être faite avant l'année 1117. D'un autre côté, nous savons que la comtesse Philippia s'était retirée selon toute apparence, en 1116 au couvent de Lespinasse, qu'elle avait fondé près de Toulouse et où elle avait établi une succursale de Fontevrault. Son nom se trouvant placé à côté de celui de son mari sur cet acte, elle ne devait pas encore avoir dit adieu au monde. Nous pouvons donc en conclure que la donation de l'église Saint-Remy à l'hôpital Saint-Jean eut lieu entre les années 1114 et 1116.

Amélius, évêque de Toulouse, que nous venons de voir présider à cette donation et que quelques auteurs croient parent de Raymond du Puy, premier Grand-Maître de l'Ordre, favorisait le nouvel établissement de tout son pouvoir et ne contribua pas peu à l'immense accroissement des possessions des Hospitaliers dans son diocèse. Le treizième jour des kalendes d'octobre (19 septembre) de l'année 1121, il accorda à Gérard, lévite, prieur de l'hôpital de Jérusalem de la contrée et aux autres frères de la maison de Saint-Remy, Bernard de Puysieuran, Raymond Humbert, Pierre d'Anduze, Pons de Montlaur, la faculté d'acquérir des fidèles de son diocèse tous les biens tant ecclésiastiques que séculiers qui leur sembleraient utiles à la prospérité du nouvel établissement ; il exempta de plus, sauf dans quelques cas particuliers, tous les hommes habitant sur les terres de l'Ordre des interdits épiscopaux ; il établit une communauté très intime d'intérêts et de prières entre son clergé et les Hospitaliers. De son côté, Gérard donnait à l'évêque et à son Eglise le meilleur homme dans chacune des « Salvetat » de l'Ordre dans le diocèse et sur celle de Léguevin une rente annuelle de 7 sols, payables à la Saint-Thomas. Dans cet acte, le Prieur de Toulouse agit au nom de Gérard, l'ancien Prieur de Jérusalem, qui avait terminé à cette époque sa sainte et utile existence, de Roger qui lui avait succédé, et de Pierre, Prieur de Barcelone. Preuve naïve et touchante de la vénération et de la reconnaissance inspirée à tous, que la pensée d'évoquer dans cette charte le souvenir du saint homme qui venait de mourir et dont la pensée était censée revivre après lui dans les actes des continuateurs de son oeuvre. Constatons enfin l'existence de Roger, le successeur de Gérard, dont la plupart des auteurs qui ont écrit l'histoire de Malte ont négligé de faire mention; malgré le peu de renseignements que nous pouvons avoir sur ce Roger, l'oeuvre qu'il contribua à consolider a trop d'importance pour qu'il ne mérite pas d'être inscrit sur la liste de ceux qui gouvernèrent l'Ordre de Saint-Jean pendant tout le cours de sa longue existence.

Dans la longue série des donations faites à la maison de l'Hôpital de Toulouse, nous pouvons constater que la population tout entière l'entourait de sa bienveillance. Parmi les bienfaiteurs de l'Ordre à Toulouse, nous trouvons, à côté de personnages les plus illustres et les plus puissants, de pauvres artisans qui venaient apporter leur modeste offrande pour coopérer à l'oeuvre dans ce temps-là, si universellement populaire, de la défense de la foi. Dans l'impossibilité d'énumérer toutes ces donations, nous nous bornerons à signaler les plus importantes.

En 1146, nous voyons Alphonse Jourdain, comte de Toulouse, donner à l'hôpital Saint-Remy et à Forton hospitalier, une lande déserte de BlagnacDomus Hospitalis BlagnacDomus Hospitalis Blagnac qui servait de résidence à un ermite du nom de Bernard ; ce dernier accompagna cette donation à l'Ordre, de celle de sa propre personne.

Enregistrons les donations que firent simultanément deux chevaliers issus des races les plus illustres du Midi, Pons de Villeneuve et Arnaud de Boville ; sans doute deux de ces amis comme le moyen-âge en produisait souvent, liés par des serments solennels, inséparables dans la bonne comme dans la mauvaise fortune et qu'on désignait alors sous la poétique appellation de frères d'armes. Le même acte contient la cession de leurs biens à l'hôpital et c'est en même temps que le Prieur Bernard d'Azillain les reçut et leur accorda, selon la formule consacrée l'eau, le pain et l'humble habit de l'ordre.

Les comtes de Toulouse continuèrent à marquer leur bienveillance à l'hôpital par de nouveaux bienfaits. C'est ainsi que nous voyons en 1175 Raymond V donnera Pierre de Saint-André, Prieur, et à tous les habitants de l'hôpital Saint-Jean la faculté de faire bâtir un four dans leur fief, sans exiger aucune redevance de leur part. Cet acte fut passé en présence de Pierre de Toulouse, ministre de la milice du Temple, de Guillaume « Silanus », viguier ; d'Ispaniol, sous-viguier, de Bernard Gavaldan, Pierre de Trôville, Pons du Verger, Arnaud de Cabanes, Bernard de Puysiuran, hospitaliers.
Deux ans après, Raymond V accordait, comme nouvelle faveur à l'Ordre, le droit de pâturage pour leurs troupeaux dans toute l'étendue de ses domaines, exemptait les Hospitaliers de tout droit de péage et de leude dans ses états et autorisait toutes les acquisitions qu'ils pourraient faire à l'avenir.
Pour terminer la liste des témoignages de bienveillance donnés par ce comte à l'ordre de Saint-Jean, citons l'acte par lequel il exempta Raymond Garin, prieur de Toulouse, de toutes les redevances qu'il lui devait pour le dîmage de Saint-Remy, « à la condition de faire brûler un cierge d'une livre devant l'autel de leur chapelle la veille de la fête de Saint-Rémy et d'y faire chanter la messe de la Sainte-Trinité pour que Dieu, la Vierge-Marie et les saints protègent le seigneur Comte de tous maux, lui donnent la victoire sur ses ennemis et la vie éternelle (septembre 1184). »

Toutes ces donations successives avaient accru considérablement les possessions primitives de l'Ordre à Toulouse. Elles comprenaient outre le moulon de Saint-Remy qui s'étendait de la rue de ce nom jusqu'à la Garonne, de nombreux fiefs au-delà de la Porte-Narbonnaise, au Pech-David, au Faletrar. Comme nous le verrons dans la suite, de nombreuses dépendances situées dans la campagne environnante étaient venues accroître l'importance de la maison de l'Hôpital de Toulouse: Saint-Léotaire, Saint-Pierre-de-Salinières, Estaquebiau, la Devèze, Pibrac, Cornebarrieu, etc.

Avant de poursuivre plus loin cette étude qu'on me permette de jeter un coup d'oeil rapide sur les actes les plus importants relatifs à cette période que les archives nous ont conservés à côté des donations et des ventes.
Nous signalerons tout d'abord une discussion qui s'éleva entre les Hospitaliers et les Templiers dont l'établissement s'élevait dans le voisinage immédiat de l'hôpital Saint-Jean, et qui fut terminée par une transaction conclue à l'amiable (vers 1150), entre Bernard d'Azillan, prieur de Saint-Remy et Guillaume de Verdun, maître du Temple de Toulouse.

Par reconnaissance pour les services signalés que la Religion avait reçus de l'Ordre depuis sa fondation, les papes lui avaient concédé successivement un grand nombre de privilèges ecclésiastiques, qui lui donnaient une position presque indépendante de la juridiction épiscopale. Ces faveurs toutes particulières ne tardèrent pas à inspirer des prétentions exagérées aux Hospitaliers et de l'ombrage aux Evêques et au clergé qui ne voyaient pas sans déplaisir cette puissance à demi ecclésiastique prendre un accroissement continuel, malgré leurs réclamations. Aussi la lutte ne tarda-t-elle pas à éclater.

Malgré la décision du concile de 1110 et la restitution que les Hospitaliers avaient faite alors de l'église de la Dalbade au prieur de la Daurade, et grâce sans doute à la protection de l'Evêque Amélius, il paraît que les frères de Saint-Jean avaient renouvelé leur tentative d'usurpation. Mais, après la mort de ce prélat, Guillaume prieur de la Daurade, s'adressa à son successeur, Raymond II de Lautrec, pour obtenir la fin de cet abus. Différentes tentatives furent faites dans ce but, puisque nous voyons Guiscard d'Aymeric, prieur de Saint-Gilles, ratifier en 1140 une transaction conclue à ce sujet entre le prieur de la Daurade et frère Bernard, recteur de Saint-Remy. Mais il ne parait pas que cet arrangement ait eu un résultat définitif et les choses restèrent quelque temps encore dans le même état, lorsque le prieur Guillaume, voyant que l'Evêque n'était pas assez puissant pour lui faire rendre justice, porta directement ses plaintes aux pieds du pape Adrien IV. Celui-ci remit l'affaire à l'arbitrage de l'Evêque de Toulouse et de l'abbé de Saint-Sernin; ces derniers rendirent, le 13 septembre 1158, leur sentence, d'après laquelle le prieur de Saint-Remy dût remettre l'église contestée entre les mains de celui de la Daurade, en faisant quelques réserves en faveur des Hospitaliers. Les deux parties acceptèrent ce concordat et promirent de le faire approuver par leur supérieur et par le Pape.

Deux ans après (1er avril 1160) l'Evêque Raymond II, à la prière du pape Alexandre III et de Guiscard, prieur de Saint-Gilles, accorda au prieur de Saint-Remy la permission d'avoir près de son église un cimetière destiné à la sépulture de tous ceux qui seraient vraiment frères de l'Ordre et porteraient la croix sur leurs vêlements, ainsi que de leurs écuyers et leurs serviteurs, mais il était défendu d'y enterrer des fidèles des quatre paroisses de la ville, savoir: Saint-Etienne, Notre-Dame-de-la-Daurade, Saint-Sernin et Saint-Pierre-des-Cuisines.

La famille des Villeneuve avait parait-il, certains droits sur la portion de la ville où se trouvait l'hôpital de Saint-Jean. Nous voyons en effet en 1165 Adalbert de Villeneuve, sénéchal de Toulouse, appelé à mettre fin à une discussion survenue entre Guiraud de Corneilian, prieur de Saint-Remy et Pons de Villeneuve qui contestait la validité de la donation de Toset de Toulouse, mais dont les prétentions furent écartées par le tribunal. Cette sentence mit fin à ces discussions et l'année suivante nous voyons le même Pons de Villeneuve et dame Mabriane sa femme, léguer par leur testament à l'hôpital un droit d'albergue pour 6 hommes et un sergent, qu'ils avaient sur le dîmaire de Saint-Remy. Depuis cette époque les membres de cette noble maison ne cessèrent d'être les protecteurs de l'Ordre de Saint-Jean qui compte un de leurs descendants parmi ses plus illustres Grands-Maîtres.

Les différends entre les Hospitaliers et les Bénédictins de la Daurade, apaisés pour un temps par la sentence de 1158, ne tardèrent pas à se renouveler sous une autre forme. Le prieur de la Daurade se plaignit de l'ensevelissement de plusieurs de ses paroissiens de la Dalbade dans le cimetière de Saint-Jean. L'affaire fut portée devant l'Evêque de Toulouse, l'abbé de Saint-Sernin et le Prieur de Saint-Pierre-des-Cuisines, qui donnèrent raison au plaignant et l'autorisèrent même à faire exhumer ceux qui à l'avenir y seraient indûment ensevelis. Ce fut sans-doute pour se venger de cette sentence que le Prieur de Saint-Remy, Pierre d'Alsen, fit comparaître devant ces mêmes arbitres quelques frères Hospitaliers et plusieurs autres témoins, qui affirmèrent sous la foi du serment que les nouveaux fondements de l'église de la Dalbade dont on venait de poser la première pierre, étaient creusés en partie dans le terrain de l'Hôpital. C'était une sorte de pierre d'attente pour toutes les discussions qui pourraient surgir dans la suite entre les deux puissances rivales.

Nous voici arrivés aux portes du XIIIe siècle, qui devait être pour notre pays une ère de calamités et qui, après de longues et cruelles luttes, devait voir tomber le comté de Toulouse, et cette puissante autonomie absorbée à son tour dans cette immense unité française que la royauté était en train de constituer. Quand, vaincu à la bataille de Muret, Raymond VI fut obligé d'abandonner pour un temps ses états qu'il ne pouvait plus défendre et de se retirer à l'étranger, Toulouse, devenue la proie des vainqueurs, fut traitée, malgré les promesses de Simon de Montfort, en ville conquise et eut à passer de longs et cruels moments pendant lesquels, livrée sans ressources au pillage et aux désordres de toutes sortes, elle devait sentir vivement et son malheur actuel et sa splendeur passée.
Les archives du Prieuré, quoique presque muettes sur ces quatre années de la domination étrangère, (1213-1217), nous en racontent pourtant quelques épisodes qui nous disent les désolations que Toulouse eut à subir alors. Nous trouvons, par exemple, un acte qui nous apprend que le troisième samedi de février de l'année 1217, une troupe de gens armés, commandés par Bernard-Raymond Affre, Pierre de Saint-Martin et Arnaud Aldebert, pénétra dans l'église Saint-Remy et surprit les frères qui ne purent s'opposer à son entreprise audacieuse. Après avoir forcé les portes, les assaillants se précipitèrent dans la sacristie, où étaient renfermées les archives, but de leur expédition; là, sans être arrêtés par les protestations d'Arnaud de Cabanes, précepteur de l'hôpital et des autres frères qui invoquaient la protection de Dieu, de la Vierge Marie, de la sainte Eglise, du seigneur Comte et des Capitouls, ils enfoncèrent les portes des coffres où étaient entassées toutes les chartes de l'établissement, et, après en avoir enlevé le testament de Pons de Saint-Martin qu'ils devaient avoir intérêt à faire disparaître, ils se retirèrent avec leur prise. Cette agression est attestée par les frères et par plusieurs autres témoins oculaires.

Voici un second témoignage, assez bizarre, des troubles du temps que nous rencontrons dans les archives. La rédaction d'un acte de 1213 avait été confiée à un certain Bernard de Puysiuran, mais ce dernier, qui s'était compromis en faveur de Simon de Montfort, surpris par la rentrée du comte Raymond dans sa fidèle capitale en 1217, ne s'y crut pas en sûreté et prit le parti de s'enfuir, sans prendre le temps d'achever la phrase qu'il avait commencé à écrire (on voit que la fin en a été tracée par une autre main et avec une encre différente). Il fut déclaré par les Capitouls ennemi du comte Raymond et de toute la ville de Toulouse et remplacé pour la rédaction de la fin de l'acte par un notaire de la cité, Guillaume de Saint-Pierre.
« Ce document est encore précieux en ce qu'il nous donne les noms des dix-huit Capitouls de la ville et du faubourg pour l'année 1218, liste qui manque dans nos annales capitulaires, malgré les services que ces magistrats rendirent à leurs concitoyens; ce sont: Pons de Castelnau, Arnaud de Villeneuve fils de Jourdain, Oldric de Gameville, Pierre de Roaix, Bernard-Raymond Borrens, Arn.-Guillaume Pilet, Etienne de Devèze, Pons de Morlas, maître Bernard-Raymond d'Escalquens, Etienne de Courtesole, Raymond Bérenger, Embrin, Bern -Raymond Aster, Bernard Signarii, Pierre-Guillaume de l'Ort, Hugues Jehan, Arnaud Mancip. »

Nous avons déjà fait observer dans le chapitre précédent que les Hospitaliers se montrèrent pendant toute cette période sympathique à la cause des Toulousains.
Nous voyons en effet le comte Raymond conserver avec les religieux de l'hôpital Saint-Remy des relations non interrompues. C'est vers eux qu'il se tournait dans les moments difficiles; c'est de leur entremise qu'il se servait pour tâcher par des donations de gagner la protection du ciel et de protester de la sincérité de sa foi. Le 20 septembre 1209, en partant pour Rome, où il allait porter ses protestations et ses plaintes contre l'acharnement de ses ennemis, il avait légué, dans le cas où il ne reverrait pas ses états, aux Hospitaliers et aux Templiers tout le blé et tout le vin qui auraient été recueillis cette année-là sur ses domaines, pour être distribués aux pauvres par leurs soins, il donnait de plus, comme gages de sa bienveillance, aux premiers son jeune cheval et aux seconds son armure et son dextrier de bataille.
En 1218, pendant le siège de sa capitale, sentant le besoin d'implorer le secours d'en haut, il fît, en présence de Bertrand comte de Comminges, de Dalmace de Creissel, de Roger-Bernard (de Foix), de Raymond de Recalde, un nouveau testament par lequel il laissait tous ses états à son fils Raymond et faisait aux Templiers et aux Hospitaliers de Toulouse des legs analogues à ceux du testament précédent (29 mai 1218).

Le 5 juillet de la même année, devant la porte de l'église Saint-Jean, se présentait le vieux comte, entouré de ses plus fidèles vassaux, Dalmace de Creissel, P. de Recalde, Déodat d'Alaman, Aribert son chapelain: « ..; Touché à la vue des bienfaits que l'Ordre de l'Hôpital répand dans le sein des pauvres et tremblant à la pensée du dernier jugement; Raymond se donne à Dieu, à la bienheureuse Marie sa mère, à saint Jean et à l'hôpital de Jérusalem, donation qu'il ne fait que renouveler l'ayant déjà faite depuis longtemps, est-il dit dans l'acte; il demande à Arnaud de Cabanes précepteur de la maison de Toulouse, de le recevoir pour frère et de lui promettre une sépulture parmi eux après sa mort. Malgré l'excommunication lancée contre ce malheureux prince, le frère de Cabanes n'hésita pas à lui octroyer ses demandes, au nom de Bertrand, prieur de Saint-Gilles et le rendit participant de tous les biens spirituels et temporels de l'Ordre en-deçà et au-delà des mers. »

Quelques années après, en 1222, quand Raymond VI eût enfin vu des jours plus tranquilles et que, retiré dans sa capitale, il cherchait à lui faire oublier par son gouvernement paternel les maux de la guerre, une maladie subite vint le saisir, ne lui laissant pas même l'usage de la parole pour se réconcilier avec l'Eglise qui l'avait expulsé de son sein. Toutefois les Hospitaliers accoururent autour du lit d'agonie de celui qu'ils considéraient comme frère de leur Ordre; ils le recouvrirent de l'humble habit de l'hôpital, comme pour le défendre de l'accusation d'hérésie portée contre lui; et il expira en baisant avec ferveur la croix blanche cousue sur son manteau d'Hospitalier. Ils emportèrent son corps dans leur hôpital de Saint-Remy, suivant le voeu qu'il avait exprimé. Après que tous les efforts faits par Raymond VII pour obtenir à son père les honneurs de la sépulture ecclésiastique eurent échoué, les chevaliers de Saint-Jean n'oublièrent pas la bienveillance que ce prince leur avait toujours témoignée pendant sa vie, et donnèrent au milieu d'eux un asile à ces restes qui ne devaient pas reposer dans la terre bénite d'un cimetière.

Son fils Raymond VII continua la tradition paternelle à l'égard de l'Ordre de Saint-Jean. Après avoir confirmé en 1222 à Emmanuel, Grand-Prieur de Saint-Gilles les privilèges accordés aux Hospitaliers par ses ancêtres, il fit octroyer par Bringuier de Prinilhac, viguier de Toulouse, au prieur Guillaume de Barèges et à frère Jacob, précepteur de l'hôpital Saint-Remy, l'autorisation de démolir leur four, pour le reconstruire dans quelque endroit de leur fief qui leur serait plus favorable. Cette charte fut concédée le 8 mai 1243, « au château Narbonnais, dans l'église Saint-Michel », en présence de Bertrand, frère du comte Raymond, Sicard d'Alaman, Pierre de Toulouse, Arnaud d'Escalquens, etc.

Quoique moins fréquentes que dans le siècle précédent, des donations importantes venaient encore de temps à autre augmenter l'importance de l'hôpital Saint-Jean de Toulouse. Nous nous contenterons de mentionner les suivantes: en 1240, Bertrand de Comminges, mari de dame Blanche d'Hunault de Lautar, demande par son testament à être enterré parmi les Hospitaliers de Toulouse et leur lègue son cheval de bataille, l'armure de son corps et de son cheval, « tant en fer qu'autrement, comme il convient à un chevalier d'être armé pour être employé outremer au service de Jésus-Christ. »
Quelques années plus tard nous voyons Mancip de Toulouse et Pierre de Toulouse son frère, Bernard de la Tour de Laurac, Raymond Barravi, Odon de Noé et plusieurs autres seigneurs faire cession à Pierre de Cayranc, prieur, à Bertrand de Fraxine, précepteur de Toulouse, d'un établissement de bains, situé au port de la Dalbade et allant de la route hors des murs de la ville jusqu'à la Garonne (1246).
Mais la donation la plus importante est celle que Gui de las Tours, chevalier, et dame Mabriane, sa femme, fille de Guillaume de Gameville, firent, le 8 janvier 1261, à Dieu, à l'hôpital, à Pierre de Montbrun, vice-prieur de Toulouse, « de leurs corps, de leurs âmes », de tous les biens qu'ils possédaient dans la ville ou les environs, à Cugnaux, à Léguevin, à Pibrac, de leur forteresse de Gameville, de leur fief de Saint-Etienne de Verfeil, avec leurs hommes, leurs femmes et tous les droits qui y étaient attachés.

Un procès survenu en 1301, entre le précepteur et la chapitre de Saint-Etienne au sujet de la procession de la Fête-Dieu, nous apprend, entre autres détails, que le curé de la Dalbade et son clergé devaient marcher sous la croix et l'étole du recteur de Saint-Jean, dans les actions publiques et notamment dans les processions du patron de l'Ordre et du Corpus Dei et que l'église de Saint-Jean était considérée alors comme la principale de la paroisse et comme la cinquième de la ville, à cause, soit de son ancienneté, soit de sa dignité prieurale.

Tel était l'état prospère de la maison de Toulouse lorsque la chute de l'ordre du Temple et l'érection du Grand-Prieuré de Toulouse vint en accroître si notablement l'importance.

Le château-fort qui s'élevait auprès de l'église de Saint-Remy devint la résidence des Grands-Prieurs quand ils étaient sur le continent, et les dépendances de l'hôpital de Toulouse, augmentées de celles du Temple de cette ville, formèrent leur apanage primitif. La chambre prieurale de Toulouse se composa donc dans le principe de ce que les deux Ordres possédaient dans la ville ou dans les environs, à Cugnaux, Larramet, Léguevin, Pibrac, Larmont, La Devèze, Pompertuzat, Verfeil, Fonsorbes, etc.
Dans la suite plusieurs modifications, que nous aurons l'occasion de signaler, dans le courant de cette étude, furent apportées dans l'étendue de cette circonscription de l'ordre.

En poursuivant l'étude des archives de la maison de Saint-Jean de Toulouse, nous rencontrons le récit d'un épisode assez singulier des troubles qui agitaient l'Europe et surtout la France au commencement du XVe siècle. Un grand personnage de la ville, Etienne de Montigny (nous n'avons pu découvrir de quelles fonctions il était revêtu; il n'en est pas fait mention dans les archives et son nom ne figure dans aucune annale de l'époque), avait, paraît-il, des griefs personnels contre l'Ordre de Saint-Jean et, comme tant d'autres, profita de l'absence complète d'autorité où la guerre et la démence du roi Charles VI avaient réduit le royaume à cette époque, pour se livrer à son ressentiment. Sans tenir compte des anciens privilèges qui exemptaient les religieux de Saint-Jean de se rendre aux cérémonies publiques, il envoya, au mois d'août 1408, son commissaire, « maistre Bernard Jehan », au Prieuré, intimé au recteur « frère Gérart », et à tout le couvent l'ordre de se rendre en procession, croix en tète, à l'église Saint-Etienne, pour y ouïr la publication des lettres royaux de Charles VI au sujet de la « neutralité (Par l'acte de neutralité Charles VI déclarait qu'on n'obéirait en France ni au Pape de Rome, ni à celui d'Avignon (mai 1408). »

Le recteur, après avoir exposé ses privilèges, répondit qu'il en référerait au chapitre des Frères de la maison. Mais sans attendre leur réponse, le vendredi suivant, maistre Bernard Jehan revint à la charge, accompagné cette fois d'une douzaine de sergents, pénétra dans la maison, fondit sur le recteur qu'il aperçut dans le cloître, « auquel a cimetière et lieu de franchise et immunité, mist la main à luy injurieusement et s'efforça de le mener en prison et extraire de la maison. » Effrayés de cette première attaque et n'ayant aucun secours à implorer, les Hospitaliers se rendirent auprès de leur ennemi et tâchèrent de l'apaiser en promettant de se rendre à Saint-Etienne suivant ses ordres, ce qu'ils exécutèrent en effet ponctuellement. Mais cette soumission ne faisait pas le compte de Montigny qui ne trouvait pas sa victoire assez grande, ni l'humiliation des Hospitaliers suffisante; sans chercher d'autres prétextes, il organisa une nouvelle expédition contre eux. Par son ordre, le lundi après la Toussaint, le sous-viguier de Toulouse revint au Prieuré avec plusieurs sergents, ils trouvèrent le recteur debout sur la porte de son église. N'osant se rendre coupables d'un nouveau sacrilège en exerçant leurs violences dans l'enceinte sacrée, « ils y entrèrent comme s'ils voulsissent Dieu prier, et quant ils furent dedans icelle esglise vindrent par derrière le dict recteur et par force le boutèrent hors de la dicte esglise, lui firent plusieurs griefs et oppressions et s'efforcèrent de le mener en prison... »

Pendant ce temps, Etienne de Montigny, à la tète d'une autre troupe de sergents avait envahi le couvent par un autre côté, il y fit arrêter tous ceux qu'il y trouva, trois frères et cinq serviteurs ou « donnats »; il fit conduire ces religieux enchaînés entre deux files de sergents, depuis le Prieuré de Saint-Jean jusqu'au lieu « de la salle Neuve (au Palais de Justice), où il y a grant distanre et les fist emprisonner en dures et obscures prisons, ès quelles on a accoustumé mètre les accusés des caz criminelz. » Ils y restèrent détenus pendant 31 jours; durant tout le temps de leur captivité, Montigny avait placé 18 sergents en garnison au Prieuré qu'ils traitèrent tout à fait en pays conquis, enfonçant les coffres des frères et pillant tout ce qui leur tombait sous la main, l'or, l'argent et jusqu'aux vases sacrés. Le procès-verbal de cette agression fait remarquer que, pendant l'emprisonnement des Hospitaliers, « ou grant vitupère de Dieu furent les portes de la dicte esglise tenues fermées. telement que personne ne y ala cependant faire oraison ne offrande, jà soit ce qu'il y ait grant pèlerinage en l'onneur de monseigneur Saint-Jehan... »
Après quoi Montigny fit « apeler à ban et bannir du royaulme... » Le recteur et quatre autres religieux, sans aucune accusation pour motiver cette sentence, et exigea que le trésorier payât comme rançon du Prieuré 30 écus aux sergents qui l'occupaient.

A la nouvelle de ces actes inqualifiables, le Grand-Prieur, Raymond de Lescure, réclama hautement justice et satisfaction « pour le grand esclande et lésion de justice et injures de la religion. » Il obtint des lettres de Charles VI (9 mai 1409), qui enjoignait aux sénéchaux de Toulouse et de Carcassonne, au viguier de Toulouse et à leurs lieutenants d'instruire secrètement cette affaire et de sommer ensuite « à haulte voix et à son de trompe Etienne de Montigny et ses complices à comparaître devant le présent parlement et qu'il leur soit faict un bon et brief accomplissement de justice. »

Ce fut dans cette maison de Saint-Jean que le Grand-Prieur Bertrand d'Arpajon offrit, en 1440, l'hospitalité à son compatriote Jean, vicomte de Lomagne, capitaine général pour le roi en Languedoc et en Aquitaine; ce fut aussi dans la salle d'honneur, située au centre du donjon des Hospitaliers, que ce seigneur convoqua le 12 avril de cette année, Bertrand de Nogaret, juge-mage de Toulouse, Etienne Nogaret, viguier, Guillaume de Flambard, sous-viguier, pour leur communiquer les lettres patentes par lesquelles Charles VII destituait de sa dignité de sénéchal Jacques de Chabanes, coupable d'avoir été l'un des chefs de la conspiration tramée contre lui par les princes du sang et le Dauphin lui-même, et nommait à sa place Galaubias de Panassac.

Des deux buts de l'Ordre, l'hospitalité envers les pèlerins et la guerre contre les infidèles, le premier avait été complètement absorbé par le second. Si les Hospitaliers offraient encore leurs asiles aux pauvres malades, à défaut de pauvres pèlerins, c'était pour ne pas rompre complètement avec la tradition primitive; mais leurs occupations guerrières leur laissaient peu de temps à consacrer aux soins de la charité chrétienne. Aussi l'hôpital Saint-Jean de Toulouse était-il à cette époque tombé déjà depuis longtemps dans un presque complet délaissement et ne jouait-il qu'un fort petit rôle dans une ville où pullulaient les établissements de ce genre. Mais auprès de l'hôpital en décadence, nous pouvons signaler vers la fin du XVe siècle l'existence d'une nouvelle institution, établie depuis peu dans la maison prieurale de Toulouse. Dû à la générosité de quelques-uns des Grands-Prieurs, le collège de Saint-Jean, que nous voyons mentionné alors pour la première fois, devait fournir l'entretien et l'instruction pendant 6 années à 4 escholliers ou collégiats. Ces derniers étaient soumis au choix des Grands-Prieurs, qui décidaient de leur admission ou de leur exclusion.

Outre l'église prieurale de Saint-Jean, il existait encore, adossée à l'établissement des chevaliers, une petite chapelle ou plutôt un simple oratoire. Ce fut là que se passa, dans les dernières années du XVe siècle, un événement étrange qui occupa pendant quelque temps l'opinion publique de Toulouse. « Les détails que je vais donner sont extraits d'un mémoire lu a l'Académie des sciences de Toulouse, par M. Belhomme, ancien archiviste du département. »

Dans les premiers jours du mois de juillet 1497, le bruit se répandit dans la ville qu'un miracle s'opérait dans cette chapelle, que le Christ placé sur l'autel suait et pleurait comme s'il était animé. Aussitôt la foule d'accourir, avide de contempler ce prodige. Il semblait, en effet, que, des yeux de la sainte image s'échappassent d'abondantes larmes. A cette vue, la population est saisie d'un enthousiasme tout méridional et l'enquête rapporte qu'on entendait de tous côtés des femmes s'écrier en levant les bras au ciel: « Garatz ! Garatz ! Que lo sanct crucifix semble que ploure !... « Semble que clugne l'huel !... Senher Dieu !... miséricorde ! Vos ques a la semblansa d'aquel ques laïsus ! »; « Voyez ! Voyez ! Le saint crucifix ! Il semble qu'il pleure ! Il semble qu'il cligne l'oeil. Saigneur Dieu ! Miséricorde, vous qui êtes à la ressemblance de celui qui est au ciel ! »

L'archevêque de Toulouse, Hector de Bourbon, averti du prodige, envoya pour le constater l'official, Antoine de Sabonière. L'enquête minutieuse faite par ce dernier amena la découverte de la cause naturelle du prétendu miracle. La chaleur du luminaire qui brûlait aux pieds de la croix avait fait fondre certaines substances résineuses qui avaient été employées dans la confection de la figure du Christ et qui en découlant sous formes de gouttes le long du corps avaient produit une illusion complète. Après avoir expliqué au peuple les causes de sa méprise, l'official, pour faire tomber la croyance à ce faux miracle, ordonna de couvrir le crucifix en question d'un voile et de fermer la chapelle jusqu'à nouvel ordre. Quelques jours après, devant l'attitude de la population qui, peu convaincue par les explications du phénomène, croyait au miracle et s'était fait ouvrir les portes de la chapelle, l'official fit transporter le crucifix derrière le choeur, dans l'église Saint-Etienne, et décréta la fermeture définitive de l'Oratoire, malgré les réclamations du recteur de Saint-Jean.

Pendant que le grand drame du siège de Rhodes se déroulait au delà des mers, le Prieuré de Toulouse continuait sa tranquille existence troublée de temps à autres par quelques tentatives des employés du fisc municipal pour prélever des tailles sur les biens des Hospitaliers. C'est surtout du maintien des privilèges de l'Ordre que nous voyons le plus généralement occupés les trésoriers ou les chapelains chargés de l'administration en l'absence des chevaliers. C'est ainsi qu'en 1523, lorsque la procession de la Dalbade faite à l'occasion des prières publiques ordonnées pour la paix et pour le roi, se présenta pour passer dans la collégiale Saint-Jean, le recteur de cette église vint, au nom des privilèges de l'Ordre, en défendre l'entrée; il fallut négocier sur place et ce ne fut que sur la promesse solennelle des paroissiens de ne plus recommencer et de respecter à l'avenir les exemptions accordées à cet établissement, que le recteur fit ouvrir les portes et consentit à ne pas s'opposer pour cette fois à la station demandée.

Une discussion analogue se produisit encore quelque temps après. La reconstruction de l'église de la Dalbade venait d'être terminée et sa consécration devait être faite par Messire Laurens Allemand, évêque de Grenoble et abbé de Saint-Sernin, en l'absence du Cardinal de Chastillon archevêque de Toulouse. Le jour de la cérémonie était fixé au 6 mai 1548. La veille, Maître Jean Daigua, avocat-général du roi et ouvrier (fabricien) de la Dalbade vingt requérir frère Dominique de Bigorre, recteur de Saint-Jean, d'autoriser l'évêque consécrateur à passer dans le terrain des Hospitaliers pour faire le tour extérieur de la nouvelle église, partie nécessaire de la cérémonie du lendemain. Le recteur ne céda qu'après de longs pourparlers et après avoir fait déclarer par acte public le maintien des exemptions de l'Ordre par rapport à la juridiction ecclésiastique.

Nous avons déjà constaté plus haut l'amoindrissement successif de l'Hôpital Saint-Jean de Toulouse; au commencement du XVIe siècle, il cessa d'exister. Frappés de l'inconvénient que pourrait présenter le nombre de ces établissements charitables répandus dans les différents quartiers de la ville, les Capitouls obtinrent le 25 février 1524, un arrêt prescrivant la réunion à l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques, de la plupart de ces hôpitaux. Parmi ces derniers, se trouvaient ceux du Temple et de Saint-Jean.

D'après les statuts, les Grands-Prieurs devaient résider habituellement au siège de l'Ordre, où ils formaient le conseil du Grand-Maître. Mais comme tant d'autres, cette prescription était souvent méconnue, surtout depuis que la guerre contre les infidèles s'était ralentie. Ces dignitaires quittaient fréquemment le rocher de Malte pour venir faire de longs séjours sur le continent. Ceux de Toulouse ne tardèrent pas à s'apercevoir que leur sombre demeure, dominée par son fier donjon, avait trop l'air d'une citadelle. Cet aspect guerrier, dépourvu de toute ornementation, qui allait si bien pour l'habitation des rudes chevaliers du moyen-âge, n'avait plus alors sa raison d'être.

Les chevaliers du XVIIe siècle trouvaient, sans doute, qu'ils étaient fort incommodément logés dans ces vastes salles voûtées, où le jour ne pénétrait qu'avec parcimonie; ils se dirent qu'ils pourraient facilement se passer, et du cloître pour se livrer à leurs méditations pieuses, et de l'enceinte crénelée pour se défendre. Aussi les voyons-nous occupés sans relâche à détruire les anciens bâtiments pour élever à leur place un hôtel prieural bâti dans le goût de l'époque. Vers 1630, le Grand-Prieur, Georges de Castellane d'Aluys, avait dû commencer les restaurations de l'intérieur, et notamment de la chapelle, sur le portail de laquelle on pouvait voir naguère « son écusson de gueules au château ouvert crénelé et sommé de trois tours d'or, maçonnées de sable. »
En 1668, un de ses successeurs, Antoine de Robin-Granson, avait fait démolir tout l'ancien bâtiment qui s'étendait entre l'église de la Dalbade et celle de Saint-Jean. A la place occupée par le vieil édifice, l'habile architecte J.-P. Rivalz fut chargé d'élever l'hôtel prieural qui existe encore et dont les formes simples et élégantes sont sans contredit un spécimen fort remarquable des constructions de cette époque. Mais cette entreprise ne fut pas menée à terme sans encombre. MM. « les ouvriers de la grande table de l'Oeuvre de la Dalbade » soulevèrent plusieurs fois des difficultés sur des questions de mitoyenneté. Un arrêt du Grand-Conseil vint les trancher, en prescrivant, pour empêcher le renouvellement de contestations entre les deux parties, que « les ouvriers de la Dalbade seront tenus de donner chaque dimanche de l'année le pain bénit à l'église de Saint-Jean et que le prédicateur de la paroisse ira y prêcher le 27 décembre, jour de la fête du patron de l'Ordre » Cette construction fut terminée en 1685, par les soins de François-Paul de Béon, qui avait succédé à Antoine de Robin. Ces deux prieurs avaient, du reste, généreusement contribué de leurs deniers à cette entreprise, ainsi que le constatent les rapports des commissaires nommés par les chapitres provinciaux pour vérifier les comptes du Prieuré.

En 1663, le Grand-Prieur de Granson s'était occupé à réformer le régime intérieur de l'hôtel prieural, pendant qu'il en reconstruisait les bâtiments. Il traita avec les collegiats, à l'entretien desquels les Grands-Prieurs étaient obligés de pourvoir, et se déchargea de leur nourriture, moyennant une rente de « 184 livres, 12 pagelles de bois et 200 fagots. » Il se débarrassait ainsi « de deux domestiques, savoir: d'un sommelier et d'un cuisinier et d'une infinité de plaintes, tant pour le peu d'assiduité que les dicts officiers avaient à bien administrer la pitance, qu'à cause du vin qui la plupart du temps était tourné ou moysi, ce qui produisait bien du chagrin de part et d'autre. »

Dans la suite nous ne trouvons à noter que les discussions survenues entre les Collegiats de Saint-Jean et les Oratoriens de la Dalbade, au sujet de l'enterrement des chevaliers; une transaction fut conclue entre eux; on arrêta que, lorsqu'un membre de l'Ordre serait malade ou viendrait à mourir dans la maison de M. le Grand-Prieur, le curé de la Dalbade n'aurait rien à voir dans l'administration des sacrements, ni dans l'enterrement qui se ferait dans l'église Saint-Jean; tandis que, si l'Hospitalier venait à mourir hors de la maison prieurale, le clergé de la paroisse ferait la levée du corps, à laquelle assisteraient les prêtres Collegiats sans leurs étoles, le conduirait à la porte de l'église Saint-Jean, où les chapelains de l'Ordre chanteraient l'office et feraient le reste de l'enterrement (1692).

Les Grands-Prieurs de Toulouse et les principaux chevaliers étaient ensevelis, quand ils mouraient sur le continent, dans la chapelle Saint-Jean. Lors de la démolition de cette dernière, on a transporté au Musée ces tombes et ces pierres sépulcrales. Nous citerons entre autres un tombeau du XIIIe siècle bien orné, et où l'écusson « chevroné à 7 pièces » n'a pas été suffisant pour nous indiquer le personnage à qui il fut destiné. On y voit aussi les pierres tombales de Charles de Roquefort-Marquein, général des galères de la religion et Grand-Prieur de Toulouse, et de Joseph de Chalvet, commandeur de Rayssac et receveur du Prieuré.

L'hôtel des Grands-Prieurs a été depuis transformé en un vaste entrepôt de draps. Sa grande tour carrée, dont nous avons eu plusieurs fois l'occasion de parler dans le courant de cette étude, sombre donjon à quatre étages, surmonté d'une double galerie de créneaux et d'un pinacle au-dessus duquel s'élevait une grande croix fut démolie en 1813. L'église de Saint-Jean, partie la plus ancienne de cet établissement, eut le même sort en 1839. Les propriétaires de l'hôtel firent hommage au Musée de Toulouse de quelques portions remarquables de cet édifice, entre autres du tympan de son portail avec son chrisme élégant et son inscription du XIIe siècle.

En 1841, les chevaliers de Saint-Jean, qui existaient encore à Toulouse, ont obtenu l'autorisation de recueillir les restes de leurs devanciers, disséminés au milieu des ruines et des tombes fracassées. Ils les ont fait ensevelir dans une chapelle de l'église de la Dalbade. Un monument en marbre, placé au fond de la chapelle, porte l'inscription suivante composée par M. le marquis de Castellane, pour conserver le souvenir de cette translation.


D. 0. M.

AETERNAE MEMORIAE
EQUITUM SACRAE DOMUS HOSPITALIS
SANCTI JOHANIS HIEROSOLYMITANI
PIETATE NECNON ET ARMIS ILLUSTRIUM
DEFUNCTORUM TOLOSAE
EMERITOS, CHRISTIANE, VENERARE CINERES
INFELICITATE TEMPORUM SEPULCRO ORRATOS,
QUI DEMUM,
HING IN SANCTA ECCLESIA
DEIPARAE VIRGINIS MARIAE DEALBATAE
RECEPTI
TUTISSIMUM INVENERE PRAESIDIUM.
EQUITES QUI SUPERSUNT
ET EXTERNI CONSANGUINEI INVICEM,
SACRAE HIEROSOLYMIANAE SODALITATUS
MILITES
RURSUS CONDI ATQUE PONI CURAVERUNT,
PRAESIDE ET SACRIS PERFUNCTO DD. P. TH. D'ASTROS.
ARCHIEPISCOPO TOLOSANO
ANNO DOMINI MDCCCXLI.



De nos jours l'ancien établissement des chevaliers a reçu une affectation plus en rapport avec sa destination primitive. Monseigneur le Cardinal Desprez l'a acheté pour y établir les cours des différentes facultés de l'Université Catholique de Toulouse et la résidence du recteur de cette dernière. Dans notre siècle, ce n'est plus seulement le Saint-Sépulcre que l'ennemi du Christ veut arracher à la chrétienté. C'est son existence même qu'il menace, c'est sa mission divine d'enseignement qu'il veut anéantir. Comme les Pontifes du moyen âge, nos Evêques se sont levés pour dénoncer le péril et prêcher cette nouvelle et formidable croisade. Ils sont bien les dignes successeurs des chevaliers, ceux qui ont déclaré la guerre sans trêve ni merci à la révolution doctrinaire et triomphante. Ils lui disputent pied à pied les âmes de nos enfants, dont on voudrait chasser Dieu pour les asservir ensuite sans obstacle.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883

Hôtel des Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem — La Drac, 32, Rue de la Dalbade
Lieux d'histoires ...Acquis par le ministère de la Culture et Communication en 1996, l'Hôtel des Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem fait depuis cette date l'objet d'investigations scientifiques, réunissant chercheurs de toutes disciplines (archéologie, anthropologie, archives, histoire, histoire de l'art) chargés d'en enrichir l'historique.


Hôtel des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem
Hôtel des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem — Sources: La Drac


Les fouilles réalisées en 2003 — 2004, à l'emplacement du parking souterrain de l'Hôtel Saint-Jean, ont mis au jour un vaste bâtiment construit au cours du 1er siècle de notre ère. Réaménagé à la fin de l'Antiquité, au cours du IVe siècle, puis détruit. Vers l'An Mil, on trouve à son emplacement plusieurs silos voués au stockage de denrées agricoles.

En 1986 et 1990, une grande partie des bâtiments du XVIIe siècle est classée ou inscrite au titre des Monuments Historiques, et en 1996, le ministère de la Culture et de la Communication devient propriétaire et confie la maîtrise d'ouvrage à la société Munvez-Castel-Morel pour la rénovation, avec Bernard Voinchet, architecte en chef des monuments historiques.

Dans le projet de restructuration ont été associés trois artistes contemporains, Cécile Bart, Stéphane Calais et Philippe Poupet qui ont, par leurs œuvres installées dans quatre lieux, enrichi le patrimoine architectural et historique de l'Hôtel Saint-Jean.

Installée depuis juillet 2005, la Direction régionale des affaires culturelles de Midi-Pyrénées, enfin réunie sous un toit qui lui est propre, se réjouit de rendre de nouveau accessible un bâtiment majeur de l'histoire régionale.
Texte fourni par la Drac Midi-Pyrénées — Mai 2009. Jean-François Peiré


Saint-Sulpice-sur-Lèze   (31)

Commanderie de Saint-Sulpice-sur-Lèze


Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Carbonne — 31


Commanderie de Saint-Sulpice-sur-Lèze
Commanderie de Saint-Sulpice-sur-Lèze


Saint-Sulpice-sur-Lèze, était une dépendance de la commanderie de Renneville (Haute-Garonne). Située au milieu du plateau, dont les pentes rapides viennent former un cadre vert et pittoresque au cours de la Garonne, et que traverse, en le fertilisant, la petite rivière de la Lèze, la ville de Saint-Sulpice fait surgir coquettement d'un véritable nid de verdure son élégant clocher et les toitures noircies de ses vieilles maisons.

C'est une bastide parfaitement conservée, avec tous les caractères distinctifs de ces petites villes que le XIIIe siècle vit éclore en si grande quantité dans nos pays. Quand le visiteur se trouve sur la place centrale, à quatre faces régulières, entourée de ses arcades traditionnelles, et qu'il aperçoit à l'extrémité des rues qui viennent s'y couper à angle droit, d'un côté la nef hardie de la vieille église des Hospitaliers, de l'autre l'ouverture d'une des portes de l'ancienne enceinte, il peut se croire transporté en plein moyen-âge et son imagination repeuple sans peine la bastide de ses habitants primitifs.

Les chevaliers de l'Hôpital, qui contribuèrent à sa fondation, y ont laissé des traces nombreuses: un des côtés de la place est formé par une vénérable et vaste demeure, désignée encore de nos jours sous le nom de la Commanderie et dont ses murs noircis par le temps et son architecture nous disent l'ancienneté.

Dans le principe, l'antique abbaye bénédictine de Lézat possédait tout le pays. Ce fut un des abbés de ce monastère, Odon de Bajas, qui appela les frères de l'Hôpital, en donnant à Dieu, au Saint-Sépulcre, au prieur Gérard, l'église de Saint-Pierre de Bélac et le village de ce nom « pour en faire une Salvetat. »
« C'est sans doute le petit hameau, appelé aujourd'hui et même pendant une partie du moyen-âge, Saint-Pierrs-des-Monts et situé dans les environs de Saint-Sulpice. »

Il faut se reporter à l'époque des croisades et à l'enthousiasme qu'excitaient alors les guerres saintes, pour s'expliquer les donations faites de la sorte par des monastères au profit des ordres de l'Hôpital et du Temple.
Délivrer le tombeau du Christ et le berceau de la religion des profanations des musulmans était dans l'esprit des hommes de ce temps la manière la plus parfaite d'honorer Dieu; c'était l'oeuvre pie par excellence. Les abbés, cédant à l'entraînement général et ne pouvant prendre une part plus active aux saintes expéditions, s'en dédommageaient en enrichissant, aux dépens de leurs couvents, les milices qui s'étaient vouées à la croisade perpétuelle.

A cette donation s'associèrent avec empressement les autres seigneurs du pays, Célébrun de Pins, Calvet de Bélac, Roger et Dodon son frère, en abandonnant à l'Hôpital les fiefs et les agriers qu'ils possédaient dans ce territoire « jusqu'aux limites désignées par des croix. »
La date de cette charte n'est pas indiquée; mais elle se trouve comprise entre les années 1110 et 1114, période pendant laquelle Odon de Bajas gouverna l'abbaye de Lézat.

A partir de cette époque les archives de la Commanderie, qui font du reste complètement défaut pour toute la durée du XIIe siècle, ne parlent plus de cette possession de l'Hôpital. Il est donc permis de supposer que par suite d'un échange, conclu dans cet intervalle avec les Bénédictins, les Hospitaliers obtinrent de ceux-ci l'église et le dîmaire de Saint-Sulpice, au lieu de ceux de Saint-Pierre, que nous retrouvons plus tard parmi les dépendances de l'abbaye. Quoiqu'il en soit, l'Hôpital de Saint-Sulpice existait au commencement du XIIIe siècle: nous trouvons, en effet, une donation qui lui fut faite en l'année 1214. Mais son importance était encore très peu considérable, lorsqu'un riche seigneur des environs, Bertrand de Fraxines, donna à l'Hôpital, à Guillaume de Barèges, Prieur de Toulouse, le dîmaire de « Sainte-Marie de Azenrelède », les bois de « Salvatosa » et de « Garambot », les hommes qu'il avait à « Castaignac », etc. (16 novembre 1246).
Quelques jours après, Bertrand de Fraxines recevait des mains du prieur l'humble manteau d'Hospitalier, et il occupa dans la suite plusieurs charges importantes dans le Prieuré de Toulouse.

Grâce à ces différentes libéralités, les biens de l'Hôpital de Saint-Sulpice avaient acquis une grande importance et, cultivés convenablement, ils eussent pu rapporter des revenus considérables à l'Ordre de Saint-Jean; mais il fallait des bras pour défricher ces pays encore incultes et couverts de forêts. Or, pour avoir des bras, pour attirer autour de soi des vassaux en grand nombre, le moyen le plus sûr était d'offrir aux paysans, épars dans la campagne voisine, des demeures où, protégés par de solides fortifications contre les ennemis du dehors, ils pussent jouir en paix d'une condition sociale préférable à celle qu'ils avaient chez eux; il fallait en un mot recourir au moyen si fréquemment employé à cette époque, construire une bastide. Mais ce n'était pas petite chose que de créer ainsi une ville, que de l'entourer de murailles suffisantes pour sa sécurité; pour mener à bien une telle entreprise, qui devait, il est vrai, rapporter beaucoup plus tard, il fallait dépenser beaucoup tout d'abord. Les ressources des Hospitaliers ne leur permirent pas de la tenter. Dans cette difficulté, ils firent comme beaucoup de seigneurs de cette époque, ils s'adressèrent à plus puissant qu'eux. Le précepteur de Toulouse, frère Jacob, proposa à Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, de lui céder pour toujours la haute juridiction de Saint-Sulpice, s'il voulait se charger de construire une bastide sur leur territoire. Cette proposition rentrait trop bien dans la politique du prince pour qu'il n'acceptât pas avec empressement. Bientôt après, au mois de mars 1257, il faisait publier, à Saint-Sulpice, la charte des privilèges octroyés aux futurs habitants, ce qui, comme on le sait, était le premier acte de la fondation d'une bastide, et accompagnait la plantation du pal et le tracé de l'enceinte.
Les archives ne nous fournissent que des extraits de ce document; ils sont suffisants pour nous permettre de constater, dans ce cas, la justesse de l'observation faite par M. Boutaric, dans sa remarquable étude sur l'administration d'Alphonse de Poitiers, que toutes les coutumes octroyées par lui lors de la fondation des bastides étaient pour une même province identiques de fond et de forme. Par suite de la cession entière, faite par les Hospitaliers, de leur haute juridiction sur ce territoire, il n'est pas question d'eux dans les coutumes de Saint-Sulpice, dont le comte pouvait à bon droit se considérer comme l'unique seigneur justicier.

Grâce aux immenses ressources de son fondateur, la nouvelle ville s'éleva en peu de temps, entourée de sa ceinture de murailles. Son étendue, sa situation dans un pays naturellement fertile, le nombre des habitants qui s'étaient empressés de répondre à l'appel du comte Alphonse, en faisaient, dès son origine une place importante et destinée à une grande prospérité. Aussi, à la vue de l'oeuvre si promptement accomplie devant eux, les Hospitaliers ne tardèrent-ils pas à éprouver des regrets pour la facilité avec laquelle ils s'étaient dépouillés entièrement de la haute juridiction de Saint-Sulpice. Ils cherchèrent à contester la validité de la transaction conclue par le précepteur de Toulouse et adressèrent leurs réclamations à ce sujet au comte dont ils cherchaient à provoquer les scrupules. Mais, malgré son zèle religieux, sa sympathique bienveillance pour l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, il refusait absolument de se rendre à leurs instances. C'est qu'en effet la possession exclusive de toutes ces bastides, semées avec profusion dans toutes les parties de son comté de Toulouse, lui tenait extrêmement à coeur, car elle lui facilitait l'assimilation pacifique des provinces méridionales à l'unité française. Aussi sa résolution dans ce cas-ci paraissait-elle inébranlable et les démarches des Hospitaliers, condamnées d'avance à un échec. Mais Alphonse venait de se mettre en route avec la comtesse Jeanne, sa femme, pour suivre son frère dans sa seconde expédition d'outremer. Nous avons vu comment arrivés à Aymargues, après avoir fait leur testament, les deux nobles époux voulurent octroyer, comme dernière marque de leur faveur, une charte de privilèges au Grand-Prieur de Saint-Gilles. Nous y voyons qu'en présence des affirmations des Hospitaliers au sujet de la bastide de Saint-Sulpice, suivant cette maxime bien digne du frère de Saint-Louis, « qu'il vaut mieux renoncer à son propre droit que de retenir ce qui est à autrui » le comte consentit à posséder par indivis avec le Grand-Prieur la seigneurie, la juridiction, les franchises et les usages de la bastide Saint-Sulpice et de son territoire, » excepté pour les droits spirituels que les frères de Saint-Jean continueraient à exercer en seuls. Il y aura le bailli du comte et celui du Prieur, qui prêteront leur serment, le premier au sénéchal de Toulouse, le second, au précepteur de Saint-Sulpice. Ces deux derniers se concerteront pour le choix des consuls, des juges, des gardes, des sergents et des autres officiers.

Après la réunion du comté de Toulouse à la couronne, Philippe III se hâta, à la requête des Hospitaliers, de confirmer par lettres patentes la libéralité de son oncle (Châtillon, mai 1277). Malgré ces actes solennels, les officiers royaux firent, de temps à autre, des tentatives pour ressaisir la part de juridiction qu'ils avaient été obligés de céder aux chevaliers de l'Hôpital et il semblerait que les habitants se prêtassent assez volontiers à leurs desseins. Nous voyons, en effet, en 1332, le juge de Rieux révoquer à la requête de Guichard de l'Ongle, précepteur de Saint-Sulpice, le serment que les consuls avaient prêté entre les mains de l'officier royal seulement et quelques années après, le précepteur Vital de Garnier, obtenir du roi Philippe V la confirmation du paréage de Saint-Sulpice contre les empiétements des officiers de la couronne (1335).

La guerre contre les Anglais, leurs invasions désastreuses dans la province avaient répandu partout la désolation et l'effroi. L'habitant des campagnes abandonnait, découragé, la culture de sa terre, qu'il avait vu dévastée si souvent et qui pouvait l'être à tout moment encore; s'éloignant de sa demeure, il se réfugiait avec tout ce dont il pouvait se faire suivre, dans quelque lieu plus sûr. Les villes se hâtaient à l'envi de réparer leurs fortifications, soit qu'elles eussent déjà été entamées par les ennemis, soit simplement pour les rendre plus propres à leur résister. C'est ainsi que Saint-Sulpice dût à cette époque, par mandement du gouverneur du Languedoc, s'occuper de compléter ses fortifications; nous trouvons une ordonnance adressée par Jean, comte d'Armagnac, lieutenant du roi en Languedoc, au juge de Rieux, pour lui enjoindre d'obliger les consuls et la ville de Saint-Sulpice à payer au précepteur les propriétés et les maisons dont il avait été exproprié pour l'achèvement des fortifications (28 novembre 1356).
Dans les premières années du XIVe siècle, la commanderie de Saint-Sulpice fut réunie à celle de Renneville, dont elle devint le membre le plus important.

La prospérité de Saint-Sulpice avait toujours été en croissant depuis sa fondation. Ses consuls étaient des personnages importants dans la contrée. Citons un extrait de la déclaration faite par ces magistrats aux commissaires du Roi...

« Le Roy et le précepteur ont droict à la création consulaire qui est faicte chaque année à la feste de Saint-Caprais, de quatre personnages de qualité requise, qui prestent le serment èz mains du lieutenant du commandeur, ayant la faculté de porter le chaperon de rouge et de noir selon la librée du Roy ... La ville de Saint-Sulpice est une ville maîtresse du diocèse de Rieux et les « consuls sont appelés à avoir séance en assiette particulière « d'icelle... » (12 février 1610).

Une sentence du sénéchal, du 11 août 1690, leur reconnaît le droit d'exercer la justice criminelle par prévention, avec les officiers du Roi et du commandeur, dans le territoire de Rieux et fait défense à ce dernier de les troubler désormais à ce sujet. Nous trouvons enfin dans le procès-verbal de la visite de Renneville, en 1723, que ses commandeurs « députent de six en six ans un des « consuls de Saint-Sulpice pour porter le cayer de la ville aux estats du Languedoc. »

Le comte Alphonse de Poitiers et les Hospitaliers n'avaient eu garde d'omettre dans leur bastide la création d'un de ces établissements charitables que réclamait impérieusement la fréquence des épidémies pendant le moyen-âge: je veux parler de la léproserie de Saint-Sulpice, dont nous pouvons constater l'existence dès l'origine de la bastide; elle figure, en effet, sur la liste des établissements pieux auxquels le comte distribuait annuellement ses riches aumônes. Dans la suite, les maladies contagieuses étant devenues plus rares, on lui avait enlevé sa destination spéciale et on l'avait transformé en simple hôpital.

En 1654, une personne charitable, G. Durand instituait pour son héritier universel la Maison-Dieu et hospital de Saint-Sulpice, et demandait que le curé, le juge et les consuls fissent choix de « deux hommes prudents et sages » pour surveiller ses biens, dont le revenu devait être intégralement employé à la nourriture des pauvres.
Nous trouvons, en 1714, le commandeur Joseph de Rolland-Reauville occupé à réglementer l'administration des biens de cet « hôpital qui, grâce à la précédente donation, se trouvait en mesure de pouvoir soulager tant les pauvres malades que les mendiants. »

Liste des Commandeurs de Saint-Sulpice de Lézat


1260-1275. Pierre du Port.
--------1279. Raymond Prévost.
--------1303. Marques d'Escorneboeuf.
1329-1332. Guichard de l'Ongle.
--------1335. Vital de Garnier.
--------1359. Pons de Rafaud.
1387-1398. Pierre de Magnier.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Serres   (31)

Domus Hospitalis Serres
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Rieux, commune: Lavelanet-de-Comminges — 31


Domus Hospitalis Serres
Domus Hospitalis Serres


Dans la juridiction de la petite ville de Lavelanet se trouvait le territoire de La Serres, qui avait été donné à l'Ordre de Saint-Jean. Les Hospitaliers en avaient fait le centre d'une petite Commanderie, dont nous ne trouvons l'existence mentionnée que dans le XIIIe siècle.
L'acte le plus ancien que nous fournissent ses archives est une donation faite vers 1250 à l'Hôpital de Serres, au commandeur Pierre du Port, par les consuls et la communauté de Lavelanet, qui, poussés par la piété, firent cession de tous leurs droits sur la Salvetat de Serres, et qui apposèrent sur le parchemin le sceau communal.

Liste des commandeurs de Serres
--------1243. Pierre de Biscons.
--------1248. Bertrand de Fraxines.
--------1254. Raymond Sacerdos.
1257-1258. Pierre du Port.
--------1273. Bernard Leroux.
--------1279. Jean de Muret.
--------1321. Pierre de Caylus.
1371-1372. Hugues de Gozon.
1372-1373. Bernard de Montaigut.
--------1477. Jean d'Audons.
1498-1502. Raymond du Tilleuil.
--------1515 Jean Barès.
(Vers 1520, réunion à la commanderie de Salles-sur-Garonne).
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883

La Salvetat de Serres
La Salvetat de Serres était une sauveté et un hôpital avec l'agencement administratif d'une commanderie dépendant des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. L'archive la plus ancienne la concernant est un acte mentionnant la cession, vers 1250, de la Salvetat de Serres et de ses dépendances au frère Pierre du Port, commandeur de l'hôpital de Serres et de l'ordre de Saint Jean, par les consuls de Lavelanet.
Ainsi, la Salvetat fait partie de ces premières organisations territoriales qui regroupaient, dans le contexte d'un ensemble foncier, un établissement religieux à caractère charitable avec son exploitation agricole dont la collectivité y jouissait de la protection de l'Eglise.
Située au bord des routes normales que suivaient voyageurs et pèlerins, la fonction charitable des Hospitaliers y trouvait son expression fondamentale. Au XIIIe siècle, après la suppression des Templiers, le membre de Saint-Cyrac ? fut réuni à la commanderie de Serres.
A la fin du XVe siècle, la commanderie de Serres fut réunie à celle de Salles et passa avec elle, vers le milieu du XVIe siècle dans celle de Montsaunès.
Une chapelle consacrée à Saint Jean Baptise et son cimetière subsistèrent jusqu'en 1795 : confisquée à l'ordre de Malte puis vendue comme bien national, les acquéreurs labourèrent le sol de la chapelle et du cimetière.
Sources: Mairie de Lavelanet-de-Comminges

Salles-sur-Garonne
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Auterive - 31


Domus Hospitalis Salle-sur-Garonne
Domus Hospitalis Salles-sur-Garonne


Au début du XIIe siècle, la paroisse constituait l'un des prieurés de la puissante Abbaye de Lézat. Le village fut saccagé vers 1240 pendant les désordres qui suivirent la croisade contre les cathares.

En 1270 Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse y fit construire un petit fort destiné à regrouper la population à l'abri de murailles. Vers cette époque, la paroisse et la seigneurie furent transférées à l'ordre des Templiers qui y fondèrent un établissement qui dépendait de la baillie de Montsaunès. Il ne s'agissait pas d'une place forte, mais d'un établissement chargé de la gestion des domaines de l'Ordre pour financer son action en Palestine.

Lorsque le roi Philippe le Bel supprima l'ordre des Templiers en 1307, Salles devint le siège d'une commanderie de l'ordre des Hospitaliers (l'ordre de Malte) ; cet ordre conservera ses droits seigneuriaux sur Sales jusqu'à la Révolution.
Sources: Mairie de Salles-sur-Garonne


Tor-Boulbonne   (31)

Commanderie de Tor et Boulbonne
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Cintegabelle — 31


Commanderie de Tor et Boulbonne
Commanderie de Tor et Boulbonne


On pourrait situer les biens des Hospitaliers de Saint-Jean en Cintegabelle et en Mazères, on peut voir sur la carte de Cassini au sud-ouest de Cintegabelle, l'abbaye de Boulbonne. Près de Mazères le hameau de « Le Tor le Haut » et au sud « Le Thor le bas. »
Il ne reste visiblement auvune trace du passage des Hospitaliers, je situe Boulbonne, puisque les possessions devaient être pas très éloignées de cette abbaye.

Dans la plaine formée par les alluvions de l'Hers et de l'Ariège, qui l'enserrent et vont se réunir à son extrémité, s'élevait jadis un modeste établissement de l'Ordre de Saint-Jean, non loin de la célèbre abbaye cistercienne de Boulbonne.
L'acte de fondation n'existe pas dans les archives, mais, grâce à certaines indications recueillies dans des documents postérieurs, nous pouvons reconstituer en partie l'histoire de son origine.

Sous la suzeraineté des comtes de Foix, plusieurs grands seigneurs, qu'un acte désigne, en se servant du nom du plus connu d'entre eux, « Viri Jordaneuses », Jourdain de l'Isle, Izarn de Verfeil, Othon et Augier de Calmont, possédaient dans ce territoire une immense étendue de pacages et de bois.
Dans la seconde moitié du XIIe siècle, ils accordèrent aux Hospitaliers la liberté pleine et entière de faire paître leurs troupeaux, de couper du bois, de défricher les forêts dans toute l'étendue de « la bolbone (peut-être BoulbèneDomus Hospitalis BoulbèneDomus Hospitalis Boulbène - 1) » et d'y construire des maisons et une ville.
1. Terre composée principalement d'argile et de sable, composant le sol de la région du Sud-Ouest de la France, plus particulièrement de la vallée de la Garonne

Les Hospitaliers s'empressèrent de créer sur les lieux un établissement d'exploitation qui prit le nom de « Boulbarme » comme sa puissante voisine, l'abbaye ; ils se proposaient sans doute de profiter du dernier privilège qui leur avait été concédé ; et de fonder une ville pour y attirer les vassaux dont ils avaient besoin.
Mais les circonstances vinrent leur faciliter la besogne et leur épargner les difficultés et les dépenses d'une telle entreprise. Excités par l'exemple de libéralité qui venait de leur être donné, deux frères, chevaliers de SaverdunDomus Hospitalis SaverdunDomus Hospitalis Saverdun, Guillaume et Arnaud de Villemur, donnèrent à Guillaume Raymond, Prieur de l'Hôpital de Toulouse, et à Bernard de Gavaldan, précepteur de celui de Boulbonne, un petit village qui leur appartenait au lieu nommé « le ThorDomus Hospitalis le ThorDomus Hospitalis le Thor » ; ils fournirent pour garants de cette donation Raymond-Roger, comte de Foix, Arnaud de Marquefave, Sicred de Léran, Pierre de Durban, Pons d'Adhêmar, Raymond de Pech-Auriol, Pierre de Galdin, et tous les autres chevaliers de la ville et des faubourgs de Saverdun (milites et barriani Saverduni). Les seigneurs de Villemur mettaient pour seule condition « que les Hospitaliers ne céderaient de maisons sises au Thor à aucun, des chevaliers de Saverdun ni à leurs hommes. » Cet acte, qui eut pour témoin Raymond, abbé de Saint-Sernin, fut passé au mois de février 1192 (1193).

Au commencement du siècle suivant, d'importantes donations accrurent la prospérité de l'hôpital de Boulbonne ou du Thor, nom que la commanderie porta depuis lors indifféremment.
En 1211, cet établissement reçut de Vidal de Montaigut, la forteresse de Camarade que ce dernier avait reçu en 1186 du seigneur Arnaud de Lisle.

Mais le comte de Foix éleva dans la suite des réclamations sur la validité de cette donation et revendiqua pour lui la possession de cette place dont l'importance était très considérable. A la suite de longues discussions à ce sujet, l'abbé de Saint-Sernin et Martin de Saint-Gilles, précepteur de l'hôpital de Narbonne eurent choisis comme arbitre par le Grand-Prieur Guillaume de Villaret et par Roger Bernard, comte de Foix (le jour des Kalendes de juin 1271). Nous ignorons quelles furent les satisfactions données à l'Ordre de Saint-Jean, mais le château de Camarade fut adjugé au comte et figure dans la suite parmi les seize châtelleries du pays de Foix.

Bernard de Durfort et son frère Pons d'Adhémar, donnèrent à Bernard de Durban, précepteur de Boulbonne, la moitié de la ville et du château de Bonnac, « En dessous de Le Vernet-de-Canteraines carte de Cassini » ainsi que de la seigneurie qu'ils avaient sur tout ce territoire (août 1212). Cette ville dut être échangée dans la suite par les hospitaliers contre quelque autre possession, car elle ne figure plus parmi les dépendances de Boulbonne; nous la voyons plus tard entre les mains des rois de France qui la revendirent dans le XIVe siècle à la famille de ses anciens seigneurs.
De l'hôpital de Boulbonne dépendait encore:
SaverdunHôpital de SaverdunHôpital de Saverdun (Département: Ariège, Arrondissement: Pamiers, Canton: Saverdun — 09)
Et des biens à Cintegabelle et AignesCintegabelle et AignesCintegabelle et Aignes.

Pendant le XIIIe siècle, la tranquillité des hospitaliers fut plus d'une fois troublée: ils eurent à soutenir, non plus seulement des luttes litigieuses au moyen d'arguments plus ou moins spécieux ou de bribes d'anciennes chartes, mais une guerre véritable. Quoique séparés par toute la longueur de la plaine, l'abbaye et l'hôpital de Boulbonne étaient encore trop rapprochés, leurs possessions et leurs droits étaient trop confondus, pour que la paix fut longtemps possible. Aussi voyons-nous arriver le précepteur devant l'official toulousain, pour exposer les griefs qu'il avait contre les moines; il nous les montre armés de bâtons et même d'épées, détruisant les cabanes des vachers de l'hôpital, blessant les frères, dévastant les moissons, s'associant avec des seigneurs du voisinage, pour venir piller les bâtiments agricoles et enfin cherchant à empêcher par tous les moyens les hospitaliers de jouir des privilèges concédés par les nobles seigneurs Jourdains dans le siècle précédent. La dernière partie de ce document, cité par M. Roschach dans son étude intitulée Foix et Comminges, a disparu et avec elle la sentence du juge, qui dut entendre des plaintes analogues de la part des Cisterciens et qui réussit, sans doute, à faire cesser entre les deux établissements une guerre dont nous ne retrouvons plus de traces dans les siècles suivants.

Après la réunion du comté de Toulouse à la couronne, les commissaires royaux le parcoururent en entier avec la mission de réformer les abus et de faire cesser les usurpations d'autorité qui auraient pu se produire. Nous les trouvons faisant leur enquête au sujet des droits de justice du lieu de Boulbonne. Tous les témoins ayant été unanimes à affirmer que ce droit appartenait aux hospitaliers, la possession leur en fut confirmée par les commissaires. Mais, soit que les habitants de cette localité fussent d'une vertu exceptionnelle, soit peut-être plutôt à cause de leur petit nombre, ce droit ne devait pas ajouter beaucoup aux revenus de la Commanderie. Nous pouvons tirer cette conclusion d'un document assez intéressant, conservé par exception dans les archives: c'est le compte des recettes faites pendant plusieurs années consécutives par le tribunal de Saint-Jean de Boulbonne; nous y voyons que, sur sept années, six ne fournissent aucune cause, et par suite, aucune amende et que la modique somme de 18 sols toisas constitue la recette de 1284; les appointements des juges se montaient chaque année à 30 sols de la monnaie qui avait cours, somme considérable en égard au peu d'affaires qu'ils avaient à juger.

Dans les premières années du XVe siècle, cette Commanderie avec ses nombreuses dépendances, fut réunie à celle de Caignac. La période des guerres religieuses fut particulièrement désastreuse pour ces contrées où les protestants possédaient plusieurs places, Saverdun, Mazères, Calmont, etc.
La petite ville de Saint-Jean du Thor disparut dans cette période ; sa fin tragique nous est racontée en quelques mots dans le passage suivant du dénombrement de la Commanderie de CaignacDomus Hospitalis CaignacDomus Hospitalis Caignac en 1657: « Auquel lieu (Saint-Jehan del Thor) entiennement y avait une esglise qui fust ruynée et mise à sac par les préce tendus religionnaires réformés dont la ville de Mazères estoit infestée, l'est encore en partie ; en laquelle esglise, le sieur Commandeur estoit tenu de faire faire le service divin ; et à rayson et deffault de ceste esglise et despuis sa ruyne, le dict service se faict aux paroissiens du dict dixmaire, par le curé de l'esglise de Saint-Sernin de Calmont, auquel le dict sieur Commandeur, suyvant la trasse de ses ancêtres fait de paution la somme de 60 livres, sans obligation pourtant. »

La destruction de la ville dut accompagner celle de son église ; aujourd'hui il ne reste plus de cet ancien établissement de l'ordre de l'Hôpital, qu'un simple hameau.

Liste des Commandeurs de Thor-Boulbonne.
--------1193. Bernard de Gavaldan.
--------1205. Guillaume Raymond.
--------1212. Bernard de Durban.
--------1230. Bernard-Amiel de Pailhès.
1242-1244. Bertrand de Fraxines.
1248-1258. Sicard de Miramont.
--------1272. Bernard d'Aure.
--------1276. Albert de Rousset.
1277-1279. Pierre de Tournel.
1280-1295. Bernard de Miramont.
1305-1308. Pierre de Tournel. (2e fois)
--------1309. Guillaume Chaste.
--------1315. Pierre de Clermont.
--------1316. Bertrand de Pérelhe.
--------1320. Antoine de Chavanon, Prieur de Navarre.
--------1323. Roymond de Valmale.
--------1370. Roger d'Hautpoul.
--------1398. Jean du Plantier.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883

Thor Boulbonne
Au treizième siècle une famille seigneuriale portait le nom du fief de Miremont. Sicard de Miremont, chevalier de Saint Jean-de-Jérusalem fut précepteur des Hospitaliers de Boulbonne, pendant plus de quarante ans, si les nombreuses chartes qui nous ont conservé sa mémoire portant les dates extrêmes de 1248 et de 1290 ne désignent qu'une seule personne (archives départementales de la Haute-Garonne; ordre de Malte Saint Jean del Thor, Boulbonne, Caignac). On admire encore la magnifique statue sépulcrale du chevalier de Miremont dans l'église de La-Grâce-Dieu, petit village voisin qui posséda jusqu'à la Révolution une ancienne abbaye de femmes de l'ordre de Fontevrault. (Les religieuses de La-Grâce-Dieu jouissaient de la seigneurie spirituelle et temporelle de la paroisse; elle nommait leur curé et faisaient rendre leur justice par leur juge. Elles avaient leur prison dans les dépendances du monastère — archives départementales — Intendance 1744) Sources: Miremont


Toulouse Grand-Prieuré   (31)

Grand Prieuré de Toulouse
Département: Haute-Garonne, Arrondissement et Canton: Toulouse — 31


Hôtel Saint-Jean de Toulouse
Sources: Photo J.-F. Peiré, Drac Midi-Pyrénées Hôtel Saint-Jean de Toulouse


Prieurés de l'Ordre de Saint-Jean dépendant du Grand-Prieuré de Saint-Gilles, avant l'érection de celui de Toulouse.
Les domaines que les Hospitaliers reçurent dans le principe, furent organisés par eux en commanderies confiées pour un temps plus ou moins long à des religieux de l'Ordre, qui étaient chargés d'en surveiller l'administration et d'en faire passer une partie des revenus au trésor commun. Mais l'éloignement de la Palestine, la difficulté des communications, amenèrent bientôt une modification dans cette organisation primitive. Dès les premières années du XIIe siècle, nous voyons qu'à Saint-Gilles, une des plus anciennes et des plus importantes maisons de l'Ordre sur le continent, résidait un lieutenant du prieur de Jérusalem; et vers 1113, son autorité, complètement organisée, s'étendait sur tous les domaines de l'Ordre compris entre le Rhône et l'Océan. Le résultat de la création du Prieuré de Saint-Gilles, fut de provoquer immédiatement un développement très considérable de la puissance des Hospitaliers dans nos contrées. Les comtes de Toulouse leur témoignèrent depuis ce moment une faveur qui ne se démentit point dans la suite, exemple qui fut suivi par la plupart de leurs principaux vassaux.
Comme preuve de l'immense développement que prit l'Ordre dans la contrée dès son origine, nous publions parmi les pièces justificatives, les extraits d'un vieux cartulaire de ses possessions datant des premières années du XIIe siècle. On y remarque que la plupart des donations consistent en églises dont les noms n'existent plus de nos jours, avec des espaces de terrains plus ou moins considérables pour y construire des villes ou « salvetats. » Ce cartulaire conservé dans les archives de la commanderie de Saint-Clar, concerne principalement la contrée avoisinante et surtout le pays de Comminges

Le Grand-prieuré de Saint-Gilles, fut divisé dans le principe en autant de prieurés partiels qu'il comprenait de contrées différentes. C'est ainsi que nous trouvons des prieurs du Carcasses, du Toulousain, du Rouergue, de l'Agenais, du Bordelais, du Quercy, du Périgord, etc., mesure décentralisatrice nécessitée par la difficulté des communications à cette époque. Chacune de ces circonscriptions était partagée en un certain nombre de préceptoreries « Le mot Préceptorerie était synonyme de Commanderie. Il était même employé plus ordinairement dans le principe et ne disparut qu'au XVIe siècle », dont le nombre allait toujours en croissant, avec celui des villes ou châteaux donnés à l'Ordre et dont l'administration était confiée, comme nous l'avons dit plus haut, à des Hospitaliers; ces précepteurs étaient, ou des chevaliers revenus de leurs expéditions d'Outremer, ou des chapelains, ou des frères servants. Ces deux dernières classes étaient même les plus nombreuses dans les premiers temps; car la guerre Sainte réclamait un très grand nombre de bras, et les chevaliers étaient, immédiatement après leur entrée dans la sainte milice, envoyés rejoindre leurs frères de Palestine.

Dans ces temps de foi vive et de vitalité profonde, on dirait que la faiblesse est chose inconnue; tout y revêt un caractère d'énergie et de virilité qui peut surprendre à juste titre des siècles plus civilisés, mais moins forts. Dans cette foule que le désir de visiter les saints lieux, jetait sans cesse d'Occident en Orient, on pouvait compter un grand nombre de femmes, qui s'armaient elles aussi du bourdon des pèlerins et n'étaient arrêtées dans leur entreprise, ni par les fatigues ni par les périls qui semblaient devoir la leur interdire. Aussi, pendant que se fondait l'hôpital de Saint-Jean, une noble dame romaine du nom d'Agnès, créait dans son voisinage un établissement analogue et soumis au premier, pour servir d'asile aux femmes chrétiennes qui voudraient y chercher un refuge. Cet exemple avait été suivi sur le continent, et la plupart des maisons de l'Ordre comptèrent dans leur sein un certain nombre de soeurs Hospitalières. Elles étaient employées au service des pauvres femmes, et, sous l'autorité du prieur ou du commandeur, formaient une catégorie complètement distincte dans le personnel de l'hôpital. Elles faisaient en général partie de la classe des religieux de l'Ordre, qu'on désignait sous le nom de « donats » et soeurs données; c'étaient des personnes de l'un ou l'autre sexe, qui, en même temps qu'elles faisaient donation d'une certaine partie de leurs biens, promettaient de ne pas entrer dans un autre Ordre que dans celui de l'hôpital, à qui on accordait d'attendre dans une vie moitié séculière, moitié religieuse, le moment où elles désireraient revêtir le manteau d'Hospitalier et qu'on admettait dans la participation de tous les biens spirituels et temporels de l'Ordre en deçà et au-delà de la mer. Exceptionnellement les « donats » pouvaient parvenir aux dignités de l'Ordre; nous voyons même en certaines circonstances figurer à la tête des circonscriptions des soeurs commanderesses, quand leur illustre origine leur donnait une véritable influence dans le pays et que l'Ordre voulait témoigner sa reconnaissance pour les bienfaits qu'il en avait reçus.

Le précepteur était obligé de payer au Trésor de l'Ordre, une rente annuelle dont le taux était fixé proportionnellement aux revenus de sa commanderie, et qu'on désignait sous le nom de « responsion »; il était de plus chargé d'instruire dans les devoirs de leur profession les religieux nouvellement admis dans l'Ordre; au-dessous de lui, dans chaque maison un peu importante, nous trouvons d'autres dignitaires, dont les principaux étaient le chapelain et le chambrier.

Les principales questions d'administration étaient réglées dans des chapitres, ou assemblées de précepteurs, tenus tous les ans à époque fixe dans la maison prieurale de Saint-Gilles. Mais les distances trop considérables et la difficulté des communications empêchaient la plupart du temps les précepteurs de se rendre à ces chapitres. Aussi voyons-nous les Grands-Prieurs, occupés sans cesse à se transporter dans les différentes circonscriptions soumises à leur autorité, en faire la visite et convoquer sur divers points des chapitres partiels composés des précepteurs de la contrée.

La seule modification que nous ayons à signaler dans cette organisation jusqu'au XIVe siècle, est la suppression du titre de Prieur dans les provinces du Grand-Prieuré de Saint-Gilles, titre qui fut remplacé par celui de Vice-Prieur donné au précepteur le plus ancien ou le plus considéré dans chaque circonscription.

Devenus plus puissants, les Frères de Saint-Jean, cherchaient à augmenter leurs privilèges dans le domaine spirituel, et à se soustraire plus complètement à la juridiction épiscopale. L'évêque de Toulouse, après avoir essayé vainement de s'opposer à ces empiétements, porta ses plaintes au Saint-Siège. Une bulle d'Alexandre IV, vint ordonner à Féraud de Baras, Grand-Prieur de Saint-Gilles, et aux Frères de la Langue de Provence, de mettre un terme par une transaction, aux discussions qu'ils avaient déjà depuis longtemps, avec Raymond évêque de Toulouse et son chapitre . En conséquence, les deux parties remirent la décision de l'affaire à l'arbitrage de Guillaume l'écrivain, précepteur de Montpellier et vice-prieur du Toulousain, et de Guillaume d'Ysarny, archiprêtre de Rieux. Dans leur sentence rendue le 4 mai 1254, ces arbitres désignèrent les églises qui devaient être soumises à la juridiction ecclésiastique de l'Ordre; c'étaient: Sainte-Marie de Puysiuran, Saint-Martin de Pébrens, Gaulège, Saint-Antoine du Pin, Saint-Saturnin de Renneville, Saint-Etienne de Caignac, Saint-Jean de Caprescorjade, Rival, Saint-Remy de Toulouse, Saint-Jean de Garidech, Saint-Bibian, Saint-Thomas, Saint-Boisse de Bersac, Saint-Jean de Lèguevin, Sainte-Foy de Bozelaigue, Saint-Jean de Fronton, Saint-Saturnin de Noye, Saint-Jean de Montaigut, Saint-Pierre de Bousquet, Sainte-Marie de Reyniès, Sainte-Raffinie, Saint-Saturnin de Montpelerin, Saint-Jean de Vaysse, Saint-Pierre de Clermont, Saint-Jean et Saint-Thomas d'Orgueil, Saint-Saturnin de Verlhac, Saint-Jacques de Castelsarrasin, Sainte-Marie de « Lima », Saint-Médard, Saint-Jean de l'Isle; Mauza, Fajolles, Saint-André de Cortibals, Saint-Léonard du Burgaud, Saint-Michel de Bociac, Sainte-Marie de Onez, Sainte-Marie de Belleserre, Sainte-Anastasie, Saint-Pierre de Pelleporc, Saint-Martin de Poucharamet, Sainte-Marie de Campbernard, Saint-Pierre et Sainte-Barbe près de Castelnau-de-Picampeau, Sainte-Marie de Plagne, Saint-Jean de Fonsorbes, Saint-Jean de Condomol, Serres, Saint-Martin de Marignac, Saint-Pierre et Saint-Jean de Cunans, Saint-Jean de Bolbone, Saint-Vandille-d'Aignes, Saint-Laurent de Gabre, Saint-Sulpice, Saint-Etienne de Caumont (près de Saint-Sulpice); Sainte-Marie d'Aderulède (id).

Les Hospitaliers, possédaient en outre, des portions de la dîme dans les paroisses de Marienville, Sainte-Marie de Cortelles, Sainte-Colombe de Vecinac, Sainte-Boisse (sous Avignonet); Sainte-Marie de Venastville, Saint-André de Berelles, Graville, Saint-Julien, Saint-Michel de Lanès, Campferrand, etc.

Les arbitres décidèrent que l'évêque ni ses successeurs ne pourraient prétendre à aucun droit canonique sur les paroisses de la première catégorie, conformément aux privilèges de l'Ordre mais que de leur côté, les Hospitaliers devraient renoncera certaines de leurs prétentions contraires aux règlements ecclésiastiques, tels que l'institution des curés.

Ne terminons pas cet aperçu rapide, sur les Prieurés de l'Ordre de Saint-Jean dans le Midi, sans dire un mot d'une charte concédée par Alphonse de Poitiers comte de Toulouse. C'était au moment où ce prince, accompagné de sa femme la comtesse Jeanne, préparait à Aymargues, près d'Aigues-Mortes, son départ pour la croisade, où ils devaient finir leurs jours; voulant attirer sur leur expédition les bénédictions du ciel, il adressa à son aimé Guillaume de Villaret, Drapier de la maison de Saint-Jean de Jérusalem, et lieutenant du grand-maître dans le prieuré de Saint-Gilles, une charte dans laquelle il confirme les donations octroyées à l'Ordre, ou les acquisitions faites par lui dans le Toulousain, l'Agenais, le Quercy, l'Albigeois, le Rouergue et dans les autres parties du comté de Toulouse, ne se réservant sur ces possessions que l'Incours des biens des hérétiques, le droit de « cavalcade », et le « ressort » c'est-à-dire, le droit de pouvoir recevoir les appels des causes jugés par les tribunaux suprêmes du Prieuré. Le comte avait eu des discussions avec les Hospitaliers au sujet des juridictions de Renneville, de Fronton, de Noye et de Saint-Sulpice de Lézat. La dernière partie de la charte contient l'abandon que fait le comte de toutes ses prétentions à ce sujet. S'associant à la pieuse libéralité de son noble époux la comtesse Jeanne approuva toutes ses dispositions et son sceau fut appendu à côté de celui du comte. (Juin 1270).

Baillies de l'Ordre du Temple, dépendant de la maîtrise de Saint-Gilles, avant la suppression des Templiers.
Comme nous venons de le voir pour les Hospitaliers, les Templiers établirent le centre de leur autorité dans le midi de la France, à Saint-Gilles où ils possédaient une maison et qui leur présentait des avantages sous le rapport des communications avec l'Orient. Du reste leur organisation provinciale semble avoir été calquée sur celle des Hospitaliers. Ils partagèrent leur maîtrise de Provence en un certain nombre de baillies, à la tête desquelles se trouvaient placés les maîtres du Toulousain, de l'Agenais, etc. La même modification que nous venons de signaler -pour l'Ordre de l'hôpital, se produisit précisément à la même époque dans celui du Temple: vers 1250, en même temps que les prieurs partiels des provinces de l'hôpital, nous voyons disparaître les maîtres des baillies du Temple, et être remplacés par des lieutenants du maître de Saint-Gilles.

Grand-Prieuré de Toulouse (1315-1790).
Ainsi que nous l'avons fait remarquer plus haut, les deux Ordres du Temple et de l'Hôpital étaient trop semblables, trop également puissants et trop en présence sur tous les points pour ne pas se nuire réciproquement. Tant que la guerre de Palestine avait duré, tant qu'il y avait eu des pèlerins à protéger et à recueillir, des croisés à seconder dans leur entreprise, tant qu'on avait eu l'espoir maintenant déçu de conserver à la chrétienté le berceau de sa foi, la reconnaissance pour les services rendus par ces chevaliers, avait empêché de mettre en question leur utilité. On voyait les deux milices se partager les postes les plus dangereux et lutter ensemble à qui s'exposerait d'avantage, à qui répandrait le plus de sang pour le service de la foi; on ne s'était pas demandé si une seule n'aurait pas suffi à la tâche. Mais les guerres saintes prirent fin; l'Europe avait dépensé un enthousiasme et une énergie incroyables dans ces expéditions immenses qu'elle avait jetées successivement depuis près de deux siècles en Orient; elle avait déjà beaucoup perdu de sa foi et paraissait se résigner à la perte de ses illusions sur la conquête de Jérusalem. Dès lors on sentit que pour contenir les Musulmans dans l'Orient, dont on renonçait à leur disputer désormais la possession, un seul des deux Ordres était bien suffisant; il devait arriver infailliblement que l'un d'entre eux fût absorbé par l'autre.

On a accusé les chevaliers de Saint-Jean, d'avoir intrigué pour obtenir la perte de leurs rivaux dont ils auraient convoité les dépouilles. Mais il me semble que beaucoup d'autres causes indépendantes de toute participation de leur part, devaient amener ce résultat et qu'il est complètement inutile, pour l'expliquer, de faire peser sur cet Ordre une accusation contre laquelle vient protester le noble caractère du grand-maître qui était alors à sa tête. « Foulques de Villaret avait même combattu dans un mémoire envoyé au Pape le projet de réunion des deux Ordres, réunion qu'il savait devoir se faire en sa faveur (Vertot, livre IV) »

Après avoir vaillamment arrosé de leur sang le champ de bataille de la Mansourah, les Templiers avaient considéré leur mission comme terminée en Orient. Laissant à peine quelques garnisons au-delà des mers, ils s'étaient retirés sur le continent, où, derrière les murailles de leurs nombreuses citadelles ils jouissaient des immenses richesses accumulées dans leurs trésors. Cette molle oisiveté, succédant brusquement à leur vie de luttes héroïques, avait fait dégénérer l'Ordre de sa pureté primitive.
« Soldats délaissés, sentinelles perdues; s'écrie Michelet, faut-il s'étonner si, au soir de cette bataille de deux siècles, les bras leur tombèrent. »
« La chute est grave après les grands efforts. L'âme, montée si haut dans l'héroïsme et la sainteté, tombe bien lourde en terre... »
« Malade et aigrie, elle se plonge dans le mal avec une faim sauvage, comme pour se venger d'avoir cru. (Histoire de France, livre V, chapitre III) »

Quoiqu'il en soit le peuple était naturellement conduit à comparer ces chevaliers arrogants, qui faisaient servir à leur ambition ou à leurs jouissances les donations pieuses des fidèles et dont l'existence restait enveloppée d'un sombre mystère, aux Hospitaliers, à qui ils avaient abandonné presque entièrement le poids de la guerre contre les infidèles et que leurs luttes incessantes protégeaient contre les défaillances des Templiers. D'ailleurs soumis à l'autorité absolue de leur grand-maître et ne reconnaissant d'autre pouvoir temporel que le sien, ces derniers formaient en France, où avait été transporté le siège de l'Ordre, une puissance assez considérable pour inspirer de l'ombrage à la royauté.

Nous ne nous arrêterons pas sur cette sombre tragédie qui ne rentre pas dans le cadre de cette étude toute spéciale et dont les lugubres épisodes sont dans toutes les mémoires. Un grand nombre de Templiers échappèrent à l'immense holocauste de tout leur Ordre; ils furent, quand le calme se fut rétabli, repartis dans différents monastères. Nous trouvons en effet dans les archives, une bulle que le pape Jean XXII, adressa d'Avignon le 16e jour des kalendes de janvier de la 3e année de son pontificat (15 décembre 1318) aux évêques de France, pour les avertir qu'un certain nombre de Frères de l'Ordre supprimé du Temple, « avaient repris les vêtements laïques et que quelques-uns, se plongeant dans les voluptés du monde, avaient pris des femmes avec lesquelles ils vivaient publiquement » et pour leur ordonner d'employer contre eux, s'ils ne se soumettaient pas au premier avertissement, la censure ecclésiastique, de supprimer la pension qu'on leur fournissait pour leur entretien et enfin de les faire entrer, soit comme frères, soit comme pénitents dans différents monastères.

L'âpreté avec laquelle le roi, Philippe-le-bel s'empara tout d'abord de l'argent contenu dans les trésors du Temple et le triste état de ses finances ont fait douter à beaucoup que, dans cette affaire, l'amour de la justice, la haine du crime et le zèle de la religion eussent été les seuls mobiles qui l'eussent déchaîné d'une manière si impitoyable contre un Ordre, que la veille encore il couvrait de sa plus éclatante protection.
En 1310, nous le voyons dépêcher d'Avignon son chambellan, Enguerrand de Marigny, qui se rendit à Carcassonne, pour se faire remettre tout l'argent des trésors des maisons du Temple dans le midi et revint vers son maître avec cette riche proie. Mais ce n'étaient pas de simples revenus, c'étaient les domaines des Templiers qui faisaient l'objet de ses convoitises et il les avait fait mettre tout d'abord sous le séquestre royal. Aussi ce fut avec un désappointement, qu'il ne chercha pas à dissimuler, qu'il vit le concile de Vienne adjuger cette riche dépouille à l'Ordre de Saint-Jean. Ce ne fut qu'après bien des tergiversations et des pourparlers que les Hospitaliers purent en obtenir la remise par les employés royaux; encore furent-ils obligés pour cela de verser au trésor de la couronne de fortes sommes, sous le prétexte de l'indemniser des frais du long procès des Templiers. Ce ne fut guère, qu'en 1330, que la question fut définitivement conclue, et que l'ordre de Saint-Jean put jouir sans conteste des biens immenses qui venaient de lui être adjugés.

Cet accroissement de possessions dût forcément amener une division dans les circonscriptions de l'Ordre de Saint-Jean. Le Grand prieuré de Saint-Gilles, trop considérable désormais pour être confié à une seule administration fut divisé en deux parties; la partie occidentale en fut détachée pour former le Grand prieuré de Toulouse (1315). Cette nouvelle circonscription comprenait les domaines de l'Ordre situés dans le haut Languedoc, la Guyenne, la Gascogne, la Bigorre, la Biscaye, le comté de Foix; tandis que la Provence, le bas Languedoc, l'Albigeois, le Rouergue, le Quercy continuaient à faire partie du Grand-Prieuré de Saint-Gilles. « La bulle d'érection du Grand-Prieuré de Toulouse n'existe pas dans ses archives. »

Le premier Grand-Prieur de Toulouse fut Pierre de l'Ongle, chancelier de l'Ordre, un des membres les plus distingués et les plus dévoués de son conseil. Pendant toute la durée de sa charge, il eut à lutter de tous côtés pour faire rentrer dans le domaine de l'Ordre les biens des Templiers. Les administrateurs séculiers, à qui ils avaient été confiés pendant la durée du séquestre, n'oubliaient rien pour convertir en propriétés définitives les biens dont ils n'étaient que les fermiers temporaires. Forcé par les plaintes du Grand-Prieur de Toulouse et du Grand-Maître, Elyon de Villeneuve, de mettre un terme à des abus, qu'il tolérait sans peine en faveur de ses courtisans, détenteurs des principaux fiefs en question, Charles IV accorda le 31 mai 1324 des lettres patentes, ordonnant la remise de toutes ces possessions, notamment de la maison de Toulouse avec ses dépendances, régie par Raymond de Soubiran et celle de Vahours qui l'était par Bertrand de Roquenégade, chevalier.

Outre ces difficultés, les Hospitaliers en rencontrèrent bien d'autres, avant de jouir paisiblement de l'héritage qu'on venait de leur attribuer. Le procès des Templiers et son dénouement avaient excité bien des convoitises, tous ces seigneurs laïques ou même ecclésiastiques, qui avaient assisté au partage de la riche dépouille, étaient mis en goût. Ils trouvaient que la ruine d'un Ordre puissant était chose profitable, et n'auraient pas mieux demandé que d'étendre une opération qui avait paru si fructueuse. C'est ce qui peut expliquer le déchaînement de haines et de jalousies qui eut lieu à cette époque contre l'Ordre de Saint-Jean et qui se traduisit par des agressions de toute nature. Le pape Jean XXII, à la requête du grand-maître, s'empressa de porter secours aux Hospitaliers par une bulle datée du 27 septembre 1316:
« Ayant appris, dit-il, que quelques archevêques, évêques, clercs, personnes ecclésiastiques, tant régulières que séculières, ainsi que des marquis, des ducs, des comtes, des barons, des nobles, des chevaliers et des universités de cités, de villes, de villages et autres laïques, ont fait occuper les possessions, terres et droits des Hospitaliers, tuer les vassaux, les hommes et les personnes de cet hôpital ou les emmener prisonniers, » le Souverain Pontife délégua l'évêque d'Agen, l'abbé de Moyssac, et le Prévôt du chapitre de Nîmes, pour protéger en son nom les chevaliers de la Langue de Provence et leur faire restituer ce qu'on leur avait enlevé; il enjoint, en terminant, à ses commissaires d'employer contre les récalcitrants l'excommunication et s'il était nécessaire, le recours au bras séculier.

Nous venons de voir que la succession des Templiers avait été chèrement achetée par l'Ordre de Saint-Jean, si chèrement même que son trésor s'en trouvait pour le moment complètement épuisé. Et pourtant il approchait alors d'une crise, qui allait nécessiter l'exercice de toutes ses forces vives. L'invasion musulmane, arrêtée et réprimée quelque temps par l'effort des croisades, allait recommencer son mouvement formidable. L'Europe, déchirée en tous sens par des guerres incessantes, était hors d'état de prêter une oreille bien attentive au bruit de ce flot lointain, qui menaçait d'engloutir à la fois la chrétienté et la civilisation. C'est alors que commença le rôle héroïque et vraiment admirable des chevaliers de Saint-Jean. Jusqu'ici leur dévouement s'est trouvé perdu au milieu de tant d'autres, qu'il a pu passer inaperçu. Mais maintenant, seuls sur leur rocher, ces enfants perdus de l'Europe ne se laissent pas effrayer par la grandeur de la tâche. Constamment en lutte avec les forces écrasantes d'une puissante nation, ils ne cèdent qu'à la dernière extrémité. Chassés de leur poste avancé, ils ne se découragent pas et vont reformer en arrière leurs rangs éclaircis, mais sans cesse reconstitués, et soutiennent, pendant toute la durée du moyen-âge, une lutte héroïque, qui sauve le monde civilisé de la barbarie hurlant à ses portes.

A la vue de la pénurie du Trésor, le grand-maître de Villeneuve s'adressa à ses chevaliers pour augmenter les « responsions » sur tous les biens de l'Ordre et au Pape, qui lui accorda l'autorisation d'aliéner une portion de ces domaines pour la somme de 193,000 florins d'or. Voyant la difficulté d'exécuter immédiatement ces mesures et la détresse de l'Ordre, Pierre de l'Ongle, Grand-Prieur de Toulouse, Emmery de Thurey, Grand-Prieur de Saint-Gilles, et Odon de Montaigut, Grand-Prieur d'Auvergne, offrirent généreusement en 1318 les revenus entiers de leurs Prieurés pendant 2 ans, ce qui permit au Grand-Maître de pourvoir aux dépenses les plus urgentes.

Ce fut peu de temps après que ce même Grand-Maître vint visiter le Prieuré de Toulouse et tint à son retour un Chapitre général à Montpellier (1330). Il y modifia divers statuts de l'Ordre au sujet de la discipline intérieure des couvents, et réforma un grand nombre d'abus qui s'étaient introduits chez les chevaliers de Saint-Jean. Un registre en langue romane conservé aux archives du Prieuré contient ces diverses ordonnances; il commence par ces mots:
« In nomine Domini. Amen. Aïsso les establimens fayt et ordenat al Capitol de Montpellier per l'honorable Religios Helio de Vilanova e per lo cosselh delos prodes homes de la mayso. En l'an de la Incarnacion de Nostre Senhor XIII cent et XXX, à XXIV jorns del mes de otobret.

Le Grand-Maître profita aussi de la tenue du Chapitre général pour y organiser les circonscriptions et les commanderies du nouveau Grand-Prieuré. La commanderie de Puysubran fut déclarée « Chambre magistrale »; c'est-à-dire qu'elle appartenait au Grand-Maître, qui la faisait administrer par un procureur. Le Grand-Prieur n'eut dans son apanage primitif que la commanderie de Toulouse à laquelle on avait adjoint plusieurs dépendances du Temple de cette ville, et qui forma ainsi la première Chambre Prieurale. Dans la suite, on modifia cet ordre de choses en augmentant le nombre des Chambres Prieurales ainsi que nous le verrons dans le courant de cette étude.

Pour récompenser les services rendus par un homme qu'il aimait et estimait, Elyon de Villeneuve avait nommé Pierre de l'Ongle au Grand-Prieuré de Saint-Gilles, vacant par la mort d'Emmery de Thurey, de sorte que cette immense étendue de possessions se trouva de nouveau réunie dans les mains du Chancelier. Après la mort de Pierre de l'Ongle, arrivée en 1334, le Pape écrivit au Grand-Maître pour l'engager à ne plus réunir les deux Prieurés sous la même main, de peur des inconvénients qui avaient motivé leur séparation.

Ce ne fut que sous le successeur de Pierre de l'Ongle que fut complètement terminée l'affaire des biens des Templiers, car nous voyons le Grand-Prieur, Aycard de Miramont, déléguer le précepteur de la maison de Toulouse pour aller prendre possession de quelques fiefs du Temple détenus encore par les officiers royaux (1339).

Signalons, parmi les chevaliers qui gouvernèrent le Grand-Prieuré de Toulouse, Raymond de Lescure, qui joua un rôle important dans l'histoire de son Ordre. Doué d'une grande prudence et d'une bravoure à toute épreuve, il fut employé par le Grand-Maître dans plusieurs missions diplomatiques et se signala par de brillants faits d'armes. Ses services lui valurent les dignités de Grand-Commandeur, Grand-Prieur de Toulouse, lieutenant du Grand-Maître et administrateur du trésor de l'Ordre. Il signala son administration dans le Prieuré par les soins qu'il prit de faire élever ou réparer et agrandir les fortifications d'un grand nombre des villes soumises à son autorité. Se conformant à l'esprit de son Ordre, ce fut lui qui demanda et obtint, comme nous le verrons ailleurs, l'érection de l'ancien Temple de Toulouse en un hôpital destiné aux pauvres pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Quelques années après, Raymond de Lescure terminait glorieusement sa carrière dans une expédition qu'il commandait contre la garnison turque de Macri (1411).

Son successeur, Bertrand d'Arpajon, qui, malgré les prescriptions précédentes, réunit les deux Prieurés de Toulouse et de Saint-Gilles, s'occupa activement de faire respecter les anciens privilèges de l'Ordre. A sa requête, le nouveau Parlement de Toulouse rendit un arrêt qui déclara les Hospitaliers exempts de tous droits de péage, de leude et autres impositions, tant dans les villes que dans les ports de rivières ou de mer (13 mai 1429).

Le 29 mai 1453, un événement formidable vint jeter le trouble et la stupeur parmi les nations européennes. Les Turcs, s'élançant des côtes de l'Asie, venaient de planter le croissant sur les murs de Constantinople. Désormais l'ennemi de la chrétienté avait pris pied sur son territoire et de sa nouvelle position il était une perpétuelle menace pour sa sécurité. Il semblait, du reste, qu'elle fût une proie bien facile à saisir dans l'état de déchirement où nous venons de la voir plongée. Parmi tous ses états ébranlés sur leurs bases, pas un ne pouvait se lever pour la défense de tous et offrir une barrière sérieuse à l'Islamisme vainqueur. Dans cette détresse universelle, tous les regards se tournèrent vers cette petite île, poste perdu au milieu des mers, où une poignée de chevaliers de toutes les nations, oubliant leurs querelles particulières pour ne plus songer qu'à la défense de la chrétienté, attendait bravement le flot terrible de l'invasion musulmane. Pour lui procurer les moyens de repousser l'ennemi, les Papes ne cessent à cette époque de prodiguer à l'Ordre de Saint-Jean les témoignages de leur faveur. C'est ainsi qu'Eugène IV, pour faciliter la rentrée des « responsions » dans le trésor de l'Ordre, charge les évêques de surveiller par eux-mêmes cette opération (1440), que Sixte IV accorda aux Français toutes les indulgences qu'on gagne à Rome l'année sainte, à la condition de donner à l'Ordre le quart des sommes qu'ils auraient dépensé pour faire ce pèlerinage. Charles VII, qui venait de reconquérir la plus grande partie de son royaume, voulut lui aussi, malgré l'épuisement de ses finances, contribuer à une oeuvre dont il comprenait l'intérêt véritablement européen. Par ses lettres patentes du 1er avril 1445, il exempta les biens de l'Ordre de la taxe consentie à Bourges en 1440 par l'Assemblée générale du clergé sur toutes les possessions ecclésiastiques.
« Il fait cette concession, est-il dit dans l'acte, en considération les grandes pertes et dommatges que nos bien aimés les Beligieux de l'Ordre de Saint-Jehan, fondé en nostre Royaulme ont eu et soustenu à l'occasion des guerres et divisions d'icelluy nostre Royaulme, à l'occasion desquelles leurs rentes, revenus et possessions sont moult diminués et amoyndris et aussy leurs esglises, hospitaulx, maysons et métairies, tournées en grandes ruynes et désolation... »
Mais la véritable raison était le danger qui menaçait Rhodes dans ce temps-là plutôt que les désastres de la guerre qui avaient frappé les autres biens du clergé de France tout aussi bien que ceux de Saint-Jean. Au nombre des privilèges les plus précieux des religieux de Saint-Jean était le droit de n'être justiciables que des tribunaux de leur Ordre; faveur qui leur avait été concédée dans l'origine et confirmée plusieurs fois dans la suite, qu'ils conservaient avec un soin jaloux, mais qu'ils étaient souvent obligés de défendre contre les empiétements de la magistrature du royaume. Nous trouvons dans les archives de cette époque plusieurs témoignages de ces luttes. Ainsi en 1430, Durand du Faur, chevalier, viguier de Narbonne, Pierre d'Yssault, juge de cette môme ville, Jean Spondelherii, bailli d'Ouveilhan, et Raymond Valentin, notaire et officier du roi, firent saisir frère Jean de Raymond, précepteur de Peyrusse (commanderie située dans leur juridiction et dépendant à cette époque du Prieuré de Toulouse), qui était accusé de certains crimes, et le firent enfermer dans la prison du roi; requis par l'Ordre d'avoir à le remettre à son tribunal, ils s'y refusèrent, s'empressèrent d'instruire son procès, et, après sa condamnation, de le faire suspendre à un gibet. Pierre de Rota, doyen de Saint-Agricole à Avignon, chargé par le pape de veiller aux intérêts de l'Ordre dans toute l'étendue de la Langue de Provence, enjoignit à ces officiers, sous peine d'excommunication et en requérant même au besoin le concours du bras séculier, d'enlever de leurs propres mains le corps du frère de Raymond du gibet, où il était resté attaché, de le faire ensevelir décemment et avec honneur et de faire satisfaction à l'Ordre pour cette offense. Le viguier et ses assesseurs, ayant refusé d'obtempérer à cet ordre furent frappés d'interdit par P. de Rota; ils en appelèrent au pape Martin V, qui évoqua l'affaire à son tribunal. Malheureusement les archives ne contiennent pas la sentence; mais il est à supposer que la Cour de Rome dut saisir avec empressement cette occasion de proclamer les immunités ecclésiastiques, si contestées à cette époque, et sanctionner les foudres de son délégué contre les juges récalcitrants.

Quelques années plus tard, le Grand-Prieur Pons de Malevielle vit se renouveler ce débat sous une forme analogue et parvint à faire respecter ses privilèges. Il s'agissait d'un religieux, R. Gétule, qui, s'étant rendu coupable de quelques excès et violences à Fontenille en Périgord avait été traduit devant le Parlement de Bordeaux. Le Grand-Prieur réclama énergiquement contre la compétence de ce tribunal et obtint en effet la remise de l'accusé dans les prisons de l'Ordre; après quoi, cet accusé s'étant évadé et refusant de comparaître devant le chapitre provincial pour y être jugé, Pons de Malevielle ordonna à tous les frères de l'Ordre de s'emparer de la personne du fugitif, partout où ils le rencontreraient.

L'administration du fisc faisait aussi des tentatives souvent renouvelées pour prélever des impositions sur les possessions de l'Ordre, malgré les privilèges concédés; et ce ne fut que grâce à la vigilance et à l'énergie des divers Grands-Prieurs, que les droits de l'Hôpital ne furent pas entamés. L'un d'entre eux, François Flotte, obtint du roi François Ier la confirmation des privilèges de l'Ordre par lettres patentes du 5 janvier 1518.

Du reste toutes les ressources de l'Ordre de Saint-Jean allaient lui devenir indispensables. Après s'être relevés de leur premier échec contre Rhodes, les Turcs aspiraient à prendre leur revanche et à laver leur honte dans le sang de ces chevaliers. A la nouvelle de l'armement formidable qui se préparait, le Grand-Maître, Philippe de Villiers de l'Isle-Adam, appela tous ses chevaliers au poste d'honneur et de péril et on y vit accourir aussitôt tous ceux qui étaient en état de porter les armes. Nous n'avons pas à faire ici l'historique de ce siège mémorable, après lequel le Grand-Maître suivi des quelques survivants de cette lutte héroïque n'abandonna à l'ennemi qu'un monceau de décombres arrosés de sang. Nous dirons seulement que parmi les chevaliers dont les noms sont inscrits à cette belle page de l'histoire brille au premier rang le Grand-Prieur de Toulouse, Gabriel de Murât de Lestang-Pomeyrol, grand commandeur, lieutenant du Grand-Maître; on le distinguait toujours, soit dans le conseil, soit dans le combat; il pérît d'une chute dans une tranchée, le 4 septembre 1522.

Son successeur fut frère Désiré de Tholon le Saint-Jal, bailli de Manosque, qui s'était grandement distingué comme chef de l'artillerie pendant le siège. Il gouverna le Grand-Prieuré de Toulouse jusqu'à sa nomination à la Grande-Maîtrise, qui eut lieu le 1er novembre 1535. Il était à Toulouse quand il reçut la nouvelle de son élection; il se mit en route pour se rendre à Malte, tomba malade à Montpellier et y mourut le 26 septembre 1536.

Si le courage des chevaliers avait été admirable pendant cette terrible période, il n'en est pas moins vrai que la discipline s'était relâchée de sa sévérité primitive. L'esprit d'indépendance s'était propagé parmi ces religieux que nous venons de voir si prodigues de leur sang et de leur dévouement, de nombreux abus s'étaient glissés, principalement parmi les Hospitaliers de la Langue de Provence, si nous en pouvons juger d'après une bulle adressée le 23 décembre 1526 à l'official de Saint-Etienne par le pape Clément VII, à la requête du Grand-Maître de l'Isle-Adam. Ce dernier s'était plaint de ce que, contrairement aux statuts qui défendaient aux frères et aux précepteurs de voyager sans la permission de leur supérieur, plusieurs Hospitaliers des prieurés de Saint-Gilles et de Toulouse, portant l'habit de l'ordre et jouissant de ses privilèges, « ne craignaient pas d'enfreindre cette prescription et de mener une vie fort éloignée de la religion, refusant d'obéir aux juges délégués par le Saint-Siège... » Le Pape, considérant que là ou la discipline est méprisée, la religion est exposée au naufrage, ordonna d'employer l'excommunication contre les délinquants, chevaliers, chapelains, ou servants d'armes, quelque fut leur rang, fussent-ils même pourvus de bénéfices ecclésiastiques.
Diverses modifications dans les commanderies du Prieuré, opérées à cette époque, de nombreux membres détachés des circonscriptions existantes pour être affermés séparément et augmenter ainsi les revenus de l'ordre, témoignent du zèle des grands-prieurs et de la pénurie du trésor, alors épuisé par les dépenses du siège de Rhodes et un peu plus tard par celles de la prise de possession de Malte et de la mise en état de défense de cette île, jusque-là complètement ouverte à toutes les attaques des ennemis. La nécessité de ces fortifications ne tarda pas à se faire sentir, car, en 1565, les Turcs vinrent mettre le siège devant le nouvel établissement des Hospitaliers. Grâce à la valeur du Grand-Maître de la Valette et de ses chevaliers, les infidèles furent forcés, après un siège long et meurtrier, de regagner leurs vaisseaux.

Ce fut du reste le dernier choc que les chevaliers eurent à supporter de l'invasion musulmane. Réduit à une décrépitude hâtive par ses moeurs, son gouvernement et sa religion, l'Empire turc vit de jour en jour sa vitalité et ses forces s'évanouir et ne tarda pas à cesser d'être un épouvantail pour le reste de l'Europe. Dès lors le rôle de l'Ordre de Saint-Jean va se réduire beaucoup; son action se bornera désormais à capturer quelques navires turcs et à faire la chasse aux corsaires de la Méditerranée. Avec le sentiment de la haute mission qu'il avait à remplir, il n'est pas longtemps avant de perdre son ancien esprit. Pleins comme leurs devanciers d'une bravoure qui ne cherchait qu'une occasion pour se démontrer, les chevaliers ne trouvaient pas dans les luttes désormais insignifiantes de l'Ordre de quoi satisfaire leur activité. Après avoir passé quelques années de leur jeunesse à faire des courses sur les vaisseaux de la Religion, ils retournaient sur le continent pour jouir des revenus de leurs commanderies et n'avaient plus de rapports avec l'Ordre que pour obtenir de nouvelles faveurs. C'est alors que l'on vit les souverains de la chrétienté s'immiscer dans le gouvernement de Malte et faire distribuer les grandes dignités de l'Ordre à leurs courtisans ou aux membres de leurs familles.

Du reste, l'utilité de cette institution ayant ainsi diminué, on ne tarda pas à vouloir lui retirer une partie de ses privilèges concédés précédemment. Mais la noblesse était tout entière trop intéressée à la conservation d'un Ordre qui n'ouvrait ses portes que pour elle, pour ne pas prendre énergiquement sa défense. Elle préférait pour ses fils le manteau à la croix rouge de chevalier de Malte, fort peu gênant du reste à cette époque, à la robe de bure de moine. Les considérations, les honneurs et les riches commanderies attendaient le pauvre cadet de famille dont le plus clair du patrimoine consistait en parchemins suffisants pour lui donner entrée dans la milice de Saint-Jean. Aussi dans le cahier présenté par les députés de la noblesse du Languedoc aux Etats généraux de 1614, pouvons-nous lire une supplique très-pressante à ce sujet avec l'exposé naïf de leurs motifs:
« Votre Majesté est aussi très-humblement suppliée de vouloir bien maintenir et conserver ceux de l'Ordre et Religion de Saint-Jean de Jérusalem en la jouissance de leurs biens et privilèges et faire lever et cesser tous les troubles et empêchements qui leur sont donnés au préjudice de leurs dits privilèges, successivement confirmés par les Rois vos prédécesseurs et même par Votre Majesté, tant pour les grands et signalés services qu'ils rendent à la République chrétienne, comme aussi par la décharge d'une infinité de maisons nobles de votre royaume, qui se trouvent grandement décorées et relevées par les grandes et belles charges, à quoi la piété et la vaillance font arriver journellement leurs enfants et avec un grand avantage sur toutes les autres nations. »
Cette requête fut couronnée de succès puisque nous trouvons les privilèges de l'Ordre confirmés par Louis XIII, en 1621 et plus tard par Louis XIV en 1651.

A cette époque le Grand-prieuré de Toulouse était passé par une crise très agitée. La terrible période des guerres religieuses, si désastreuse pour toute la France, l'avait été surtout pour nos provinces du Midi, où les protestants avaient leurs principaux centres. Naturellement les chevaliers de Saint-Jean étaient les champions les plus dévoués de la grande cause catholique et les places fortes de l'Ordre jouèrent un rôle important dans cette période tourmentée. A la tète du Grand-prieuré, nous trouvons un homme qui s'est conquis une place dans l'histoire. C'est Antoine-Scipion de Joyeuse, dont la famille était à la tête du parti catholique et qui avait lui-même inspiré la terreur aux huguenots du Languedoc. Après la mort de son frère aîné Anne duc de Joyeuse, à Coutras, pour empêcher l'extinction d'une race illustre et chère à l'Eglise, le pape Sixte V le délia de ses engagements dans l'ordre de Malte, et le rendit à la vie séculière et au commandement des armées catholiques du Midi.

La Ligue rencontrait de vives sympathies parmi les Hospitaliers. Nous en donnerons comme preuve le passage suivant que nous traduisons dans la relation latine de la mort du président Duranti (1589), publiée par un témoin occulaire et citée par Dom Vaissette.
« Ayant résolu de le faire périr misérablement dans un bref délai et ne pouvant accomplir assez commodément leur dessein chez les Dominicains, ils résolurent de le conduire dans la grande tour (immanent turrim) de Saint-Jean, appartenant aux chevaliers de Malte, pour le soumettre à une garde plus sévère et plus sûre..., ils disaient pour prétexte qu'il vivait trop librement chez les Jacobins, qui, touchés par le malheur de ce grand homme, le visitaient plus fréquemment qu'il ne convient à des geôliers. »

On comprend sans peine avec quel acharnement les Huguenots tâchaient de nuire aux chevaliers de Saint-Jean et dévastaient leurs possessions, quand les circonstances le leur permettaient. Aussi la désolation était-elle générale dans les domaines de l'Ordre, surtout quand dans le voisinage s'élevait quelque place protestante. Les villages étaient brûlés, les moissons saccagées, les habitants massacrés. C'est ce lugubre tableau que vient dérouler devant nos yeux messire André de Puylobrier, chevalier de Saint-Jean, Commandeur de Condat et receveur de l'Ordre au Grand-Prieuré de Toulouse, dans les réclamations qu'il adresse à Jean de la Valette-Cornusson, sénéchal de Toulouse, le 14 mars 1588.
« L'Assemblée générale du clergé de France avait voté dans sa séance du 3 juin 1586 un subside de 1, 300,000 livres tournois, impôt dans lequel les « Rhodiens » figuraient pour 37,857 livres. Le Receveur demanda un dégrèvement pour la commanderie de Condat, dévastée par les garnisons de Turenne, Bergerac, Sainte-Foy-la-Grande et Castillon; pour la commanderic d'Argenteins, ravagée par les protestants de Nérac et de Casteljaloux; pour celle de Caignac, ruinée par les hérétiques de Pamiers, Mazères et Saverdun; pour celles de Golfech, de Renneville, de Caubins et Morlas, de Gouts, de Gabre et de Capoulet, qui avaient été aussi mises à sac par les garnisons des environs. Cette réclamation, dont la vérité fut affirmée par un grand nombre de témoins, fut accueillie favorablement et un jugement rendu le 16 mars 1588 par MM. les Trésoriers généraux de France déchargeait les commandeurs de ces circonscriptions de leurs parts dans cet impôt.

Citons parmi les Grands-prieurs de Toulouse, Alexandre de Vendôme, fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrée, prince doué, comme son frère César, d'un esprit inquiet, de talents assez remarquables et d'une ambition qui fit son malheur; sa naissance et ses mérites l'avaient fait revêtir malgré sa jeunesse des premières dignités de l'Ordre. Il avait été nommé général des galères de la Religion et envoyé, en 1615, comme ambassadeur d'obédience auprès du pape Paul V. En 1619, il échangea le Grand-Prieuré de Toulouse contre celui de France, dignité qui lui permettait le séjour de la cour de son frère, qu'il croyait devoir être favorable à ses desseins ambitieux et qui devait emmener sa perte quelques années plus tard.

C'étaient du reste de riches et puissants seigneurs que ces Grand-Prieurs de Toulouse, appartenant tous aux principales familles du royaume, ils exerçaient leur juridiction sur une grande province et jouissaient d'énormes revenus. Petit à petit, le nombre des fiefs, qui, sous le nom de chambres prieurales, composaient leur domaine particulier, s'était augmenté et avait atteint des proportions si considérables que le Conseil de l'Ordre s'en préoccupa vers le milieu du XVIIIe siècle et en détacha quelques commanderies.

Le Grand-Prieuré de Toulouse était possédé par le baron de Sade au moment de la révolution française dont le flot niveleur emporta cette institution avec un si grand nombre d'autres. Cet Ordre, français par son origine, tirant de la France son lustre et ses revenus, fut mortellement frappé par ce coup; il sentait ses destinées liées à celles de la monarchie et de la noblesse française. Retirés sur leurs rochers de Malte, les chevaliers attendaient avec un sombre découragement leur fin qu'ils sentaient approcher. Elle ne se fit pas longtemps attendre. Quand en 1799, Bonaparte, en allant en Egypte, voulut s'emparer de Malte et porter le dernier coup à ce respectable vestige d'un passé héroïque, il y eut un simulacre de résistance contre cette inqualifiable tentative. Après en être sorties pour la forme, toutes ces épées rentrèrent dans le fourreau; tous ces fronts se courbèrent sous le coup qui les frappait avec une résignation qu'ils n'auraient point connue dans les siècles précédents.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883

Liste des Prieurs du Toulousain (1115-1315)
1106-1121. Gérard, diacre.
--------1134. Bernard Hugo.
1145-1146. Forton.
1147-1143. Bernard de Puysiuran.
1154-1161. Bernard d'Azillan.
1162-1163. Pons de Lordat.
1163-1160. Guiraud de Corneillan.
1166-116S. Raymond Petit.
1168-1169. Foulques de Nesse.
1169-1170. Guiraud de Saint-André.
1170-1171. Raymond de Clavel.
1172-1173. Raymond de Verdun.
1174-1175. Pierre de Saint-André.
1177-1180. Pierre d'Alsen.
1181-1183. P. de St-André. (2e fois).
1184-1185. Raymond Garsie.
1185-1183. Pons de Lordat (2e fois).
1186-1188. R. Garsie. (2e fois).
1188-1191. Guillaume Raymond.
1193-1194. Sicred de Léran.
1194-1195. Aymeric (2e fois).
1195-1198. Pierre d'Hélie.
1198-1199. Guill. Raymond (2e fois).
1199-1201. Sanche Garsie d'Aure.
1201-1202. Aymeric. (3e fois).
1202-1203. G. Raymond. (2e fois).
--------1205. Sanche Garsie d'Aure. (2e fois).
1206-1207. Bertrand de St-André.
1207-1209. Pierre Barravi.
1210-1211. Sanche Garsie d'Aure (3e fois).
1212-1215. Bernard de Capoulège.
1215-1219. Guillaume l'Ecrivain.
1219-1225. Bertrand de Cobirac.
1227-1236. Sanche de l'Epée.
1236-1240. Pierre de Cayrane.
1240-1244. Guillaume de Barége.
1245-1246. Pierre de Cayrane (2e fois)
1247-1248. Jourdain de Saint-André.
1250. (Etablissement des Vices-Prieurs du Toulousain).
1250-1255. Guillaume L'Ecrivain, précepteur de Montpellier.
1256-1260. Pierre de Montbrun.
1260-1266. Bernard d'Aure, précepteur de Rayneville.
1267-1272. Pierre du Port, précepteur de Saint-Sulpice.
1272-1278. Albert de Roset, précepteur de Poucharamet.
1278-1280. Pierre de Corneillan, précepteur de Bolbone.
1280-1282. Guillaume Arnaldi, précepteur de Toulouse.
1282-1309. Pierre de Florence, précepteur de Toulouse.
1309-1310. Bernard do Maurin précepteur de Toulouse
1310-1311. Aymeric de Tarin, précepteur de Toulouse.
1311-1313. Pierre de Caylus.
1313-1315. Guillaume de Rotbald.

Liste des Prieurs de l'Agenais et du Bordelais.
--------1155. Etienne Ayquilin.
--------1202. Wilhelm de Montmaureu.
1215-1220. Wilhelm Amanieu de Bouglon.
1220-1221. Hélie de Marinhac.
--------1223. Hélie de la Rivière.
1225-1228. Pierre de Loupe.
1235-1236. Sans-Arcis.
1243-1251. Jourdain de St-André.
--------1257. Arnaud de Botenac.
1265-1284. Ermengaud des Aguilhiers, vice-prieur.
1288-1289. Raymond Prévost.
1301-1306. Bertrand de Savinhac, vice-prieur.

Maîtres du Temple dans la baillie de Toulouse.
--------1134. Gérard de Nocura.
--------1148. Deus de Hugo.
--------1150. Guillaume de Verdun.
--------1162. Dieudonné de Girbert.
--------1164. Durand.
1165-1167. Pierre d'Astugue.
1167-1179. Pierre de Toulouse.
1180-1183. Pierre Bérenger.
1184-1191. Raymond Oalric.
1192-1198. Guillaume de la Mothe.
1201-1204. Fourtanier d'Astiage.
1204-1205. Bermond.
1205-1208. Bertrand de la Salle.
1211-1212. Pierre de Castelnau.
1212-1213. Bermond (2e fois).
1213-1214. R. Guizoard ou Chézoard.
1214-1215. Guillaume de la Roque.
1215-1218. Guillaume Catel.
1218-1219. Bertrand de la Roque.
1221-1224. Arnaud de Toulouse.
1225-1228. Raymond Focald.
1228-1229. Pierre de Dieu.
1229-1230. Hugues Carbonnel.
1230-1232. Rigald des Roches.
1233-1236. Martin de Nesse.
1237-1244. Guillaume de Bruguières.
1244-1245. Hugues de Marmande.
1245-1250. G. de Bruguières (2e fois)
En 1250 suppression de la maîtrise de Toulouse.

Maîtres du Temple Baillie d'Agen.
--------11... Fort Sans de Vidalhac.
1155-1158. Augier de Bédeisan.
1159-1165. Hélie de Focald.
1l65-1170. Pierre de Stugues.
1170-1175. Jourdain de Corbarrieu.
1176-1180. Gaston de Castelmaurou.
1230-1236. Forlamer do Séados.
1233-1213. Arn. Raymond de la Mothe.
1245-1262. Guillaume-Bernard d'Aspet
1233-1275. Arnaud d'Auron.
1276-1285. Pierre de Sombrun.
1286-1290. Cenebrun de Pins.
1290-1295. Bertrand de la Selve. Lieutenant du maître.
1298-1300. G. de Bernard. Lieutenant du maître.
1305-1306. Ratier de Lemosin.

Maîtres du Temple Baillie du Périgord
--------1223. Hélie de la Barthe.
--------1240. Raymond Ayz.
--------1273-1306. Géraud de Lavergne.

Liste de la baillie du Temple Bordelais
--------1170. Wilhelm Panet.
--------1264. Guy de Basemville.
--------1269. Jean Le Français.


Liste des Grands-Prieurs de Toulouse
1315-1332. Pierre de l'Ongle, chancelier de l'Ordre, grand-prieur de Saint-Gilles.
1332-1339. Aycart de Miramont.
1340-1316. Marquiot de Gozon (1e fois)
1346-1347. Esconte de Ryaterio, grand-prieur de Navarre.
1347-1360. Marquiot de Gozon (2e fois)
1360-1368. Raymond de Saviu.
1371-1380. Gaucher de la Bastide-Rolland.
1390-1390. Pierre d'Hauterive.
1391-1395. Jean de Lautar.
1395-1411. Raymond de Lescure, grand commandeur.
1412-1427. Pierre du Tilleuil, grand commandeur.
1127-1431. Galhot de Montot.
1432-1435. Hugues Ricard.
1436-1448. Bertrand d'Arpajon, grand prieur de Saint-Gilles.
1418-1453. Bérenger de Gozon.
1453-1475. Pierre de Montlezun.
1475-1476. Pierre de Raffin.
1476-1484. Pierre de Ferrand.
1484-1483. Pons de Malavitulae, grand commandeur.
1490-1512. Jean de Ranguis, grand commandeur.
1512-1520. François Flotte.
1520-1521. Jean de Johanis.
1521-1522. Gabriel de Murât de Lestang de Pomeyrols, grand commandeur.
1523-1536. Didier de Tholon de Saint-Jal, Grand-Maître en 1536.
1536-1541. Pierre de Grâce.
1514-1532. Foulques de Charitad.
1552-1555. Claude de Gruel de la Bourelh.
1555-1559. Pierre de Beaulac-Tres-bons.
1570-1575. Balthazar des Comtes de Vintimille.
1575-1581. Mathurin do Lescur-Romegas, Prieur d'Irlande, général des Galères.
1581-1589. Ant.-Scipion de Joyeuse.
1591-1595. J.-Pierre de Montauban Viguedenar.
1595-1597. Jean de Soubiran Arifat.
1597-1610. Raymond de Gozon Melac.
1613-1619. Alexandre de Vendôme frère naturel de Louis XIII.
1620-1622. Jean de Mars Livière.
1622-1630. Joachim de Montaigut-Fromijières, Gouverneur de Metz et du pays Messin.
1630-1645. Georges de Castellane d'Aluys.
1646-1655. Henri de Merles-Beauchamp.
1656-1662. Denys de Polastron-la-Hillière.
1664-1668. Horace de Blacas d'Aups.
1668-1672. Antoine de Roubin-Granson.
1673-1688. François Paul de Béon-Masses-Cazaux.
1689-1701. Frédéric de Berre-Collongue.
1702-1708. Gaspard de Pontèves-Bargène.
1719-1731. Octave de Galléan.
1732-1734. René du Pré.
1735-1743. Charles d'Ayguières-Frignand.
1744-1746. Antoine de Robin Barbentane.
1747-1748. Chnrles de Roquefort Marquein, général des Galères.
1749-1756. Henri-Louis de Chalvet-Rochemontès.
1757-1767. François-Antoine d'Albertas, dauphin de St-Mayme.
1768-1772. Louis-Hippolyte de Varagne-Belesta-Gardouch.
1773-1786. René de Léaumont.
1788-1792. Richard Jérôme, baron de Sade.

Liste des Receveurs Généraux de l'Ordre dans le Grand Prieuré de Toulouse.
« Ces dignitaires jouaient un rôle important dans l'administration du Prieuré, jusques vers le milieu du XVe siècle, on les désignait sous le nom de Trésoriers. »

Trésoriers
1315-1330. Bernard de Gironde.
1330-1350. Jean des Affaires.
1351-1360. Pons de Raffaud.
1360-1375. Arnaud-Bern. Ebrard.
1377-1380. Bernard de Lupia.
1330-1388. Pierre de Salinier.
1400-1410. Arnaud de Vise.
1419-1420. Durand de Maljean.
1421-1438. Etienne de Raffin.
1440-1450. Arnaud de Piton.
1451-1452. Pierre du Puy.
1453-1464. Antoine de la Font.

Receveurs Généraux
1477-1490. Oddet de las Graulas.
1497-1502. Bertrand d'Esparvès de Lussan.
1511-1514. Bernard de Goulard.
1524-1530. Géraud de Massas.
1537-1545. Philippe du Broc.
1547-1548. P. de Beaulac Tresbons.
155S-1582. François de Doncet Massaguet.
1563-1566. Hugues de Loubens-Verdalle.
1569-1570. Etienne d'Arzac.
1570-1579. Jean de Maignant-Montégut.
1586-1583. A. de Martin Puylobrier.
1600-1605. René de Chabaud-Tourette.
1614-1615. Pierre de Blancard Naites.
1618-1620. Georges de Castellane.
1626-1627. Denis de Polastron la Hillière.
1628-1638. Phil.-Emmanuel de Chaubaud-Tourette.
1640-1646. Melchior de Barras-Clamens.
1648-1650. Jacques de Pichon.
1653 1656. J. Paul de Béon-Masses-Cazaux.
1661-1663. J. Paul de Cardailhac d'Ouzon.
1664-1615. François des comtes de Vintimille.
1671-1673. L. d'Estuard de Besaure.
1678-1694. J. F. de Robin Barbentane.
1696-1712. Claude de Seignoret de Fabrezan.
1730-1733. Octave de Galléan.
1740-1750. Joseph de Chalvet Rochemontès.
1750-1775. J. Sébastien de Varagne Gardouch Bélesta.
1780-1789. J. Gabriel de Lordat.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Verfeil   (31)

Domus Hospitalis Verfeil
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Verfeil — 31


Domus Hospitalis Verfeil
Domus Hospitalis Verfeil


Vers le milieu du XIIe siècle, nous trouvons les Hospitaliers établis dans le voisinage de Verfeil. Une donation dont l'acte n'est pas conservé dans les archives, avait ajouté aux domaines de l'Ordre l'église et le dîmaire de « Saint-Symphorien », dont il ne reste plus de traces aujourd'hui, et qui étaient situés jadis dans le territoire de Verfeil.

En 1168 nous trouvons la donation faite par Guillaume des Bruguières, de sa terre de la « Cardonède », à l'hôpital de Jérusalem de Saint-Symphorien, près Verfeil.

Un peu plus tard, une noble dame, Flandine du Fossat et ses enfants, Raymond, Adhémar et Naalde donnaient à ce même hôpital toutes les terres qu'ils possédaient dans le voisinage de l'église de Saint-Symphorien (1177).

Comme nous ne trouvons plus de mention de cette possession de l'Ordre à partir du XIVe siècle, il est à supposer qu'il dut être aliéné vers cette époque ou du moins échangée contre quelque autre fief plus à la convenance des Hospitaliers.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883


Viviers (Nailloux)   (31)

Domus Hospitalis Viviers
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Toulouse, Canton: Nailloux — 31


Domus Hospitalis Viviers
Domus Hospitalis Viviers


L'Hôpital de Caignac possédait en toute seigneurie, par suite d'une donation que les archives ne nous ont pas conservée, une portion du territoire de NaillouxDomus Hospitalis NaillouxDomus Hospitalis Nailloux, désignée sous le nom de Viviers ; ils y avaient construit un établissement qui avait servi de noyau à une petite localité n'existant plus du reste aujourd'hui.
Les précepteurs de CaignacDomus Hospitalis CaignacDomus Hospitalis Caignac eurent à lutter à ce sujet contre les consuls de Nailloux, qui prétendaient avoir la juridiction du lieu de Viviers comme du reste de leur territoire. Ces contestations se terminèrent par un arbitrage qui donna pleinement raison au précepteur Guillaume du Puy, vers 1175.

Dans une reconnaissance consentie en 1499 par les consuls de Viviers au commandeur Gaston de Verdusan, nous apprenons que, dans cette localité, les Hospitaliers possédaient un château féodal. Mais la suite des temps ou peut-être les malheurs da la guerre firent disparaître cette demeure ; « à présent, » lisons-nous dans un dénombrement de la Commanderie de Caignac en 1657, « ne y a rien que la mémoire. »

Dans le voisinage de Nailloux se trouvait également une autre portion du territoire appelée SieuraguelDomus Hospitalis SieuraguelDomus Hospitalis Sieuraguel, au centre duquel les Hospitaliers possédaient un établissement d'exploitation agricole.

Liste des Commandeurs du membre de Viviers.
1270. Hugues de Electo.
1288. Arnaud de Barri.
Sources: A. Du Bourg, Histoire du Grand Prieuré de Toulouse — Toulouse — 1883.


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