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Maisons ou Hôpitaux de l'Ordre de Malte
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Département de la Loire-Atlantique

Biais (Les)   (44)

Commanderie Saint-Père-en-Retz ou Les Biais
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Saint-Père-en-Retz — 44


Commanderie Les Biais
Commanderie Saint-Père-en-Retz ou Les Biais


La Maison du Temple des Biais est et à toujours été d'origine templière, ainsi que celle de Coudrie
Deux commandeurs revendiquèrent les Biais: celui de Coudrie dont les prédécesseurs semblent en avoir joui à l'origine, et celui de Nantes qui avait, comme on l'a vu, beaucoup de biens dans le pays de Retz.
« Le duc de Bretagne Jean V désirait cette annexion des Biais à la commanderie de Nantes; c'est ce que prouvent les lettres de ce prince, prenant sous sa sauvegarde, le 19 juin 1438, la commanderie de Nantes et « spécialement l'hostel des Biays, annexe de ladite commanderie. » Il existe aussi, une « complainte du commandeur de Nantes », datée du 27 novembre 1438, contre l'annexion des Biais à la commanderie de Coudrie (Archives de la Vienne, 3 H, 427 et 541) »

On examina à Rhodes les raisons de l'un et du l'autre et en 1438, le Grand Maître des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem porta une sentence suprême annexant la commanderie des Biais à celle de Coudrie. Cette décision fut confirmée le 26 novembre 1440, par une seconde sentence du Chapitre général de l'Ordre tenu à Rhodes.

Le Temple des Biais — appelé plus souvent dès lors l'Hôpital des Biais — n'eut plus ensuite d'existence propre et demeura jusqu'à la Révolution une dépendance de Coudrie.

Quant à cette dernière commanderie, elle souffrit beaucoup des guerres de la Ligue. Vers 1581 son manoir et ses archives furent brûlés par les Huguenots, malgré la sauvegarde qu'avait donnée Françoise de Rohan, dame de la Garnache, au commandeur tenant d'elle le temporel de son bénéfice. Reconstruite par les Chevaliers de Malte, cette maison de Coudrie fut de nouveau pillée et dévastée en 1793, son fermier Joseph Thomazeau périt même sur l'échafaud révolutionnaire; depuis ses bâtiments ont été démolis et ses belles futaies abattues.

Comme toutes les commanderies des Ordres religieux-militaires, celle des Biais avait quelque chose dans un assez grand nombre de paroisses appartenant toutes au diocèse de Nantes. Nous parlerons plus loin de son domaine proche; disons dès maintenant que sa haute juridiction relevait directement du duc, puis du roi, par leur cour de Loyaux. Elle s'exerçait encore en 1778, à Saint-Père-en-Retz, et s'étendait en vingt-quatre paroisses savoir: Saint-Père-en-Retz, Arthon, Bourgneuf, Bouin, Chauvé, Fresnay (possédant encore le village de l'Hôpitau), Frossay, la Limouzinière, les Moutiers, Machecoul, Pornic, Port-Saint-Père, Prigny, Saint-Brévin, Saint-Jean de Corcoué, Saint-Hilaire-de-Chaléons (où se trouve aujourd'hui le village du Temple-de-Bretagne), Saint-Philbert de Grandlieu, Sainte-Opportune, Sainte-Marie, Saint-Mesme (comprenant en 1420 le fief du Temple), Saint-Viau, Touvois, Vue et Vieillevigne, (Archives de la Vienne, 3 H, 421).

Etaient « tous les teneurs, vassaux; mansionnaires et estagers des flefs de ladite commanderie des Biers obligés de tenir sur leurs logis une croix pour marque de ladite juridiction. » Moyennant cette croix, ils jouissaient de tous les privilèges accordés aux tenanciers de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem; ils s'exemptaient même ainsi de l'onéreux devoir de « neume » envers les recteurs de leurs paroisses, payant seulement à ceux-ci « le nombre de treize doubles de Bretagne » et à leur seigneur le commandeur des Biais « la seconde et meilleure robe du décédé ou bien cinq sols monnaie. »
Les rentes payées au commandeur des Biais par ses sujets consistaient en argent, blé, avoine et seigle, en cire et chapons, et en dîmes de grains, d'agneaux et de lins.

Le commandeur pouvait exercer également son droit de faire, une fois l'an, les nouveaux mariés de la paroisse de Saint-Père-en-Retz lutter d'adresse en courant et frappant la quintaine. Il avait aussi un droit de bouteillage perçu à la foire de l'Ascension et a l'assemblée du mardi de Pâques: ce bouteillage consistait: à prélever « quatre pots de vin par chacune pipe » le jour de la foire et « deux pots » seulement le jour de l'assemblée. Nous reparlerons de cette assemblée du mardi de Pâques, disons ici seulement un mot de la foire de l'Ascension.
Foire de Biais
Cette foire des Biais avait été concédée aux Templiers, à la fin du XIIe siècle, par la duchesse Constance de Bretagne et fixée au dimanche précédant l'Ascension. Environ deux cents ans plus tard le duc de Bretagne Jean V reçut « la supplication et humble requeste de religieux et honeste frère Girard de Foulgereules, prieur d'Aquitaine et commandeur de l'Hospital des Bihaers », rappelant que cette maison avait été fondée par les ducs de Bretagne, ses prédécesseurs, et qu'il était coutume de tenir « audit lieu des Bihaers une foire, par chacun an, le jour du dimanche que l'on chante en sainte Eglise (Vocem jocunditatis — le 5e dimanche après Pâques -; à laquelle foire souloient et avoient accoustumé venir et se assembler plusieurs marchands du païs de Poitou et des marchés d'environ, lesquels se veulent à présent delesser et se abstenir doresenavant de plus aller ne fréquenter ès foires et marchez au jour du dimanche. » En conséquence pour prévenir la ruine de sa foire de Biais, le commandeur demande au prince de la tenir non plus un dimanche, mais le jeudi, précédant le cinquième dimanche après Pâques. Jean V accueillit favorablement cette requête et par lettres écrites à Nantes, le 28 avril 1408, il transféra la foire des Biais suivant le désir du commandeur Girard de Fougereules; depuis lors et jusqu'à la Révolution, la foire des Biais se tint « le jeudy après le dimanche de Cantate » (4e dimanche après Pâques).
Domaine de Biais au XVIIe siècle
« La maison, commanderie et seigneurie des Biers consiste en une chapelle couverte d'ardoises, une maison y joignant composée d'une chambre basse et une chambre haulte au dessus, deux autres chambres haulte et basse joignant ledit corps de logix, deux autres chambres basses servant l'une de cellier, l'autre d'escurie, et deux autres logements couverts de tuiles, le tout se joignant, avec un jardin au derrière et un petit pastureau, le tout contenant 5 boissolées de terre. » Autour s'élevaient des bois et s'étendaient des terres labourées, des vignes et des prairies, « le tout contigu et clos de fossés, contenant ensemble 341 boisselées. »
Le commandeur des Biais avait, en outre, quelques autres terres telles que:

Saint-Pierre-en-Retz



Hôpital de Saint-Pierre-en-Retz
Hôpital de Saint-Pierre-en-Retz


« La pièce du Champ de foire et un ancien bois taillis, le tout renfermant 176 boisselées;
En Chauvé, les terres de la Noue et du Bois des Biers « Le bois de Biers, ou le Temple en Chauvé, fut vendu 3.450 livres en 1793 ».
En Frossay, les prairies du Temple, les grands et petits prés des Biers.
En les Moutiers, prés le village des Sables, « quarante huit aires de marais salants. »

Temple



Domaine de l'Hôpital le Temple
Domaine de l'Hôpital le Temple


Enfin le même commandeur levait certaines petites rentes sur la maison du Temple en Saint-Mesme et sur une autre habitation au bourg de Chauvé; le propriétaire de celle-ci était tenu de lui présenter chaque année, le jour de Noël, « deux sols entre la messe du point du jour et la grande messe parochiale. »
Les chevaliers avaient également à l'origine des biens à Bourgneuf, à Pornic et à Machecoul, mais nous ignorons si ces immeubles faisaient partie de la commanderie des Biais ou de celle de Coudrie.

Bourgneuf



Domus Hospitalis Bourgneuf
Domus Hospitalis Bourgneuf


A Bourgneuf on signalait dès le XIIe siècle, le Val-des-Templiers, et plus tard dans la ville même la rue des Templiers.

L'Hôpitau



Domus Hospitalis l'Hôpitau
Domus Hospitalis l'Hôpitau


A Pornic s'élevait au bord de l'océan la maison du Temple, rebâtie en 1225 et dont nous avons parlé.
A Machecoul apparaissaient prés de la ville la maison de Jérusalem et le moulin du Sépulcre.

L'Hôpitau



Domaine de l'Hôpital de Hôpitau
Domaine de l'Hôpital de Hôpitau


A une lieue dans la campagne le village de l'Hôpitau et le fief du même nom s'étendant en la paroisse de la Trinité.

Au moment de la Révolution, les fermiers généraux de Coudrie, Joseph Thomazeau et Pierre Cormier, affermèrent le 19 mai 1791, à François Lecomte les maisons et terres de la Commanderie des Biais, moyennant 2.250 livres. Or il faut remarquer que l'Assemblée Nationale venait de supprimer les rentes féodales et les dîmes; aussi le prix de cet affermage ne représente-t-il qu'une partie du revenu plus important de la commanderie des Biais avant 1789.

Lorsque Napoléon supprima en France l'Ordre de Malte, il donna à la Légion d'honneur tout ou partie des biens des vaillants Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. C'est comme propriété de la Légion d'honneur que fut estimée en 1809 la terre des Biais en Saint-Père-en-Retz et Frossay; on évalua alors son revenu 2.259 francs, représentant un capital de 45 180 francs.
Ces chiffres donnent à croire que sous le régime féodal, avant 1789, le revenu de la commanderie des Biais devait être d'environ 3.000 livres.

Le logis des Biais était simple, plutôt pauvre que luxueux; il ne servait d'ailleurs que rarement de résidence aux commandeurs qui habitaient naturellement de préférence leur manoir de Coudrie. Telle qu'elle existe encore aujourd'hui, la maison des Biais, « couverte en tuiles, sans style, sans ornements », ne se distingue en rien des habitations ordinaires « sauf l'aménagement intérieur qui révèle sa première destination. » Elle est accompagnée « d'un jardin de modeste dimension, bordé de haies vives, et d'une cour assez vaste, au fond de laquelle, à gauche, s'élevait une chapelle. »
Chapelle de la commanderie de Biais
Il nous reste à parler de la chapelle de la commanderie des Biais, dédiée à Saint-Nicolas. C'était un édifice très ancien, subsistant encore en 1809, mais aujourd'hui complètement disparu. On y signalait, dit M. Bizeul, « un bénitier fort curieux et de grande dimension, creusé en forme de coeur. »
« M. Bouyer, Notice sur la relique de la Vraie-Croix de Saint-Père-en-Retz, M. Bouyer croit que les Templiers avaient à Saint-Père-en-Retz une maison autre que celle des Biais. Il appuie cette assertion sur l'existence d'un vieux chemin appelé chemin du Temple; mais ce chemin était tout simplement, selon nous, celui des Biais; ce logis, portant primitivement le nom de Temple-des-Biais, qui était devenu l'Hôpital-des-Biais que quand les Hospitaliers y eurent remplacé les Templiers. »

Mais une relique autrement intéressante était vénérée dans ce petit sanctuaire.
C'est un fragment considérable de la Vraie Croix — si grand qu'il n'en existe en France que deux autres plus importants. La relique des Biais est « disposée en forme de croix à deux branches à peu près égales. Elle mesure quatre centimètres, cinq millimètres de hauteur, sur cinq centimètres de largeur; son épaisseur est de sept millimètres. »

Une petite bande de parchemin, appliquée sur le bras droit, porte en lettres gothiques l'inscription « Vera Crux Christi. » La relique est placée horizontalement dans un reliquaire en bois revêtu dessous et dessus de feuilles d'argent, en forme de croix et garni d'un verre au travers duquel apparaît le bois sacré.

Pendant plusieurs siècles et jusqu'à la Révolution cette précieuse et insigne relique — apportée évidemment de Terre-Sainte soit par les Templiers, soit par les Hospitaliers — attira aux Biais des foules considérables. C'était le Mardi de Pâques qu'on venait non seulement de Bretagne mais encore du Poitou et de l'Anjou adorer la Vraie Croix des Biais. Ce jour-là le chapelain, chargé du service de la chapelle Saint-Nicolas, célébrait solennellement la grand'messe et les vêpres et offrait la sainte relique à la vénération des fidèles; le recteur de Saint-Père-en-Retz était le premier à amener ses paroissiens aux Biais pour y adorer la Croix; les prêtres des environs y venaient aussi avec leurs ouailles. L'affluence des pèlerins donna même naissance à une assemblée considérable, dont nous avons parlé, et en laquelle le commandeur levait aux Biais en 1679 un droit de bouteillage sur tous les marchands de vin.

La Vraie-Croix des Biais eut aux derniers siècles sa petite histoire qui ne manque pas d'intérêt.
En 1684, au temps du commandeur Petit de la Guerche, François Cosson desservait la chapelle des Biais en place de Jean Gouraud qui s'était retiré à Saint-Père-en-Retz. Ce dernier, en quittant son poste des Biais, avait emporté chez lui les ornements et la relique de la chapelle, et il fallut une assignation du commandeur devant l'officialité de Nantes pour que ce prêtre vînt à restitution.

Dans cette assignation remarquons ceci: M. Gouraud, y est-il dit, s'est « ingéré d'enlever de la chapelle des Biais les saintes reliques de la Vraie-Croix de N.-S. enchâssées en une croix d'argent », or le commandeur est « notablement intéressé » à cet enlèvement pour l'honneur de Dieu et la dévotion des peuples qui venaient de toutes contrées en grande abondance à l'adoration de ladite Sainte Croix. »

Appelé à comparaître en justice Io 8 février 1665, Jean Gouraud vint de lui-même deux jours auparavant au presbytère de Saint-Père-en-Retz, rapportant les ornements et la relique des Biais. Celle-ci fut replacée dans la chapelle Saint-Nicolas et plus tard, le 6 avril 1686, on dressa solennellement un procès-verbal de son état. « Un grand nombre de pèlerins se trouvaient réunis aux Biais en ce Mardi de Pâques 1686 et telle était l'affluence que l'adoration de la Croix ne fut terminée que vers deux ou trois heures de l'après-midi. Pendant cinq heures les chrétiens défilèrent devant la relique exposée sur l'autel, heureux de manifester leur foi et de satisfaire leur dévotion. »

Ce pieux pèlerinage fut interrompu momentanément, quelque temps avant la Révolution; voici à quelle occasion: On persuada vers 1772 au chevalier de Brilhac, commandeur de Coudrie et des Biais, que l'assemblée du Mardi de Pâques était une source de désordres et que d'ailleurs la chapelle des Biais menaçait ruine. Ce commandeur fit en conséquence fermer le petit sanctuaire et chargea le curé de Coudrie de venir prendre et transporter en sa propre église la Vraie Croix, les calices et les ornements des Biais. « A peine cette nouvelle de l'enlèvement de la relique et de la fermeture de la chapelle se fut-elle répandue, qu'elle souleva dans tout le pays une émotion considérable; les réclamations s'élevèrent de toutes parts. » Le commandeur de Brilhac eut le bon esprit de prendre en considération cette pieuse manifestation; il fit en 1774 restaurer sa chapelle des Biais; il la dota d'ornements neufs et y fit rapporter la Vraie Croix qui reçut de nouveau les adorations des fidèles de Saint-Père-en-Retz.

En 1790 la sainte Relique fut remise au recteur de cette dernière paroisse dans l'église de laquelle elle se trouve encore. Elle est aujourd'hui placée dans le piédestal d'un nouveau reliquaire d'argent en forme de croix, renfermant une seconde parcelle de la Vraie Croix, et l'on continue d'y venir le Mardi de Pâques solennellement l'adorer.
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902

Les moulins des Templiers de Coudrie, en 1180
Département: Vendée, Arrondissement: Les Sables-d'Olonne, Canton: Challans — 85


Commanderie de Coudrie
Chapelle de la Commanderie de Coudrie — Sources: Coudrie


Dans son intéressante monographie de Beauvoir-sur-Mer, M.E. Gallet a passé sous silence les possessions de l'ordre du Temple; il a noté, cependant, page 115, que le port et dix maisons dans la ville, au lieu de relever de la Baronie, dépendaient de la Commanderie de Coudrie (de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem). C'est qu'elles avaient été anciennement données aux Templiers de Coudrie, prédécesseurs des chevaliers de Saint-Jean. La plupart de ces dons sont relatés dans le cartulaire de cette Commanderie (1). Voici par exemple la traduction de la charte qui consacre celui d'un emplacement pour construire des moulins au port de Beauvoir.

Sachent, présents et à venir, que Pierre, seigneur de la Garnache, donna à Dieau et aux frères du Temple, pour le salut de son âme et de celles de ses parents, un lieu pour faire des moulins libres et exepts de toute charge, situé dans la cirsconscription du port de Beauvoir, près des salines d'Etienne Fordmund. IL donna, dis-je, les moulins si bien livres et exempts que si, par hazard, ce qu'à DIeu ne plaise, contestations s'élevaient entre le seigneur de Beauvoir et les frères du Temple, le seigneur ne puisse, dans sa colère, dèfendre à ses hommes de conduire ses grains au dit moulin pour y être moulus; et si cela était utile ou nécessaire pour améliorer les dits moulins, que les frères puissent faie des écluses dans les étiers où ils en auraont besoin. Pour cela, les frères du Temple paieront cinq sous de cens au susdit seigneur à la fête de Noël. Ont fait et solidement confirmé ce don le seigneur lui-même et son épouse, Agnès, fille de Thibaut Chabot, et leurs fils, savoir: Pierre, l'aîné, et Kalon, le cadet, entre les mains de frère Mathieu de la Benaste, qui était alors commandeur de Coudrie, et frère Imbert Boters, mâitre du Poitou. Sont témoins de ce don: maitre Pierre de Chavanae, archidiacre de Thouars, et Pierre Sylvaticus, et Maurice Cathus, et Hilaire, et Denys, et Geoffroy de Port-Nichet, et Obelin chevalier, et Pierre de Guérande, et Rainaud viguier de Palluau et Guillaume de Corcoué et plusieurs autres. Ce dut fait l'an de l'Incarnation du Seigneur 1180.
1. Société des archives historiques du Poitou, tome II.


Clisson   (44)

Commanderie de Clisson
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Nantes, Canton: Clisson — 44


Commanderie de Clisson
Localisation: Commanderie de Clisson


En même temps que les Templiers, les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem eurent-ils eux-mêmes en cette ville de Clisson un établissement hospitalier.
Il faut bien le croire, puisqu'en 1217 Guillaume sire de Clisson, reconnaissant avoir pris pour faire les murs et les douves de son château certaine aire propriété de l'Hôpital, concède à Dieu et à la Sainte Maison de l'Hôpital « Deo et Sancte Domui Hospitalis » un autre terrain contigu aux dits fossés de son château et libre de toute servitude.

Dans cet acte, qui prouve la construction du château de Clisson au commencement du XIIIe siècle, il n'est point question des Templiers, mais bien des Hospitaliers; il ne s'agit pas non plus de la commanderie de Saint-Antoine qui ne fut fondée à Clisson qu'en 1433 par le seigneur du lieu, le prince Richard de Bretagne; Saint-Antoine se trouvait d'ailleurs en la paroisse de Gétigné et nullement contiguë au château de Clisson: La commanderie des Hospitaliers de Saint-Antoine de Clisson, aux mains en 1564 d'André de Brenas et en 1639 de Pascal Langier, devait au sire de Caisson « une aiguille d'argent à toute mutation de commandeur. » Mais cet établissement n'eut jamais de rapport avec la maison hospitalière du Temple de Clisson.

L'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, désigné toujours aux XIIe et XIIIe siècles sous le nom de Sainte Maison de l'Hôpital, avait donc dès cette époque quelque terre près de la demeure des sires de Clisson.

On ne sait rien par ailleurs de cette terre parce que tous les biens des Templiers et des Hospitaliers à Clisson furent réunis pour ne plus former qu'un seul établissement, après la dissolution de l'Ordre du Temple en 1312.


Chapelle du Temple La Madeleine de Clisson
Chapelle du Temple de La Madeleine — Sources: Jack Bocar


Une charte nous prouve que les chevaliers de l'Hôpital entrèrent en possession du Temple de Clisson aussitôt après la ruine des Templiers. En 1319, en effet, nous voyons Jean de Boncourt, commandeur de l'Hôpital de Nantes, jouissant déjà du Temple de Clisson. Il obligea alors Raoul Langlais, paroissien de Saint-Hilaire du Bois, à renoncer à d'injustes prétentions sur la terre de la Pallaire en Cugand, qu'Olivier Gaudin avait donnée au Temple de Clisson en même temps que sa propre personne.

Depuis cette époque et jusqu'à la Révolution, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem possédèrent le Temple de Clisson, appelé souvent à cause d'eux l'Hôpital de la Magdeleine et parfois même l'Hôpital Saint-Jean de Clisson.

Mais cette commanderie fut presque toujours donnée avec quelque autre bénéfice analogue au chevalier qui s'en trouva pourvu Il semble même que dès le XIVe siècle le Temple de Clisson fut uni régulièrement à la commanderie de Bois-Ferret, en la paroisse de Gesté, en Anjou.
Les aveux rendus en 1562 et 1574, reproduisant des actes beaucoup plus anciens, disent formellement « La commanderie du Temple de Clisson, membre de la commanderie du Temple de Bois-Ferret. »
Il est fait mention dés 1207 du commandeur de Bois-Ferret, frère Geoffroy « de Lucoferri preceptore. » (Cartulaire de Coudrie, Arch. du Poitou).

La Madeleine de Clisson


Ce clocheton qui découvre son front, sur notre gauche, au tournant du chemin, est la chapelle vénérée des Templiers, fratres militii Templi.
Dès 1213, cet ordre d'illustres chevaliers avait ici ses fondations, comme le démontre une pièce extraite de sources authentiques, par M. Perrault-Gruget. Elle est en latin, dans la langue des titres du moyen-âge, et jette un jour nouveau sur ces curieuses ruines.

Ce document a pour titre : « Accord fait devant Etienne, évêque de Nantes, entre Guillaume le Vieux, seigneur de Clisson, et les frères de la milice du Temple. » Ce document porte la date de 1213.

En 1217, une autre charte porte que : « Guillaume céda aux Hospitaliers un terrain contigu à son château, en échange d'un autre terrain qu'il leur avait pris. »
De ce titre, il ressort clairement, comme nous l'avons dit ailleurs, qu'il y avait à Clisson un château avant celui qu'y a fait bâtir Olivier Ier en 1225. De plus, il démontre que ce bâtisseur, cimentarius, a été aux croisades ; car il est encore mentionné dans cet important document qu'Olivier, le fils de Guillaume, ne partit pas seul pour la Terre-Sainte : « Il emmena avec lui Robert-Bastard Ier et plusieurs autres seigneurs qui étaient ses suzerains. » C'était évidemment à la cinquième croisade, sous Philippe-Auguste : Olivier dut se trouver au siège de Damiette avec les comtes de Nevers, de Bar et de la Marche.

Voilà donc un point de controverse historique parfaitement vidé. Ainsi, pendant que Guillaume-le-Vieux traitait avec les Templiers de Clisson, Olivier, son fils guerroyait en Terre-Sainte et prenait les idées d'architecture qu'il est venu implanter sur les rives de la Sèvre. La reproduction du château de Césarée, en Palestine, n'a donc rien d'impossible.
La date de ce départ porte le millésime 1218.
Un grand nombre de bienfaiteurs enrichirent ces chevaliers du Temple et leur donnèrent d'immenses privilèges.

Sans doute qu'après la suppression de cet ordre fameux par Clément V, en 1312, les Chevaliers de Malte vinrent ici prendre la place des frères du Temple. Les vieillards se rappellent encore avoir assisté à la messe de la commanderie, dans cette chapelle dont vous voyez encore d'ici le toit soigneusement conservé parce qu'il est classé parmi les monuments historiques.
Aux cintres de ses fenêtres, à son abside en cul-de-four, à l'ogive naissante de sa nef voûtée, on croit reconnaître le XIIe siècle dans sa première moitié. Rien n'est curieux comme cette chapelle. Elle est précédée d'un atrium qui fait corps avec elle, et qui en est pourtant essentiellement distinct ; car le clocher n'est pas au-dessus de la porte d'entrée de l'atrium, mais bien au-dessus de la première travée de la chapelle. Le bénitier de pierre où les chevaliers prenaient l'eau sainte pour se signer le front, avant d'aller s'agenouiller devant l'autel, est placé à droite en entrant dans l'atrium ; donc dès ce seuil, on était en terre sacrée. Ce lieu était sans doute couvert d'une simple charpente, car aujourd'hui il n'en reste plus rien ; la voûte ne commence qu'à la chapelle proprement dite.

A quoi servait cet atrium ? (1) Etait-ce là qu'on enterrait les religieux de la commanderie ? Il serait possible, car on y voit encore une pierre tombale qui pour toute inscription porte sculptée dans le grès une épée de chevalier, l'insigne de l'ordre. Ou bien était-ce le lieu réservé aux servants d'armes, aux frères d'obédience, qui serraient leurs rangs pour laisser passer les chevaliers, lesquels avaient seuls le droit de pénétrer sous les voûtes de la chapelle.
Les bâtiments d'habitation occupés par les membres de l'Ordre ont disparu ; ils étaient à droite où se voient des maisons d'artisans. Le mur d'enceinte de leur préau, l'enclos de leur verger y est encore attenant.

Que ne puis-je vous faire voir, incrustées dans la muraille, les armes des Chevaliers de Malte : une croix sur un champ de gueules, surmontée d'une couronne ducale, avec un chapelet qui serpentait autour de l'écusson et au bas duquel pendait une petite croix avec cette inscription : Pro fide.

Après la commanderie, vous voyez dans le fond d'un pli de terrain, tout-à-fait dans l'angle que fait ici la voie ferrée, une énorme masse grise que les lierres semblent avoir respectée ; c'est l'antique fief du Grand-Pin-Sauvage. Ces ruines ont leur intérêt, elles ont leur curiosité. Cette demeure féodale existait dès 1135 ; car, dans la charte que nous tenons de M. Perrault-Gruget et que nous avons citée plus haut, il est encore dit : « Que Guillaume Sauvage fit des dons considérables aux Templiers ; que Catherine, sa femme, que Reginald et Sebile, ses fils, y joignirent leurs bienfaits particuliers. »
1. Lire, en réponse à cette question, la très intéressante l'Etude de M. Lamprière, sur la Sèvre Nantaise ; ÉCHOS DU BOCAGE VENDÉEN, Ve année, n° II, page 40 et 41.
Sources : AUGUSTE AMAURY. Echos du bocage vendéen : fragments d'histoire, de science, d'art et de littérature. Nantes 1889 - BNF

Bois-Ferret
Département: Maine-et-Loire, Arrondissement: Cholet, Canton: Beaupréau, Commune: Gesté - 49


Domus Hospitalis Bois-Ferret
Domus Hospitalis Bois-Ferret


La commanderie était dite « châtellenie de Villedieu, Bois-Ferré et Bourgneuf » Jusqu'à la révolution, une chapelle consacrée à Saint-Jean Baptiste existait au « Bois-Ferret », un lieu-dit de Gesté situé à côté du « Chêne Saint-Jean. » Il n'en reste aujourd'hui que des vestiges puisqu'elle a été transformée en grange.

A Bourneuf, le seul souvenir qui subsiste des chevaliers est une ferme qui porte le nom de « La Commanderie »


Chapelle du Temple La Madeleine de Clisson
Chapelle du Temple de La Madeleine — Sources: Jack Bocar


Commanderie de Villedieu-la-Blouère
Département: Maine-et-Loire, Arrondissement: Cholet, Canton: Beaupréau, Commune: Beaupréau-en-Mauges - 49


Commanderie de Villedieu-la-Blouère
Commanderie de Villedieu-la-Blouère


Lorsque Bois-ferré fut uni lui-même d'abord à la commanderie de Villedieu-la-Blouère, en Anjou: « Cette commanderie se trouvait, à côté de Boisferré, dans la paroisse de la Blouère ; c'est aujourd'hui la commune de Villedieu-la-Blouère »

Temple de Mauléon
Département: Deux-Sèvres, Arrondissement: Bressuire, Canton: Mauléon - 79


Temple de Mauléon
Temple de Mauléon


« La commanderie du Temple de Mauléon avait son siège dans la paroisse Saint-Sauveur du Temple, en l'évêché de la Rochelle, aujourd'hui commune du Temple », il entraîna à sa suite le Temple de Clisson, d'abord aux mains du commandeur de Villedieu, puis en celles du commandeur de Mauléon ; ce dernier conserva jusqu'en 1789 la commanderie de Clisson.

Le Temple de Clisson formait une seigneurie qualifiée de châtellenie dans les aveux rendus au roi en 1633, 1639 et 1685; elle relevait du Comté de Nantes mais comprenait quelques fiefs tenus sous la mouvance de Clisson; aussi devait elle à ce dernier seigneur « un besant d'or valant 25 sols monnoye », Déclaration de la baronnie de Clisson en 1544 et 4079.


Chapelle du Temple La Madeleine de Clisson
Chapelle du Temple de La Madeleine — Sources: Jack Bocar


Le commandeur du Temple de Clisson avait droit de « juridiction haute, moyenne et basse, avec fourches patibulaires entant au fief de ladite commanderie; et sont tenus les subjets dudit seigneur commandeur conduire les malfaiteurs jusques au lieu où ils seront exécutés et ce soubs peine d'amende »: Déclarations du Temple de Clisson en 1601 et 1633 (Archives de la Loire Inférieurs). Cette haute justice s'exerçait à la Magdeleine de Clisson en l'auditoire de la commanderie et avait, en outre, un second siège au bourg de Boussay.

D'après un état dressé en 1596, la juridiction du Temple de Clisson atteignait quarante paroisses, savoir: Sainte-Magdeleine, Saint-Brice et Saint-Gilles de Clisson, le Bignon, Boussay, la Bernardière, la Boissière, la Bruffière, la Chapelle-Bassemer, Château-Thébaud (avec le village de la Templerie), Chavagne, Cugand, Gesté, Gétigné, Gorges, la Guyonnière, l'Herbregement, les Landes-Gémusson, le Longeron, le Loroux-Bottereau, Maisdon, Monnières, Montaigu, Montbert, MouzilIon, le Pallet, Remouillé, Saint-Aubin, Saint-André-Treize-Voies (ayant encore la maison du Temple), Saint-Colombin, Saint-Denis de la Chevesche, Saint-Fiacre, Saint-Hilaire de Lonlay, Saint-Hilaire du Bois, Saint-Julien de Concelles, Saint-Lumine de Clisson (avec son Hôpitau), Tiffauges, Torfou, Vallet et Vieillevigne: (Etat du Temple de Clisson en 1596, archives de la Vienne, malgré le titre que porte cette nomenclature, il nous semble qu'on a réuni ici les dépendances de Boisferré à celles de Clisson. Nous pensons que cette dernière commanderie ne s'étendait seule que dans une trentaine de paroisses, tout au plus, appartenant au diocèse de Nantes). De ces paroisses, la majeure partie appartenait au diocèse de Nantes, les autres dépendaient des évêchés d'Angers, de la Rochelle et de Luçon.


Chapelle du Temple La Madeleine de Clisson
Chapelle du Temple de La Madeleine — Sources: Jack Bocar


Plusieurs droits féodaux particuliers distinguaient la seigneurie du Temple de Clisson; tels étaient les suivants:
— droit de neume consistant originairement à exiger la neuvième partie des meubles laissés par un roturier, décédé intestat, mais changé plus tard en la meilleure robe du défunt ou en cinq sols monnaie.
— droit de demander à Pâques, deux oeufs de poule et un denier à chaque habitant du bourg du Temple de Clisson.
— droit de faînage, consistant en trois deniers perçus à la Saint Jean-Baptiste des mêmes vassaux.
— droit de bouteillage par lequel il était dû au commandeur un denier par chaque pipe de vin vendu en la paroisse Sainte-Magdeleine de Clisson.
— droit de ban et étanche donnant pouvoir au commandeur, de vendre seul du vin pendant quarante jours (depuis la vigile de Pasques jusques à la feste de l'Ascension, sans que ses hommes et subjects pussent vendre vin durant ledit temps soubs peine d'amende, et n'oseroient mesme lesdicts subjects en aller quérir aultre part soubs peine de ladicte amende « déclaration du Temple de Clisson en 1602 »).

Notons encore que le Chapitre de la collégiale Notre-Dame de Clisson tenait de la commanderie du Temple la terre noble de la Jarrie « à debvoir d'hommage et obéissance et un besant d'or pour rachapt (déclaration du Temple de Clisson 1602) »

Mais, si les commandeurs du Temple de Clisson se faisaient ainsi rendre certains devoirs féodaux, ils avaient en même temps grand soin de faire respecter les privilèges de leurs vassaux.
Ainsi, en 1406 et 1407, le capitaine du château de Clisson voulant que les hommes du fief du Temple vinssent faire le guet audit château, le commandeur en appela au duc de Bretagne; celui-ci défendit au seigneur de Clisson de contraindre les sujets du Temple à remplir un devoir dont ils étaient exempts par privilège de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Plus tard, en 1471, le fermier des coutumes du sire de Clisson ayant saisi une somme de sel qu'avait un habitant du bourg de la Magdeleine, sous prétexte que celui-ci refusait de payer l'imposition mise sur le sel, le commandeur lui fit voir en justice que tous les vassaux du Temple étaient « francs et exempts » d'impôts semblables.
Vers 1500, Mathurin Salleau, sujet du Temple de Clisson, tenant les écoles de cette ville, avait fixé sur le faite de sa maison la croix de fer, témoignage des privilèges des vassaux du Temple; les officiers du sire de Clisson renversèrent un jour cette croix, mais mal leur en prit, car aussitôt, le commandeur les fit condamner à la replacer et à payer des dédommagements à son homme.


Chapelle du Temple La Madeleine de Clisson
Chapelle du Temple de La Madeleine — Sources: Jack Bocar


Le manoir de la commanderie du Temple de Clisson s'élevait près de l'église et du cimetière de la Magdeleine dans une très agréable position. Avec sa cour et son jardin, ce logis ne contenait que dix boisselées de terre. Dévasté vers le milieu du XVe siècle, mais encore debout en 1562, il fut détruit par les guerres de la Ligue; en 1633 en ne voyait plus à Clisson qu'une « mazure de la commanderie, avec le jardin du Temple, là où anciennement estoit le chasteau de ladite commanderie, ruisné par les guerres civiles, le tout enclos de murailles fort vieilles et caduques, proche l'église parochiale de la Magdeleine, entre ladite église et son cimetière. (Déclarations du Temple de Clisson en 1562 et 1633). »

Quand vint la Révolution, cinq petites maisons avec jardins et prairies constituaient ce qu'on appelait à Clisson la commanderie du Temple; le tout fut incendié aussi bien que l'église et que la ville entière de Clisson pendant la guerre de Vendée en 1793. Aujourd'hui un pavillon moderne, élevé sur l'emplacement du vieux manoir, porte encore le nom de maison du Temple.

Le commandeur de Clisson avait aussi dans cette ville un auditoire pour rendre la justice, un moulin banal « avec destroit sur ses subjets », un four à ban « où sont tenus lesdits subjets faire cuire leur pain » et la dîme des jardins du bourg de la Magdeleine.


Chapelle du Temple La Madeleine de Clisson
Chapelle du Temple de La Madeleine — Sources: Jack Bocar


Au XVIIe siècle, le commandeur possédait en outre certains domaines dans les paroisses des environs: en Cugand la métairie de la Basse-Pallaire (déclaration du Temple de Clisson en 1592 et 1633), un bois, dix journaux de prairies, plus de quarante journaux de vignes sans compter la vigne des Glalopines, la moitié de l'ile, des moulins et des pêcheries de Plessart, sur la rivière de Sèvre; enfin plusieurs dîmes de grain et de vin, notamment celle du fief de la Lamproie qu'il partageait avec le sire de Clisson.
— en la Bruffière, la prairie de l'Hôpitau contenant sept journaux près le village de la Ratterie et des rentes en deniers, chapons et grains, outre certaines dîmes.
— en Vieillevigne, une métairie et un fief comprenant plusieurs villages (Cette terre est appelée tantôt « La Joussière », tentôt « Lautamière », parfois la « Sauvagère », cette diversité de noms provient probablement de ce qu'elle contenait quatre maisons).
— en Maisdon la métairie du Rétail.
— en Gorges, des rentes en vin du pays: « quatre-vingt quatre pots de vin » dû par un tenancier, « vingt-quatre pots » par un autre, etc.

Le commandeur du Temple de Clisson jouissait encore d'un fief appelé Boisferré, distinct de la commanderie de ce nom, mais en dépendant à l'origine, qualifié « chastellenie, avec seneschal, procureur, notaire et autres officiers » et s'étendant dans les paroisses du Loroux-Bottereau, la Chapelle-Bassemer et Saint-Julien de Concelles. Il y possédait des rentes et y levait des dîmes, par exemple sur les vignes de la Templerie au Loroux et sur les champs des Hospitaliers en la Chapelle-Bassemer. Le recteur du Loroux lui devait un setier de blé et la dame prieure de Sainte-Radegonde de Barbechat quatre setiers; celle-ci tenait de lui sa terre de la Templerie.

Nous connaissons les revenus du Temple de Clisson par quelques baux à ferme consentis par ses commandeurs:
Frère Jacques du Liège l'afferma 1.130 livres en 1639;
Frère François Budes 1.500 livres en 1648 et 2.100 livres en 1654;
Et Frère Jacques Le Voyer 2.275 livres en 1707.

Les commandeurs du Temple de Clisson avaient obtenu de l'évêque de Nantes l'érection en paroisse du « bourg de la Magdeleine » qui leur appartenait féodalement. Il nous semble très probable que cette faveur fut accordée aux Templiers plutôt qu'aux Hospitaliers leurs successeurs à Clisson. La Magdeleine était d'ailleurs une toute petite paroisse ne comptant que cent quatre-vingts habitants au moment de la Révolution.


Chapelle du Temple La Madeleine de Clisson
Chapelle du Temple de La Madeleine — Sources: Jack Bocar


Le recteur de Sainte-Magdeleine de Clisson était présenté à l'évêque par le commandeur du Temple de Clisson. Il jouissait d'un beau presbytère « vaste logement avec jardin et prairie, dans une position charmante »; il avait même une vigne en 1633. Recevant du commandeur une portion congrue et n'ayant guère de casuel, il vivait honnêtement néanmoins en desservant plusieurs chapellenies fondées dans son église, notamment celle de Sainte-Catherine annexée à sa cure.

Ce recteur était tenu, en vertu de son bénéfice, à chanter dans son église les vêpres tous les samedis, la grand'messe et les vêpres tous les dimanches ordinaires, les matines, grand'messe et doubles vêpres à toutes les fêtes solennelles.

Parmi ces dernières, figuraient les fêtes de la Nativité de saint Jean-Baptiste et de sa Décollation; ces jours-là, le commandeur de Clisson devait faire célébrer avec pompe l'office divin à l'autel Saint-Jean: en y chantait « premières et secondes vespres, matines et grande messe à notes. » On y gagnait aussi les indulgences du « pardon de Saint-Jean » accordé par le Pape aux églises et chapelles appartenant aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Mais en ces jours de fêtes le commandeur du Temple de Clisson prenait toutes les offrandes faites à l'autel Saint-Jean et « tous les deniers provenant du pardon. »

Le droit de « mortuage », exigé pour inhumation faite en l'église de la Magdeleine de Clisson, était partagé entre le commandeur et le recteur, sauf pour les sépultures choisies devant l'autel Saint-Jean, dont le « mortuage » appartenait tout entier au seul commandeur.
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902


Faugaret   (44)

L'Aumônerie Faugaret ou d'Assérac
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Guérande, Commune: Saint-Molf — 44


Aumônerie Faugaret
Aumônerie Faugaret


Les Chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem n'étaient point des étrangers à Assérac lorsqu'ils recueillirent une portion du Temple de Faugaret; ils avaient été confirmés dès 1100 par Conan IV dans la possession de l'Aumônerie d'Assérac « Eleemosia de Azarac. » Ils semblent même avoir durant ce XIIe siècle construit l'église paroissiale d'Assérac qui vient de disparaître. M. de La Borderie y releva en 1856, sur l'un des pilastres romans de la nef, une inscription portant le nom de GONTERIUS FRATER. « On ne peut guère douter, dit-il, que ce frère Gantier, architecte de l'église d'Assérac, ne fût un des vaillants moines-chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. »


Manoir de Faugaret
Manoir de Faugaret. — Sources Image: http://parkaland.fr/aphrn/news.php?item.41 : Histoire et Patrimoine


Les Hospitaliers uniront à leur Hôpital d'Assérac ce qui leur advint de l'héritage des Templiers, mais comme l'établissement de ces derniers avait eu plus d'importance que le leur, ils donnèrent au tout le nom de Faugaret.

En 1336 Jacques de Melun, commandeur de Saint-Jean de Nantes et de Faugaret, fit une baillée qui peint bien les moeurs du temps. Il céda à un charpentier nommé Olivier de Launay et à sa femme une maison et des vignes provenant du fonds des Templiers et situées à Pornichet en Saint-Nazaire. Il fut convenu qu'Olivier de Launay et sa femme paieraient chaque année à Escoublac, aux mains du commandeur de Faugaret, une rente de 20 sols et laisseraient à ce même chevalier la moitié du vin que produiraient leurs vignes; de plus le commandeur pourrait pressurer ses propres raisins au pressoir de ladite maison, où l'on devrait le recevoir lui et ses gens pendant la vendange; enfin à la mort des deux époux les maison, vignes, et tout ce qu'ils laisseraient audit lieu appartiendraient l'Hôpital de Faugaret.

La même année 1336, Jacques de Melun poursuivit Hervé sire du Pont, accusé d'avoir fait enlever la crois placée au faite des moulins de mer de Faugaret. Ce seigneur s'excusa, d'avoir donné l'ordre d'abattre cette croix, s'obligea à la faire replacer par ceux qui l'avaient enlevée et avoua n'avoir aucun droit sur ces moulins.

A la suite d'un procès soutenu par frère Jean Chevalier, gouverneur de Faugaret, contre les seigneurs de la Roche-Bernard au sujet de sa juridiction, que réclamaient ces barons, le Conseil du duc Jean V déclara que la commanderie de Faugaret était une fondation des ducs de Bretagne et relevait « prochement » d'eux.

Il parait que durant ce XVe siècle l'Hôpital de Faugaret fut souvent gouverné par des chevaliers distincts des commandeurs de Nantes. Tel fut Robert Le Maistre, fils du seigneur du Boisverd en Saint-Aubin-des-Châteaux, qui prenait en 1438 titre de chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur de Faugaret; tels furent aussi les Hospitaliers dont nous allons parler.

Guillaume Labbé, commandeur de Faugaret, bailla on 1454, certaine terre propre à faire une saline à Jean de la Lande, sire de Guignen. Deux ans plus tard, il afferma ses moulins de Faugaret pour 50 mines de froment et seigle chaque année. Enfin, en 1460, il acheta 72 oeillets de marais salins qu'il réunit à son domaine de Faugaret.

Le 11 mass 1476 « humble et honneste religieux frère Jean Prévost, commandeur de l'Hospital de Faugaret », rendit aveu au duc de Bretagne pour sa commanderie. Quatre ans après, ce commandeur se trouvant « procureur général des commandeurs, chevaliers et religieux de son Ordre en Bretagne », fut autorisé par le duc François II à publier les bulles d'indulgences que le pape accordait à ceux qui feraient des aumônes aux Chevaliers de Rhodes. Enfin, Jean Prévost gagna en 1483 un procès contre les paroissiens de Mesquer qui voulaient imposer les fouages au sergent de sa commanderie.

Charles de Nouray, grand prieur d'Aquitaine et commandeur de Nantes, jouissait en 1493 de l'Hôpital de Faugaret. Mais le domaine de ce nom fut aliéné en partie dans la première moitié du XVIe siècle et acheté par Jean de Talquéon, seigneur du Plessix-Gabour; Frère Yves Buffeteau, commandeur de Nantes, le retira des mains séculières avant 1566 (?), et Faugaret demeura dès lors jusqu'à la Révolution uni à la commanderie de Nantes.

Ce domaine de Faugaret comprenait:
— Le manoir, hébergement et chapelle de Faugaret en la paroisse d'Assérac, avec un jardin, un clos de vigne et autres appartenances, le tout contenant. 8 journaux de terre à la gaule.
— Le bois de Marlay en la paroisse d'Herbignac, renfermant 50 journaux.
— La Grande Saline (69 oeillets) et la Petite Saline de Faugaret (51 oeillets), plus, la Saline de la Haye (43 oeillets).
— Deux prairies contenant 10 hommées au village de Brésibérin en Assérac.

— Deux baules de marais (en Assérac aussi) propres à faire des salines, l'une de 100 journaux entre l'étier de Quilfistre et l'étier de Faugaret, l'autre de 30 journaux seulement aux environs de Brésibérin.

— « Un estier avec une maison en laquelle y avoit anciennement deux moulins à eau, et iceluy entier conduit dudit manoir de Faugaret jusqu'au village d'Arm, en la paroisse d'Assérac »;
— Un moulin à veut près de Faugaret mentionné en 1469 et affermé alors à Alain de Bogats.

Le commandeur de Faugaret jouissait aussi d'un certain nombre de dîmes, dont voici l'énumération en 1580 et 1679:
— Une dîme de sel au sixième muid sur 60 oeillets de salines à Pont d'Arm.
— Une dîme de grain en Assérac, rapportant 12 boisseaux de seigle.
— D'autres petites dîmes de froment et de seigle dans les paroisses de Mesquer, Herbignac et Saint-Nazaire.
— Enfin quelques dîmes d'agneaux en Assérac, Herbignac, Nivillac et Saint-Dolay.

Il n'est point ici fait mention de la maison Saint-Jean de Guérande, parce que cet hôpital était: alors devenu la propriété de la municipalité de cette ville.

Au siècle dernier, le manoir noble de Faugaret n'était point une maison considérable; dans une cour cernée de murailles s'élevait un petit logis ayant deux chambres basses et deux chambres hautes avec cave et grenier; à côté se trouvait la chapelle; un jardin clos de douves, une prairie et deux moulins en ruines complétaient ce domaine. C'était en 1718 l'habitation d'un fermier, nommé Piédargent, qui payait pour toute la commanderie de Faugaret mille livres au commandeur de Nantes.

La chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste était à peu près abandonnée à cette époque, l'eau des marais voisins y pénétrant, et le service des trois messes par semaine qu'y devait le commandeur se faisait en l'église d'Assérac. Outre ces messes, le commandeur de Faugaret était tenu à solenniser la fête de saint Jean-Baptiste par le chant des premières vêpres, matines, grand'messe et secondes vêpres.

La juridiction de l'Hôpital de Faugaret était une haute justice, relevant du duc de Bretagne, puis du roi, sous le domaine de Guérande; elle s'exerçait encore en l'auditoire de Faugaret en 1718.
Cette juridiction s'étendait dans d'assez nombreuses paroisses:
Assérac
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Guérande - 44
Guérande
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Guérande - 44
Herbignac où se trouvait la tenue de Marlay, contenant mille journaux
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Guérande - 44
Escoublac et sa tenue de Pornichet
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: La Baule-Escoublac - 44
Missillac avec la maison de la Templerie
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Pontchâteau - 44
Saint-Dolay et ses logis et domaine du Temple
Département: Morbihan, Arrondissement: Vannes, Canton: Muzillac - 56
Saint-Lyphard
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Guérande - 44
Saint-Molf
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Guérande - 44
Mesquer
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Guérande - 44
Piriac-sur-Mer
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Guérande - 44
Saint-André-des-Eaux
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: La Baule-Escoublac - 44
Saint-Nazaire
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement et Canton: Saint-Nazaire — 44.
Savenay
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Savenay — 44
Nivillac
Département: Morbihan, Arrondissement: Vannes, Canton: La Roche-Bernard — 56

La tradition a conservé souvenir des Hospitaliers en plusieurs de ces paroisses, ainsi, l'on dit qu'en Piriac-sur-Mer, Le Port-aux-Loups et sa maladrerie dépendaient de Faugaret (commune d'Assérac).

A Missillac on leur attribuait la construction de l'ancienne église romane qui vient de disparaître.
Il en était de même de la vieille église de Férel, jadis trève d'Herbignac; et l'on ajoutait qu'à Missillac comme à Férel les Templiers avaient précédé les Hospitaliers.
Enfin, l'on croyait que les chapelles Saint-Jean de Pont-d'Arm en Assérac, Saint-Jean de Pont pas en Herbiginac et la chapelle de Marlay avaient été fondées par les Chevaliers de Faugaret.
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902


Guerande   (44)

Domus Hospitalis Guérande
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement: Saint-Nazaire, Canton: Guérande - 44


Domus Hospitalis Guérande
Domus Hospitalis Guérande


Les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem avaient encore, non loin de Faugaret, un autre établissement très ancien c'était à Guérande ce que la charte de 1160 appelle « Domus de Guenrann. » Telle est l'origine de l'Hôpital Saint-Jean de Guérande, fondé non pas par les Templiers, comme quelqu'un l'a écrit par erreur, mais par les Hospitaliers. Cette maison, située dans l'enceinte des murs de Guérande, rue de l'Hôpital, tomba vers le XVIe siècle à la charge de la municipalité de cette ville, qui en fit son Hôtel-Dieu.
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902


Nantes   (44)

L'Hôpital de Nantes et les Maisons du Temple à Nantes
Département: Loire-Atlantique, Arrondissement et Canton: Nantes — 44


Hôpital de Nantes
Hôpital de Nantes


Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem héritèrent des biens du Temple. Jusqu'alors, avons-nous dit, ces Chevaliers avaient joué un rôle plus effacé que celui des Templiers.

S'il existe encore quelques chartes concernant les Templiers en Bretagne, il ne s'en trouve guère d'anciennes rappelant les Hospitaliers: renfermés dans leurs hôpitaux ou guerroyant en Terre-Sainte, ces derniers Chevaliers n'ont point laissé leurs noms inscrits dans nos actes publics. Ainsi pour Nantes nous n'avons que deux documents nous faisant voir les Hospitaliers vivant côte à côte en cette ville avec les Templiers.

Le premier est la charte donnée en leur faveur, l'an 1160, par Conan IV. Ce prince, en présence de Guillaume Ferron, chevalier du Temple, confirme les Hospitaliers de Jérusalem en possession de tout ce qu'ils ont reçu dans son duché de Bretagne. Dans l'énumération déjà longue de leurs biens figurent: « Eleemonisa de Azarac in episcopatu Nannetensi et de Guerann, et domus de civitate Nannetensi cum appenditiis suis, et unus homo in unaquaque parrochia apud Raes. »

Ainsi des 1160 l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem possédait à Nantes même une maison avec des dépendances, et avait en outre des droits à Assérac, à Guérande et dans toutes les paroisses du pays de Retz. Plus ancien que l'Ordre du Temple, se trouvait-il représente chez nous antérieurement à l'établissement de ce dernier ?
Peut-être, mais nous ne le saurons probablement jamais au juste.

Le second document est une charte datée de 1231, nous y voyons les Chevaliers Hospitaliers de Nantes tenir féodalement dans l'île de la Hanne un pré, une pâture et un bois, moyennant dix sols de cens qu'ils payaient à Giraud de Sarcelle ; or ce dernier était vassal des Templiers seigneurs de toute l'île. « Les Hospitaliers reconnurent donc tenir ces biens en arrière fief du Temple de Nantes ; Frère Jean de Montgros, prieur de l'Hôpital de France, vint à Nantes pour régler cette affaire et scella de son sceau la charte en question. »

Où se trouvait à Nantes cette maison des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem ? C'était l'Hôpital Saint-Jean, qualifié des 1333 d'antique établissement, « Ad domum Hospitalis antiqui Nannetensis. » Bâti dans la Vieille Ville non loin du couvent des Cordeliers, il a laissé son nom à la place Saint-Jean que traverse aujourd'hui la rue de Strasbourg.
Voilà le peu de renseignements connus jusqu'à présent sur les Chevaliers Hospitaliers de Nantes contemporains des Templiers.

Lorsque les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem eurent été mis en possession des biens du Temple de Nantes, ils trouvèrent probablement ces biens trop importants pour les réunir aussitôt à leur Hôpital Saint-Jean de Nantes doté lui-même de revenus suffisants. Ils laissèrent donc subsister simultanément, jusqu'à la fin du XVe siècle, les deux maisons nantaises qui devinrent deux commanderies Hospitalières distinctes, conservant leurs noms primitifs: le Temple Sainte-Catherine et l'Hôpital Saint-Jean. Parlons brièvement de chacune d'elles.

Commanderie du Temple de Sainte-Catherine
Des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem occupant au XIVe siècle le Temple de Nantes, nous ne connaissons pas les noms. Pendant un certain temps peut-être le commandeur de l'Hôpital Saint-Jean administra-t-il en même temps les deux maisons. Toujours est-il que les Hospitaliers obtinrent en 1368 du duc Jean IV la reconnaissance de la rente de cent sols dus au Temple sur les étaux de la boucherie de Nantes.

Au siècle suivant le Temple Sainte-Catherine demeura presque constamment aux mains propres des grands prieurs d'Aquitaine: ce furent d'abord Girard de Fougereules à partir de 1405 et Aymer Doiselart en 1414. En 1423, le duc Jean V donna des lettres de sauvegarde à frère Jean de Vivonne, grand prieur d'Aquitaine et tout à la fois commandeur de Sainte-Catherine de Nantes et du Temple de Clisson; le prince prit sous sa protection spéciale tous les vassaux et tous les biens qu'avait en Bretagne ce chevalier. Le même commandeur soutint en 1438, un procès contre Jean de Sesmaisons au sujet d'un droit de pacage que prétendait avoir celui-ci en l'Ile de la Hanne. En 1442, le grand prieur d'Aquitaine Philibert de Laigue, étant commandeur du Temple de Nantes, rendit aveu au duc de Bretagne pour cette maison, par l'entremise d'un procureur nommé Guillaume Labbé; il jouissait encore de cette commanderie en 1451.

Alain de Boiséon, commandeur de la Feuillée et de Thévalle, succéda au précédent en qualité de commandeur du Temple de Nantes; il mourut en 1469. Cette même année, le grand prieur d'Aquitaine, Jean de Franciéres, prit possession de la commanderie de Sainte-Catherine qu'il gouverna jusqu'en 1483. L'année suivante, frère Charles de Nouray, grand prieur d'Aquitaine, devint à son tour commandeur du Temple de Nantes dont il jouissait encore en 1495. Mais, nous le voyons en 1492 et 1493 prendre aussi le titre de commandeur de Saint-Jean de Nantes; ce fut donc lui qui unit en une seule et même commanderie le Temple et l'Hôpital de Nantes.

Commanderie de l'Hôpital Saint-Jean
En 1318, frère Jean de Boncourt, chevalier hospitalier, venait de recueillir la succession des Templiers ; il se trouvait à la tête de l'Hôpital Saint-Jean et de tous les Temples du diocèse de Nantes: « Religiosus vir frater Joannes de Bona Curia, magister domus Hospitalis Nannetenis et domorum que furent quodam Milicie Templi per totam Nannetenis et dyocesem Nannetenis », et eut à soutenir en justice les droits de son ordre relativement à certains legs faits naguère aux Chevaliers du Temple. Après lui vint Jacques de Melun vivant en 1336 et dont nous reparlerons à propos de Faugaret. Il nous faut ensuite arriver à l'année 1393, pour trouver mention d'une baillée faite par frère Etienne Giron, commandeur de l'Hôpital Saint-Jean de Nantes.

Vinrent après lui les commandeurs Guillaume Faruau, en 1408, et Guillaume Richart, qui obtint, en 1420, du duc Jean V d'être confirmé dans la jouissance d'un terrain, sur les murs de la ville de Nantes. Dés 1420, frère Jean Chevalier, commandeur de l'Hôpital Saint-Jean, reçut des aveux de la part des vassaux de cette maison ; il fit son testament, le 20 février 1436 et dut mourir peu de temps après. Son successeur fut frère Alain Le Moine, commandeur en 1437. Celui-ci soutint les droits de son ordre contre François de la Touche, seigneur de Montebert, céda en 1451 à Jacques de Loaile, une place pour bâtir maison à Nantes, près Saint-Jean, gouverna l'Hôpital Sainte-Catherine au nom de Philibert de Laigue, commandeur du Temple de Nantes, et vécut au moins jusqu'en 1476. A cette dernière époque, Alain Le Moine se trouvait en même temps commandeur de Saint-Jean de Nantes et de Villedieu. Il fut remplacé, semble-t-il, par frère Jean de Terves dont nous ne connaissons que le nom. Enfin vint, comme nous l'avons dit, le grand prieur d'Aquitaine Charles de Nouray, commandeur à la fois du Temple Sainte-Catherine et de l'Hôpital Saint-Jean ; c'est vraisemblablement par ses soins que les deux établissements furent unis de façon à ne plus former qu'une commanderie.

Par suite de cette union, les deux commanderies de Nantes formèrent un beau bénéfice, qui prit le nom de commanderie Saint-Jean et Sainte-Catherine de Nantes. Comme on y avait annexe antérieurement certaines petites commanderies secondaires, dont nous avons déjà parlé, elle se trouva tout naturellement divisée en quatre membres, savoir: Nantes, Faugaret, Maupertuis et Grée; nous étudierons successivement chacun d'eux.

Nantes
Sous ce titre, nous groupons tout ce qui appartenait à la commanderie, tant à Nantes qu'aux environs de cette ville, sans toujours distinguer — car il est parfois impossible de le faire — les biens provenant des Templiers de ceux ayant toujours appartenu aux Hospitaliers. Le commandeur de Nantes possédait dans la cité deux manoirs et autant de chapelles, l'Hôpital et le Temple.

L'Hôpital Saint-Jean
Nous avons dit que Saint-Jean se trouvait à peu prés vis-à-vis le couvent des Cordeliers, dans la rue conduisant du carrefour Saint-Jean (aujourd'hui place Saint-Jean: « En la paroisse de Saint-Léonard, au XVIIIe siècle, plus anciennement en celle de Notre-Dame ») au Port Communeau. « En la paroisse de Saint-Léonard, au XVIIIe, plus anciennement celle de Notre-Dame. »
L'ensemble de l'établissement se composait de deux maisons principales ayant chacune leurs cours et jardins et appelées les Grand et Petit Manoirs; en 1718, M. de Lessongère habitait le premier de ces hôtels et payait 350 livres de loyer, l'autre logis n'était alors loué que 200 livres.

Adjacente an Petit Manoir et communiquant avec lui par une porte intérieure, se trouvait la chapelle Saint-Jean, dont il ne reste plus une pierre: « La chapelle et les manoirs, avec leurs dépendances, furent vendus nationalement 50.000 livres le 4 prairial, an III. »
Le maître-autel, surmonté d'un dais, était accompagné des statues de la sainte Vierge et de saint Jean; trois autres autels y étaient consacrés à sainte Anne, saint Georges et Notre-Dame de Toutes-Aides. Deux pierres tombales, « avec écritures gothiques illisibles », apparaissaient, l'une devant l'autel majeur, l'autre devant l'autel Sainte-Anne; on les regardait comme étant les tombes d'anciens commandeurs.

Dans le trésor de cette chapelle étaient conservés:
Un calice d'argent à pomme doré avec deux écussons, l'un portant un crucifix, l'autre une figura de saint Jean-Baptiste;
Un chef de saint Jean en bois doré;
Une image de saint Jean en argent doré;
Une image de sainte Marguerite en feuilles d'argent doré plaquées sur bois avec des armoiries présentant des besants;
Un reliquaire en cuivre doré contenant trois pierres extraites du rocher « où s'assit Notre-Seigneur quand il ressuscita », du mont Calvaire et du mont des Oliviers.

On voyait encore aux siècles derniers plusieurs écussons dans les verrières de la chapelle Saint-Jean. C'était, entre autres, celui de l'Ordre de Malte et celui de la duchesse de Bretagne, Jeanne de France: mi-parti de Bretagne et de France; on croyait alors, dit Travers, que cette princesse avait relevé ou restauré ce sanctuaire en exécution d'un voeu fait par elle pour obtenir de Dieu, par l'intercession de saint Jean-Baptiste, la délivrance en 1420 de son mari Jean V, fait prisonnier à Champtocoaux « Histoire de Nantes . »

Fidèles aux traditions de leur origine, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem établirent à Nantes un hôpital dans leur maison même: Cet hôpital occupait probablement ce que l'on appelait le Petit Manoir « L'Hôpital occupait probablement ce qu'on appelait le Petit Manoir. »
« Le vocable de Saint-Jean des Arreptins, qui lui était appliqué, suivant l'historien Travers (Histoire de Nantes), indiquerait qu'il avait une destination exclusive, car on nommait Arétins ceux qui étaient atteints du mal caduc. Il faut croire que les Chevaliers de Saint-Jean avaient des soins particuliers pour ce genre de maladie, puisque ce mal affreux était aussi nommé mal de Saint-Jean. »

Cette maison passait avec justice pour le plus ancien établissement hospitalier bâti à l'intérieur de la ville de Nantes. Son cimetière était contigu à la chapelle Saint-Jean et a été plusieurs fois mis a découvert, quand récemment l'on a créé la rue de Strasbourg.

Pour subvenir peut-être aux besoins de cet hôpital, une confrérie, dite de « Saint-Jean de l'Hôpital », fut érigée dans la chapelle Saint-Jean. Ancienne, considérable et chargée de beaucoup de fondations pieuses, dit Travers (Histoire de Nantes), elle admettait les deux sexes et les laïques dans ses rangs. Guillaume Guéguen, évêque de Nantes, approuva ses statuts en 1502; elle comprenait alors 400 frères et soeurs, en tête desquels se trouvait naturellement la commandeur de Nantes. Elle faisait dire trois messes par semaine à Saint-Jean, et aux jours de fête y faisait chanter vêpres, matines et messe.

Outre ces offices de la confrérie Saint-Jean, la chapelle des Chevaliers Hospitaliers de Nantes était encore desservie régulièrement par leurs soins: le commandeur y devait, en effet, dire ou faire dire trois messes basses chaque semaine; aux fêtes de Saint-Jean avoir premières et secondes vêpres et grand'messe à notes avec matines; en carême, faire célébrer trois absoutes ou services par semaine; enfin, faire donner le salut chaque jour durant l'octave du Saint-Sacrement.

Le Temple Sainte-Catherine
Nous avons fait précédemment connaître l'étendue de l'établissement des Templiers à Nantes, au confluent de l'Erdre et de la Loire, à l'intérieur de l'angle sud-ouest des fortifications de la ville sur le territoire de la paroisse Saint-Nicolas. Là se trouvaient à l'origine le logis de la Commanderie et la chapelle du Temple avec leurs dépendances.

Quand les Chevaliers Hospitaliers furent devenus propriétaires de cet établissement, ils fondèrent dans l'enclos un hôpital qui de la chapelle voisine prit le nom d'Hôpital Sainte-Catherine. Cette maison était en 1404 tenue par les frères Hospitaliers Jean Chevalier et Simon Bretelin; en 1451 Alain Le Moine, commandent de Saint-Jean de Nantes, en était le gouverneur au nom de Philibert de Laigue, commandeur de Sainte-Catherine.

Un siècle plus tard, après l'union des deux commanderies de Nantes en une seule, les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, n'ayant plus besoin de deux maisons d'habitation à Nantes, afféagèrent à la Communauté de ville, le 30 octobre 1543, le manoir de la Commanderie du Temple moyennant une rente annuelle de 27 livres; quelque temps après ils lui cédèrent également la maison de l'Hôpital Sainte-Catherine et le cimetière en dépendant, établi devant la chapelle. Cette portion de l'ancien Temple devint une annexe de l'Hôtel-Dieu municipal bâti en face de la Commanderie, sur la rive opposée de l'Erdre. C'est dans ce cimetière qu'on enterra les suppliciés jusqu'en 1790.

La commandeur de Nantes ne conserva donc au Temple que la chapelle Sainte-Catherine: en 1718 il payait 52 livres par an au chapelain Etienne Cornou pour y dire deux messes par semaine, y célébrer la fête patronale par une messe chantée avec premières et secondes vêpres, et y faire trois absoutes par semaine en carême. La chapelle avait alors un maître autel orné des statues de Notre-Dame, de Sainte-Catherine et de Saint Eloi, et de plus un autel secondaire dédié à la Nativité de la Sainte-Vierge.

En 1757 la chapelle Sainte-Catherine tombant probablement de vétusté, le commandeur du Boul de Cintré en vendit l'emplacement et les matériaux à la Communauté de ville de Nantes, moyennant une rente annuelle de grain.

Mais cette chapelle Sainte-Catherine, bâtie joignant le mur de ville à peu près où se trouve aujourd'hui la rue portant encore son nom, était-elle bien une construction des Templiers ? Il est permis d'on douter.

La première et probablement l'unique chapelle du Temple s'élevait plus au Nord et plus au centre de l'enclos. En 1825 cet antique édifice fut retrouvé dans les caves d'une maison de la rue du Bois-Tortu. C'était une petite nef composée de deux travées voûtées sur croisées d'ogive primitive, séparées par un arc doubleau. L'exhaussement successif du sol nécessité par le voisinage de l'Erdre ainsi que par la construction d'un quai, avait tellement englobé cette chapelle qu'elle se trouvait enfouie au dessous du pavé de la rue: « Voyez sur cette découverte Le Lycée armoricain, VI, 252. Déjà Guimart avait en 1795 signalé cette chapelle comme servant alors de magasin (Annales nantaises). Meuret dit qu'elle fut démolie en 1826 pour faire place A la nouvelle rue Charles X, aujourd'hui rue d'Orléans (Annales de Nantes). »
Son style romane-ogival du XIIe siècle correspondait bien d'ailleurs à celui du temps où les Templiers vinrent s'établir à Nantes.

Il semble que depuis bien des siècles ce sanctuaire de la Milice du Temple était ainsi caché, car nul aveu de la commanderie n'en fait mention. Ne pouvant y faire de culte par suite de la surélévation du sol environnant, les Hospitaliers durent l'afféager à quelqu'un qui bâtit une maison au-dessus. En conséquence ces Chevaliers élevèrent non loin de là, peut-être en construisant leur hôpital de Sainte-Catherine, une nouvelle chapelle qui, comme nous venons de le dire, disparut à son tour au milieu du siècle dernier.

Les domaines
Outre leurs logis ou manoirs du Temple et de l'Hôpital à Nantes, les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem possédaient en cette ville et aux environs d'assez beaux domaines.

C'était, d'abord, l'ïle de la Grande Hanne donnée vers 1141 aux Templiers. Cette île de la Loire, faisant partie de la paroisse de Doulon, ne comprenait pas moins de 501 journaux de prairies en 1580. Elle se divisait en deux sections:
L'une, demeurée la propriété des Hospitaliers, était louée par eux à divers particuliers ;
L'autre avait été afféagée par eux de sorte qu'elle ne leur rapportait plus que quelques rentes féodales; néanmoins, le commandeur s'y était en outre, réservé la jouissance d'un étang et certain droit de pacage.

C'était ensuite la métairie de l'Hôpital ou de l'Hôpital dans la paroisse d'Orvault. Elle comprenait: En terre, bois et vignes, 133 journaux et était affermée 310 livres en 1718. Le commandeur Alain Le Moine avait vendu cette métairie en 1476, mais son successeur Charles de Nouray l'avait rachetée dés 1493.

C'était encore les terres de l'Hôpital, en la Chapelle-sur-Erdre, et de l'Hôpital avec sa maladrerie au Pallet; là, s'élevait même la chapelle Saint-Jean du Pallet, dépendant de la commanderie de Nantes et dans laquelle on a trouvé de belles pierres tombales, portant des croix de Malte.
C'était enfin, un four banal à Couëron et quelques dîmes levées en Chantenay, Saint-Herblain et le Pont Saint-Martin.

Fiefs et rentes féodales
Les fiefs et rentes féodales appartenant à la commanderie de Nantes étaient bien plus nombreux que ses domaines: les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en possédaient à Nantes et dans le diocèse sur le territoire d'une foule de paroisses.

A Nantes même, bon nombre de maisons relevaient féodalement du commandeur dans les paroisses Notre-Dame, Saint-Léonard, Saint-Vincent, Saint-Denis, Saint-Saturnin, Saint-Nicolas, Sainte-Croix, Saint-Sébastien, Saint-Similien et Saint-Donatien.
Parmi ces maisons se trouvaient de beaux logis, tels que le superbe hôtel de Rosmadec, voisin de la chapelle Saint-Jean et dont le propriétaire payait 33 sols de rente au commandeur. Dans la rue du Château, le possesseur d'une autre maison devait chaque année 5 sols, 3 oboles et un « verre massif. »
En Saint-Donatien, il était dû sur une maison voisine du Plessix-Tizon « 10 sols de rente et un chapeau de roses au jour et feste de la Pentecoste. »

Sortons maintenant de Nantes: En Chantenay, le commandeur jouissait d'une rente sur la maison de l'Hôpital; d'autres tenanciers lui devaient, outre quelques petites rentes en argent « une aloze le dimanche de Pasques Fleuries. »
En Saint-Herblain, un logis appelé l'Hôpital relevait aussi de la commanderie.

Possessions des Templiers
En Rezé, l'Ile aux Chevaliers avait été donnée, en partie du moins, dès 1285, par Olive, veuve de Guillaume Mathieu de l'Isle, aux Templiers qui l'afféagèrent ensuite. L'an 1282, Olivier, sire de Rezé, reconnut devoir à la commanderie de Nantes, chaque année au temps des vendanges, une pipe de vin fait à Rezé.

Possessions des Templiers
En 1673, outre la maison du Temple de Rezé, voisine de la chapelle Notre-Dame-la-Blanche, plusieurs maisons du bourg de Rezé étaient tenues de la commanderie de Nantes « et sur le faîte de chacun logis, il y a une croix de fer pour faire voir qu'ils relèvent de ladite commanderie. »

Possessions des Templiers
En Saint-Pierre de Bouguenais, l'île Boitie, dans la Loire, fut donnée aux Templiers, partie en 1212 et partie en 1254; le commandeur de Nantes y avait encore 7 livres de rente en 1580.

Possessions des Templiers
Au Pont-Saint-Martin se trouve le manoir de la Templerie et « les détenteurs du village du Moulin-Robert doivent au décès de chacun d'eux, la meilleure robe du décédé ou 5 sols monnaie à l'option du commandeur. »

A Touvois, certains paroissiens devaient, outra 15 deniers de rente, « un disner audit commandeur chacun an, et si ledit commandeur ou ses gens ne le viennent prendre, ils doibvent la payer le premier dimanche de caresme. »
Autres rentes:
En La Chevrolière,
Saint-Philbert-de-Grandlieu,
La Limousinière,
Port-Saint-Père,
Montebert où se trouve la maison de l'Hôpital, Saint-Hilaire de Chaléons (anciennement du Temple) dont le nom figura dans la charte de 1182 et qui renferme le village du Temple,
Machecoul avec la maison de l'Hôpital Saint-Jean,
Le Bois-de-Cené,
Saint-Cyr on Retz,
Fresnay ayant une maison et un fief de l'Hôpitau,
Bourg-des-Moutiers,
Sainte-Marie,
Le Clion,
Arthon
Et Vallet où se trouva encore le moulin de la Chevalerie.

Ce grand nombre de paroisses au delà de la Loire, en lesquelles le commandeur de Nantes avait des rentes féodales, nous rappelle naturellement l'acte de 1160 dans lequel Conan IV confirma les Hospitaliers de Nantes en la jouissance d'un droit sur un homme de chacune des paroisses du pays de Retz.

Le commandeur de Nantes avait encore quelques rentes dans plusieurs autres paroisses du diocèse de Nantes; voici l'énumération de celles-ci:
Carquefou,
Mauves,
Petit-Mars, dont le recteur devait six septiers de seigle chaque année,
Les Touches,
Couffé,
Grand-Champ,
Nort,
Saint-Aubin-des-Châteaux renfermant la Templerie de Saint-Gilles,
Saffré où se trouvait la maison de l'Hôpital,
Moisdon avec le logis de la Templerie,
Nozay,
Châteaubriant,
Cambon contenant le fief des hospitaliers vendu par eux en 1587 et,
Château-Thébaud qui renfermait la seigneurie de la Templerie.

Terminons en rappelant que le receveur du Domaine de Nantes continuait de payer au commandeur la vieille rente de 100 sols monnaie donnée par Conan III aux Templiers sur les bancs de la boucherie de Nantes, et ajoutons que le même commandeur avait un droit de bâchage sur les quais de l'Erdre, consistant à prendre « de chacune gabarre, bateau ou challan chargés de busches, une busche et de chacun desdits bateaux chargés de fagots un fagot. »

Mais à ce qui précède ne se bornaient pas l'étendue et les droits de la commanderie Saint-Jean et Sainte-Catherine de Nantes. On lui avait annexé, avons-nous dit, trois petites commanderies dont nous allons maintenant parler: Maupertuis, Faugaret et Grée.

La commanderie Saint-Jean et Sainte-Catherine
La commanderie Saint-Jean et Sainte-Catherine de Nantes était tenue « en fief amorty, à debvoir de prières et oraisons » du duc de Bretagne, puis du roi de France: les membres de Nantes, Maupertuis et Grée relevaient de la cour de Nantes, mais Faugaret dépendait, comme nous l'avons dit, de la cour de Guérande.

La juridiction de la commanderie s'étendait en 85 paroisses, dont 82 appartenaient au diocèse de Nantes. Voici les noms de ces dernières.
Dans la ville même de Nantes:
Notre-Dame,
Saint-Denis,
Saint-Donatien,
Sainte-Croix,
Saint-Léonard,
Saint-Nicolas,
Saint-Saturnin,
Saint-Sébastien,
Saint-Similien
Et Saint-Vincent.

Hors de cette ville:
Ancenis, Anetz, Arthon, Assérac, le Bignon, la Boissière, Bouguenais, la Bourdinière (aujourd'hui Pannecé), Bourg-des-Moutiers, Bourgneuf, Cambon, Carquefou, le Cellier, la Chapelle-Bassemer, la Chapelles-sur-Erdre, Chantenay, Chateaubriand, Châteauthébaud, la Chevrolière, le Clion, Couëron, Couffé, Doulon, Escoublac, Fresnay, Grandchamp, Guenrouët, Guérande, Herbignac, la Limousinière, Machecoul, Malleville, Mauves, Mésanger, Mesquer, Missillac, Moisdon, Montebert, Nivillac, Nort, Nozay, Orvault, Oudon, Petit-Mars, Piriac, Pont-Saint-Martin, Port-Saint-Père, Pouillé, Prinquiau, Quilly, Rezé, la Roussière, Saint-André-des-Eaux, Saint-Aubin-des-Châteaux, Saint-Cyr-en-Retz, Saint-Dolay, Sainte-Marie, Saint-Géréon, Saint-Herblain, Saint-Herblon, Saint-Hilaire-de-Chaléons, Saint-Lyphard, Saint-Molf, Saint-Nazaire, Saint-Philbert-de-Grandlieu, Saint-Pierre-de-Bouguenais, Saffré, Savenay, le Temple-Maupertuis, les Touches, Touvois, Vallet et Varades.

Il y avait, en outre, trois paroisses en lesquelles le commandeur de Nantes avait des droits, mais qui n'appartenaient pas à la Bretagne quoique en étant voisines; c'était:
Champtoceaux et Drain en Anjou,
Et Le Bois-de-Cené en Poitou.

Le commandeur de Nantes avait une haute justice dans tous ses fiefs; au siècle dernier toutefois ses officiers n'exerçaient cette juridiction qu'en trois localités: A Nantes dans l'auditoire construit au cimetière Saint-Jean près la chapelle de ce nom, à l'Hôpital de Faugaret et à la Templerie de Grée.

Toute la commanderie Saint-Jean et Sainte-Catherine de Nantes fut affermée, le 21 avril 1721, par la commandeur René de Martel, 4 400 livres. Mais, le commandeur avait de nombreuses charges à acquitter: Il lui fallait fournir à Malte une responsion de plus de 600 livres, payer les décimes et les capitations, faire desservir les chapelles de Nantes et de Faugaret ainsi que l'église du Temple de Maupertuis, réserver des fonds pour la confection obligatoire tous les vingt-cinq ans du papier terrier et pour les visites ordonnées par l'Ordre tous les cinq ans; aussi, ne lui restait-il qu'un fort petit revenu net.
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902


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