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§ I. La rue du Temple et le Temple
Département: Île-de-France, Arrondissement: 3e, Ville Paris - 75

Rue du Temple
Rue du Temple

La grande voie publique qui a pris le nom de l'ordre des Templiers commence à la place de Grève par une série de rues qui portaient encore, il y a quelques années, les noms des Coquilles, Barre-du-Bec, Saint-Avoye, noms absorbés aujourd'hui dans celui du Temple. Elle n'était pas probablement comprise dans l'enceinte de Louis VI et s'est arrêtée d'abord près de la rue de Braque, où était une porte de l'enceinte de Philippe-Auguste, ensuite à la bastille du Temple, près de la rue Meslay, dite autrefois du Rempart, ou était une porte de l'enceinte de Charles VI, démolie en 1684.

La rue des Coquilles se nommait autrefois Gentien, d'une famille célèbre qui a donné a la ville un prévôt des marchands et le savant auteur de l'Histoire de Charles VI ; elle a pris son autre nom d'une maison dont toutes les fenêtres étaient ornées de coquilles sculptées. Cette maison, détruite récemment, était située au coin de la rue de la Tixeranderie et formait, en 1519, l'hôtel du président Louvet.
La rue Barre-du-Bec tirait son nom de l'abbé du Bec, qui avait, dit-on, son tribunal ou sa barre de justice dans cette rue, au n° 19.
La rue Sainte-Avoye avait pris son nom d'un couvent fondé en 1228 en l'honneur de sainte Hedwige ou Avoye, et qui fut occupé, en 1623, par des Ursulines. Ce couvent (n° 47), aujourd'hui détruit, a servi de temple israélite sous l'Empire. Dans cette rue étaient :
1° L'hôtel de Mesmes, bâti par le connétable de Montmorency, et où il vint mourir en 1567, après la bataille de Saint-Denis. Henri II y séjourna quelquefois. Henri III y dansa aux noces du duc d'Épernon. Plus tard, il devint l'hôtel de la famille de Mesmes, de ces grands diplomates qui ont donné à la France l'Alsace et la Franche-Comté, qui ont signé les traités de Westphalie et de Nimègue. Sous l'empire on y établit l'administration des droits réunis, et, sous le gouvernement de Juillet, on l'a détruit pour ouvrir la rue Rambuteau.
2° Les hôtels de Saint-Aignan, Caumartin, la Trémoille, etc. Ces grandes demeures de l'aristocratie du XVIIe siècle sont aujourd'hui encombrées de marchandises et principalement de barils d'huile et de tonnes de sucre, car les anciennes rues Sainte-Avoye, Barre-du-Bec, des Coquilles sont les succursales du commerce d'épicerie, dont les rues de la Verrerie et des Lombards sont la métropole.

Enclos du Temple de Paris

Enclos du Temple de Paris (image BNF)
Enclos du Temple de Paris BNF

La rue du Temple, proprement dite, était jadis un vaste marais ou culture situé hors des murs de la ville : vers le milieu du XIIe siècle, les moines-chevaliers du Temple, défenseurs du saint sépulcre, y bâtirent un grand manoir, qui devint le chef-lieu de leur ordre, La grosse tour fut construite en 1212, par le frère Hubert ; et quand l'enclos eut été entouré de murailles et garni de tourelles, quand il commença à se couvrir de maisons, l'ensemble de ces constructions fut appelé la ville neuve du Temple et devint une forteresse imprenable.
Philippe-Auguste, en partant pour la croisade, ordonna d'y déposer ses revenus ; Louis IX y logea Henri III d'Angleterre, et ses successeurs y enfermèrent leur trésor ; Philippe-le-Bel y chercha un asile contre la fureur populaire. Les richesses qui y furent amassées par les Templiers étaient réputées les plus grandes du monde, et elles n'ont pas été une des moindres causes de leur ruine. Le 13 octobre 1307, Philippe IV se transporta au Temple avec ses gens de loi et ses archers, mit la main sur le grand maitre, Jacques de Molay, et s'empara du trésor de l'ordre. Le même jour et à la même heure, tous les Templiers furent arrêtés par tout le royaume. Alors commença ce procès mystérieux, qui est resté pour la postérité un problème insoluble, et après lequel périrent sur l'échafaud ou dans les prisons les derniers défenseurs du saint sépulcre. Les biens de l'ordre furent donnés aux hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui se transformèrent dans la suite en chevaliers de Malte.

Enclos du Temple de Paris

Enclos du Temple de Paris
Enclos du Temple de Paris BNF

Le Temple devint la maison provinciale du grand prieuré de France, et la grosse tour renferma successivement le trésor, l'arsenal et les archives de l'ordre. Alors l'on n'entendit plus parler de cet édifice, si ce n'est dans les guerres des Anglais et celles de la Ligue, ou l'on s'en disputa souvent la possession.
En 1667, le grand prieur Jacques de Souvré fit détruire les tours et les murailles crénelées de l'enclos, restaurer l'église, embellir les jardins, qui furent rendus publics enfin, il fit bâtir, en avant du vieux manoir, un vaste hôtel, qui a été récemment détruit. Ce fut le théâtre des plaisirs de son successeur, Philippe de Vendôme, dont les soupers donnèrent au Temple une célébrité nouvelle, par le choix, l'esprit, le scepticisme des convives. Là brillait le galant abbé de Chaulieu, qui mourut en chrétien fervent dans ce palais on il avait vécu en nonchalant épicurien. Là, le jeune Voltaire vint compléter les leçons qu'il avait commencé de recevoir dans la société de Ninon de Lenclos.
Le grand prieuré, qui donnait 60,000 livres de revenu, passa ensuite au prince de Conti, qui, en 1765, y donna asile à Jean-Jacques Rousseau, les lettres de cachet ne pouvant pénétrer dans cette enceinte privilégiée. Le dernier titulaire fut ce duc d'Angoulême qui est mort, il y a quelques années, dans l'exil ; et son père (Charles X) y vint quelquefois renouveler les soupers du prince de Vendôme.
Les fleurs de ces fêtes étaient à peine fanées, les échos de ce voluptueux séjour murmuraient encore de tant de rires, de petits vers, de chants obscènes, quand Louis XVI et sa famille furent amenés au Temple pour y expier ces plaisirs. Ce ne fut pas dans l'hôtel du grand prieur qu'ils furent enfermés, mais dans le donjon du frère Hubert, vaste tour quadrangulaire, flanquée à ses angles de quatre tourelles, et qui, élevée de cent cinquante pieds, dominait tout le quartier de sa masse sombre et sinistre ; on n'y arrivait que par trois cours garnies de murs, très-élèves ; on n'y montait que par un escalier fermé à chaque étage de portes de fer (1).
1. 0n peut se figurer l'emplacement de la tour du Temple, en prolongeant les rues des Enfants-Rouges et du Forez la tour était exactement a l'intersection du ces deux prolongements.

Après l'horrible drame qui se passa dans ses murs, après que le malheureux fils de Louis XVI y fut mort de misère et d'abrutissement, après que sa fille, seul reste de la famille royale, en fut sortie, la tour du Temple eut d'autres hôtes : d'abord les vaincus du camp de Grenelle, qui n'en sortirent que pour être fusillés ensuite les proscrits du 18 fructidor, qu'on transféra de là dans les cages ambulantes qui les conduisirent à Sinamary ; les conspirateurs royalistes Brottier, Duverne de Presles, Laville-Heurrois, Montlosier, etc. Sydney Smith y fut captif en 1796 et délivré deux ans après par le dévouement de ses amis. Toussaint-Louverture y resta pendant quelques mois. Pichegru y vintavec Cadoudal, Moreau, les frères Polignac, etc. ; il y fut trouvé mort dans son lit. Le capitaine anglais Wright s'y coupa la gorge. Le gouvernement impérial fit disparaître cet édifice, qui rappelait tant de sinistres événements. Bonaparte, à peine consul, l'avait visité et avait dit « Il y a trop de souvenirs dans cette prison-là, je la ferai abattre. » En 1810, l'hôtel du grand prieur était devenu une caserne de gendarmerie ; on commençait à y bâtir la façade qu'on a récemment démolie, et l'on devait y placer le ministère des cultes la plupart des autres bâtiments du Temple n'existaient plus ; on avait démoli l'église, qui était de construction romane, avec son portail en forme de dôme et les mausolées élevés à des chevaliers du Temple et de Malte.
En 1814, l'hôtel projeté du ministre des cultes devint l'un des quartiers généraux des armées alliées ; il eut le même sort en 1818, et la cavalerie prussienne campa dans l'enclos et les jardins.
En 1816, il fut donné par Louis XVIII à une abbesse de la maison de Condé, qui s'y enferma avec des Bénédictines du Saint-Sacrement pour pleurer et prier sur les infortunes royales. Cette princesse ajouta à l'hôtel Souvré une jolie chapelle, dont l'entrée était rue du Temple.
Après la révolution de 1848 les Bénédictines abandonnèrent le palais du Temple, qui resta pendant plusieurs années sans destination ; il vient d'être détruit, et sur son emplacement on a ouvert un jardin.

A côté du Temple était un vaste enclos qui s'étendait jusqu'aux remparts de la ville et qui, de temps immémorial, servait d'asile aux criminels, aux débiteurs, aux banqueroutiers, aux ouvriers qui travaillaient sans maîtrise. Grâce à privilège, l'enclos se couvrit de maisons, qui louées à des prix très-élevés, procuraient un revenu considérable au grand prieur, lequel y avait d'ailleurs droit de haute et basse justice.
Celles qui avoisinaient l'église formaient une suite de baraques qu'on appelait les charniers du Temple et qui servaient de marché. En 1781, on construisit sur une partie des jardins, au levant de l'église et de la grosse tour, un bâtiment d'architecture bizarre : c'est la Rotonde du Temple, élevée sur les dessins de Pérard de Montreuil, vaste et lourde construction de forme elliptique, dont le rez-de-chaussée figure une galerie couverte percée de quarante-quatre arcades. Cette maison est habitée par des ouvriers et des petits marchands ; elle a appartenu à Santerre, qui y est mort en 1808.
L'enclos du Temple devint en 1790 propriété nationale lorsque l'église, la tour, les charniers eurent été détruits, on construisit, sur leur emplacement, en 1809, un vaste marché, formé de quatre grands hangars en charpentes, sombres, hideux, ouverts à tout vent, où campent plus de six mille marchands et où viennent s'étaler tous les débris des vanités et des misères de Paris : c'est la halle aux vieilleries et le marché très-abondant et très-utile où le peuple monte à bas prix sa toilette et son ménage.
Plusieurs rues furent alors ouvertes et qui portent des noms de l'expédition d'Egypte : Perrée, Dupetit-Thouars, Dupuis, etc. La grande porte de l'enclos, qui était située en face de la rue des Fontaines, n'a été détruite qu'en 1818.

La rue du Temple renfermait jadis plusieurs établissements religieux :
1° Le couvent des Filles Sainte-Elisabeth, fondé en 1614 par Marie de Médicis et dont l'église fut construite en 1630. Ces religieuses appartenaient au tiers ordre de Saint-François et se vouaient à l'éducation des jeunes filles. Les bâtiments, qui, depuis la révolution, avaient été convertis en magasins de farine, sont occupés aujourd'hui par des écoles municipales. L'église a été rendue au culte en 1809.
2° Le couvent des Franciscains de Notre-Dame-de-Nazareth, par le chancelier Séguier en 1630, et dont l'église belle et vaste renfermait les tombeaux de cette famille. Il ne reste aucune trace de ce couvent, qui occupait tout l'espace compris entre les rues Neuve-Saint-Laurent et Notre-Dame-de-Nazareth.

Le quartier du Temple est un des plus importants, des plus populeux, des plus industrieux de la capitale. La partie qui avoisine le Marais a l'aspect de ce dernier quartier ; elle est, comme lui, coupée de rues droites et belles, couverte d'anciennes et grandes maisons, où jadis demeurait la magistrature, et qui sont aujourd'hui envahies par l'industrie ; ainsi en est-il des rues des Chantiers, d'Anjou, de Vendôme, etc.

La partie qui avoisine le quartier Saint-Martin est, comme ce quartier, remplie de rues sales, humides et étroites, couverte de hautes et laides maisons, entièrement peuplées d'ouvriers ainsi en est-il des rues des Gravilliers, Phétipeaux, Transnonain, etc. La population de ce quartier peut être regardée comme le type de la population ouvrière de Paris elle a tous ses défauts et ses qualités laborieuse, gaie, spirituelle, mais insouciante, prodigue, amie du plaisir ardente, généreuse, brave, éclairée, mais mobile, présomptueuse, facile à égarer, prompte à se faire des idoles, plus prompte à les détruire ; pauvre, désintéressée, passionnée pour la gloire du pays, mais turbulente, indocile, encline au bruit et au désordre, hostile à l'autorité.

En 1792, la section des Gravilliers comptait parmi les plus révolutionnaires la rue Transnonain et les rues voisines furent le principal théâtre de l'insurrection de 1834 ; dans la révolution de février, dans les journées de juin 1848, les rues du quartier du Temple ont été hérissées de barricades et ensanglantées par des combats.

Les industries qui dominent dans le quartier du Temple sont celles des bronzes, de la bijouterie, de la tabletterie, etc., elles font à l'étranger l'honneur de Paris et de la France.
Parmi les rues qui débouchent ou qui débouchaient dans la rue du Temple, nous remarquons :
1° Rue de la Tixeranderie, l'une des plus anciennes rues de Paris, qui avait pris ce nom dans le XIIIe siècle des tisserands qui y demeuraient. C'était une des plus importantes et des mieux peuplées du vieux Paris. Elle a été récemment détruite, et son sol est occupé par la rue de Rivoli et la place de l'Hôtel-de-Ville ; avec elle ; ont disparu les rues du Coq, des Deux-Portes, des Mauvais-Garçons, qui y aboutissaient, ainsi que les hôtels célèbres qu'elle renfermait et dont voici les principaux : 1° L'hôtel de Sicile, entre les rues des Coquilles et du Coq, habité, au XIVe siècle, par les rois de Naples de la maison d'Anjou en fouillant les fondations de cet hôtel en 1682, on y a trouvé plusieurs tombeaux romains.
2° L'Hôtel de la reine Blanche, entre les rues du Coq et des Deux-Portes, habité par Blanche de Navarre, veuve de Philippe de Valois ; il en restait quelques débris, entre autres une tourelle au coin de la rue du Coq.

3° L'Hôtel Saint-Faron, appartenant aux abbés de Saint-Faron de Meaux.
4° Au coin de la rue du Coq était le modeste appartement habité par Scarron, ce créateur de la littérature facile, si célèbre de son temps, aujourd'hui presque oublié, c'est là qu'il épousa, en 1652, Melle d'Aubigné ; c'est là que les deux époux, malgré leur pauvreté, recevaient toutes les illustrations du XVIIe siècle, Turenne, Madame de Sévigné, Mignard, Ninon de Lenclos, le duc de Vivonne, le maréchal d'Albret, le coadjuteur de Retz ; c'est là que s'étaient rassemblés les plus ardents frondeurs et que s'étaient faits les plus piquants libelles contre Mazarin c'est là que le spirituel Cul-de-jatte mourut ; et sa jeune veuve, qui devait s'asseoir à côté de Louis XIV, presque sur le trône de France, se trouva si pauvre, qu'elle fut obligée de quitter ce chétif appartement pour se retirer dans un couvent de la rue Saint-Jacques.

La rue de la Tixeranderie a joué un grand tôle dans la bataille de juin 1848 ; c'est à l'entrée de cette rue, du côté de l'Hôtel-de-Ville, que le général Duvivier reçut une blessure mortelle.
2° Rue de la Verrerie. Elle date du XIIe siècle et tire son nom des verriers qui y étaient établis, suivant les habitudes du moyen âge, les métiers de cette époque ayant tendance à se réunir dans les mêmes lieux, à s'associer par des intérêts communs, à contracter, sous le patronage d'un saint, les liens d'une pieuse fraternité. Dans cette rue demeurait, en 1392, Jacquemin Gringonneur, qu'on croit être l'inventeur ou du moins le restaurateur de l'invention des cartes à jouer « Ce fut, dit un chroniqueur, pour l'esbattement du seigneur roy Charles VI. » Au coin de la rue de la Poterie était l'hôtel d'Argent, où les comédiens italiens s'établirent en 1600. Aujourd'hui, la rue de la Verrerie, une des plus tumultueuses et des plus commerçantes de Paris, renferme principalement les négociants en épiceries, ou, comme l'on dit aujourd'hui, en denrées coloniales.

3° Rue Rambuteau. Cette grande et belle voie publique a été ouverte récemment pour faire communiquer la place Royale et le faubourg Saint-Antoine avec les Halles : elle part de la rue de Paradis, traverse l'ancien hôtel de Mesmes, absorbe la rue des Ménétriers, occupe la place du couvent Saint-Magloire, absorbe la rue de la Chanverrie et arrive à la pointe Saint-Eustache : elle a pris ses aises aux dépens de tout ce réseau inextricable de sales maisons qui se pressaient de la rue Sainte-Avoye aux Halles, coupant à droite et à gauche un morceau à chaque rue, mais aussi donnant de l'air et du soleil à trois quartiers. Le commerce et l'industrie se sont emparés de cette rue nouvelle, dont quelques maisons sont assez élégamment construites l'une d'elles (n° 49) a sur sa façade un buste de Jacques Cœur, élevé par les soins de la ville, avec cette inscription : A JACQUES COEUR PRUDENCE, PROBITE, DESINTERESSEMENT.
On croit que ce financier avait une maison dans le voisinage, les uns disent rue de l'Homme-Armé, les autres rue Beaubourg.

4° Rue de Braque. Il y avait là une porte de Paris, près de laquelle un bourgeois, Arnoul de Braque, fit construire une chapelle et un hospice en 1348. Marie de Médicis, en 1613, y transféra les religieux de la Merci. On sait que ces religieux aux trois vœux ordinaires de religion joignaient celui « de sacrifier leurs biens, leur liberté et leur vie pour le rachat des captifs. » Ce couvent et son église furent rebâtis au XVIIIe siècle, au coin de la rue du Chaume : ils sont aujourd'hui à demi-détruits. La grande salle du couvent a servi de théâtre pendant la révolution.

6° Rue des Vieilles-Audriettes. Elle tire son nom d'un couvent de religieuses hospitalières dont le fondateur s'appelait Audry. Au coin de la rue du Temple était une échelle patibulaire de cinquante pieds de haut, élevée par le grand prieur du Temple pour les criminels de sa juridiction ses débris ont subsisté jusqu'en 1789.

6° Rue Chapon. Dans cette rue était un couvent de Carmélites, fondé en 1617, et qui occupait l'espace compris entre les rues Chapon, Montmorency et Transnonain. Ce couvent ayant été détruit en 1790, plusieurs maisons furent construites sur son emplacement : dans l'une des maisons de la rue Transnonain (1), un amateur de théâtre, nommé Doyen, fit construire une salle de spectacle, où la plupart des acteurs célèbres du XIXe siècle ont débuté. A la mort de Doyen, cette salle fut démolie, et à sa place on bâtit une maison qui devint horriblement célèbre le 14 avril 1834 par le massacre de quatorze de ses habitants.
1. On a fait récemment disparaitre le vieux nom de cette rue fameuse qui n'est plus, aujourd'hui, que la continuation de la rue Beaubourg.

7° Rue Portefoin Portefin, ainsi appelée d'un bourgeois qui l'habitait au XIVe siècle. A l'extrémité de cette rue se trouvaient l'église et l'hospice des Enfants-Rouges, fondé par François Ie et sa sœur Marguerite de Valois, « pour les pauvres petits enfants orphelins qui ont été et seront d'ores en avant trouvés dans l'Hôtel-Dieu. » On les appela d'abord Enfants-Dieu et plus tard Enfants-Rouges, à cause de la couleur de leurs vêtements. Cet hospice fut supprimé en 1772 et réuni au grand hospice des Enfants-Trouvés. On donna les bâtiments aux Pères de la Doctrine chrétienne, qui les occupèrent jusqu'en 1790. Ils furent vendus en 1797, et sur leur emplacement on a ouvert une rue.
Le ministre Machault et le constituant Duport ont demeuré rue des Enfants-Rouges. Au coin de la rue d'Anjou était l'hôtel du maréchal de Tallard, qui existe encore.

8° Rue des Fontaines. Dans cette rue se trouve la prison, autrefois le couvent des fondé en 1620, pour les filles débauchées, par un bourgeois Robert de Montry, et par une grande dame, la marquise de Meignelay. Il formait trois divisions : celle des filles débauchées qu'on y renfermait de gré ou de force ; celle des filles repenties ; celle des religieuses de Saint-Michel, qui gouvernaient les unes et les autres. En 1793, cette maison devint une prison politique pour les suspects, et qui eut le privilège de ne fournir aucun de ses hôtes pour l'échafaud. C'est là que furent renfermés l'abbé Barthélémy, le poète Champfort, le ministre Fleurieu, le général Lanoue, les acteurs du Théâtre-Français, etc. En 1795, on en fit ce qu'elle est encore, une maison de détention pour les femmes condamnées. L'église, qui datait de 1680, a été détruite.

9° Rue Meslay. Elle s'appelait d'abord rue du Rempart, et, à son extrémité, près de la rue Saint-Martin, était une butte où il y avait trois moulins. C'est dans cette rue que se trouvait l'hôtel du commandant de la garde de Paris : en 1788, une troupe de jeunes gens, ayant brulé devant cet hôtel l'effigie du ministre Brienne, fut assaillie par les soldats et en partie massacrée.

10° Rue de Vendôme, ouverte en 1696 sur les terrains de l'ordre de Malte, lorsque Philippe de Vendôme en était grand prieur. Dans cette rue était l'hôtel du général Friant, l'un des volontaires parisiens de 1792 ; c'est aujourd'hui la mairie du sixième arrondissement.

§ II. Le boulevard et le faubourg du Temple
Le boulevard du Temple est la promenade la plus populaire de Paris : la foule des ouvriers et des marchands de tous les quartiers voisins s'y entasse tous les soirs devant ses théâtres, ses cafés, ses cabarets, ses fruitières en plein vent. Cependant, quelque fréquenté, quelque animé que paraisse ce boulevard, il n'a plus l'aspect franchement gai, naïvement joyeux qu'il avait jadis, quand on y voyait d'un côte, outre les théâtres de la Gaité, de l'Ambigu-Comique, des Funambules, Saqui, le café-spectacle du Bosquet, le restaurant du Cadran-Bleu, les farces jouées sur des tréteaux par Bobèche et Galimafrée, les figures de cire de Curtius, des escamoteurs, des paillasses, des phénomènes vivants et d'un autre côté, le Jardin Turc, le Jardin des Princes, les Montagnes lilliputiennes et autres lieux de plaisir chéris des bourgeois du quartier. La civilisation, en répandant jusque dans les classes ouvrières les goûts puérils d'un luxe mensonger, à ôté aux quartiers populeux de Paris leur aspect modeste, pauvre et grossier, pour leur donner un faux air de distinction, une triste régularité et les apparences charlatanesques d'une splendeur sous laquelle se cachent le vice et la misère.
On y trouve :
1° Le Théâtre-Lyrique, fondé en 1847 sur l'emplacement d'un bel hôtel qui avait été bâti et habité par le malheureux Foulon.
3° Le Cirque-Olympique, fondé par les frères Franconi en 1780 dans le faubourg du Temple, transféré en 1802 dans le jardin des Capucines, en 1806 rue Mont-Thabor, en 1816 dans le faubourg du Temple, en 1827 sur le boulevard du Temple.
3° Le théâtre des Folies-Dramatiques, fondé en 1830 sur l'emplacement de l'Ambigu-Comique.
4° Le théâtre de la Gaité, fondé en 1770 par Nicolet, sous le nom de Salle des grands danseurs ; Taconnet, comme acteur et auteur, lui donna la vogue ; quant au public qui le fréquentait, voici ce qu'en dit l'Almanach des spectacles de 1791 « Ce spectacle est d'un genre tout à fait étranger aux autres ; on y allait autrefois pour y jouir d'une liberté qu'on ne trouvait nulle part ailleurs : on y chantait, on y riait, on y faisait une connaissance, et quelquefois plus encore, sans que personne y trouvât à redire ; chacun y était aussi libre que dans sa chambre à coucher. » Il prit le nom de théâtre de la Gaité en 1792, fut reconstruit en 1808, incendié en 1835, et aujourd'hui continue à attirer la foule.
8° Le théâtre des Délassements-Comiques, fondé en 1774 sous le nom de théâtre des Associés, et qui devint en 1815 le théâtre des danseurs de corde de madame Saqui ; depuis 1830, on y joue des drames et des vaudevilles. On y trouvait encore le théâtre des Elèves, fondé en 1778, brûlé en 1798, reconstruit sous le nom de Panorama dramatique en 1831, et aujourd'hui détruit.

Une des maisons de ce boulevard, aujourd'hui reconstruite, et qui portait alors le n° 50 est affreusement célèbre : c'est de là que, le 28 juillet 1835 est partie la mitraillade de Fieschi.

Le faubourg du Temple a été ouvert sur l'ancien clos de Malevart. Ce n'était encore qu'un chemin à travers champs au XVIe siècle. On commença à y bâtir sous Louis XIII, et sous Louis XV ses cabarets étaient le rendez-vous du peuple. L'un d'eux, nommé Courtille (jardin), obtint une grande célébrité : c'est là que fut arrêté Cartouche en 1721. Sur son emplacement est une caserne d'infanterie, et son nom a été transporté à la grande rue de Belleville, dont nous allons parler. Plus loin était le cabaret de Ramponeau, qui eut, en 1760, une telle vogue, que les grands seigneurs et les grandes dames allaient le visiter. En face de la Courtille était le jardin des Marronniers, qui attira la foule jusque dans les premières années de la restauration : il est aujourd'hui détruit, comme tous ces grands jardins de fêtes publiques tant aimés de nos pères, et avec tant de raison. Aujourd'hui le faubourg du Temple est, comme la rue de même nom, peuplé d'ouvriers, mais appartenant à des industries moins heureuses, plus tristes, plus pauvres, moins éclairées. Il a été l'un des théâtres les plus sanglants de la bataille de juin toute la rue, surtout aux abords du canal Saint-Martin, était hérissée de barricades.

De toutes les rues qui aboutissent dans le faubourg du Temple, nous ne remarquerons que la rue Bichat, qui mène à l'hôpital Saint-Louis. Cet hôpital fondé par Henri IV en 1607, pour les maladies contagieuses, était, avant 1789, le plus beau de Paris : néanmoins, on n'y comptait alors que 300 lits et souvent 6 a 700 malades. Il renferme aujourd'hui 825 lits.

A la barrière du faubourg du Temple commence une longue et montueuse rue, qui est la voie principale de la commune de Belleville, commune très-populeuse qui ne compte pas moins de 36,000 habitants. Cette rue s'appelle, dans sa partie inférieure, la Courtille. C'est là que le peuple va chercher ses plaisirs dans des salles nues, puantes, hideuses, où le vin frelaté n'est pas même égayé par l'ombre d'une charmille, où la danse ignoble se cache du grand air et du soleil, et n'a pour horizon que des murs peints et enfumés, où les regards ne peuvent s'arrêter que sur des rues fétides et boueuses, de laides maisons meublées de milliers de tables, une foule souvent immonde et brutale, quelquefois criminelle ; c'est là le théâtre des plus honteuses orgies du carnaval ; c'est là que, dans ces jours de joie bestiale se donne un spectacle à faire douter de notre civilisation, de l'avenir de notre pays, de la dignité humaine.
O les frais ombrages, les riants gazons, les gais refrains, les joyeuses parties de la vieille Courtille, qu'êtes-vous devenus !
Sources : Lavallée, Théophile. Histoire de Paris, depuis le temps des gaulois jusqu'en 1850. Tome 2, pages 114 à 127. BNF

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